Ça s’est passé là

Ça s’est passé là
Emmanuel Bourdier
 

Thierry Magnier, 2010   

Récit, portraits, fresque ? …en collection « petite poche »

par Dominique Perrin


Ça s’est passé là  Emmanuel Bourdier.gifCe texte d’une trentaine de pages, publié dans une collection de « romans de petite poche », évoque la destruction du « bâtiment E de la cité Marcel Pagnol ».

Les huit premiers chapitres égrènent chacun l’une des minutes qui précèdent la détonation, précisément entre 13h23 et 13h30 ; tandis que les deux derniers chapitres étendent (vertigineusement, en comparaison des précédents) la chronologie jusqu’à 14h.

Il s’agit donc bien d’un récit, assez singulier et ambitieux pour prétendre rendre compte  d’un minuscule segment de temps pendant lequel, au vrai, rien ne se passe : des spectateurs attendent un événement qui n’est finalement nullement décrit en tant que tel. Mais il s’agit aussi d’un portrait collectif, qui cherche à rendre la densité de ces minutes vides d’action au sens hollywoodien du terme. L’enjeu est de faire constater que quelques minutes de suspens vécues par une petite foule portent en elles-mêmes plus d’histoires singulières et plus de profondeur temporelle que bien des aventures convenues. L’enjeu est aussi, bien sûr, de faire apparaître le décalage entre les regards de ceux qui ont vécu là et les paroles de ceux qui décident. Un incanalisable humour n’est pas absent, loin s’en faut, chez les premiers, qui ont pour une fois « la parole ».

 

J’ai 17 pour toujours

J’ai 17 pour toujours
Jacques Descorde

l’Ecole des Loisirs (Théâtre), 2011

Coup de poing à l’estomac

par Sophie Genin

adolescence ; banlieueDeux amies sur un toit. Des séquences brèves. Très brèves. 22 en tout. Un univers noir qui espère toujours, à la Olivier Adam. Des adolescentes écorchées par la vie avant même d’avoir atteint 17 ans. Un texte difficile à suivre car basé sur les associations d’idées, voire les obsessions (comme compter le nombre de fenêtres allumées à différentes heures de la nuit, perchée sur le toit d’un immeuble-tour immense), des deux filles paumées et désabusées. Parfois les prénoms, Stella et Adèle, se brouillent et semblent s’inverser. Ce qui reste, comme goût amer, à la fin, c’est la mort mais aussi la vie.

L’écriture lapidaire, comme un uppercut, s’accompagne d’une bande-son actuelle (Portishead, Télépopmusik, Nirvana) qui la transforme en road-movie oppressant et fascinant.