« De la critique littéraire considérée comme un exercice de mépris »

« De la critique littéraire considérée comme un exercice de mépris »
article de Luc Rasson
Acta Fabula, Essais critiques,
URL : http://www.fabula.org/revue/document6275.php

Du rififi sur fabula

Par Anne-Marie Mercier

chat.gifOn dérogera ici au genre des chroniques présentées dans li&je pour annoncer aux amateurs de romans publiés pour les adolescents une grande nouvelle : s’ils s’inquiétaient des attaques dont ceux-ci font régulièrement l’objet, voilà que la littérature pour adultes pose les mêmes questions.

On peut lire sur le site fabula par Luc Rasson , « De la critique littéraire considérée comme un exercice de mépris » (http://www.fabula.org/revue/document6275.php), une violente diatribe contre un livre qui dénonce à travers Les Bienveillantes de J. Littell la littérature qui énonce le point de vue du bourreau.
De quoi contenter Geneviève Brisac, éditrice à l’Ecole des loisirs, qui écrivait en réaction à un article du journal Le Monde (« La noirceur contestée des livres de jeunesse », Le Monde des livres, 30/11/07) « on attend avec intérêt l’article qui stigmatisera une collection de littérature générale […] pour la mélancolie de ses textes, la noirceur des propos qui y sont imprimés. »
Même s’il ne s’agit pas tant de noirceur que de point de vue et pas d’une collection tout entière mais d’un seul livre (auquel on peut adjoindre des imitations et, en littérature de jeunesse quelques titres – Le Chaos en marche, t. 2, de P. Ness n’est pas mal dans ce sens, le t. 3 vient de sortir, je vais le lire dès que possible), on trouve dans cet article et dans les passages qu’il cite, de nombreux échos des querelles qui ont agité le monde de l’édition jeunesse.

Très intéressant.

Pour mémoire, sur la querelle de 2007 :
http://bloglecturejeune.blogspot.com/2010/12/des-romans-pour-ados-des-romans.html

Les Hauts de Hurle-Vent

Les Hauts de Hurle-Vent
Emily Brontë
Traduit (anglais) par Frédéric Delebecque
Abrégé par Boris Moissard
L’école des loisirs (classiques abrégés), 2011

Un classique pour la bit-lit? un classique pour tous!

Par Anne-Marie Mercier

emily brontë,l’école des loisirs,anne-marie mercierPour ceux qui trouvent que Les Hauts de Hurle-vent serait un chef d’œuvre si le texte était moins bavard et moins diffus, l’idée d’une adaptation est séduisante. Pour les jeunes lecteurs, c’est également une bonne idée : ce livre culte risque de devenir peu accessible avec le temps, à moins d’être inclus au programme scolaire, chose possible dans les pays anglophones (c’est le livre préféré de l’héroïne de Twilight…), mais difficile dans le nôtre.

Enfin, reste à exécuter ce programme. La courte préface de Boris Moissard annonce le parti pris ; il choisit de traiter le personnage d’Heathcliff comme un immigré mal traité par son pays et sa famille d’accueil : victime ou coupable, c’est au lecteur de voir. Il met également l’accent sur la parenté de ce roman avec les histoires de vampires (mode oblige ? – l’idée est bonne). Enfin, il propose de voir dans ce roman un cas exceptionnel de mise en valeur d’un personnage secondaire : la domestique Nelly Dean, qui selon lui, « vole la vedette » aux principaux protagonistes. Principale narratrice seul personnage raisonnable de ces lieux, elle lui apparaît comme une l’autre visage de l’héroïsme.

Cette adaptation tente donc avec un certain succès de faciliter l’accès à ce texte. Elle propose un arbre généalogique qui aidera tous les lecteurs à se repérer dans cet imbroglio tragique.

Son adaptation choisit de concentrer les dialogues, resserrer les descriptions sans les supprimer tout à fait, supprimer les nombreux commentaires des narrateurs sur les faits et les tons de voix des personnages et enfin d’éliminer les digressions qui seraient incompréhensibles sans notes pour les lecteurs contemporains, notamment toutes les remarques datées socialement. Bien sûr, cela enlève quelque chose, mais pour un gain visible du côté des jeunes lecteurs.