Le Roi des taupes

Le Roi des taupes
Olivier Rolin, Adrien Albert

L’école des loisirs (Mouche), 2012

Le Petit Prince des sous-sols

Par Anne-Marie Mercier

le-roi-des-taupesIl y a beaucoup du personnage de Saint-Exupéry, dans ce roi qu’Adrien Albert représente en pyjama rayé et pantoufles, et un peu de Little Nemo, parti dans des rêves fantastiques : on voyage avec lui sur les nuages, dans les mers (on y est avalé par un gros poisson – salut à Pinocchio, Jonas…), et surtout sur la planète qu’il a découverte, une planète molle, très en désordre, que l’on peut parcourir sous terre (chez les taupes qui l’ont déclaré roi, comme dans les récits d’aventures classiques) ou au-dessus et s’envoler pour d’autres lieux.

Le petit roi nous en fait la visite guidée. Il explique, s’énerve un peu quand il a l’impression que son lecteur prend un mot pour un autre, ou ne suit pas ; il essaie de faire partager ses sensations, ses émotions, ses fiertés, avec un petit ton faussement modeste. Comme dans ses écrits pour « adultes », Olivier Rolin sait donner corps à une voix. Mais ici il entre dans un  genre nouveau pour lui, celui du merveilleux. Son monde, vu aussi avec les images d’Adrien Albert est bien attirant, coloré, contrasté, vaste et changeant.

C’est une lecture en apparence facile mais comportant un vocabulaire riche, un texte fortement marqué par l’oralité (à lire à haute voix aux plus jeunes) qui pourra faire un joli parallèle avec Le Petit Prince, pour compléter la lecture des « grands » de cycle 3.

Les morceaux d’amour

Les morceaux d’amour
Géraldine Alibeux
Autrement, 2012

Que ne ferait-on pas par amour ?

Par Christine Moulin

les-morceaux-d-amour-de-alibeu-geraldine-914729357_MLNous sommes dans l’univers du conte : les personnages ne sont pas individualisés (« la jeune fille », « le jeune homme »); la guerre dont revient le soldat vaut pour toutes les guerres; Géraldine Alibeu a réduit à l’essentiel le décor, rural et enneigé, dans les tons ocre qui sont sa signature.

La jeune fille tombe amoureuse du jeune homme, bien que celui-ci ait perdu un bras, un œil et une jambe mais le jeune homme ne la remarque même pas, perdu qu’il est dans sa tristesse. Comme elle l’aime et qu’ « il n’y a pas d’amour sans preuve », elle lui envoie son bras, ses cheveux et son œil. Le jeune homme retrouve goût à la vie et tombe amoureux de sa bienfaitrice. La fin, très morale, affirme la force de l’amour, au-delà des apparences et du désespoir (« On ne voit bien qu’avec le cœur », ce qui explique sans doute les allusions au Petit Prince sur la première de couverture : l’écharpe et le renard). Tout est parfait, un peu trop, peut-être. L’ennui n’est pas loin.

Un aperçu de l’album sur le site de l’auteur.
Une analyse éclairante sur le site du journal suisse Le Temps.

Le Petit Prince et … (l’oiseau de feu, la reine de jade, Euphonie, les Eoliens)

Le Petit Prince et … (l’oiseau de feu, la reine de jade, Euphonie, les Eoliens)
Katherine Quenot

Gallimard jeunesse, 2011

La dérive des dérivés

par Anne-Marie Mercier

Voilà le petit prince mis en série comme on met en boîte, en accompagnement à la diffusion de films d’animation. Si les illustrations qui reprennent des images en 3D sont originales et la mise en page élégante, les histoires ont un petit air de préfabriqué et les textes sont plats.

Quant à l’esprit de l’oeuvre de Saint-Exupéry, il est bien oublié : le Petit Prince est un héros volontaire et plein de ressources; il est accompagné du renard  (on croyait qu’il s’étaient dit adieu définitivement) et le moindre problème se règle à coups de manteau magique, épée magique, langage magique, etc. A éviter donc, comme la version pour les petits des mêmes titres.