Un dimanche sous la pluie

Un dimanche sous la pluie
Madeleine Allard et Agathe Bray-Bourret
Quebec-Amérique 2023

Odeur des pluies de mon enfance

Par Michel Driol

Un dimanche de pluie. Que faire quand on est trois enfants avec une maman et que le chat a disparu… Construction de cabanes dans le salon, déguisements, cuisine, aide pour la lessive… Quand enfin le ciel s’éclaircit, on sort, on rencontre les pompiers qui jouent au basket, avant que la pluie ne revienne. Repas du soir, bain du dimanche soir, et tout le monde se couche dans le salon, en rêvant au prochain dimanche de pluie.

Ce qui frappe d’abord à la lecture de cet album, c’est l’imparfait, un imparfait qui installe dans la durée ce dimanche de pluie, et permet de décrire la pluie. Chose assez rare pour être signalée, les albums de jeunesse ayant parfois un peu trop l’habitude de chasser les descriptions (après tout, il y a les illustrations pour cela). Rien de tout cela ici : on prend le temps de décrire cette eau qui dégouline, les nuages, les écureuils qui sautent, l’asphalte qui brille et les arbres de l’automne, comme des balais de sorcière, de rendre présente cette pluie dans le texte. Cet imparfait se mêle au passé composé du récit, des actions, des occupations des enfants. Ce jeu avec les temps rend sensible la durée de ce dimanche, l’attente d’autre chose (le retour du soleil ?), le manque (du chat, des activités de plein air) et l’ennui au sein d’une faille monoparentale. De petits riens pour faire passer le temps, pour espérer des temps meilleurs, et surtout une attention aux petits bonheurs de l’enfance : la route pour les petites voitures, l’aide de la maman, la discussion avec les pompiers, et surtout le fait de dormir tous ensemble en regardant les étoiles revenues. Les illustrations, à l’aquarelle, opposent le gris bleu de l’extérieur, de la pluie, à des teintes plus chaudes : les feuillages de l’érable, les jeux dehors ou dedans, les personnages, le rouge des pompiers.  Elles regorgent de nombreux détails qui ne manquent pas d’humour (le parapluie de l’écureuil, par exemple)

Au final, on comprend que ce n’est pas si mal une journée de pluie, qu’on trouve toujours à s’occuper, et que le lien familial peut en ressortir resserré. Enfin, on apprécie ce parler du Québec qui apparait parfois : faire le lavage pour la lessive, jaser avec le pompier…

On ferait comme si

On ferait comme si
André Marois – Illustrations de Gérard DuBois
Grasset Jeunesse 2023

Deux bons petits diables

Par Michel Driol

Lorsque le père invite son jeune fils et son amie à profiter du beau temps pour aller jouer dans le jardin, il ne se doute pas de ce qu’il va déclencher. Car les deux enfants jouent à faire semblant…  Et les voilà à l’attaque du géant Potirus, l’épouvantail, et c’est le champ de citrouilles qui est ravagé. Repérés par des zombies aux yeux rouges – les lapins – ils vont se téléporter sur Mars grâce à la brouette… Et ainsi de suite. Chaque nouvelle invention se solde par un peu plus de saccage au jardin. Et lorsque le père qui a préparé le gouter vient les appeler, il ne peut que constater l’étendue des dégâts, et là, les deux enfants se sentent vraiment en danger !

Poussés par leur imagination, les enfants n’ont pas conscience de vandaliser le jardin. Et, dans un rythme soutenu, les péripéties s’enchaînent, toutes plus animées les unes que les autres. Le jardin se révèle un terrain de jeu prompt à faire naitre les situations les plus cocasses, les plaisirs les plus fous. Plaisirs de l’imagination qui métamorphose objets, animaux, instruments de travail, plaisir du défi, du combat, du voyage, mais aussi plaisir plus gourmand avec les fraises ! A la vitalité des enfants correspond celle du texte et des illustrations. Le texte se réduit aux propos des enfants, sur une seule ligne sous les illustrations. Petit clin d’œil non genré, les paroles de la fillette sont imprimées en bleu, celles du garçon en rouge… Tous ces propos tenus le sont au conditionnel, le mode de l’imaginaire, même au moment du retour à la réalité, sans doute cruel pour leurs fessiers, à en croire les implicites de la dernière illustration ! Les illustrations ont un côté très rétro à la fois dans l’univers représenté (vêtements…) et dans les techniques utilisées. On n’est pas très loin des images d’Epinal, on est proche de Benjamin Rabier. Ces choix donnent une grande expressivité aux illustrations, qui entrainent le lecteur dans un univers de folie plein d’humour.

L’album est comme une ode à la liberté des enfants dans un jardin, devenu terrain de jeu. Il met en scènes deux enfants adorables en apparence, qui se révèlent être des garnements capables de faire des bêtises, sans le vouloir – et on retrouve là toute une tradition de la littérature pour les enfants du XIXème siècle (d’où, sans doute, le choix des techniques d’illustration et de la mise en page).

Il y a

Il y a
Nicolas Pechmezac – Jennifer Yerkes
A2mimo 2023

Retour au bord de mer

Par Michel Driol

Tout commence par une journée au bord de la mer pour une famille, dont le narrateur (aux cheveux bleus) et son frère (aux cheveux jaunes). Jeux sur le sable, jeux imaginaires avec les sirènes et les poissons volants. Puis on revient, avec des coquillages qu’on garde et des photos. Quelques années plus tard, le frère ainé revient, accompagné d’un autre enfant, une guitare en bandoulière.

C’est un album qui laisse au lecteur de belles possibilités de rêve et d’interprétation. D’abord à cause de son texte, qui s’ouvre sur une phrase énigmatique, j’habite avec des mots dessinés sur le sable. Des mots comme il y a. Puis commence la première phrase, il y a des marins à terre, complétée par 3 propositions relatives qui ouvrent à l’imaginaire : qui ont vu des femmes poissons, des poissons volants, des oiseaux de mer. Le texte disparait alors pour laisser la place aux illustrations, jusqu’au retour du frère ainé, accompagné d’un autre enfant aux cheveux bleus. Revient le texte, avec un autre il y a, il y a des chansons, il y a des chansons à voir. Texte très court, donc, mais largement ouvert à l’interprétation. « Il y a »… la locution constitue comme un degré zéro de la langue, puisqu’elle se contente d’énumérer le réel. Bien sûr, des lecteurs adultes se souviendront peut-être de Rimbaud ou d’Apollinaire et de la dimension poétique qu’elle comporte. Ce dont il est question ici à travers le texte, c’est moins du monde réel de la plage que du monde des mots et de l’imaginaire. Ces marins à terre ne sont que des enfants, et leurs visions sont bien imaginaires. Ce qui viendra à la fin de l’album, c’est l’évocation d’une autre œuvre artistique, faite pour partie de mots, une chanson. Il faut donner tout son sens à la première phrase, j’habite le langage, les mots, autant que le monde sans doute, mais ces mots, dessinés sur le sable, sont destinés à être effacés. C’est toute la question du souvenir qui se pose alors, matérialisé au milieu de l’album par les photos et les coquillages conservés, comme preuve en quelque sorte tangible que cela a eu lieu. La seconde partie, quelques années plus tard, entrecroise les figures de la permanence et du changement. Permanence des paysages, où seules les plantes ont poussé, permanence du personnage aux cheveux bleus, mais changement du deuxième personnage. Petit frère du début qui aurait changé sa couleur de cheveux ? Ou enfant du frère ainé venu contempler la mer avec son père ? L’album ne donne pas la clef, laissant chacun libre d’interpréter comme il l’entend ce retour vers cette plage, vers cette mer, devenue peut-être chanson à voir.

Les illustrations de Jennifer Yerkes proposent des doubles pages aux couleurs pastel, avec un découpage de plans très cinématographique pour faire suivre au lecteur la progression des personnages. Elles assument parfaitement la fonction narrative qui leur est attribuée dans la plus grande partie de l’album.

Enigmatique, poétique, plein de douceur,  cet album illustre un rapport particulier aux souvenirs,  aux vacances. Il parle, comme en filigrane, de la magie de la mer, de son imaginaire, mais aussi de transmission familiale.

La Ruelle d’hiver

La Ruelle d’hiver
Céline Comtois – Illustrations de Geneviève Després
D’eux 2022

Et ces hivers enneigés / À construire des igloos / Et rentrer les pieds g’lés / Juste à temps pour Passe-Partout

Par Michel Driol

C’est l’hiver. Elodie attend sagement la permission d’aller jouer dehors, dans la neige. Elle escalade une montagne de neige, est rejointe par une amie, puis d’autres, et ensemble ils renforcent les murs de leur fort de neige, le décorent de fanions… Et au moment où le soleil va se coucher commence la grande bataille contre leurs adversaires, une multitude de bonhommes de neige, coincés « entre les murs des hangars et les maisons tricotées serrées »…

Un seul regret en lisant cet album, c’est de ne pas avoir à l’oreille l’accent du Québec… On retrouve Élodie, celle de l’album précédent, La Ruelle, dans un hiver montréalais propice à faire naitre la chaleur des amitiés dans les jeux et les rires des enfants. Dans la neige blanche se détachent les frimousses roses ou bronzées des enfants du quartier, prompts à se lancer des boules de neige sans aucune agressivité. Ce n’est qu’un jeu. Au-delà de cette histoire d’amitié, on voit des enfants envahir sans peur un espace public, celui de la rue, une rue où l’on se sent en sécurité puisqu’on connait tous les voisins. C’est cet espace de liberté qui parait sans prix dans cet album, comme une ode à une certaine façon de vive son enfance, entre soi, à partager le même imaginaire et les mêmes plaisirs… On songe à ces « copains de perrons aujourd’hui dispersés aux quatre vents » de la chanson Frédéric, de Claude Léveillé… Pour le lecteur français, c’est un réel dépaysement de trouver des enfants jouant librement, en plein hiver, dans un espace urbanisé, jouant comme Don Quichotte à se battre contre une armée immense – non pas de géants – mais de bonhommes de neige… Quoi de plus pacifique ? C’est Elodie la narratrice, qui, dans une langue simple, se montre sensible à l’opposition entre le calme du paysage endormi par l’hiver et l’agitation des enfants et qui chronique cet après-midi d’hiver, à la fois si ordinaire et si extraordinaire. L’album est magnifiquement illustré par Geneviève Després, dans un format à l’italienne qui élargit l’espace, et qui demande parfois de retourner le livre pour deux illustrations verticales qui  ouvrent l’espace vers le ciel ou le resserrent entre les deux côtés de la ruelle. On prend plaisir à voir, au milieu des boules de neige qui volent, les bouilles des enfants, et cette joyeuse complicité si bien mise en image.

Un album plein de petits détails qui laissent entrevoir la magie de l’hiver dans les villes du Québec… Rafraichissant et chaleureux en ces temps de dérèglement climatique !

Le Palais de Paul

Le Palais de Paul
Benjamin Muller – Mathieu Sapin
Castor Romans 2022

Fils de …

Par Michel Driol

Paul a 7 ans. Il est en CE1. Mais son papa n’exerce pas n’importe qu’elle fonction : il est président de la République française ! Paul se raconte. D’abord la soirée de l’élection, où tantes et cousins étaient là. Ensuite l’emménagement dans l’immense palais de L’Elysée. Puis sa relation privilégiée avec le chef cuisinier, son coup de cœur pour Maribel, la fille de la présidente espagnole, les gardes du corps qui le conduisent à l’école…

Comme tous les enfants de son âge, Paul aimerait bien jouer, il fait quelques bêtises, se perd dans un palais trop grand, s’étonne de ce qu’on appelle sa maman la première dame… On lui dit qu’il doit être raisonnable, mais il a surtout envie de s’amuser et de vivre sa vie au milieu du protocole qui régit le palais. Avec humour, en quelques scènes animées, ce petit roman évoque les lieux, la salle des fêtes, le bureau présidentiel – un vrai musée – les personnes, comme les gardes républicains, les événements comme les visites d’autres chefs d’état, et la vie de famille, qui continue malgré tout ! C’est, pour le jeune lecteur, l’occasion de se familiariser avec ce siège républicain du pouvoir exécutif, vu à hauteur d’un enfant qui ne souhaite rien d’autre qu’être semblable aux autres, dans l’école qu’il fréquente ! Le texte est enlevé, enjoué, vivant et vulgarise certaines notions sans aucun didactisme. Les illustrations de Mathieu Sapin, colorées et expressives, donnent un visage aux personnages sans chercher à représenter de façon réaliste les lieux.

En cette période d’élections présidentielles, un petit roman enjoué pour  évoquer certains aspects de la fonction du Président de la République avec les enfants.

 

 

Qui lira rira !

Qui lira rira !
27 poèmes farfelus illustrés par Bruno Gibert
Seuil Jeunesse 2020

L’écriture en jeu

Par Michel Driol

Tout commence par des virelangues, comme une espèce de mise en bouche. Puis aux anonymes succèdent les auteurs et les autrices, de Raymond Devos à Paul Eluard, en passant par Andrée Chedid et Alexandra Brihoum. 27 poèmes courts qui se jouent tous de la langue. Les uns jouent avec les  sonorités qu’on retrouve à la rime. Les autres se jouent de l’initiale et on a des acrostiches. D’autres sont des calligrammes. Certains encore jouent avec les mots.  D’autres se jouent des répétitions ou des énumérations. D’autres enfin évoquent les signes de ponctuation. On a là une belle anthologie de l’exploration du langage que propose la poésie.

Est-ce à dire que la poésie n’est que jeu gratuit avec la langue ? Certes non, et l’auteur a su choisir des textes qui disent quelque chose du monde qui nous entoure, avec humour, c’est-à-dire avec sérieux. Qu’il s’agisse par exemple de Boris Vian Quand j’aurai du vent dans mon crâne, ou de Tardieu, dont La Môme néant clôt habilement le recueil, plusieurs poèmes parlent de vie et de mort, invitent à voir le monde autrement, et à le dire dans une forme précise, fortement marquée par l’humour.

C’est cet humour qui traverse aussi les illustrations en double page de Bruno Gibert. Un humour souvent  proche du surréalisme, dont il reprend certaines techniques comme le collage ou une façon de faire percevoir un monde différent (les yeux qui sortent du puits, par exemple). L’univers représenté est ainsi extrêmement divers, souvent autour de la figure du renversement : renversement des proportions, des situations, pour le plus grand plaisir du lecteur qui voit ainsi l’illustrateur aussi jouer avec le monde. Rien d’inquiétant, mais au contraire une grande jubilation à aller ainsi de surprise en surprise.

Une anthologie qui pourra être une belle ouverture à une certaine forme de la poésie.

Tom et Théo

Tom et Théo
Veronika Marék
Grasset Jeunesse 2015

Petit frère et grand frère

Par Michel Driol

tomTom et Théo sont frères. Complices, ils s’aiment et se chamaillent, inventent des jeux. Théo, l’ainé, veut toujours avoir raison, Tom, le cadet, est plus espiègle. A travers une vingtaine de saynètes, on les suit durant toute une année, en hiver avec la neige, déguisés pour carnaval, en été sur une plage, inventant des cartables à roulettes lors de la rentrée des classes. Si les parents ne sont pas présents, on trouve quelques ami-e-s pour illustrer des situations universelles dans lesquelles chaque enfant se pourra se reconnaitre…

Le dispositif de l’album est simple, et adapté aux tout-petits : le dialogue entre les enfants page de gauche, et une série de vignettes page de droite – façon bande dessinée sans bulles -, permettant aux non-lecteurs de suivre, voire d’anticiper le déroulement de l’histoire. L’album a été édité en 2008 en Hongrie, mais les histoires sont antérieures à cette date, publiées sans doute dans des magazines : la technologie s’arrête à la télévision, qui semble en noir et blanc, pas d’ordinateur ou de tablette dans les jeux et accessoires. Le graphisme semble dater des années 1960 – 1970, et, de fait, présente un charme rétro, qui ne s’est pas démodé. Les illustrations sont simples, efficaces et expressives (en particulier les visages qui permettent immédiatement de lire l’émotion éprouvée par le personnage).

Avec cet album, les éditions Grasset permettent au lecteur français de découvrir Veronika Marék, auteure hongroise de nombreux albums et de films d’animation née en 1937, qui n’avait jamais encore été traduite en français.

 

 

Que fais-tu, Sissi ?

Que fais-tu, Sissi
Xio Mao (texte) – Li Chunmiao et Zhang Yanhong (illustrations)
HongFei – 2015

Une petite fille immobile dans un monde en mouvement

Par Michel Driol

sissiDans un parc, des enfants jouent. Seule Sissi reste assise sur son banc, indifférente. Les autres s’interrogent sur son attitude : est-elle fâchée ? A-t-elle mal ? Ils l’appellent, mais elle ne bouge pas. La dernière page révèle le secret : Sissi pose pour un dessinateur qui réalise son portrait.

En double page, les illustrations très colorées,  pleines de vie et de tendresse montrent les jeux des enfants, les activités des adultes, en opposition à Sissi, seule sur son banc. Cet aspect- là est souligné par le texte, qui répète page après page Des enfants… ; seule Sissi reste assise. Et comme dans Où est Charlie, on cherche, page après page, la petite fille et sa robe bleue, car le cadrage se déplace pour montrer différents aspects du parc de jeu, où tout le monde cherche à se distraire. Sur chaque double page, une ou deux bulles attirent l’attention sur une mini saynète, illustrant les réactions des enfants face à Sissi. Le lecteur ne peut que s’attarder sur les illustrations, chercher à tout voir et imaginer qui sont ces personnages et leur propre histoire, car chacun d’eux, seul ou dans un petit groupe, fait quelque chose dans une pose très expressive.

Cet album  permet au lecteur français de découvrir les jeux et friandises chinois (à la fois représentés sur les doubles pages et expliqués dans les trois  pages documentaires finales).  Encore une fois, les éditions HongFei proposent un album de qualité, permettant de découvrir la culture chinoise, ainsi que des illustrateurs et auteurs chinois de talent.

Bric à brac

Bric à brac
Jean Gourounas

Rouergue, 2011

par Anne-Marie Mercier

On connaît un certain nombre d’albums qui délivrent ce message : « range ta chambre ! » avec plus ou moins de bonheur.

Ici, le bonheur est complet : l’enfant, sommé de donner tout-ce-qui-ne-sert-plus-à-rien, sort progressivement toutes sortes de collections improbables (celle du « jeu de société complet » fera sourire tous ceux qui ont eu un jour à ranger une chambre d’enfant).  Nostalgie du temps où tout fait merveille, poésie et beauté des images qui présentent un relief extraordinaire, humour du texte, jamais niais, tout cela est un régal.

Les Maîtres du jeu vidéo

Les Maîtres du jeu vidéo
David Kushner

Traduit (anglais) par Marguerite Baux
L’école des loisirs (medium), 2010

 

Success & game  story

Par Anne-Marie Mercier

lesmaitresdujeuvideo.jpg« Milliardaires à 22 ans en travaillant la nuit, en mangeant des pizzas et en écoutant du Heavy Metal »… cette formule de la quatrième de couverture résume bien le parcours de John Romero et John Carmack, de 1979 à 2001. De leur découverte des jeux d’arcade – et de l’inquiétude de leurs parents – à leurs premiers essais pour transférer des jeux (comme Mario) de console sur PC, à l’invention du FPS (l’un des types de jeux les plus populaires), jusqu’à la réussite de Id software et la célébrité de jeux comme Wolfenstein, Doom et Quake.

NB: pour ceux qui n’y connaissent rien, un article avec une bonne biblio se trouve sur Wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeu_vidéo

C’est écrit de façon très enlevée, et bien traduit, on ne s’ennuie pas à lire ce long récit (363 p.) qui ne manque parfois pas d’humour, prenant ses distances avec ses héros qu’ils présente parfois comme des adolescents immatures ou des voyous (l’un plus que l’autre), mais toujours comme des jeunes gens passionnés et déterminés. Le parcours des protagonistes est restitué selon sa chronologie, mêlant les détails techniques et financiers avec ceux de la vie personnelle.

Le livre a un double mérite. Il présente l’envers du décor des jeux, en fait l’historique et la critique ; les amateurs de tous âges seront certainement très intéressés par tous ces détails. Il propose également une histoire de passion et de volonté, de succès à l’américaine : comme le dit Carmack, « pour se lancer et réaliser un grand projet, il ne faut pas des millions de dollars. Il faut juste des bonnes réserves de pizzas et de Coca Light dans son frigo, un PC et beaucoup de bonne volonté ». Ajoutons également un peu de génie…

Ce livre, atypique par rapport à la production habituelle de l’Ecole des loisirs et peu connu des amateurs de jeu connaîtra sans doute une nouvel élan car il est chroniqué depuis peu dans un blog qui leur est dédié, avec une critique très élogieuse qui en donne un résumé détaillé.

http://www.gameblog.fr/article-lecteur_924_les-maitres-du-jeu-video-par-david-kushner