La fée des Maamouls

La fée des Maamouls
Jean-François Chabas
Magnard Jeunesse, 2016

L’eau à la bouche

Par François Quet

Si vous ne connaissez pas les maamouls, il serait temps de vous renseigner. En tous cas, ce livre aura pour premier effet de vous faire chercher la pâtisserie orientale la plus proche ou bien, sur un site internet, la recette de cette délicieuse confiserie libanaise. Le problème c’est que, quelles que soient les qualités de votre fournisseur ou vos talents de pâtissiers, vous n’arriverez pas à égaler les maamouls confectionnés par Razane, l’héroïne de ce petit roman de Jean-François Chabas.

Voici un bon moyen de savoir si vous avez réussi vos gâteaux aussi bien qu’elle : la fée des maamouls, qui n’apparaît que si la recette est tout à fait réussie, se présente-t-elle devant vous ? Sinon, vous devrez faire une nouvelle tentative.

Ce n’est finalement pas très compliqué pour l’excellente cuisinière qu’est notre héroïne, de faire apparaître la fée des Maamouls. Ce qui l’est plus, c’est d’obtenir d’elle qu’elle réalise le vœu auquel a droit la reine des pâtissières. Et les obstacles sont nombreux : il faut trouver le bon moment et le calme nécessaire, il ne faut pas perdre de temps en bavardages inutiles, et surtout, il ne faut être fâché(e) avec personne, mission quasi impossible quand on a le tempérament de Razane.

Jean-François Chabas a imaginé, dans la tradition des Mille et une nuits, un conte de fée très léger et plein de fantaisie.  Si le récit ne manque pas d’humour et de situations amusantes, il vaut surtout pour le portrait de trois femmes : la grand-mère, la mère et sa fille, tempéraments forts et que tout oppose dans cette comédie explosive.

L’intérêt pour le Liban se manifeste aussi dans le vocabulaire qu’emploient tous les personnages (y compris, bien entendu, la fée) au point qu’un bref glossaire s’avère nécessaire : instrument efficace mais aussi source d’imaginaire exotique, et belle introduction à une culture étrangère.

Enfin, c’est la cuisine et l’amour des bonnes choses qui met l’eau à la bouche du lecteur. Construire un roman (si petit soit-il) sur la gourmandise et la passion de cuisiner, ce n’est pas si courant !

 

Le creux des maths

Le creux des maths
Christine Avel

L’Ecole des Loisirs (Neuf), 2012

Aïe ! Je n’ai jamais eu la bosse !….

Par Dimitri NIER et Laure JOURDAT, Master MESFC Saint Etienne.

Le creux des mathsAbel, au prénom prédestiné comme le lecteur le découvrira, est un jeune garçon, issu d’une famille pour qui les maths sont comme un fil rouge qui les unit, où tout le monde a « la bosse des maths », depuis ses parents jusqu’à ses jeunes frères, qui se trouvent dans la même classe que lui malgré leurs deux années de moins. Tous, …sauf lui. Lui, il a plutôt le « creux des maths » que la bosse, comme ses parents s’amusent à le lui rappeler.

Il espère, le jour de son anniversaire, que quelque chose d’extraordinaire va lui arriver. Comme de nombreux enfants de son âge, il s’identifie à son héros, Harry Potter, et souhaite que lui parvienne une lettre qui le tirera de ce monde dans lequel il se sent étranger. Cette lettre, il la reçoit effectivement, mais quelle n’est pas sa déception lorsqu’il apprend qu’elle ne le destine pas à une prestigieuse école de sorciers, mais à une semaine en compagnie d’un célèbre mathématicien finlandais, prix gagné par ses frères pour un concours qu’ils ont passé en usurpant son nom car ils n’avaient pas l’âge requis pour participer….

 Abel, se retrouve alors confronté à un dilemme : soit il joue un rôle d’imposteur, soit il passe à côté d’une belle occasion. Il décide de tenter sa chance et se retrouve brusquement loin de tout, tombe dans le stress permanent, terrorisé par l’éventualité que le mathématicien qui l’héberge ne découvre qu’il n’est pas le génie que la victoire laissait présager. Au fil du séjour, il apprend cependant à connaître cet étrange personnage, qui ressemble si peu à ses parents malgré ses capacités mathématiques. Les deux protagonistes s’apprivoisent peu à peu, en partageant notamment un goût commun pour la cuisine.

On retrouve le personnage principal à la fin du roman, devenu un prodige de la cuisine; il se voit enfin glorifié et mis sur un piédestal par le reste de sa famille. Il s’est découvert une vocation mais il lui a fallu pour ce faire prendre de la distance par rapport à ses proches, comme si la réalisation de soi s’en trouvait plus facile. Ce roman est une manifestation claire de la volonté de chacun de se découvrir un don ou une passion.

Cette aventure humaine est racontée avec les mots d’un enfant de onze ans, ce qui se ressent dans la formulation de phrases courtes, au vocabulaire quelque peu familier comme «cramé », ou « foutu ». Un lecteur plus avisé trouvera sans doute le dénouement intéressant, cependant le récit se trouve un peu dénué d’action. En effet, les seuls rebondissements du livre se déroulent dans le cheminement intérieur du protagoniste, pour qui ce voyage apparaît comme une découverte et une acceptation de soi.

Je cuisine naturellement léger et pas cher

Je cuisine naturellement léger et pas cher
Aude Le Pichon, Annette Marnat
Flammarion (Père castor), 2012

 

Par Dominique Perrin

Les quatorze recettes proposées ici sont accessibles et alléchantes, classées en entrées, plats et desserts, selon une échelle de coût allant dans une fourchette tout à fait raisonnable de « pas cher » à « plus cher ». Mais l’originalité de ce livre de cuisine solidement cartonné réside dans son inscription effective dans le vaste domaine de la littérature de jeunesse.

Le texte présente de véritables qualités pédagogiques, et les illustrations en hommage à la ligne graphique du Père Castor et en clin d’œil à de nombreux contes de fées sont d’efficaces déclencheurs d’appétence pour cette fonction aux enjeux sans âge : faire et offrir à manger. Il n’est pas jusqu’aux motifs intermédiaires de pièces, porte-monnaie et bourses au signe de l’euro qui n’évoquent de façon engageante le nerf de tant de belles histoires de gourmandise et de nutrition. Seule discordance toutefois dans le beau projet d’éducation à la responsabilité tous azimuts que porte l’ouvrage – son impression en Chine.

Les Zinzins de l’assiette

Les Zinzins de l’assiette
Audren

Ecole des Loisirs (Neuf), 2011

Mère à la dérive, enfants aux fourneaux

par Sophie Genin

9782211205092.gif« Chapitre 1 : Le Blues du supermarché, chapitre 6 : Les raviolis et les Ricains, chapitre 8 : changer les habitudes et savourer, chapitre 9 : avec 10 euros et de l’amour, chapitre 10 : les ingrédients magiques, chapitre 13 : ma mère mijote ».

Envie de découvrir ce que cachent ces titres ? Ouvrez ce drôle de petit roman et suivez les tribulations du narrateur, Milos, et de ses deux frères, Virgile, l’aîné, et Desmond, le petit qui pleure tout le temps, tous de pères différents, et de leur maman, franchement pas douée ni en cuisine ni en couple.

Ses garçons lui offrent un livre de cuisine pour son anniversaire et veulent qu’elle s’y mette mais peine perdue : ils devront le faire eux-mêmes ! Après de lourds échecs et des aventures culinaires peu ragoûtantes mais hilarantes, les garçons réussiront à faire évoluer leurs repas mais apprécieront aussi les changements familiaux et amoureux de leur mère !