Le Passage des lumières, vol. 1 : Espoirs ; vol 2 Révoltes
Catherine Cuenca
Gulf stream, 2012
Révolution et romance
Par Anne-Marie Mercier
Le roman historique pour la jeunesse a souvent le défaut de proposer un héros – qui est souvent une héroïne – anachronique, qui raisonne comme un-e adolescent-e d’aujourd’hui, avec les mêmes revendications, les mêmes révoltes et les mêmes goûts et dégoûts (voir le passage obligé sur les mauvaises odeurs). Catherine Cuenca a trouvé un moyen imparable pour offrir un personnage proche du jeune lecteur et auquel il peut s’identifier sans trop heurter la vraisemblance historique : le voyage dans le temps.
Ainsi, la jeune Zélie, collégienne à Basmont-en-Argonne, se trouve propulsée dans le Basmont du 18e siècle. Se faisant passer pour la nièce du curé qui l’héberge, elle assiste aux débuts de la révolution de 1789, avec la convocation des Etats généraux et le recueil des cahiers de doléances. On trouve certes quelques passages obligés : la condition des femmes, les robes et chaussures si peu pratiques (voilà d’où viennent les baskets aperçues dans Marie-Antoinette, le film de Sofia Coppola), la médecine déplorable… Mais ces touches sont intégrées dans un ensemble cohérent et réussi : Zélie reconnaît les lieux sans les reconnaître, comprend que le dessous des choses lui échappe un peu ; les dialogues avec le curé qui la trouve bien mal élevée sont savoureux, et le village prend vie avec ses riches et ses pauvres, ses jeunes et ses vieux et le beau Léandre ! Mais le réel reprend ses droits en fin de volume. Le deuxième volume la ramène à Basmont en 1791 – heureusement Léandre l’a attendue – et l’on continue à vivre avec elle les épisodes importants de la révolution (4 volumes sont parus).


Charlotte Bousquet emprunte à la fois au roman historique, au roman policier et au roman populaire dans ce récit qui se déroule à Venise en 1579. Le Carnaval, la peste, les courtisanes, le Doge et l’administration de la république, les ambassades et les commerces, la religion… tout cela est mêlé pour composer un roman très dense en informations diverses qui n’ont pas toujours un rapport dynamique avec l’intrigue mais sont très précises et ont un air d’exactitude (encore que, le rapport des populations avec la peste laisse sceptique). Un glossaire clôt le texte (avec des entrées Tintoret, peste, chats, Véronèse, Ghetto, Lépante…).
Le titre pourrait faire croire que le roman s’inscrit dans la liste de ceux qui se passent à Versailles au cours de » l’affaire des poisons » dans laquelle madame de Montespan a été mise en cause (voir les romans d’Annie Jay, Complot à Versailles et d’Annie Pietri, Les Orangers de Versailles et leurs suites).