La Belle au bois dormant

La Belle au bois dormant
Texte de Pierre Coran (repris de Perrault) dit par Nathalie Dessay, Clémence Pollet (ill.)
Musique de Tachaïkovski (extraits)
Didier jeunesse, 2022

Sage ballet

Par Anne-Marie Mercier

Selon le principe de cette collection de livres musicaux consacrés aux ballets classiques, le CD fait entendre à la fois la musique et le texte, dit par Nathalie Dessay avec une sobriété de bon aloi. La musique de Tchaïkovski est découpée en petites séquences, sans doute pour éviter de lasser le jeune auditeur ; c’est un peu dommage qu’on n’ait pas le temps de s’installer dans chaque mélodie. Seule la fameuse valse (que l’on retrouve dans le film de Disney) du premier acte est donnée en entier, après la fin de l’histoire.
C’est dans un style très classique que ce conte est repris ici, avec des illustrations sages et gracieuses, un texte qui reprend fidèlement l’esprit de celui de Perrault tout en lui ajoutant quelques fantaisies (des dragons, par exemple). Le mélange d’inspirations de Disney et Perrault fonctionne bien ; les petites fées volètent joliment, et la méchante sorcière est impressionnante.
Tout se déroule dans un royaume de fantaisie où les humains ont parfois des attributs animaux (longues oreilles, becs d’oiseaux) et où toutes les couleurs de peaux se mêlent ; le Prince qui vient d’un pays lointain a la peau noire. Il s’appelle bizarrement Johan, entre moyen-âge et époque contemporaine, un prénom qui fait basculer dans une autre chronologie.

Giselle

Giselle
D’après Théophile Gautier et J.H. de Saint-Georges
Illustrations de Charlotte Gastaut
Amaterra, 2017

 

Bal masqué

Par Anne-Marie Mercier

Représenté pour la première fois en 1841, le célèbre ballet de Giselle est l’un des plus connus de la période romantique. Romantique, il l’est avec son livret de Théophile Gautier, ses amours contrariées, ses spectres, son inspiration folklorique… Giselle aime un prince sans le savoir. Un rival éconduit le lui apprend et elle meurt de désespoir, sachant que jamais les princes n’épousent des villageoises. Mais selon une légende slave, les fantômes des jeunes filles mortes avant leurs noces reviennent sur leur tombe : ce sont les Wilis qui attirent les jeunes gens et les font mourir.

Après le Lac des cygnes, Charlotte Gastaut reprend le même format exceptionnel d’un grand album presque carré (29 x 32 cm.), composé de doubles pages comportant de nombreuses découpes, parfois des calques, produisant des effets de dentelle superbes. Les coloris, les formes simples imitent le folklore dont le conte s’inspire. Rien de morbide malgré le tème, tout cela est très dansant.

On peut consulter les premières pages sur le site de l’éditeur. Dans la même série des ballets illustrés, et avec la même illustratrice, on trouve également L’Oiseau de feu.

 

Olivia joue les espionnes

Olivia joue les espionnes
Ian Falconer
Traduit (américain) par Yves Henriet
Seuil jeunesse, 2017

De l’art et des inconvénients d’écouter aux portes

Par Anne-Marie Mercier

La série des Olivia est un tonique parafait : non seulement la petite héroïne, cochonnette rose habillée de rayures rouges, est dynamique et inventive, mais les albums sont pleins de belles surprises et de situations cocasses et parfois instructives.

Dans le début de l’album, Olivia surprend une conversation à son sujet et décide d’enquêter pour savoir ce qu’on dit d’elle. Par un quiproquo, elle croit que sa mère l’emmène en prison alors qu’elle l’emmène voir un ballet. La morale de l’histoire est donnée par un dialogue avec  sa mère :

« Alors Olivia, qu’est-ce que tu as récolté en écoutant aux portes ?
– Des bouts de vérité et de fausses informations.
– et comment tu t’es sentie en faisant ça ?
– inquiète et méfiante. »

L’espionnage n’est pas vu sous un beau jour. Mais le propos moral s’arrête là et les bêtises d’Olivia sont spectaculaires, par leur ampleur mais aussi par l’art du dessinateur qui sait les mettre en relief, à tous les sens du terme. On voit dès la couverture son traitement des ombres.