C’est Noël aujourd’hui

C’est Noël aujourd’hui
Hannah Barnaby – João Fazenda
Phaidon

Traditions de tous les pays

Sous la forme d’un compte à rebours des 10 jours qui précèdent Noël un sapin voit arriver des amis venus des quatre coins de la terre pour le décorer, qui de guirlandes, qui d’un coquillage, qui d’une pomme et de bien d’autres choses.

Voici un bel objet, un livre en forme de sapin qui s’ouvre pour former un arbre vertical que l’on peut poser sur une table. Chaque page correspond à un pays ou un continent, et permet ainsi de découvrir des traditions variés, plus ou moins anciennes, évoqués à la base du sapin. Page de gauche, le sapin voit venir un nouvel ami porteur de décorations ou de cadeaux, page de droite une partie plus documentaire replace la coutume dans son lieu d’origine. Les illustrations font aussi voyager d’un lieu à l’autre, découvrir les festivités et les rites de Noël qui vont bien au-delà de la simple décoration du sapin, car on découvre ainsi que certains sont liés à la faune, d’autres à la mer, d’autres à des cadeaux surprenants.  Toutefois, si l’on croise Casse-Noisette ou la Befana, pas de trace de l’origine chrétienne de la fête de Noël, et de rites comme celui de la crèche… signes d’une laïcisation de notre société.

Un objet original qui permet de découvrir les façons de fêter Noël sous les deux hémisphères… mais, au fond, de fêter quoi ? la joie, l’amitié, les sourires…

Le Royaume des cercueils suspendus

Le Royaume des cercueils suspendus
Florence Aubry,

Éditions du Rouergue, 2014

L’enfant différent

par François Quet

C’est une histoire d’adolescents, le récit de la fin d’une amitié royaume-cercueils-suspenduset de la naissance de l’amour : Lou-Ki aime Xiong qui aime Leï qui aime Huang. Au moment où les ailes poussent au creux des omoplates, dans le dos des jeunes garçons, la tempête se lève et bouscule l’ordre des choses. Huang n’est pas un enfant comme les autres. Les gestes rituels et la lame d’acier qui doivent libérer ses ailes révèlent un enfant étranger, un enfant sans aile, que la tradition condamne à mourir. Pendant qu’il agonise, suspendu à la falaise, seul vivant en compagnie des cercueils de la tribu, Xiong, l’ami déçu, le rival, imagine une vengeance plus terrible encore.

Le livre de Florence Aubry plonge son lecteur dans une société violente et industrieuse. On y file la soie, on y coule le métal, mais on y fait cruellement la guerre aussi et l’on arrache les oreilles des ennemis massacrés. Le don de voler, le Don, ne s’utilise qu’avec parcimonie pour triompher de l’adversaire ou pour transporter le cercueil des défunts sur les hauteurs. Des cérémonies étranges, des interdits bizarres — on ne touche pas le ventre de la femme qu’on aime —, des pratiques sauvages contribuent à conférer à ce monde barbare un exotisme sombre. La violence des passions adolescentes ne rend pas plus lumineux ce roman nourri de mythologie et de tragique ; entre Roméo et Juliette et Œdipe Roi, c’est La Guerre du feu visitée par Racine.

Florence Aubry réussit à donner à son récit une beauté troublante. Sans doute l’excès des sentiments y est-il pour quelque chose, sans doute le caractère primitif des personnages, leur rapport au monde et à la matière, la proximité de la nature et des animaux y contribuent-ils aussi. L’apparition d’un paon luminescent, la chaleur d’un tapir, l’errance d’un homme et d’un cheval, l’évocation sensuelle d’une baignade improvisée aux milieux des têtards suscitent des images fortes et sensuelles. L’innocence et les mutations de l’adolescence participent de cet univers clair-obscur à la fois tendre et inquiet, d’une beauté sauvage.