Un Jardin pour maman/Dédée

Un Jardin pour maman/Dédée
Claire Beuve, Tildé Barbey
Éditions du Pourquoi pas, 2025

Le vert et le bleu

Par Anne-Marie Mercier

Ces deux courts récits s’ancrent dans un lien fort avec la nature, et plus généralement le vivant. Dans l’un d’eux, Dédée, soixante-dix ans, a tout perdu : d’abord son mari, puis sa maison. Malgré son âge, et tant par choix que par nécessité, elle vit dans la rue et a pour toute possession un rosier… Autour de ce personnage et de ce destin le quartier vit, et progressivement se réveille. Dans Le Jardin pour maman, un homme s’est lié depuis longtemps à un bout de terrain. Après bien des années et des efforts, il en a fait un jardin, un jardin qui exclut la couleur bleue. L’explication de cette absence lui fait évoquer la figure de sa mère, femme battue courageuse.
Ces deux récits pudiques, pour de belles figures fragiles, célèbrent le lien d’amour entre humains et entre humain et nature.

Le Phénix et le tapis volant

Le Phénix et le tapis volant
Edith Nesbit
Traduction (anglais) par Amélie Sarn
Novel, 2025

« Je me fiche des souvenirs ! Je veux qu’il se passe quelque chose »

Par Anne-Marie Mercier

Dans la fratrie des quatre enfants de ce roman, il y a tout ce qu’il faut pour que chaque lecteur se sente embarqué : des garçons et des filles, des enfants raisonnables (pas trop) et des déchainé/es, des craintif/ves et des hardi/es. Ils enchainent bêtises sur bêtises, à un rythme étonnant.
Au début du roman, ils évoquent leur aventure passée (La Dernière fée des sables, même éditeur), mais comme le Club des cinq (qui s’est dit-on inspiré de cette série) ils ont hâte d’en enchainer de nouvelles, plus étonnantes encore. Celles-ci prennent de l’ampleur lorsque, après avoir déclenché un début d’incendie en jouant à la magie dans leur salle de jeu, ils font éclore un œuf de pierre, un drôle d’objet qui avait été glissé dans le tapis acheté d’occasion par leur mère. C’est un œuf de phénix, et l’aventure commence… en outre, le phénix leur révèle que le tapis de leur salle de jeu est lui-même magique. C’est un tapis volant et il peut exaucer tous les désirs de voyage, mais avec des limites : on ne peut faire que trois vœux par jour : gare aux imprudents qui dépenseraient tous leurs vœux et se retrouveraient coincés au bout du monde sans pouvoir revenir ! C’est bien sûr ce qu’ils feront…
Les aventures s’enchainent, comme les catastrophes. Le roman est à la fois drôle et haletant. En même temps, on explore la société anglaise de l’époque, avec ses rituels, comme les ventes de charité, ses temples, comme le siège de la Phénix Fire Insurance cie, que l’oiseau croit être dédié à sa gloire et où se déroule une incroyable et hilarante cérémonie d’hommage des employés à l’oiseau. Ambiance Mary Poppins. D’ailleurs, il y a même des parapluies…
Le plus savoureux tient aux incursions fréquentes de la narratrice, à qui la traduction donne un ton un peu désuet tout à fait charmant. Elle s’adresse souvent aux lecteurs, elle commente aussi les actions de ses personnages, qu’elle décrit avec une indulgence amusée: « ni particulièrement beaux, ni particulièrement malins, ni particulièrement sages. Ça n’était pas pour autant des affreux jojos. En fait ils étaient probablement comme vous».

Lorsque les enfants allument un feu : « Ils étaient maintenant seuls dans la maison, avec le phénix et le tapis. Sans oublier les blattes du coffre à jouets. Robert alluma un feu dans la cheminée de la salle de jeux. A ce propos, je ne sais pas si vous savez allumer un feu, pas seulement quand le papier et le bois sont prêts et qu’il n’y a plus qu’à craquer une allumette.
Je vais vous expliquer, comme ça vous pourrez vous débrouiller si jamais vous en avez besoin ». Suit l’énumération des actions de garçon, un peu maladroit, qui se conclut par « Bien sûr, s’écorcher les mains n’est pas du tout obligatoire. Quoiqu’il en soit, les blattes du coffre à jouets furent ravies. Après quoi, les enfants préparèrent le thé. Enfin, ce fut un thé un peu spécial ».

De cette manière, tout est occasion de surprise, et comme les enfants le lecteur s’émerveille de toutes les choses étonnantes qui peuvent survenir, tout en les trouvant absolument normales, justement comme un thé qui serait « un peu spécial ». Les blattes du coffre à jouet (qui ne jouent aucun rôle et sont juste des blattes) côtoient ainsi un phénix, une vente de charité abrite un tapis volant.
Edith Nesbit a inspiré de nombreux auteurs de romans de fantasy pour enfants comme CS Lewis (Narnia), Diana Wynne Jones (Le Château de Hurle) et J.K. Rowling (Harry Potter). Les lecteurs français découvrent ainsi un classique anglais de 1904. Si de nombreux textes d’E. Nesbit ont été traduits, celui-ci, il me semble, ne l’avait pas été  jusqu’ici, ce qui est étonnant : aurait-il semblé trop excessif aux yeux des éditeurs?  Merci Novel !

Grand Canyon

Grand Canyon
Susan Lamb, Sean Lewis (ill.)

Gallimard jeunesse, 2025

Une invitation au voyage

Par Lidia Filippini

Sur la page de couverture, un condor majestueux s’élance à la découverte du Grand Canyon. Le lecteur se sent déjà irrésistiblement entraîné dans son sillage. Le paysage, dans des tons ocre et brique presque psychédéliques, se dessine à travers un dense brouillard qui lui confère un aspect mystérieux. Nous partons à l’aventure donc, à travers ce parc qui, selon une légende locale, aurait pour origine une jeune fille, Pukeheh, seule survivante d’un déluge provoqué par son oncle et qui aurait donné naissance aux deux premiers habitants du canyon, l’enfant du soleil et celle d’une cascade.
Merveilleux écrin de nature, le Grand Canyon occupe 4927 km2. Il est devenu Parc National protégé en 1919. Theodore Roosevelt le décrivait comme « le grand paysage que tout Américain devrait voir dans sa vie ». De fait, il est aujourd’hui un des lieux les plus visités du monde : cinq millions de personnes le parcourent chaque année grâce aux quatre cents employés – Rangers, scientifiques, pompiers, jardiniers, équipes de nettoyage, astronautes et bénévoles – qui l’entretiennent.
Susan Lamb, l’autrice, a justement travaillé comme Ranger au Grand Canyon pendant plusieurs années. Elle maîtrise donc parfaitement son sujet. Divisé en quatre chapitres, l’album aborde la formation du canyon, ses habitants au cours des siècles, sa faune et sa flore. Une dernière section s’intéresse au parc aujourd’hui, aux dangers qui le menacent et aux actions mises en place pour le protéger.
L’album fait la part belle aux superbes illustrations de Sean Lewis qui occupent souvent des doubles-pages entières. Le trait est réaliste, et en même temps enfantin. L’ocre, le brun, le rouge brique, qui se répondent d’une page à l’autre, font le lien entre les différents aspects du parc et entraînent le jeune lecteur dans cette nature grandiose et libre. C’est assurément un album qui donne envie d’aimer le monde et de le protéger !

L’ Étincelle en moi

L’ Étincelle en moi
Miguel Tanco
Grasset jeunesse, 2025

L’Amour de la Physique à hauteur d’enfant

Par Anne-Marie Mercier

« Que feras-tu quand tu seras grand ? », cette question est bien agaçante quand ce sont des adultes qui la posent et qu’on a passé la période « pompier, infirmière, organiste ou gardien de zoo ». A lire cet album, on se dit que mieux vaudrait demander si l’on sent une étincelle pétiller prête à embraser un grand feu.
Une fillette s’interroge en voyant autour d’elle ses parents ou ses frères chacun avec un talent particulier, en formulant sa question à travers toute sortes d’interrogations : pourquoi l’eau est-elle transparente et la neige blanche, peut-on aller plus vite que son écho ? etc.
Un beau jour, elle pose toutes ces questions en classe et son enseignante lui répond que « toutes ses questions avaient une réponse, et qu’en cherchant bien tous mes rêves pourraient devenir réalité ». On la voit consulter des livres à la bibliothèque, expérimenter avec l’aide sa famille, et enfin arriver à nommer cette étincelle qu’elle sent en elle et qui aiguillonne sa curiosité : la Physique.
La suite de l’album présente le cahier de physique de la fillette. Elle y note les réponses qu’elle a trouvées et les illustre avec de charmants schémas, brouillons et naïfs. On y évoque la lumière stellaire, la gravité, le principe d’Archimède, le son… Les aquarelles du début, très colorées, également naïves, sont suivies de ces pages imitant un crayonnage sur fond blanc dans une belle continuité.

Un Long Week-end en canoë

Un Long Week-end en canoë
Alice Ourghanlian
Hélium, 2025

L’aventure, c’est l’aventure

Par Anne-Marie Mercier

Cet album nous donne l’opportunité de découvrir un nouveau talent, celui d’Alice Ourghanlian, Lauréate du prix Ars in Fabula de la Foire de Bologne. Ses images à l’allure enfantine accompagnent un récit dont la narratrice est une fillette, la plus jeune de la fratrie. Nous découvrons tout l’itinéraire de ce week-end d’aventures en famille (deux enfants et leur père), des préparatifs jusqu’au retour, à travers toute sortes d’images : vignettes de BD, planches à l’allure documentaire proposant des inventaires (matériel à emporter, différentes espèces d’oiseaux), superbes pleines pages colorées à fond perdu, images séquentielles sur fond blanc, vues d’en haut des canoës solitaires sur la rivière, vues d’ensemble du camping bondé, et de la rivière elle aussi embouteillée d’embarcations également, à un moment seulement heureusement pour eux, tant les canoéistes sont bavards et bruyants…
La narratrice a un regard critique sur les idées paternelles, les disputes avec son frère, et sur le manque de confort mais elle s’émerveille aussi sur la liberté qu’on ressent à vivre dans la nature, planter sa tente dans un coin isolé, se laver dans la rivière, faire pipi où on veut, manger avec les doigts… Mais c’est aussi trouver que ce week-end est décidément bien long, se demander si les cris qu’on entend la nuit, sous la tente, sont ceux de loups (non, c’est des grenouilles dit le frère), être trempés sous l’orage et avoir peur de la foudre. Toutes ces aventures sont vues et dépeintes avec humour, y compris la séquence où la fillette répond au coup de fil de sa mère (que l’on voit dans un métro bondé) en adoucissant beaucoup les traits de leur séjour pour éviter de l’inquiéter.
C’est un beau portrait de relations entre un père et ses enfants. Il souhaite leur faire découvrir de nouvelles façons de se promener ensemble, de vivre la nature mais s’y prend parfois maladroitement : l’aventure, ça ne se maitrise pas toujours.

sur Radio France

La Fabuleuse bibliothèque de Marquizze la mouche
Mélanie Deloy, Ronan Badel (ill.)
Gallimard jeunesse (Giboulées), 2025

Éloge de la lecture et des livres

Par Anne-Marie Mercier

Marquizze est une petite mouche née dans un château (enfin, dans l’écurie du château) et elle a sait lire ! Comment a-t-elle appris, on vous l’explique dans le livre, je ne vais pas tout révéler. Lisant par-dessus l’épaule des enfants qui fréquentent cette belle bibliothèque, elle découvre Jules Verne avec l’ainé, Roméo et Juliette, Les Quatre filles du docteur March, Notre-Dame de Paris… avec la seconde, et, avec la plus jeune, les contes et les fables, mais aussi Dracula et les livres d’Agatha Christie.
L’un des enfants n’aime ni les livres ni les mouches et fait de Marquizze sa cible préférée… Dans la bibliothèque, la vieille Rilke est à l’affut. C’est une araignée – quelle idée de lui donner un tel nom! Dans d’autres épisodes, les mouches s’associent à d’autres insectes pour fonder leur propre bibliothèque et créer leurs propres livres (an pattes de mouche, bien sûr !). C’est charmant et bien rythmé par les nombreuses péripéties et les illustration de Ronan Badel sont parfaites.

Belinda

Belinda
Eléa Dos Santos
HongFei, 2025

Balade en art

Par Anne-Marie Mercier

Plutôt que l’histoire de Belinda, chatte de Léon, il semble que ce soit celle de Léon, même si tout arrive par elle. Léon sort peu de chez lui. Il a peur de tout, peur aussi pour sa chatte adorée. Le jour où elle passe de l’autre côté de la fenêtre du salon, il doit la suivre pour, pense-t-il, la sauver.
L’autre côté de la fenêtre, c’est un peu comme l’autre côté du miroir chez Lewis Carroll : on est en plein imaginaire. Chaque double page montre Léon dans un nouveau paysage, toujours encadré par la fenêtre, tandis que Belinda, rentrée, vit une drôle de vie à l’intérieur de la maison, du salon à la chambre, en passant par la salle de bains, luttant contre toute sorte d’animaux qui veulent lui voler ses croquettes.
Léon, au contraire, la première terreur passée, se régale : il est dans un monde de beauté, dans le royaume de l’art. On découvre successivement dans l’encadrement des fenêtres Léon dans une vignette évoquant un tableau d’un artiste bien connu : Niki de Saint-Phalle, Caspar Friedrich (la mer de nuage), de Hokusai (l vague, bien sûr), de Magritte (l’oiseau nuage), de Monet (les nymphéas – « what else » ?), de Seurat (la Grande Jatte) et de Matisse (non pour un tableau mais pour une « manière »). Rien de très original. L’art semble se résumer à ses monuments. En revanche, le combat de Belinda contre les voleurs de croquettes est drôle et dynamique.
Les images montrant en même temps les deux réalités (si l’on peut dire) des deux personnages donnent un rythme à cette histoire qui n’en est pas vraiment une. À la stabilité de l’espace et au caractère orthogonal de sa représentation répondent les sinuosités des œuvres et le désordre engendré par les envahisseurs. Les retrouvailles font que tout finit bien. Les animaux étrangers sont partis et Léon se dit que Belinda et lui devraient vivre plus intensément… en imagination ?

Chamalloux

Chamalloux
Lee Gee-eun
Traduit (coréen) par Yeong-hee Lim
Les Fourmis rouges, 2025

Miam miam?

Par Anne-Marie Mercier

Les Chamalloux ont une allure de Chamallows. Ils sont un peu ronds, informes, blancs, petits aussi. Ils se ressemblent et portent tous comme seul vêtement un petit chapeau pointu, noir. Ils semblent asexués (on peut aussi penser à une ressemblance avec les gentils Gibis des Shadoks). Ils vivent paisibles dans un village de grandes maisons collectives et font tout collectivement : ils ramassent des gros fruits, plus gros qu’eux, qui ressemblent à des grenades et se nourrissent de leurs graines. Quand, un jour, apparait un monstre noir et poilu…
Informe, ce gros mou ressemble un peu aux Barbapapa (voir l’émission de France Culture sur les grands mous). Il répète toujours la même phrase incompréhensible (« Chamarodan Miaï Miaï ») en hurlant. L’un des Chamalloux croit entendre « Chamalloux miam miam ». Alors, les tentatives pour neutraliser le monstre se succèdent, en vain L’attacher (l’image évoque les Lilliputiens contre Gulliver,  plus efficaces que ces petits êtres), le bombarder, le brûler, rien ne marche et les illustrations montrent bien les images d’effroi qui envahissent les Chamalloux. Tout cela dure jusqu’au moment où l’un d’eux met en doute leurs certitudes : et si ce monstre voulait autre chose que les dévorer, pourquoi ne pas aller lui parler ?
Il y a très peu de texte, juste ce qu’il faut pour rendre les cris du monstre et les slogans lancés par les petits êtres, énumérant les raisons de craindre, les traits stéréotypés : poils noirs, griffes, taille… La simplicité des dessins et la légèreté des aquarelles sont accompagnées par une mise en page variée et parfois originale, les jets de rouge dans les moments de fureur tranchent à merveille, et le retour au calme est savoureux, donnant envie d’entrer dans ce paysage idyllique de simplicité. Le jeu avec le comique et l’effroi est parfait, et c’est un régal de se promener dans ces pages si simples mais toujours surprenantes qui font l’éloge de l’écoute et de l’empathie, contre les préjugés.
Il parait que tout cela repose sur un jeu de mot pour ceux qui parlent coréen…

La Famille Hollister, Aventures à Pine Lake

La Famille Hollister, Aventures à Pine Lake
Jerry West
Traduit (anglais, USA) par Mireille pierre, ill. de Marlène Merveilleux
Novel, 2025

Aventures blytonesques

Par Anne-Marie Mercier

Les Éditions Novel (filiale de Chattycat, maison spécialisée dans les Éditions bilingues de livres pour la jeunesse en langue anglaise, surtout américains, mais qui propose également des titres français faciles et populaires et des séries) publient des classiques de la littérature de jeunesse américaine. Ici, « classique » s’entend au sens de populaire : le bandeau qui barre la couverture annonce les aventures de la famille Hollister comme « la série adorée par 16 millions d’enfants » ; et celle-ci est, nous dit-on encore, « enfin disponible en France ».
Comment a-t-on pu vivre sans, me direz-vous (ou pas) ? Eh bien, on est quand même pas mal avec : cette série a l’allure confortable des séries anglaises des années 50, dans le genre des Club des cinq, ou d’Alice (Nancy Drew) publiée par le syndicat Stratemeyer (Tom Swift, The Bobbsey Twins, The Hardy Boys, Nancy Drew…). Contrairement à la plupart des autres séries, celle-ci a été écrite par un seul auteur, Andrew Svenson, dont l’identité n’a été révélée que quelques années après sa mort, en 1975. Cette série, initiée en 1953, a couru sur 33 titres. Il est aussi l’auteur d’autres séries sous d’autres pseudonymes, comme Hardy Boys (voir notre chronique) et, plus remarquable,  The Tollivers (sous le pseudonyme d’ Alan Stone, 1967 – la date est intéressante, en relation avec les lois sur les droits civiques), « l’une des premières séries écrites pour et sur des enfants afro américains » qui est cependant assez proche des thèmes et situations des Hollister, avec également une famille de cinq enfants.
Le monde de référence est bien celui d’« avant » : au temps où on ne se posait pas de question de genre, où on savait d’avance où était le bien et où le mal, où les adultes étaient bienveillants et les méchants rares et vite identifiés (enfin, vous avez compris, au temps où la littérature pour enfants dressait ce tableau). On ne se prend pas le chou et on admire ces beaux enfants Hollister aux joues roses, qu’on nomme les « joyeux Hollister » : « c’est comme ça qu’on nous appelle, dit l’un d’eux, parce qu’on est tout le temps heureux ».
Heureusement pour le lecteur (car les gens heureux n’ont pas d’histoire), ce bonheur lisse sera vite rompu et de bien des manières mais jamais gravement, l’optimisme et la débrouillardise étant inscrits dans les gènes de toute la famille. Ça commence par un déménagement, la disparition de la camionnette qui transportait les jouets préférés des enfants et la malle contenant les inventions du père, avec lesquelles il comptait bien gagner sa vie. Désespoir et inquiétude durent peu, remplacés par la nécessité de faire face et la découverte de la nouvelle maison, du nouveau magasin ouvert par les parents, et de leurs voisins. Pique-nique, canotage hasardeux, aventures, découverte de passages secrets dans la maison, enquête, découverte de la camionnette disparue et capture du voleur, tout s’enchaine tambour battant, le tout en 173 pages très aérées, avec de nombreuses illustration.
Et oui, ces cinq enfants Hollister (Jack 7 ans, Olive 6 ans, Peter, 12 ans, Anna 10 et enfin Rose la petite qui fait des bêtises) blonds aux yeux bleus sont bien joyeux, et leurs parents aussi. La nature est belle et préservée, les voisins sont aimables et solidaires, le père a l’esprit d’entreprise et sait attirer les gens dans sa boutique, tout va bien et ils seront prêts pour de nouvelles aventures.