Grandir

Grandir
Laetitia Bourget, Emmanuelle Houdart
(Les Grandes Personnes), 2919

Vie universelle

Par Anne-Marie Mercier

Qu’est-ce que grandir, et même (bien que le mot n’apparaisse pas), vieillir ?
La réponse nous est donnée par une narratrice, celle dont le double visage nous sourit en couverture, une moitié jeune, une moitié âgée. Elle nous dit les différentes étapes de son existence, pas à pas : « d’abord je n’étais pas là / Et puis j’étais là mais alors juste moi / Et puis je me suis équipée un peu / puis beaucoup » : l’enfant-œuf à peine éclos se charge de propriétés, de capacités, d’objets et de vêtements; on retrouve le style dEmmanuelle Houdart, japonisant et enveloppant les corps de toutes sortes d’étoffes et d’objets.
Autre évolution : le corps se transforme : d’abord petit, fin, souple, puis « beaucoup moins ». L’esprit change aussi : l’être joyeux, curieux, insouciant… mais aussi dépendant et doutant, devient plus solide, plus assuré ; il reste toujours joyeux, par décision, et cherche à se rendre utile autant et tant qu’il le peut… chaque étape montre un corps ou une partie du corps qui se métamorphose sous les tatouages, vêtements, accessoires, un corps qui vole ou se fige, tout cela délicatement dessiné sur fond blanc. Chaque page est une œuvre à part entière, fourmillant de dessins, dynamique et autonome, tout en renvoyant à l’ensemble.
Des images de croissance végétale, de racines et de floraisons, et la présence de multiples animaux donnent à cette vie un ancrage fort dans le monde naturel et ajoutent une autre dimension aux images, parfois étranges : l’humain se fait hybride; il est, comme les plantes et les animaux, dans l’ordre du vivant.
À l’issue des dernières étapes viennent la solitude, l’oubli, puis la disparition. Ces passages sont évoqués de façon douce mais poignante. La dernière image est une parfaite représentation de la présence / absence et du parcours d’une vie faite de beauté et d’amour des formes et des couleurs. Grandir, c’est un beau voyage et un beau dess(e)in, nous dit la fusée – crayon de couleurs qui ouvre et ferme l’album.
Michel Driol avait déjà chroniqué cet album dans un très bel article sur lietje.

Feuilleter sur le site de l’éditeur
Pour mémoire : si on ne présente plus le duo Emmanuelle Houdart-Laetitia Bourget (voir sur lietje), Laetitia Bourget est aussi l’auteure de Ma Maison, publié avec Alice Gravier chez le même éditeur.

Les Choses qui s’en vont

Les Choses qui s’en vont
Béatrice Alemagna
Helium, 2020

Autant en emporte le vent…

Par Anne-Marie Mercier

Malgré l’écho nostalgique du titre, le propos est léger et heureux : ce qui s’en va, ici, ce n’est pas la jeunesse, les amours, les être aimés, le temps… non, rien de tout cela, qui ne ferait d’ailleurs pas sens pour l’enfant.
C’est une égratignure qui s’efface, une bulle de savon qui se dissipe ­­– pour aller où ? – les larmes, la peur, les poux… tout cela donne l’idée d’une vie légère, où un coup de vent peut tout changer, et faire partir ce qui est représentés ici à grands traits (ou pointillés) sur des feuilles de calque : il suffit de tourner la page transparente pour que l’image apparaisse débarrassée des traits qui l’obscurcissaient (les idées noires), ou simplement de signes qui altéraient le blanc (la musique).
Les images mêlant peinture et crayonnés aux pastels gras montrent des personnages de tous les âges, de toutes couleurs de peau, sous des angles divers et dans des situations quotidiennes variées : faire du vélo, prendre un thé, bricoler, dormir : toutes sont des occasions pour se souvenir que tout passe… sauf une chose : vous aurez deviné laquelle ?
Un bel exemple de philosophie légère et heureuse.
Cet album a été et sera offert à tous les enfants du Val de Marne nés en 2020.

Fables d’aujourd’hui

Fables d’aujourd’hui
Yvan Pommaux
L’école des loisirs, 2019

Quand Pommaux rime et fabule

Par Anne-Marie Mercier

Ce sont bien des fables, qui proposent une morale de sagesse à tous, souvent à travers des personnages animaux anthropomorphisés  : à ceux qui se trouvent laids et désespèrent d’être aimés, ceux qui sont en proie à la jalousie, ceux qui hésitent entre deux amours, ou qui optent pour le repli égoïste, ceux qui sont harcelés par d’autres enfants, ceux qui ne veulent pas que des étrangers viennent chez eux, ne serait-ce qu’un petit moment, pour se reposer d’un long voyage.
On voit à travers certains de ces thèmes que ce sont bien des fables pour aujourd’hui ; elles  proposent aux jeunes lecteurs des réponses aux questions qui les tourmentent : comment se faire aimer, comment aimer, comment être protégé…

Et ce sont des fable d’Yvan Pommaux, autre point attirant : on retrouve son art de la ligne claire, et ses personnages animaux  évoquent d’autres, bien présents dans ses albums : beaucoup de chats, des souris, des oiseaux qui évoquent le monde de Corbelle et Corbillo, mais aussi des lapins, des taupes, des éléphants… on retrouve aussi son art du texte ; certes, il n’est pas connu comme un poète, mais il fait bien le travail, jonglant avec les mètres (alexandrins, octosyllabes, hexamètres…)  et ses vers ne manquent pas de charme et de rythme :
« Roger, gros comme un éléphant,
Et d’ailleurs c’en est un,

N’écoute pas les mots ressassés et lassants
De tous les importuns

 qui rient de son poids , sa lenteur, sa maladresse.
Il pourrait leur donner des leçons de vitesse,
Et des cours de légèreté !
Son énergie déborde.
Une tasse de thé,
Et hop sur son skateboard,
Il devient la libellule. »

Pas mal, non ? La fable se termine par une invitation à d’autres lectures :
« Oublions la morale,
Et laissons nous bercer,
Dans un lieu sidéral,
Le temps peut s’arrêter,
Là on n’explique rien,
On est cool, on est bien. »

Bon été!

(lire un extrait)

Vert. Une histoire dans la jungle

Vert. Une histoire dans la jungle
Stéphane Kiehl,
De La Martinière jeunesse, 2019

La couleur de l’espoir ?

Par Anne-Marie Mercier

Au commencement, dans l’album et dans les mots, il y a le vert, du vert partout. Le narrateur, un enfant, arrive du « nord » pour s’installer avec sa famille dans la jungle. Il découvre un pays merveilleux où la nature s’offre à eux, menaçante parfois, mais toujours belle et vivante, parcourue par les éléphants, mais aussi les tigres. Les pages sont couvertes de ce vert qui couvre le blanc de la page : ne reste que l’espace nécessaire au texte.

L’album est le récit d’une déforestation, lente au début avec l’arrivée d’autres habitants, la création d’un village. Le blanc gagne progressivement l’image ;  il laisse aussi la place au noir, celui des souches des arbres que l’on a abattus. Si le vert revient, c’est sous la forme du fantasme, à travers le personnage du tigre, revenu grâce au récit de l’enfant devenu adulte: les couleurs reviennent, présentes dans l’image mais absentes dans le réel décrit par un récit plein de nostalgie.

C’est un bel album, elliptique, qui dit la fragilité de notre monde sans dogmatisme, à travers un simple exemple. Il laisse aussi de la place à l’imaginaire à travers la force de l’évocation par les mots et les images d’un paradis à jamais perdu : le nôtre, demain ?

Chapeau d’été et L’Air du Printemps

Chapeau d’été
L’Air du Printemps
Jo Witek, Emmanuelle Halgand, Flavia Perez (musique)
Flammarion (Père Castor, « areuh, l’éveil en mots et en musique »), 2020

Livres CD pour les tout petits

Par Anne-Marie Mercier

Beauté des images aux formes simples et lisibles, aux couleurs acidulées, rythme du texte, orienté l’un sur les fleurs et les oiseaux (le printemps), l’autre sur les sensations liées à la chaleur, à la lumière et à la fraicheur de l’eau (l’été), originalité de la musique, pleine d’échos d’oiseaux pour la première, plus jazzy pour la seconde, autour d’onomatopées et d’assonances (chat et chaud)… tout est joli et plaisant, pour les enfants comme pour les adultes.
Les textes sont simples — celui de Chapeau d’été tout particulièrement — sans être pauvres et évoquent des moments de sensations partagées, d’attention aux petites choses.
Ces petits albums aux coins arrondis, de format carré, aux pages cartonnées et lisses sont en plus prêts à être pris en main par les petits auditeurs, une fois la première approche faite. Ils invitent à une lecture à deux, à redire les bruits des insectes, des pas dans l’eau… de la vie, et à savourer les couleurs, les musiques et les mots.
Feuilleter chapeau d’été
ou L’air du printemps

 

Tous ensemble !

Tous ensemble !
Smriti Prasadam-Halls, Robert Starling
Gallimard Jeunesse, 2020

 

Fable Politique

Par Anne-Marie Mercier

Les animaux, de La Fontaine à Orwell, sont bien souvent les acteurs de fables à visée politique. Celle-ci, au titre programmatique, allie la simplicité du message à la force de son argumentaire.
Des animaux vivent en paix, les oies et les canards d’une part, sur une petite île, et les autres animaux d’autre part, dans une ferme reliée à l’île par un pont. Les oies décident de faire sécession pour profiter seules de leurs avantages ; les canards, minorité contrainte au silence et exploitée, sont embarqués malgré eux dans cette décision. Étape après étape, ce choix s’avère malheureux, jusqu’à l’arrivée des renards…
L’éloge de la solidarité s’accompagne ici d’une mise en garde : le séparatisme crée un alourdissement des tâches, qui ne sont plus partagées (tiens, tiens, ceux qui veulent mettre les étrangers dehors sont-ils prêts à aller aux champs et ramasser les poubelles ?). Il crée de la pénurie, de la pauvreté et de l’insécurité face aux ennemis. La solidarité n’est pas seulement une belle idée, c’est une nécessité de survie pour une société.
La gravité du message est allégée par le contexte animalier et les illustrations colorées, proches de la caricature : les images représentant les oies et les canard au travail, affublés de tenues de travail (casques, et casquettes) alors que les autres animaux, en face de l’île,  gambadent et donnent envie de les rejoindre sont très réussies.

Trois petits animaux

Trois petits animaux
Margaret Wise Brown, Garth Williams
MeMo, 2019 (1956)

 

Trois oursons s’aimaient d’amour tendre…

Par Anne-Marie Mercier

« Il était une fois trois petits animaux dans leur fourrure d’animaux ils vivaient dans une petite maison d’animaux ».
L’image du bonheur simple de ces petits êtres (qui à l’image sont des oursons) est à peine installée que celui-ci est troublé par l’envie de l’un d’eux d’aller voir « le monde des gens ». Il s’habille (chapeau melon etc.) et il part. Il est vite suivi par un deuxième qui s’habille (petite robe et chapeau à brides, etc.) et part. Le troisième part à son tour, à leur recherche, habillé avec ce qu’il a pu trouver : un pot de fleur comme chapeau, des buches creuses comme chaussures, des feuilles comme manteau. L’album montre les tribulations de ce petit animal inquiet, perdu dans une foule qui ne le voit pas. La fin montre les retrouvailles et le retour à la vie sans habits, à la maison, au sommeil partagé, « car c’était de petits animaux ».

Le charme indéfinissable de cette histoire tient peut-être à sa simplicité (son thème est aussi celui de la fable des « deux pigeons » : « L’un d’eux s’ennuyant au logis / Fut assez fou pour entreprendre / Un voyage en lointain pays »), au lexique restreint, à l’évocation d’un bonheur simple fait de petites choses et de sensations douces, opposés à l’inquiétude et à la dureté du dehors. Elle tient aussi aux illustrations, merveilleuses de douceur et de naïveté, à l’image de ces petits animaux crayonnés avec amour.

 

La Meilleure Façon de marcher ?

La Meilleure Façon de marcher ?
Anna Castagnoli et Gaia Stella
Traduit par Christian Demilly
Grasset, 2019

La Fontaine graphique

Par Anne-Marie Mercier

Ce très bel album au format allongé frappe d’abord par son graphisme d’une précision impeccable, aux formes très géométriques colorées qui se détachent bien sur le fond blanc. Il est découpé en épisodes symétriques : un vieil homme, un enfant et un âne se dirigent vers une ville, nommée Bonvent ; ils passent pas celle de Languependue, de Grande-Grinche, de Guerrelasse,  de Durcoeur, de Haute-Flemme. Chaque ville a une caractéristique : les habitants sont jaseurs, ou râleurs, ou soupirent, ils sont affairés ou oisifs, mais tous trouvent à redire à la « façon de marcher » des personnages :  c’est le vieux qui devrait être sur l’enfant et non l’inverse, ou le contraire, c’est l’âne qui est trop chargé, ou pas assez, etc.
On aura reconnu l’argument de la fable de La Fontaine,  « Le meunier, son fils et l’âne ». Il est regrettable que cela ne soit pas mentionné dans l’album : on imagine que les enseignants pourraient faire des va-et-vient intéressants du poème à l’album. Ainsi, plutôt que « conte graphique », c’est une fable graphique dont la morale est claire et rappelle une chanson traditionnelle (« La meilleure façon de marcher c’est encore la nôtre »), morale énoncée par le meunier de La Fontaine à la fin de la fable :

« Beau trio de Baudets! Le Meunier repartit :
Je suis Âne, il est vrai, j’en conviens, je l’avoue ;
Mais que dorénavant on me blâme, on me loue ;
Qu’on dise quelque chose ou qu’on ne dise rien,
J’en veux faire à ma tête. Il le fit, et fit bien.

Quant à vous, suivez Mars, ou l’Amour, ou le Prince ;
Allez, venez, courez ; demeurez en province ;
Prenez femme, abbaye, emploi, gouvernement :
Les gens en parleront, n’en doutez nullement. »

Quant à la question de l’emprunt, et même de l’emprunt non signalé, on peut encore revenir à la sagesse de La Fontaine, qui rappelle au début de la fable que cette histoire vient des temps anciens, qu’elle a sans doute été transmise par Ésope, et que les hommes n’ont cessé de se la raconter.  Les derniers venus, dit-il, trouveront toujours à glaner ; ils peuvent à leur tour mettre de nouveles images et de nouveaux mots sur des histoires vieilles (presque) comme le monde et toujours actuelles, des classiques :

« L’invention des arts étant un droit d’aînesse,
Nous devons l’apologue à l’ancienne Grèce.
Mais ce champ ne se peut tellement moissonner
Que les derniers venus n’y trouvent à glaner.
La Feinte est un pays plein de terres désertes :
Tous les jours nos auteurs y font des découvertes.
Je t’en veux dire un trait assez bien inventé.
Autrefois à Racan Malherbe l’a conté. »

 

Mouha

Mouha
Claude Ponti
L’école des loisirs, 2019

Aventures terrestres

Par Anne-Marie Mercier

La petite Mouha, c’est un peu une autre Hipollène, celle qui est tombée de l’arbre maison dans L’Arbre sans fin ; contrairement à Hipollène, elle ne tombe pas de l’arbre, mais elle saute, afin de découvrir « sur le sol de par terre » toutes les choses inconnues, toutes « belles et intéressantes ». Marchant de découvertes en découvertes, toutes « belles et intéressantes », elle rencontre heureusement Blaise le poussin masqué, bien connu des amateurs de Ponti, qui la met en garde et lui livre la leçon que tout enfant doit connaître très tôt : les apparences sont trompeuses, il y a des êtres bons et d’autres méchants et il est difficile de savoir à qui se fier. Comme on est dans un récit initiatique, il lui dit aussi que des personnes « seront là à temps et au bon moment. Ce qui est important, c’est que tu es importante ». Le départ vers l’aventure se fait donc en confiance.
Mouha (on aura compris qu’elle incarne le lecteur embarqué dans le monde pontien) rencontre toutes sortes d’être hybrides, portant des noms tout aussi hybrides, tantôt aidants, tantôt menaçants. Les monstres hostiles lui proposent des énigmes (pas faciles, surtout la dernière !) qu’elle résout sans difficulté, provoquant leur colère énoncée par un discours à la fois haineux et méta : « je te déteste, on se retrouvera ! puisque c’est comme ça rendez-vous pages 38-39 ».
Canards-lapins, champignons rebondis, tortue perdue (pas pour longtemps : elle s’appelle Bienfé…) coings accueillants, cube en empilements, coccinelles en attente de couleur, de multiples rencontres agrémentent son parcours, dans lequel elle aide tous ceux qui sont en demande, avant de retrouver les « horribilivicieux monstres », aux pages 38-39, comme promis. Elle les défait avec le même stratagème qu’Hipollène qui disait au monstre « Je n’ai pas peur de moi », formule si inattendue que la plupart des lecteurs lisent dans un premier temps « je n’ai pas peur de toi ». Mouha justifie pleinement le titre de l’album : à la question insoluble qu’on lui pose (« Qui sommes-nous, d’où venons-nous, où allons-nous ? », elle répond : « Je suis Mouha, je viens de chez moi et je retourne chez moi ». Belle formule, belle assurance, belle certitude de l’enfant qui sait qui il est, et qu’il a un logis d’où partir et où revenir, et un oiseau livre de souvenirs pour le lui rappeler.
C’est un beau cru de Ponti, avec un Mouha qui ressemble à une Adèle – autre personnage récurrent – bien grandie (le livre est dédié à « Adèle, la modèle »), mi livre d’aventures initiatiques, mi fantaisie, mi livre jeu d’énigme, avec des monstres parfaitement horribles comme il se doit et bien explosés à la fin comme il se doit.

 

 

La Promenade de Petit Bonhomme

La Promenade de Petit Bonhomme
Lucie Felix
(Les Grandes Personnes)

Livre vivre

Par Anne-Marie Mercier

Lietje a rendu compte des merveilleux Coucou et Hariki il y a peu. Leur auteure, Lucie Felix, proposait en 2015 un autre album (que nous avions recensé au moment de sa sortie mais qui mérite ici d’être mis en perspective avec les titres récents) dans lequel l’adulte qui lit ou l’enfant qui l’écoute (ou qui reprend le livre seul), sont actifs, parcourent le livre par le toucher et se promènent autant dans l’espace de la page que dans l’espace du récit.

Ce grand album cartonné propose un espace sobre, réduit à une bande colorée comportant parfois des aspérités et surmontée d’un grand espace blanc qui commence dès la page de couverture. L’espace – et donc la promenade – se complexifie peu à peu : du plat on passe à des reliefs, à un précipice qu’il faut franchir, à un toboggan… on rencontre des animaux, enfin on entre dans la maison : un goûter attend, mais avant il faut franchir les derniers obstacles…
Dans cet espace, pas de personnage inscrit : ce « petit bonhomme » est la main de celui qui raconte, suggérée en pointillés sur la première de couverture, puis absente de l’image : il s’agit de la placer et de l’animer soi-même. On va faire glisser le doigt sur le chemin bien lisse, le faire trébucher sur le caillou, sauter au-dessus du précipice.. et le replier en fin de parcours, tout tranquillement.
À chaque étape, la page doit être caressée pour faire ressentir ses reliefs. Les couleurs aquarellées sont superbes, évoquant tantôt des mousses, de l’eau, du bois, du marbre… Il est rare de voir autant de reliefs en tous genres sur une surface de papier apparemment plane,  et d’ouvrir un livre sans personnage apparent qui accueille autant de vie avec des moyens aussi simples.