La fois où Mémé a vaincu un taureau!

La fois où Mémé a vaincu un taureau!
Vincent Cuvellier, Marion Piffaretti (ill.)
Nathan, 2019

Ma mémé, quand elle était petite, c’était pas encore ma mémé

Par Christine Moulin

Comme son nom ne l’indique pas, Mémé est une petite fille, ou plutôt, le narrateur a choisi de raconter un épisode de la jeunesse de sa grand-mère (un autre épisode a été publié, La fois où Mémé a tapé un clown: nous assistons manifestement à la naissance d’une série). Il s’agit de la confrontation avec un terrible taureau, Angelo. Confrontation assez drôle, qui permet à la petite fille de montrer un courage et une ingéniosité au moins égales à celles de son petit copain Mimile, mais qui pourraient fâcher les détracteurs des corridas…

L’argument est assez mince mais il est relayé par des illustrations faussement naïves que l’on pourrait qualifier de « rigolotes » (la galerie des vaches est savoureuse). Le style est une transcription de l’oral: ce qui en fait le charme pour certains peut en agacer d’autres, ou les inquiéter (cela n’aide pas à faire la distinction avec l’écrit mais ne peut-on parfois s’autoriser un récit très gentiment transgressif?).

Quoi qu’il en soit, il n’y a pas mort de taureau.

Émile veut une chauve-souris

Émile veut une chauve-souris
Vincent Cuvellier, illustré par Ronan Badel
Gallimard Jeunesse (Giboulées), 2012

Les folies d’Émile

Par Catherine Rivat & Justine Vergély master MESFC Saint-Étienne

Émile, petit garçon capricieux, s’est mis en tête d’acquérir comme animal de compagnie… une chauve-souris ! Quelle drôle d’idée ! C’est dans cette tonalité comique que l’auteur nous transporte dans l’univers d’Émile, un univers où réalité et onirisme cohabitent. Le jeune garçon imagine les différentes postures et attitudes qu’il pourrait adopter avec son animal, que l’on retrouve dans la disposition des illustrations. Apparaissent alors en filigrane, les codes de la bande dessinée, tel que la bulle qui symbolise le monde du rêve.

La figuration des parents est absente. Néanmoins, la figure de la mère se manifeste par la représentation d’objets stéréotypés ainsi que par ses arguments sous la forme du discours rapporté. Le désir transgressif de l’enfant tout-puissant est sans cesse ramené à la réalité par la mère. Émile, par sa volonté grandissante, nous dévoile une philosophie de la naissance du désir et de son renouvellement. Il ne cessera de clamer son désir tout au long de l’histoire, jusqu’à ce que le lecteur découvre la chute, à la fois drôle et surprenante. Une histoire qui s’adresse aux touts petits et qui amène facilement l’identification, au même titre que le premier album de la série, Émile est invisible.

Emile est invisible

Emile est invisible
Vincent Cuvellier,  Ronan Badel
Gallimard jeunesse (Giboulées), 2012

Il suffit d’y croire…

Par Lisa Badard et Floriane Damien master MESFC Saint-Etienne

Qui aime les endives ? Certainement pas Emile. Mais il a trouvé la solution : devenir invisible. Cette prétendue invisibilité va multiplier les situations cocasses, particulièrement avec sa maman.

Grâce à la narration omnisciente, le lecteur ne perd pas une miette des pensées comiques d’Emile et de son imagination débordante.

Cet album au texte court et simple, destiné à un très jeune public, est étayé par des illustrations épurées. En effet, très peu de parties sont coloriées pour mettre en valeur les éléments importants du texte : Emile, sa copine, les endives, la mousse au chocolat… Le dessin autour est peu à peu estompé, ce qui souligne l’invisibilité du personnage.

L’ouvrage appartenant au registre comique renvoie à quelques thèmes classiques tels que les enfants qui n’aiment pas les endives ou encore un héros qui se crée un monde imaginaire.  Enfin, l’intérêt principal de l’album réside dans la chute finale burlesque qui provoquera à tous les coups des rires, quel que soit l’âge.

Les enfants sont méchants

Les Enfants sont méchants
Vincent Cuvellier – Aurélie Guillerey
Gallimard Jeunesse (Giboulées), 2012

Les parents sont gentils…

Par Charlotte Furnon master MESFC Saint-Etienne

Les enfants sont méchants ! Telle est I ‘entrée en matière provocatrice de cet album qui invite le lecteur à faire preuve d’humour et d’autodérision. Le ton est donné, cet ouvrage s’annonce cinglant et s’avèrera sarcastique et délectable.

La prise en main de cet album est agréable et attirante, de par sa couverture rigide et ses couleurs pastels, mais également  grâce à l’ironie portée par le titre qui s’expliquera au long de la lecture de l’œuvre…

Les Enfants sont méchants est un album de contrastes. Contraste entre les dessins au crayon  et les détails  colorés, entre le texte et l’image, entre le message adressé aux  enfants et celui adressé aux parents… En effet, cet ouvrage propose différents niveaux de lecture, ce qui le destine à des enfants de cinq à huit ans environ mais également aux parents. Le narrateur raconte les petites scènes qu’il semble avoir vécues… L’auteur serait-il  lui-même père ?

Chaque double-page présente une anecdote, la mise en scène d’une bêtise d’enfant que chaque parent a connue. Le texte occupe très peu de place sur le fond crème qui est très largement saturé d’images dont le genre varie d’une page à I‘autre. Empruntant parfois aux mangas ou aux dessins de Sempé, les illustrations sont très hétéroclites. Le texte et l’image sont tout à fait indissociables pour accéder à toute la portée humoristique de l’œuvre. Quand le texte décrit un enfant  jetant son assiette par terre, l’image présente un père au service de son rejeton puis pleurant le geste cruel de son enfant qui ne lui accorde aucun remerciement.

Le message est alors doublement  didactique, il s’adresse aux enfants afin de leur montrer qu’ils peuvent être blessants, mais également aux parents qui doivent être plus fermes. Les images complètent le texte en lui apportant du sens.

Le catalogue de bêtises proposé par Les enfants sont méchants fera rire tous ceux qui auront le bonheur de l’ouvrir et de découvrir les dessins d’Aurélie Guillerey qui relèvent toute la saveur des textes de Vincent Cuvellier.

Un album pour les enfants à lire avec leurs parents…