Derrière le petit écran
Carole Trebor, Clotka
Gulf Stream (et toc !)
Pour faire le tour du sujet
Par Fanny Lignon
L’auteur, Carole Trébor, est à la fois réalisatrice et spécialiste du décryptage des émissions de télévision.
Son ouvrage est un abécédédaire qui ne veut pas dire son nom. A comme « Annonceurs », « Audimat » ; B comme « Bilan », « Bouquet » ; C comme… 54 articles de trois pages pour faire le tour d’un média que l’on croit trop souvent bien connaître. La succession des entrées peut, parfois, prêter à sourire : « Chazal (Claire) », « Couleur », « Dangers » !), mais n’oublions pas que ce livre est destiné à être consulté et non lu de la première à la dernière page. On pourrait d’ailleurs presque le soupçonner, en cela, de se calquer sur une certaine façon de consommer la télévision.
Destiné principalement aux collégiens, cet ouvrage s’appuie sur des informations historiques précises et sur des anecdotes marquantes. Dans un style clair, agréable à lire, il aborde sans tabou et de façon simple des choses extrêmement complexes (« Censure », « Egalité, diversité, quotas », « X »…) L’auteur incite en permanence le lecteur à s’interroger. Un système de renvois l’engage à naviguer d’un chapitre à l’autre pour en apprendre plus ; un index lui permet de se documenter sur des thèmes plus transversaux (« Amour », « Déontologie », « Pression »…) ; des encarts posent des questions et suggèrent des discussions. En fin d’ouvrage figure une biblio-filmo-webographie brève mais qui va à l’essentiel.
Un mot enfin pour louer les illustrations de Clotka, qui accompagnent parfaitement les questionnements qui traversent le texte. Son folioscope de bas de page, qui raconte l’histoire d’une téléspectratrice, des émotions qui la submergent et de sa réaction lorsque son poste explose, ouvre à lui seul tout un débat !
Un livre sonore invitant à tendre l’oreille aux « bruits des saisons », la chose est engageante aussi bien pour les amateurs de documentation que pour les amateurs de poésie. C’est à une rencontre de ces deux horizons qu’on assiste ici avec plaisir ; la modestie de ses moyens et de ses ambitions donne cependant à songer sur les possibilités que pourraient ouvrir un télescopage plus audacieux et plus fécond du travail sur le pouvoir évocateur des mots, sur celui des images et sur celui des sons – au service d’un authentique point de vue scientifique sur la planète comme milieu et comme système.
La Buse est un pirate, un vrai. Né en 1680 à Calais d’un père corsaire, il plonge dans la piraterie et hante les eaux de Madagascar et de Bourbon (aujourd’hui la Réunion) autour des années 1720. Navires, batailles, naufrages, trésors et pendaison : tout dans la vie d’Olivier Levasseur, dit La Buse, dévoile de la piraterie ce que…nous en savons déjà. Et, heureusement pour nous, Maryse Lamigeon n’a pas l’intention d’y revenir.
Gustave est un oiseau s’insère dans une série de « Gustave » dont chaque maillon initie le jeune lecteur à un aspect de la nature, et dessert un projet général de type documentaire – mots clés en gras, documents photographiques et glossaire explicatif à l’appui. Mais l’habillage est résolument narratif et littéraire ; l’embrayeur poétique de chaque ouvrage est constitué par une « métamorphose » de Gustave – petit garçon rêveur qui se transporte ici dans le point de vue d’un oiseau rayé de rouge et de jaune comme son pyjama. Idée intéressante ! Mais c’est au plan de l’écriture que le bât blesse : soigné certes, le texte semble emprunter ses critères à la rédaction scolaire du milieu du siècle dernier. Le dessin est beaucoup plus stimulant, à commencer par ses décalages délibérés et féconds avec ladite rédaction modèle.
S’inspirant du rouleau de peinture sur soie « Jour de Qingming au bord de la rivière », Mitsumasa Anno se livre à un hommage à son auteur, Zhang Zeduan (1085-1145), dont l’œuvre est aujourd’hui invisible, conservée, et à une mise en scène de ses croquis faits lors de ses voyages en Chine.
La photographe et comédienne Cécile Gabriel avait déjà, avec grand talent, proposé Quelle Emotion ! chez le même éditeur. Le fonctionnement de son avant-dernier-né (depuis est sorti Quelle est ton ombre ?) est le même que celui du premier : sur une double page avec fonds très colorés, bariolés, un bout de phrase commençant par « pour » à gauche et, dans un carré découpé à droite un morceau de photo en noir et blanc. On tourne et on découvre l’ensemble de la photo et de la phrase, comme par exemple : « je m »habille pour ne pas sortir tout(e) nu(e) » face à une petite fille accroupie la tête cachée par la robe qu’elle enfile en la tirant sur les côtés. Si cet album est très riche, déclinant tous les moments importants de la journée d’un enfant, sa portée est un peu moindre que celle de Quelle Emotion ! qui ouvrait davantage de perspectives en allant du côté des sentiments, des impressions, avec des nuances entre « envieux » et « jaloux » par exemple. Néanmoins, la qualité des photos et ce choix de la journée permet aux jeunes lecteurs de s’y retrouver dans le temps, cette notion si abstraite et, à leurs « accompagnateurs » de retrouver, avec nostalgie, des instants spécifiques à l’enfance, atemporels tout à coup grâce au noir et blanc.
Voilà la suite de la collection des histoires naturelles après de nombreux autres albums (la vache, le castor, …) du grand scientifique japonais. Il est membre du « Tokyo scientific institute » (c’est écrit au dos de l’album et il y a une photo de l’auteur avec un tampon officiel, dessinés tous les deux, alors…).
On trouve ici réunies en un grand volume plusieurs histoires naturelles de Tatsu Nagata : l’escargot, la fourmi, le hérisson, le ver de terre, l’araignée, la grenouille, la chouette et le phasme n’auront quasiment plus de secrets pour vous, ou du moins auront pris un visage coloré, joueur.
« Ne plus jamais s’ennuyer », tel est le sous titre de cette Bible des activités, destinée à tous les enfants solitaires que leurs parents n’ont pas autorisé à rester branchés en permanence sur les ordinateurs et play stations.