James, le lapin qui en savait trop
Tania Sollogoub
L’école des loisirs (neuf), 2011
Ami imaginaire ou lapin doué?
Par Anne-Marie Mercier
Enfermé dans un corps trop étroit, Pierre va mal. Seul son lapin, James, le comprend et lui propose d’autres façons de vivre et de penser. Il lui apprend la beauté de la nuit, l’infinité des possibles.
Cet aspect, très réussi et très poétique n’est pas le plus développé du livre et c’est un peu dommage. La suite déroule les conséquences de la révélation au reste de la famille du fait que James est doué de parole. Il y a des moments drolatiques, des situations joliment absurdes. Mais la fin un peu trop explicite dépare quelque peu l’ensemble. Néanmoins, c’est une variation originale et attachante autour de la question des amis imaginaires.

Par son format étroit et vertical, cet album se rattache immédiatement à l’esthétique chinoise pour mettre en scène deux « chengyu », proverbes très connus, dont la morale se décline en quatre mots en chinois : « attendre le lapin sous un arbre » et « un lapin malin a trois terriers ». Ces deux fables ont en commun l’attente et le jeu de cache-cache avec le paysan ou avec les chiens. L’illustratrice fait des collages où domine la texture des papiers et des tissus, mais l’expression des sentiments est toujours très raffinée, les postures et les mimiques extrêmement suggestives et empreintes d’humour. Autour des principaux protagonistes que sont les lapins et les chiens, les autres animaux de la forêt ou bien des villageois forment une espèce de chœur antique, avec une grammaire des visages qui figure en contrepoint, l’inquiétude, la déploration, l’incompréhension ou la moquerie, ce qui en rend la compréhension aisée même pour les plus petits. Les plus grands seront sensibles aux valeurs explicitées par l’histoire.
Articulé autour du thème de l’amitié maître/animal, cet album met en scène un lapin, personnage récurrent chez Solotareff. Les illustrations stylisées de Soledad Bravi apportent un ton résolument moderne. Son trait de crayon est épais et ses couleurs contrastées, ce qui accroche immédiatement l’œil. Dès la couverture, le ton humoristique et tendre est donné.
Un petit loup nous entraîne dans sa course folle. Avec son copain lapin, ils s’amusent à faire du skate board. Leur vitesse est telle qu’ils s’envolent en percutant un escargot et retombent dans une voiture. A son tour le gastéropode rigolo leur demande de l’attendre car il veut aussi jouer avec eux. Désormais à trois, ils roulent oreilles et antennes au vent, et invitent le jeune lecteur à les rejoindre dans leur monde acidulé et plein de pep’s.