Mes Vacances chez mes incroyables grands-parents
Daniela Sosa
Gallimard jeunesse, 2025
L’ennui de l’ennui
Par Anne-Marie Mercier
Cet album m’a laissé une impression de tristesse : pour commencer, on voit un enfant en vacances, chez ses grands-parents, comme le titre l’indique, et qui s’y ennuie : « il ne se passe jamais rien ». Effectivement, le couple âgé vaque à ses occupations (lecture, jardinage, collection de timbres, prendre en photo des « trucs sans intérêt »). Bref, « ils ne savent pas s’amuser ».
Surtout, ils n’impliquent pas l’enfant dans ces activités, ne lui montrent pas l’intérêt de la fleur ou du caillou photographié, l’histoire de la collection. On les voit cependant s’amuser lorsqu’il tourne le dos, et l’enfant est soit aveugle soit seul.
Quand on s’ennuie, on cherche du nouveau et l’enfant fouille partout « dans les moindres recoins, même les endroits interdits ». Il finit par tomber sur une petite valise dans le grenier contenant les photos d’un couple jeune et amoureux, aventureux, sportif, fantaisiste… Après bien des recherches il finit par comprendre (il en met, du temps !) : ce sont ses grands-parents et non, ils n’ont pas tant changé que cela. Dans les dernières pages de garde, on voit enfin le trio en activité, ensemble.
Le portrait des vacances pleine d’ennui est sans double fidèle… Mais l’ennui excuse -t-il le fait de fouiller partout « même dans les endroits interdits » et débusquer l’intimité d’autrui ? C’est ce que semble dire cet album. Les illustrations, à l’allure enfantine semblent prendre le point de vue de l’enfant mais le lecteur voit ce qu’il ne voit pas, cela n’a donc pas grand intérêt.
Est-ce un album destiné aux grands parents pour les inciter à prendre en compte l’ennui des enfants ? ou à se raconter davantage et à afficher des photos de leur jeunesse au lieu de les remiser au grenier ? aux enfants pour leur dire que sous leurs apparences tristounettes leurs grands-parents sont (ont été ?) formidables ? Ou qu’ils sont autorisés à violer l’intimité de leurs proches s’ils s’ennuient ?
Cet album à au moins le mérite de poser ces questions, ce qui n’est finalement déjà pas mal.




Le héros anthropomorphe de Lo Gruhier, nouvelle plume et illustratrice prometteuse, devrait rapidement rejoindre ses condisciples de L’Ecole des Loisirs. En effet, tous les éléments constitutifs de ce petit album, qui ne paie pas de mine, le prouvent : le petit cochon au mauvais caractère qui ronchonne rappelle nombre de jeunes enfants qui se reconnaîtront et fera sourire beaucoup de parents ! De plus, l’éloge de l’ennui et de la lenteur comme moteur créatif fonctionne à merveille lorsque Ptit Cochon découvre un escargot devant chez lui. L’investigation concernant sa provenance, en suivant la trace de bave de son chemin, va emmener le jeune héros très loin.