Jazzier des émotions

Jazzier des émotions
Jean Lucas et Trombaba trio, Elsa Valentin (texte), Bertrand Dubois (ill.)

Trois petits points, 2022

Musique des émotions (de cinq à 105 ans)

Par Anne-Marie Mercier

Être fier comme un coq, avoir le coup de foudre, vouloir rentrer sous terre, avoir une peur bleue, péter les plombs, se sentir pousser des ailes, tomber des nues…
En ces temps où l’école tente de travailler sur le langage des émotions, c’est une bonne idée de proposer toutes les métaphores qui sont liées à son expression.
L’image accompagne le texte : ces formules sont illustrées par Bertrand Dubois en couleurs denses et lumineuses dans le petit livret-album qui accompagne le CD, tantôt prises au pied de la lettre, tantôt placées dans le contexte d’un concert de jazz. C’est en effet l’aspect principal de cet objet : il propose un CD (ou un lien de téléchargement) avec les textes rythmés par des instruments de jazz.
Ça pulse, ça vibre, ça coule, ça plait (de cinq à 105 ans, dit le livret, on confirme). À l’entendre, on comprend encore mieux que la musique est un excellent vecteur pour transcrire des émotions, avec les textes et les images, et même les créer.
Quitte à parcourir les arts, la danse est fortement suggérée par ces beaux rythmes : à vos chaussons !

Ce que nous sommes

Ce que nous sommes
Zep
Rue de Sèvres, 2022

… et ce que nous serons

Par Anne-Marie Mercier

Pour la plupart de ceux qui s’intéressent à la littérature de jeunesse, Zep est surtout connu comme l’auteur de la série Titeuf. Pourtant, il développe parallèlement une carrière d’auteur de BD plus… comment dire ? plus adulte ? non, ce serait mettre sur le clivage jeunesse/adultes un avis idiot. Plus sérieux ? Mais Titeuf aborde de nombreux sujets sérieux. Plus classique, plus ligne claire, plus jeunes adultes ? SF ? Enfin, c’est différent.
Dans Ce que nous sommes, il aborde la grave question de savoir ce qu’est un homme et s’interroge sur notre destin en tant qu’espèce, à travers une dystopie.
On découvre le jeune héros en pleine mer, caressant une baleine bleue, en une apnée qui semble un peu trop longue pour être vraie, puis on le voit attaqué par un requin ; il ne peut fuir assez vite, celui-ci le coupe en deux… les cases, de bleues deviennent rouges, avant de passer à la couleur chair, le montrant allongé et pantelant.
On tourne la page, et tout devient mauve et rose, il discute tranquillement avec un ami en lui racontant son rêve qui a viré au cauchemar, puis il mange une pilule représentant un plat de lasagnes bien chaudes. Voilà, c’est de la SF, le décor est planté : un monde hyper sophistiqué dans lequel l’humanité a deux cerveaux, le cerveau naturel (mini et pas très efficace) et un super cerveau numérique stocké au Data-Brain Center. A l’âge de cinq ans, il connaissait douze langues ; il peut changer de corps, s’amuser dans des illusions de jungles peuplées de créatures à sa disposition. Il a une vie sociale aussi, des amis (croit-il). Le seul aspect qui lui donne un de profondeur est sa réticence à désactiver l’empreinte numérique de ses parents, morts deux ans plus tôt : grâce à elle il peut continuer à leur rendre visite (retour aux cases couleur chair). Serait-ce une image de ce dont rêvent bien des ados ?

Puis, lors d’une fête (étonnante) tout dysfonctionne ; il ne se souvient de rien, ne sait plus lire ni écrire, et se retrouve hors de la zone protégée des nantis, chez les humains non augmentés, qui vivent misérablement une existence de parias. De rencontres en rencontres, de dangers en dangers, il finit par apprendre dans quel monde il vit et quelle voie dangereuse a choisi par l’Humanité. Les péripéties s’enchainent, le héros fait son éducation, comme un enfant qui découvrirait le monde. Les rencontres le changent, l’amour aussi. Le dessin est beau, les filtres colorés qui impriment les cases donnent au récit une allure fantomatique.
Le message est clair : s’augmenter c’est diminuer. Stocker des données n’est pas les posséder. Rien ne remplace l’apprentissage. L’amour humain aide  lutter contre toutes les oppressions, ou presque. Zep reste un éducateur (c’est un compliment), même en SF.

La Petite Souris et le Père Noël

La Petite Souris et le Père Noël
Laurent et Olivier Souillé, Florent Pigé (ill.)
Kaléidoscope, 2022

Rencontre de deux super héros

 

Par Anne-Marie Mercier

Voilà un album vert et rouge, dont les belles couleurs évoquent Noël, mais qui fait se rencontrer le Père Noël et la Petite Souris, celle qui apporte les pièces à la place des dents de lait. Révolutionnaire, non ? En plus, c’est une souris ingénieure et grâce à son talent elle menace de révolutionner encore la distribution des cadeaux… Après avoir fabriqué une machine à fabriquer des piécettes, elle s’ennuyait et est partie proposer ses services au Nord : elle invente une trieuse – ouvreuse de lettres, des machines à fabriquer des jouets, à nourrir les rennes, etc. Qu’on se rassure : la technique finira par être vaincue par le sentiment.
Tout au long, on aura voyagé dans de jolies aquarelles au dessin naïf, dans les chambres d’enfants endormis, à travers le ciel nocturne, dans les neiges rosées de l’aube, avant de découvrir la maison douillette du père Noël et de ses lutins.

En Route !

En Route !
Isabelle Simon
Kilowatt, 2022

Au boulot !
(ou comment s’occuper intelligemment en vacances)

Par Anne-Marie Mercier

Il y a de belles rééditions, comme celle-ci, qui sauvent d’un certain oubli des ouvrages beaux, inventifs, utiles. Celui-ci (publié chez Moka, à La Réunion, en 2017) montre un aspect moins connu d’Isabelle Simon, auteure des images pour les beaux Petits bonshommes sur le carreau (Olivier Douzou, Le Rouergue, 1999) ou dans La Mouche qui lit dans lesquels elle photographie des personnages miniatures en pâte à sel dans des décors réels en jouant sur des phénomènes d’échelle. Dans Mes Amis de partout (L’initiale, 2016), elle proposait de voir des visages dans des peintures écaillées, des objets cabossés, des rochers).
Ici, elle présente une ribambelle de personnages faits de juxtapositions de cailloux. De différentes formes et de toutes les couleurs, ils sont cinq; chacun a droit à une double page, avec une belle photo qui met en valeur leur grain, leurs couleurs et leur modelé, et avec une réplique enthousiaste ; ils partent gaiement ensemble.
Mais l’eau les emporte.
Ils se recomposent alors pour une nouvelle aventure ; une autre catastrophe les balaie, et c’est reparti.
Les dernières pages proposent au lecteur de faire de même : il s’agit de collecter des cailloux de formes et de couleurs intéressantes et de composer des personnages, un groupe, puis de les recomposer à l’infini, ou presque. C’est un beau projet, et un beau petit livre.

C’est quoi ce bruit / Chuuut

C’est quoi ce bruit / Chuuut
Catherine Grive – Mathilde Grange
Editions du pourquoi pas 2023

Parlez moi d’amour

Par Michel Driol

Deux courts récits tête bêche dans cet ouvrage.

Chuuut. L’histoire d’une première déclaration d’amour entre un garçon – appelons-le « il » – et une fille – appelons-la « elle », comme l’aveu d’un secret, par un jour de pluie, au cœur d’une forêt. C’est quoi ce bruit ?. Une fillette entend une nuit de drôles de bruits. A pas de loups, elle s’approche, cela provient de la chambre de ses parents, qui font l’amour.

Deux récits dont les thèmes sont à la fois si proches et si lointains, deux façons d’aborder la question de l’amour. Amour entre deux enfants d’abord, et ce moment difficile de l’aveu, du premier baiser. Amour physique entre les parents, et cette scène surprise furtivement, avec ce qu’elle a d’inquiétant pour l’enfant. Un sujet – à ma connaissance – abordé ici pour la première fois en littérature pour la jeunesse, avec courage et beaucoup de pudeur. C’est cela qui frappe d’abord à la lecture de ces deux récits : leur infinie délicatesse, leur poésie, leur façon de traiter des sujets qui peuvent paraitre gênants sans jamais mettre le jeune lecteur mal à l’aise. Certains enfants ne comprendront pas forcément ce dont il est question dans C’est quoi ce bruit ? Et alors ? C’est là la force d’un texte qui sait se mettre à hauteur d’enfant (dont on suit le point de vue, les interrogations, les inquiétudes) à travers des métaphores qui évitent d’expliciter. C’est la grande sœur, protectrice, qui pose des mots sur la scène à laquelle elles ont assisté et rassure sa cadette, en faisant appel à l’imaginaire. Les deux textes, écrits dans une langue particulièrement travaillée, donnent à voir un monde enfantin dans lequel les petits détails ont leur importance, dans lequel la façon de regarder les mains de la maman qui fait la vaisselle, ou d’imaginer le voyage du noyau de cerises dans le ventre disent toute l’attention de l’autrice au regard curieux de l’enfant. C’est cette même attention aux sensations que l’on retrouve dans les premières pages de Chuuut, particulièrement riches des bruits que l’on entend, ou du gout de la première fraise mangée après la pluie. Mais reviennent dans les deux récits la question du temps, la question de l’après, la question de ce qu’on fera quand on sera grands. L’amour est-il éternel ? Est-il un secret de grandes personnes ? Les deux récits, à leur façon, parlent du rapprochement des corps lié aux manifestations de l’amour, mains et lèvres qui se touchent explicitement dans l’un, gestes cachés et implicites qui montrent l’amour dans l’autre, mais ce qu’ils en disent, avec beaucoup de finesse,  c’est qu’il y a un âge pour chaque geste, pour chaque chose, et qu’il faut prendre le temps de profiter de son enfance, de ne pas tout comprendre, mais de savoir que l’amour est là, à la fois comme un mystère et un secret partagé. On est ici aux antipodes de la pornographie  dont les images offrent aux enfants bien trop jeunes une vision déformée de l’amour,  on est dans la sensibilité et l’attention à l’autre (l’autre étant aussi le lecteur enfant de ces deux récits).

Les illustrations de Mathilde Grange ont une facture volontairement enfantine, sans aucune mièvrerie. Dans Chuuut, on est au cœur d’une forêt qu’on dirait enchantée, où les animaux sont témoins de la déclaration  d’amour. Quant aux illustrations de C’est quoi ce bruit ? , elles nous font passer progressivement de l’intérieur de la maison – on voit, par la fenêtre, au dehors une forêt de sapins – à un extérieur de plus en plus exotique, comme une façon de dire qu’en grandissant l’univers s’élargit loin du cercle familial, mais que l’amour est toujours là.

Deux textes bien complémentaires, deux récits, pleins de force et de finesse, qui, par le biais de l’imaginaire, ne laisseront pas les lecteurs indifférents tant ils portent le sceau de l’empathie de l’autrice pour ses personnages.

La Bourrasque

La Bourrasque
Mo Yan, Zhu Chengliang (ill.)
HongFei, 2022

Le vent, le vieil homme et l’enfant

Par Anne-Marie Mercier

Mo Yan, prix Nobel de littérature, livre ici ce qui ressemble à un souvenir d’enfance : il a sept ans et accompagne pour la première fois son grand-père qui part couper des herbes pour le bétail. Le voyage semble long, à l’arrivée le travail est agréable puis fatiguant pour l’enfant qui finit par jouer à attraper des criquets. Le repas, improvisé sur un feu de bois, est délicieux, la sieste, au milieu des senteurs de fleurs, également. Toutes ces évocations ont en elles-mêmes beaucoup de charme ; le récit à la première personne fait vivre les sensations de l’enfant insouciant, le chant et la fatigue du grand-père poussant la charrette à bras ; les images mêlant aquarelle et crayon gras font voir le lever du soleil, le ciel changeant, l’épaisseur des herbes, leur souplesse, la chaleur immobile, les couleurs franches. C’est superbe.
La deuxième partie du récit introduit une dimension nouvelle : le vent se lève, les obligeant à rentrer, mais pas assez vite : une tornade arrache les herbes accumulées sur la charrette, ruinant tout le travail de la journée. Le sang-froid de l’enfant empêche que tout ne soit plus grave encore. L’allure sage du début est bouleversée par des changements successifs d’angle de vue, puis de mise en page, un éclatement de l’image en fragments qui donnent un nouveau rythme à la narration.
Le vieil homme et l’enfant s’en reviennent, dans une image à nouveau assagie, aux lueurs du soleil couchant, sans exprimer plus que le nécessaire. Les émotions ne sont pas nommées mais on les devine. Au milieu de ce récit, la présence de la nature, tantôt bonne tantôt déchainée, les lumières et les sensations font un bel écrin à cette relation de confiance et d’entraide, d’amour et d’inquiétudes réciproques, en silence.  D’ailleurs, « Mo Yan » pseudonyme de l’auteur, signifierait « celui qui ne parle pas », ça tombe bien.

Sophie Van der Linden évoque dans son blog « La rencontre ébouriffante d’un prix Nobel de littérature et d’un grand illustrateur chinois »

Le Nom secret de Kenbougoul Quichon

Le Nom secret de Kenbougoul Quichon
Anaïs Vaugelade
L’école des loisirs, 2022

Les Quichon au temps des pandémies

Par Anne-Marie Mercier

En 2022, même le monde enchanté de la famille Quichon est marqué par les préoccupations sanitaires : l’histoire des premiers jours de la jeune Kenbougoul, que lui raconte son papa, est celle d’un bébé né au milieu des virus. Ceux-ci, lit-on, ont sans doute été attirés par les propos trop louangeurs autour de l’adorable petite Claire. Le médecin, après avoir tout tenté pour la sauver, donne un dernier remède : inverser le sort et l’appeler Kenbougoul, ce qui signifie « personne n’en veut ». Ça marche : Eric Virus et Julie bactérie (très horribles à l’image) vexés, la quittent.
On retrouve ici des notions anthropologiques anciennes ou exotiques : trop louer la beauté d’un enfant porterait malheur. Mythes grecs, contes populaires, dieux jaloux, tout cela s’accorde avec l’idée qu’il faut taire son bonheur. Si la fin est heureuse, l’histoire est un peu angoissante, montrant la détresse d’une famille autour d’un berceau où un enfant souffre et va peut-être mourir. Mais tout cela est adouci par la tendresse du père et de toute la famille, les teintes chaudes des images et et le courage de la petite héroïne.

 

Départ en vacances

Départ en vacances
Magdalena – Barim
Editions du pourquoi pas ? 2023

A pied, à cheval, en voiture, et en bateau à voiles

Par Michel Driol

Une famille de quatre personnes prête à partir en vacances. Mais quel moyen de transport utiliser ? L’avion, pour la mère, parce que c’est plus rapide. La voiture, pour le père, parce qu’on peut emporter plus de choses. Le vélo, pour le fils, parce que les petites routes, c’est mieux que l’autoroute. Le train, pour la fille, pour plein de raisons qui emportent la décision. Reste à savoir quels bagages prendre…

Avec comme narratrice la petite fille, dans une langue plutôt familière, le texte expose les principaux arguments en faveur des différents modes de transport. Chaque membre de la famille a son idée bien arrêtée, peut-être un peu stéréotypée. La mère, executive woman pressée. Le père, bricolo sans doute, emportant tout ce qui sera nécessaire. Le fils, fou de sport. Et la narratrice, rêveuse et sans doute un peu dans les nuages. Ces caricatures, qui grossissent les traits pour mieux donner à voir, sont plaisantes, et conduisent à deux renversements. Le premier, c’est que ce sont les enfants qui proposent les modes de transport les plus écologiques. Le second, c’est que c’est la rêveuse qui propose sans doute le mode de transport à la fois le plus écologique et le plus réaliste pour passer des vacances qui seront un vrai voyage dépaysant fait de rencontres et d’imprévus.

Les illustrations de Barim apportent une touche personnelle pleine d’humour qui contribue à l’animation de cet album, dans l’alternance des doubles pages et du texte, utilisant les bulles pour les arguments des personnages. Elles contribuent à faire des personnages des caricatures dessinées à grands traits, donnent à voir les inconvénients écologiques des deux premiers moyens de transport évoqués, et montrent la façon dont la famille reste soudée malgré les divergences d’opinion de ses membres.

Un album conçu pour s’adresser aux plus jeunes et qui permettra d’évoquer les différents moyens de déplacement, dans une perspective très argumentative : même s’il se situe à une échelle familiale, il suggère fortement que la transition écologique devra reposer sur le débat. Plutôt convaincre et négocier qu’imposer !

La Brigade de l’oeil

La Brigade de l’oeil
Guillaume Guéraud
Rouergue, 2019

Le Fahrenheit 451 des images

Par Anne-Marie Mercier

L’univers décrit par Guillaume Guéraud en 2007 (il s’agit ici d’une réédition en grand format d’un poche de « doAdo noir ») ressemble à une inversion de celui que l’on trouve dans le roman célèbre de Bradbury, Fahrenheit 451 : ici, ce ne sont plus les livres qui sont traqués, mais les images, toutes les images. Elles sont soupçonnées d’asservir les esprits, de fausser les jugements, de faire l’apologie de la violence et d’être l’opium du peuple. On les brûle. Au contraire, la littérature est au centre de la culture (on parle un peu du théâtre, mais pas autant qu’on aurait pu) : les rues portent des noms d’écrivains, la faculté des lettres est l’objet de toutes les attentions…

Monde idyllique ? non : tout cela a été accompli à travers une répression sauvage menée contre les cinéphiles, les artistes, les amateurs de porno, les sentimentaux attachés à leur passé… Plusieurs scènes décrivant des massacres montrent la brutalité de la Brigade de l’oeil (un genre de police des mœurs, et notre présent rejoint le livre) qui lutte contre ceux-ci et l’acharnement des défenseurs d’images. L’impératrice Harmony veille sur tout, et l’on apprend qu’elle est même l’auteur des livres du philosophe qui dicte sa conduite à toute la société. Tout cela rappelle les pires moments des régimes totalitaires, notamment celui de Ceausescu, mais fait écho à d’autres récits comme 1984 qui montrent comment on peut guider par la propagande et la police de la pensée toute une société.

Lorsque l’histoire commence, le « mal » est quasiment éradiqué et l’on suit un lycéen réfractaire, Kao, qui entre en contact avec les derniers résistants, et un capitaine de la Brigade. L’alternance des points de vue donne à ce récit une épaisseur humaine intéressante (chacun a ses raisons et doute parfois). Tout cela se finit très mal, mais entre-temps on aura vu l’importance des images, leur force, leur capacité à témoigner de l’Histoire (belle évocation de Nuit et brouillard) et on aura pu lire un bel hommage à toute l’histoire du cinéma (Les Temps modernes de Chaplin joue un rôle de premier plan).

Ce texte est provocateur, tant il prend le contre-pied de toutes les condamnations du monde des images dans lequel nous vivons et fait le procès de la lamentation sur la perte d’influence de la littérature mais il fera consensus (ou du moins un certain consensus) sur un point : la télévision seule est condamnée par tous.

Le suspens est très bien mené, les personnages intéressants, l’univers futuriste est très proche du nôtre, de plus en plus proche… (que de mauvais chemin fait en quinze ans seulement !)  et convaincant et tout cela est combiné avec la question de la place des images poussée jusqu’à son paradoxe.

(reprise un peu modifiée de mon article de 2007)