Renversante

Renversante
Florence Hinckel
Ecole des loisirs –Neuf – 2019

Monde à l’envers ?

Par Michel Driol

Les deux jumeaux Léa et Tom vivent dans un monde où le féminin l’emporte sur le masculin, où la majorité des rues et des établissements scolaires portent des noms de femmes, et où ce sont les hommes qui s’occupent des enfants. Bien sûr ce sont les filles qui jouent au foot alors que les garçons jouent en périphérie de la cour à l’élastique. Et ainsi de suite… Dans le monde de Léa et Tom, nos stéréotypes de genre sont inversés, mais certains hommes pensent à un autre monde possible, tandis que Léa et Tom prennent conscience de ce que leur société a d’injuste.

Florence Hinckel propose là  un petit roman réjouissant  en prenant à rebrousse-poil notre langue et certains de nos comportements. Si la norme est le mot poétesse, certains trouvent le mot poète très laid, car il fait pouet, pouet… Il s’agit, on le voit, de proposer des contre stéréotypes dans tous les domaines : langue, vie quotidienne, travail, littérature, art…  pour nous conduire à réfléchir sur les nôtres, et s’interroger sur les inégalités entre hommes et femmes. Tout est vu du point de vue de Léa qui vit avec une double contrainte : assumer son rôle social de femme et défendre et protéger son frère. Une mention particulière pour les deux parents qui militent eux aussi pour établir d’autres relations, plus équilibrées, entre hommes et femmes. Car il est ridicule de vouloir une société qui fonctionne sur la domination des uns sur les autres.

On apprécie en particulier la démonstration par l’absurde et la façon dont le roman rend compte d’une idéologie à l’envers de la nôtre, qui trouve donc naturel que les hommes s’occupent des enfants – en le justifiant par des arguments  qui paraissent solides – et nous conduit à nous interroger sur ce qu’il y a de culturel dans la construction du genre dans notre société.

Un roman facile à lire qui permettra d’engager la discussion sur les relations filles –garçons, et qui plaide pour une société plus égalitaire.

Par la fenêtre, Emma Robert

Par la fenêtre
Emma Robert, Baptistine Mésange (Ill)
Dyozol, 2018.

Rêverie par la fenêtre

Par Maryse Vuillermet

Un enfant raconte tout ce qu’il voit par la fenêtre.
Le monde d’abord, les montagnes, les oiseaux, le jardin, puis la rêverie l’emmène plus loin, il voit défiler les saisons puis part vers des gens et des mondes inconnus.
Et puis, « des milliers de rêves fleurissent».
C’est un univers très doux et poétique tant par le texte que par l’illustration de Baptistine Mésange

Ce soir, je le fais, ce soir, je le quitte

Ce soir, je le fais, ce soir, je le quitte
Cathy Ytak
Rouergue, doado 2019

Une soirée pas comme les autres !

Maryse Vuillermet

 

Un titre accrocheur et double mais une exploration sensible et juste des tourments de l’adolescence.
La disposition des deux textes en recto-verso permet de suivre l’un,  Simon qui pense qu’il va faire l’amour pour la première fois avec Maline et l’autre,  Emma;  qui,  elle,  fait l’amour depuis quelques mois avec Loïc mais veut le quitter.
Et la même soirée est racontée alternativement par les deux jeunes, et bien entendu elle va réserver des surprises, les corps ont parfois leurs mots à dire.
C’est un monde adolescent assez rude, qui malgré ses airs de fête et d’amours assez libres noie dans l’alcool ses peines et ses désillusions. La fin est ambigüe et un peu inquiétante.

Colère d’amour, Ahmed Kalouaz

Colère d’amour
Ahmed Kalouaz
Rouergue 2019.

Aimer et détester à la fois

Par Maryse Vuillermet

Sa mère est partie, a quitté mari et enfant et Chloé n’arrive ni à l’accepter, ni à lui pardonner d’avoir brisé la famille. Elle refuse de la voir depuis dix mois.
Les points de vue de la mère et de la fille alternent et on comprend chacune, on comprend qu’on peut aimer et détester, aimer et ne pas céder. L’été, la mère part en randonnée, et la fille chez ses grands-parents mais le hasard fera peut être dévier le cours des choses.
Ce roman, dans sa justesse, fera certainement écho chez tous les enfants de parents divorcés et la difficulté du sujet n’enlève en rien la force poétique d’une prose irriguée d’images puissantes.

L’Homme qui voulait rentrer chez lui

L’Homme qui voulait rentrer chez lui
Eric Pessan
Ecole des Loisirs Medium + 2019

Dis-moi où est la maison de mon ami 

Par Michel Driol

Jeff est un adolescent qui vit avec Norbert son frère ainé et ses deux parents dans une tour près de Nantes. Son père est au chômage et sa mère, préparatrice de commandes. Leur tour va être démolie et chacun, dans la famille, prépare, – ou ne prépare pas – le déménagement pour leur nouvel appartement. Un jour, les deux garçons découvrent dans la cave un fugitif albinos, aux yeux sans pupille. Difficile de communiquer avec cet étranger qui ne s’exprime que par des claquements de langue. Cet homme est traqué par d’autres hommes – qui semblent parler russe. Les deux frères décident de le cacher. Qui est-il ? D’où vient-il ? Pourquoi le pourchasse-t-on ?

Eric Pessan livre ici un roman complexe qui offre différents niveaux de lecture. D’abord un thriller pour tenir le lecteur en haleine : il s’agit d’aider le fugitif à échapper à ses poursuivants dans un décor de rénovation urbaine, de tour qui se vide petit à petit de ses habitants. Qui est cet individu, qui compte à rebours les jours, cet Alien comme le nomme le frère ainé – un humain ou un extra-terrestre ? Est-on dans le polar ou dans la science-fiction ? La force narrative du livre est de jouer des codes de l’un et de l’autre genre, avant de basculer franchement vers l’un à la fin.

Mais c’est aussi un roman de découverte familiale. Le lecteur n’en sait pas plus que Jeff, le narrateur, sur sa famille : son père toujours au chômage, sans volonté, grande gueule à la maison, mais inexistant ailleurs, la mère fatiguée et usée avant l’âge, le frère ainé, qui s’est fait exclure de nombreuses écoles et  semble zoner dans le quartier. Jeff ne sait rien de sa famille, et c’est l’une des forces du roman de révéler progressivement l’histoire de chacun, de raconter ces vies minuscules, et, avec beaucoup d’humanisme, d’expliquer le présent par le passé des personnages à travers un album de photographies. Un roman qui dit les espoirs déçus et la vie qui brise les individus.

C’est aussi un roman social – entendons par là un roman qui parle de la société, des quartiers en rénovations, c’est-à-dire des tours qu’on abat, sans prise en compte de ce que les habitants ont pu y vivre durant un demi-siècle. Le roman évoque toute une réalité sociale, faite des discours trompeurs de politiques aux mots manipulateurs, des reportages anxiogènes des journalistes. Il décrit au plus juste la vie simple de ceux qui sont invisibles, qui se contenteront d’une semaine de camping pour toutes vacances et pour se retrouver, mais qui sont confrontés aussi à ceux qui viennent d’ailleurs et ont encore moins qu’eux. Le père de l’un des personnages secondaires aide les migrants. Des gardiens de chantier sont solidaires aussi de cet alien, possiblement un migrant venu d’Afrique Centrale. Un homme traqué à protéger, sans se poser plus de questions.

C’est enfin un roman sur la littérature et les rapports entre le réel et l’écriture. A travers un personnage d’auteur en résidence conduisant un atelier d’écriture sur la transformation du quartier, Eric Pessan, non sans humour parfois, décrit des samedis après-midi dans un centre social et livre, par bribes, quelques éléments de réflexion sur l’écriture et la littérature, sous le haut patronage de Perec… Et, dans une belle mise en abime, on y voit Jeff écrire les premiers mots du roman.

Un roman riche et puissant, dont les numéros de chapitre vont décroissant, à la fois signe d’un compte à rebours avant explosion ou lancement, et tentative de retrouver l’origine perdue du bonheur familial. Roman d’apprentissage enfin, aux personnages d’adolescents positifs incarnant la solidarité.

A la poursuite de ma vie

A la poursuite de ma vie
John Corey Whaley, Antoine Pinchot (trad.)
Casterman, 2015

« On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve » (Héraclite)

Par  Christine Moulin

Cela commence très fort: « Voilà: j’étais vivant, et puis je suis mort. C’est aussi simple que ça. Sauf que je suis de retour. Ce qui s’est passé dans l’intervalle est pour moi un peu flou. Tout ce que je peux vous dire, c’est que ma tête a été séparée de mon corps  puis placée dans un congélateur de l’hôpital de Denver, dans le Colorado ».

Comme on le voit, le narrateur, Travis Coates, a eu le droit à un traitement tout à fait spécial et expérimental: alors qu’il était atteint d’une maladie mortelle, on a congelé sa tête pour la transplanter sur le corps d’un donneur. L’incipit met en scène son « réveil », cinq ans et un mois après.

Ce qui emporte tout de suite l’adhésion, après ce début  légèrement (!) rocambolesque, c’est que l’auteur en déduit les conséquences présentant un intérêt romanesque, de la façon la plus réaliste possible, étant données les circonstances: Cate, la petite amie de Travis est fiancée, par exemple, ses parents ont jeté toutes ses affaires, son ordinateur met trois jours à installer ses mises à jour !…

L’intérêt ne faiblit pas car très vite, des « couacs » laissent deviner que revenir à la vie n’est pas chose facile: Cate ne se manifeste pas; le meilleur ami de Travis, Kyle, semble avoir oublié une confidence qu’il lui avait faite à la veille de sa mort; bref, le narrateur se sent « pris au piège dans une version bancale de [son] passé ». On suit alors les tourments du héros, perdu dans un labyrinthe d’émotions et de sentiments contradictoires car c’est la très grande force de ce roman que d’avoir renoncé au côté technologique et spectaculaire de l’hypothèse de départ et d’en avoir au contraire développé les aspects sentimentaux et psychologiques: Travis est un adolescent et sa situation ne fait qu’amplifier les tourments liés à son âge (concernant l’amour, l’amitié, les relations avec les parents), ce qui permet facilement au lecteur de s’identifier à lui et de s’intéresser à ce qui lui arrive, presque comme s’il était un garçon « normal ». Mais le roman est également une réflexion subtile et originale sur le deuil: qui ne s’est pas demandé ce qu’il ressentirait si un proche disparu revenait à la vie?

Fuis Tigre!

Fuis Tigre !
Gauthier David, Gaëtan Doremus (ill.)
Seuil Jeunesse, 2018

Une fin qui est un début

Par  Christine Moulin

Surprenant, cet ouvrage, qui commence par : « C’est la fin ». On a l’explication de cette déclaration paradoxale à la fois à la page suivante et sur la quatrième de couverture, en un texte tout à la fois poétique et angoissant par son rythme martelé : le tigre auquel l’injonction du titre (« Fuis Tigre ») est  adressée est poursuivi par le feu, il doit donc se réfugier dans la terre des hommes.

Fantastique, cette histoire, et passionnante: on suit l’errance du tigre, qui finit par se terrer dans le château fort d’un petit garçon. Il s’est donc bien fait « tout petit. De la taille d’une souris », comme le lui avait conseillé la voix qui l’accompagne. Ce n’était pas une métaphore. Le petit garçon et le tigre nouent alors une relation faite de tendresse et de bienveillance, jusqu’à ce que les parents découvrent l’animal… Mais ne dévoilons pas trop la suite!

Original, cet album, par son choix narratif: quelqu’un s’adresse au tigre tout au long de l’histoire, pour la raconter. Les phrases sont courtes, frappantes, souvent très belles dans leur étonnante simplicité : « Toi, le si bel animal, sa majesté des affamés », « Et près de lui, tu t’apaises ». Les illustrations, plutôt indépendantes du texte, sont très expressives, mais prennent parfois le relais de la narration en de surprenantes pleines pages.

Magnifique, le message porté par ce récit: comment ne pas voir derrière le tigre le destin des migrants? Et la fin est belle, optimiste, cette fin qui en toute logique prend l’allure d’un début.

L’avis de Sophie Van der Linden, c’est ici.

Je te vois, et toi ?

Je te vois, et toi ?
Siska Goeminne – Alain Verster
Versant Sud Jeunesse 2018

Sur la place chauffée au soleil… (Brel)

Par Michel Driol

Une place anonyme d’une ville qui pourrait se situer dans les Flandres, une place où l’on s’arrête l’espace d’une journée et où l’on va suivre quelques personnages dans leurs rêves, leurs espoirs, leurs souvenirs. Une vieille femme et son chien. Un homme aux dents blanches qui va à un rendez-vous avec une femme qui l’attend. Un petit garçon qui va à l’école, et voudrait bien avoir un chien. Une petite fille qui dort dans la charrette d’un vélo. Et deux animaux, le chien que l’on a déjà évoqué, et un poisson rouge, qui tourne dans son bocal. Sans oublier, au centre, la fontaine,

Le décor est posé, ainsi que les personnages, mais, bien évidemment, réduire à cela cet album, c’est le priver de ce qui fait sa profonde originalité qui consiste à la fois dans le regard porté sur les personnages et la construction narrative qui passe d’un personnage à l’autre, dans l’évocation de ces vies minuscules avec lesquelles on se retrouve en totale empathie. A quoi pensent les personnages ? De quoi rêvent-ils ? De choses simples, une tartine de spéculoos pour la vieille dame, un chien pour l’enfant, l’amour pour l’homme et la femme. Sourires, regrets, nostalgie, espoir, ce sont les grandes émotions de la vie, universelles, qui traversent cet album, dont les personnages incarnent à l’évidence trois âges différents, trois générations. Tout ceci est porté par une langue à la fois simple et travaillée, soucieuse du détail précis et s’ouvrant, par les métaphores et les comparaisons, à une dimension poétique forte, une langue qui dit – ou tait – ce qui se passe l’espace des rencontres et des regards. Car chacun regarde et voit un autre personnage, de la vieille dame qui regarde tout le monde, depuis sa position assise sur le banc, à l’homme qui se regarde dans la vitrine, à l’enfant qui regarde les traces de craie sur le pantalon du maitre.

Le texte possède sa cohérence indépendamment des illustrations d’Alain Verster qui l’inscrivent dans un temps et un lieu indéfinissables. D’un côté on a des éléments de collage photographiques qui évoquent les années 50, de l’autre quelques éléments écrits en néerlandais Reviennent, par ailleurs épisodiquement, des évocations de Batman, sur le sac de sport du garçon,  sur un écran de télévision, sur une tasse….  Les illustrations font alterner plans larges sur la place qui se remplit avant de se vider, avec l’horloge qui rythme le temps, de 8 heures à 18 heures, plans plus rapprochés sur les personnages, et éléments de décors, fontaine, fenêtre, arbre, vélo, dans un montage très cinématographique qui accompagne parfaitement le texte. Les illustrations montrent par ailleurs des photographies, des couvertures de livres, des affiches, des emballages, des calendriers… comme pour souligner cette omniprésence des images qui constituent comme un second univers autour des personnages.

Un bel album, riche et complexe, pour dire la vie d’une place à travers quelques personnages, pour dire les rencontres, pour inviter enfin le lecteur – le toi du titre, le tu des premières pages et de la dernière  – à prendre le temps d’aller aussi vers l’autre.

 

 

Laughton

Laughton
Stéphane Jaubertie
Editions Théâtrales Jeunesse

L’automne, et puis…

Par Michel Driol

La naissance de Laughton  a lieu entre la scène 1, où l’on assiste au départ de l’Homme, et la scène 2, où on le voit revenir un peu moins d’un an plus tard. Mais il ne reconnait pas Laughton. Laughton grandit, entouré de la femme, sa mère, qui passe son temps à écrire, de l’Ours – qu’il appelle Papa – , qui ramasse les feuilles mortes, de son petit frère – personnage absent – et de Vivi, une fillette de son âge, qui n’a pas la langue dans sa poche. Seul dans sa famille, cherchant l’amour de ses proches, Laughton s’en va… si l’on en croit la mère, à la fin, dans une maison de santé

Après Létée et Livère, voici Laughton. Les deux premières pièces avaient comme héroïnes des filles qui, pour différentes raisons, changeaient de famille. Laughton, lui, est un garçon, malaimé par les adultes qui n’écoutent que leurs peurs ou leurs désirs. Laughton cherche à exister dans cette famille, à attirer l’attention sur lui, à aider. Mais, avec brutalité, les adultes le rejettent. Quant à Vivi, qui dira à la fin s’appeler Marie Antoinette, elle le surnomme Plouc. Elle se veut unique, prétend habiter une grande et belle maison, appartenir à la bonne société… Mais est-ce si sûr ?

On le voit, le texte met en scène les relations familiales, sociales, et la parole, à travers une alternance de scènes et de monologues de Laughton. A défaut de pouvoir parler aux autres, Laughton se parle et se dit. Le texte montre une parole refusée, une parole tentée, une parole sur le théâtre aussi dans une étonnante scène où Vivi donne son point de vue très négatif sur le théâtre : ça raconte mal, on n’y comprend rien, ils gueulent comme des vaches. Où se trouve la vérité ? Que peut-on en saisir ? Sommes-nous condamnés à la solitude ? Et pourtant la fin est optimiste : la mère semble avoir compris qu’elle doit parler, raconter à Laughton, révéler les secrets… Mais le pourrait-elle ? la pièce ne le dit pas.

Avec Laughton, Stéphane Jaubertie continue son exploration sensible de ce qu’est trouver sa place au monde…

Un Bol de tristesse pour Nour; Une bulle de timidité pour Gabin

Un Bol de tristesse pour Nour
Kochka, Marie Leghima

Une bulle de timidité pour Gabin
Kochka, Sophie Bouxom
Flammarion, Père Castor (« que d’émotions » !), 2018

Emotions mode d’emploi

Par Anne-Marie Mercier

On se méfie souvent, avec raison, de ce qu’on appelle les « livres médicaments » : ceux-ci sont écrits à des fins thérapeutiques, et bien plus souvent pour les parents que pour les enfants. Ils dramatisent les situations, créent des histoires qui n’en sont pas, et négligent l’aspect plastique des illustrations qui ne sont là que pour asséner un peu mieux le propos.
Ces petits albums de Kochka ne tombent pas dans ces pièges. Tout d’abord, le propos « thérapeutique » est clairement séparé du propos littéraire : en fin d’album une double page signée par Louison Nielman, « psychologue clinicienne et psychothérapeute » s’adresse explicitement aux parents.
Quant à l’histoire, dans les deux cas, elle est intéressante, elle part d’une situation banale (un déménagement, un petit chat trouvé puis perdu) mais qui provoque des sentiments forts chez un jeune enfant, elle est bien menée, avec un rythme, une chute. Les interventions des adultes sont discrètes, c’est l’émotion de l’enfant qui est le personnage principal : comment elle pointe, se développer, menace d’éclater… et comment l’aide apportée par l’entourage permet de l’apprivoiser, sans l’étouffer. Les illustrations sont charmantes, entre ellipse du blanc et trait au crayon et grands aplats de couleur.