Le Grand Voyage

Le Grand Voyage
Olivier Desvaux
Didier jeunesse, 2022

A la recherche du Père Noël

Par Anne-Marie Mercier

Olivier Desvaux excelle à peindre la neige, dans la lumière rasante de l’hiver. Sous son pinceau, elle a de la consistance, de l’épaisseur, du relief, de la douceur…on aimerait s’y promener, comme les deux héros de cette histoire, un lapin et un renard.
Couple improbable, certes, mais c’est un livre pour enfants, habité qui plus est par l’esprit de Noël : les deux amis poursuivent quelque chose de rouge qui vole… un ballon portant la lettre d’un enfant au Père Noël. Le ballon ayant fait flop ils décident de porter eux-mêmes la lettre. De jour comme de nuit, dans le calme ou au cœur de la tempête, à pied, en lit-bateau, lit-bateau qui se transformera en traineau à l’arrivée, sur terre, sur l’eau, les deux amis arrivent au bout de leur quête et finissent par rencontrer le Père Noël lui-même, qui réalisera leur rêve le plus cher. Quel est-il ? un rêve de Noël, bien sûr !
Histoire simple, belles images qui font voyager, tout est en place pour que la magie de Noël opère.

feuilleter pour se régaler des images sur le site de Didier

La Fougère et le bambou

La Fougère et le bambou
Marie Tibi – Jérémy Pailler
Kaléidoscope 2022

Riches de nos différences

Par Michel Driol

Juste avant de mourir, un vieil homme sage lègue à son ainé, un garçon solide, une graine de fougère, et à son cadet, chétif, un graine de bambou, leur demandant de les planter dans la forêt. Ce qu’ils font, bien sûr, et très vite la fougère se met à pousser et à prospérer. Mais rien du côté du bambou, et pourtant le cadet ne renonce pas. Jusqu’au jour où, quelques années plus tard, le bambou sort de terre, et grandit à toute vitesse, et propose son ombrage aux fougères qui souffraient du soleil. Alors, en songe, le père révèle le secret de la vie aux enfants.

Marie Tibi adapte ici avec bonheur une fable orientale aux multiples significations. Il y est question en effet, de deuil et d’héritage, de courage, de volonté de poursuivre ses efforts quand bien même on ne voit aucun résultat. Il y est question de persévérance, mais aussi de découverte de soi, et peut-être surtout de la complémentarité entre la fougère et le bambou, entre les deux frères malgré leurs différences. Ne peut-on y voir comme la manifestation du Yin et du Yang dont l’union assure l’harmonie ? Mais il est aussi question de la différence de rythme entre les individus. Comme le bambou, le cadet a besoin de temps pour consolider ses racines. Porter, jour après jour, des seaux d’eau renforce sa musculature. Belle leçon pour les enfants « en retard », à qui le conte dit qu’ils sont en train de fortifier leurs racines, que la persévérance est récompensée, et que le lien familial, social, va au-delà des différences, et que chacun a sa place dans  le monde qu’il contribue à équilibrer, à rendre plus harmonieux, plus vivable. Cette allégorie de la fougère et du bambou est contée avec finesse dans une langue pleine de sobriété, qui s’attache à explorer le ressenti de chacun des frères, leurs émotions, les doutes qui les assaillent chacun à leur tour.

Cette histoire est portée par des illustrations somptueuses de Jérémy Pailler qui la situent dans un univers animalier, comme pour se rapprocher de l’univers des fables. Nous sommes donc chez des mulots, des mulots très humanisés, représentés avec une grande minutie de détails. Approchez vous. Scrutez les doubles pages où rien n’est laissé au hasard. Et vous verrez que la roue de la brouette est un bouton, qu’un seau percé est réparé par un sparadrap… Ce monde de mulots, miniature et poétique s’avère plein de vie. Il donne à entrevoir l’amour qui unit le père et ses enfants, et les deux enfants eux-mêmes.

Un conte d’origine orientale, la tradition de la fable, la poésie des images pour un bel album à la portée universelle.

101 façons de lire tout le temps, Thimothée de Fombelle

 101 façons de lire tout le temps
Thimothée de Fombelle, (Ill.) Benjamin Chaud
Gallimard Jeunesse, 2022,

 

 Un catalogue et un plaidoyer

 Maryse Vuillermet

 

 

Cet album est un répertoire, un catalogue de toutes les manières de lire chez les jeunes lecteurs.  Les positions les plus acrobatiques dans les lieux les plus improbables sont dessinées par Benjamin Chaud et accompagnées d’une petite phrase ou d’un nom, par exemple « l’étourneau oublie le temps », « la déménageuse dépasse les bornes ».  Les corps sont souples, déliés, adaptés à toutes sortes de lieux, d’environnements, de temps (sous la pluie, dans la neige), de circonstances (en cours, pendant le repas …)

Timothée de Fombelle explique qu’il a toujours été fasciné par les positions des enfants, et qu’il bénéficie d’un bon poste d’observation dans les médiathèques, les librairies où il présente ses ouvrages, mais aussi dans la rue, les transports en commun, partout.

Il confie que c’est en même temps un autoportrait, car il s’agit aussi de lui, du lecteur qu’il était enfant et du lecteur qu’il est toujours.

Ces positions acrobatiques dans des lieux improbables sont un signe de résistance de l’enfant, l’enfant est un bon lecteur, les enfants lisent de très gros livres, contrairement à ce qu’on dit toujours, à savoir qu’ils ne lisent plus.

Et il lisent dans un monde peu propice, agité, un monde d’écrans, de foules, c’est donc, vous l’avez compris, un magnifique hommage au lecteur qui sait  se perdre, qui sait que la lecture est un monde parallèle, pacifique et riche, que « les héros résistent à tout », que « les enchanteurs transforment le monde. »

Vous l’avez compris, un album délicieux à offrir, à contempler.

 

C’est Noël aujourd’hui

C’est Noël aujourd’hui
Hannah Barnaby – João Fazenda
Phaidon

Traditions de tous les pays

Sous la forme d’un compte à rebours des 10 jours qui précèdent Noël un sapin voit arriver des amis venus des quatre coins de la terre pour le décorer, qui de guirlandes, qui d’un coquillage, qui d’une pomme et de bien d’autres choses.

Voici un bel objet, un livre en forme de sapin qui s’ouvre pour former un arbre vertical que l’on peut poser sur une table. Chaque page correspond à un pays ou un continent, et permet ainsi de découvrir des traditions variés, plus ou moins anciennes, évoqués à la base du sapin. Page de gauche, le sapin voit venir un nouvel ami porteur de décorations ou de cadeaux, page de droite une partie plus documentaire replace la coutume dans son lieu d’origine. Les illustrations font aussi voyager d’un lieu à l’autre, découvrir les festivités et les rites de Noël qui vont bien au-delà de la simple décoration du sapin, car on découvre ainsi que certains sont liés à la faune, d’autres à la mer, d’autres à des cadeaux surprenants.  Toutefois, si l’on croise Casse-Noisette ou la Befana, pas de trace de l’origine chrétienne de la fête de Noël, et de rites comme celui de la crèche… signes d’une laïcisation de notre société.

Un objet original qui permet de découvrir les façons de fêter Noël sous les deux hémisphères… mais, au fond, de fêter quoi ? la joie, l’amitié, les sourires…

Le Clan des rennes

Le Clan des rennes
Astrid Chef d’Hotel – Sejung Kim
Flammarion, Père Castor 2022

Soudés comme les cinq doigts de la main…

Par Michel Driol

Ils sont 5, les rennes du Père Noël. Il y a Josette, la plus musclée, Albert, le cuisinier, Maïa, la mécanicienne, Pablo le guide, et Robert, le dormeur… Le soir de Noël, ils sont à leur poste pour conduire le Père Noël et distribuer les cadeaux à temps.

Voilà un joli petit album cartonné, aux pages en forme de tête – stylisée – de renne. La couverture est surmontée des bois des rennes, tout doux, en feutrine. Peu de texte pour décrire ces cinq individualités. On apprécie que ce Clan des rennes participe à la lutte contre les stéréotypes de genre. Les filles y sont respectivement la plus musclée et la mécanicienne, quant au cuisinier, c’est un garçon… Des illustrations clairement lisibles montrent des animaux sympathiques, tout sourire, humanisés, dans leur environnement familier. Cette complémentarité des rôles montre qu’il faut de tout pour faire un monde, et que chacun a ses compétences qu’il met au service de tous… et de la magie de Noël !

Pour les plus jeunes, un petit album sympathique à lire toute l’année pour se préparer à attendre Noël !

24 décembre

24 décembre
Arthur Drouin – Geneviève Desprès
D’eux 2022

Noël animalier au Pôle Nord…

Montmartre le renne veut à tout prix fêter Noël comme chez les humains, selon ce que son cousin Nez-Rouge lui a raconté. Alors, avec l’aide d’un lièvre, d’un ours, d’un pingouin, d’une morse, d’un renard, il prépare tout pour que le gros monsieur barbu vienne leur apporter des cadeaux : une cheminée de neige, un poisson en guise de gâteau, des chaussures en guise de chaussettes et un arbre. C’est au retour de sa tournée que leur voisin, le père Noël, trouve quelques cadeaux bien rouges à leur faire, sans oublier de leur laisser une lettre d’invitation pour le Noël suivant !

C’est un album familial, puisque Geneviève Desprès a demandé à son fils d’imaginer l’histoire à partir de quelques animaux qu’elle avait dessinés dont le renard. C’est un album familial aussi, c’est-à-dire à lire en famille, de préférence le 24 décembre. Bien au chaud, on appréciera alors l’humour, la drôlerie et la finesse de ce récit en randonnée dans lequel des animaux bien typés vont imiter et s’approprier les rites de Noël. En effet, chaque animal a ses traits de caractère : la vivacité à fleur de peau de Fanny, la petite lièvre, la science de Montmartre, qui s’est déjà entouré les bois de gui, la timidité d’Esmé le pingouin…, traits de caractère qui sont à la fois portés par le texte et par les illustrations qui confèrent à ces animaux attendrissants des regards tout à fait expressifs et humains. Au cœur des plaines glacées du grand Nord, on admire ces amis et leur ingéniosité, leur façon de tout faire pour que le rite ait lieu, avec les moyens du bord et une dose incroyable de bonne volonté… et il en faut pour faire accepter au renard grognon de prêter un arbre ! C’est un album qui décline à sa façon la magie de Noël, avec ce qu’il faut de coopération pour préparer une fête, et ce qu’elle apporte de lien entre tous dans la célébration improbable de cette veillée où on se raconte des histoires drôles jusqu’au point de tomber de sommeil. C’est enfin un album à la chute à la fois attendue et plaisante. Bien sûr que dans cet univers le père Noël ne pouvait qu’être leur voisin, et l’album n’hésite pas à nous faire découvrir sa maison contemplée par les six animaux stupéfaits, et bizarrement accoutrés de leurs cadeaux, qui d’un cache nez, qui de chaussettes… Avant de refermer l’album, on comparera les images des animaux sur les pages de garde, avant et après Noël… et on se souhaitera de passer un Noël aussi Noël et aussi plein de surprises qu’eux !

Une histoire qui célèbre l’entraide, l’amitié et fait la part belle au rêve et à la magie de Noël, avec cette dose d’optimisme, d’humour et de vie venue du Québec qui fait du bien !

Herbes Folles, Marie Dorléans

Herbes folles
Marie Dorléans (texte et illustrations
)
Seuil Jeunesse 2022.

Vive l’ensauvagement !

Maryse Vuillermet

Voici un récit et une parabole.  C’est l’histoire de la famille Piquenpointe qui habitait une maison de ville et était fière de son jardin taillé, ratissé, planté au cordeau, pas une herbe, pas une branche ne dépassait, mais, un jour, le jardinier qui l’entretenait en eut assez de ce travail de maniaque, et rendit son tablier.  Alors, l’herbe, les fleurs envahirent tout le terrain, et même la maison.  Les Piquenpointe essayèrent de lutter mais furent dépassés.

Or, un matin, des dizaines d’oiseaux les réveillèrent de leur long sommeil et ils partirent à l’aventure dans leur propre jardin, ils s’émerveillèrent et vécurent de surprises en mystères.

Le sens de la parabole est clair, il faut laisser de la place de la liberté à la nature, elle vous le rendra en beauté, en richesse, en possibilités d’émerveillement.

Les illustrations de l’autrice, au début, grises, pointues et assez géométriques, se mettent à respirer elles aussi, les pages libérées deviennent éclatantes de vie, de couleurs, de courbes enchevêtrées, envahies de fleurs et de fantaisie.

Vive l’ensauvagement !

Jack et le bureau secret

Jack et le bureau secret
James R. Hannibal
Traduction (anglais, USA) par Faustina Fiore
Flammarion jeunesse, 2017

Par Anne-Marie Mercier

Dans cette histoire pleine de suspens, de poursuites, de découvertes multiples incluant voyages dans le temps et machines bizarres, le héros Jack, est bien malmené, et le lecteur mené à un train d’enfer : pourvu d’une petite sœur très indépendante qu’il est censé surveiller, Jack est parti à la recherche de son père dans un bureau de objets perdus. Très vite, il perd sa sœur, trouve une alliée en la personne d’une stagiaire de ce bureau qui aimerait bien prendre du galon en l’aidant et d’un autre qui souhaite la même chose mais à ses dépens, il découvre qu’il ne devrait pas exister, et surtout ne devrait pas être là où il s trouve.
Ce n’est pas clair ? C’est normal : le livre n’est pas résumable. Dison simplement que ses héros sont fort sympathiques et maladroits, leur adversaire fort méchant, et que l’arrière-plan historique (le grand incendie de Londres de 1666), très inattendu, ajoute une touche dramatique et ce joyeux bazar.
L’administration des objets perdus est une belle trouvaille, loufoque à souhait, et les labyrinthes qu’elle recèle de belles inventions architecturales dignes de la bibliothèque du Nom de la rose d’Umberto Eco dans lequel circuleraient des métros, des drones et des anges.

De pire en pire

De pire en pire
L’Atelier du Trio : Cathy Ytak, Thomas Scotto, Gilles Abier – Illustrations de Claire Czajkowski
Editions du pourquoi pas ? 2022

Comme une réécriture du petit Poucet

Ils sont trois enfants dans la famille, Cami, l’ainée, 11 ans, Gibus 10 ans et Tosh, 7 ans. Tout va bien dans leur vie, faite de bonheurs et de bêtises, parfois bien grosses, jusqu’au jour où ils entendent leurs parents dire « On en a 3 sur le dos, il faut en liquider un. Et on ne tarde pas ». Après une explication sémantique du terme liquider, qui n’a rien à voir avec l’eau, les 3 enfants discutent pour savoir lequel sacrifier… Argumentation serrée ! Jusqu’à l’explication finale avec les parents et le happy end inattendu !

Cet album se présente comme une pièce illustrée à trois personnages, dans une écriture théâtrale très contemporaine qui mêle le dialogue entre les protagonistes et le récit par l’un ou l’autre d’événements hors champ. Huit tableaux pour raconter cette histoire reposant sur un quiproquo, qui n’en est un que pour les enfants, pas pour les lecteurs, qui ont bien compris ce dont parlent les parents. « On vit à crédit. On en a 3 sur le dos. Il faut en liquider un ».  Les lecteurs adultes, à tout le moins ! Il sera intéressant de voir la réception de ces quelques phrases par les enfants… L’action se situe donc dans une famille « ordinaire », plutôt aimante, avec trois enfants complices, enjoués, qui ont leur heure de gloire ou de détresse absolue lorsque les deux ainés racontent dans des tableaux monologues  leur dernière grosse bêtise (on laissera au lecteur le plaisir de les découvrir) : des bêtises qui risquent bien de leur couter la vie !  C’est que le mécanisme est celui de ces émissions de téléréalité où il s’agit d’éliminer quelqu’un. Après les bêtises qui pourraient être cause de « liquidation », on en vient à envisager ce que chacun apporte. à la famille, et ce qu’il lui coute aussi : et on passe en revue les achats de vêtements (aux vrais trous), d’ordinateurs hyper puissants, car le problème est bien économique, celui de la consommation à tout prix. Chacun fait la liste de ses atouts, c’est à dire de ce qu’il permet à la famille d’économiser par le fait de se nourrir de moins de viande et de plus de fruits, d’aller au collège en vélo ou de se promener en forêt au lieu d’aller s’inscrire dans un club de sport, ou même de manger jusqu’aux pépins de pommes !  Les enfants ont compris que la famille dépense trop, utilise trop de ressources, à l’image des terriens qui, le rappelle Gibus, ont déjà dépensé le 29 juillet tout ce que la Terre peut produire en une année. Avec beaucoup d’humour, on voit ici comment les trois auteurs instillent dans leur texte, l’air de rien, comme sans y toucher, une série de petits gestes pour sauver la planète ou faire des économies, pour concilier fin du mois et fin du monde. Et c’est bien ce qui fait la qualité littéraire de ce texte : tout en évoquant les changements possibles à l’échelle familiale des modes de consommation, il met au premier plan le désarroi de ces gamins, leur naïveté et leur bonne volonté, leur conscience économique et écologique, et surtout leur volonté farouche et irrésistible de ne laisser sacrifier aucun des trois et de s’entraider ! On comprend leur plaisir final lorsque la mère, parlant de voiture, dit qu’elle va se débarrasser de la sienne, et leur consternation lorsqu’elle annonce que c’est « pour en acheter une plus grosse ». Autre source de quiproquo potentiel vite élucidé !

Si, bien sûr, on souhaite qu’il soit monté sur un plateau, on prend néanmoins un grand plaisir à lire cet album dialogué plein de vie et d’émotion. Les illustrations de Claire Czajkowski y contribuent, qui, dans des teintes bleutées, donnent à voir les grands moments de l’histoire, de petits détails pleins de sens (les pantalons troués par de « vrais » trous par exemple) et surtout les bouilles impayables de ces trois enfants de plus en plus terrifiés, persuadés que tout va aller de pire en pire pour eux, et que leur dernière heure est arrivée.

Un texte vivant, drôle, autour de trois personnages sympathiques et bien dessinés dans leurs complémentarités et leurs complicités, qui sait évoquer des changements à faire dans nos modes de vie sans être moralisateur ou anxiogène, mais en étant tonique !

Marcel ce héros. 5 aventures du célèbre chimpanzé

Marcel ce héros. 5 aventures du célèbre chimpanzé
Anthony Browne
Kaléidoscope, 2021

 Marcel en action

Par Anne-Marie Mercier

Édition anniversaire, première anthologie réalisée en France, ouvrage d’hommage au célèbre héros, ce volume est tout cela. Réunissant les histoires relatant les aventures de Marcel, il est le premier d’une série (le second rassemblant les « hommages » de Marcel à l’art, aux livres, à ses rêves).

On y voit Marcel « la mauviette » se body-buildant pour ressembler aux gorilles qui l’impressionnent, mais qui reste « le rêveur », Marcel le champion, qui met tout son cœur aux différents sports qu’il pratique, mais… ce n’est que par hasard qu’il défait Pif la terreur en combat. Marcel l’ami quand il rencontre Hugo qui comme lui passe son temps à s’excuser, Marcel le magicien, quand il réalise un exploit au foot, sans ses chaussures magiques, oubliées à la maison.

On retrouve d’un épisode à l’autre le célèbre gilet, le canapé ou le fauteuil, les silhouettes, la ville, les parcs, tout ce qui fait son univers.
Le fait d’avoir ces histoires réunies rend plus sensible l’extrême cohérence, proche d’un joli ressassement. Les textes d’Anthony Browne et Christian Bruel qui clôturent l’album résument cette unité : pensée magique, solitude, sentiment d’infériorité, vulnérabilité, Marcel est l’ami de tous ceux qui ne se sentent pas « bons à grand-chose », les rêveurs et les amateurs de livres qui rêvent d’être champions pour séduire l’être aimé qui n’en demande pas tant.