Magic Charly, t. 2 

Magic Charly, t. 2 : bienvenue à Saint-Fouettard
Audrey Alwett

Gallimard jeunesse, 2021

Feux d’artifice de magie

Par Anne-Marie Mercier

En abordant ce deuxième tome de la série, on comprend qu’il s’est passé beaucoup de choses dans le précédent ; il s’en passe encore beaucoup dans celui-ci : Audrey Alwett déborde d’imagination et accumule les trouvailles en tous genres : objets animés (j’ai bien aimé tout ce qui concerne les chaises, fauteuils – et cuvette de WC– très drôle), êtres fantastiques comme ces personnages qui se transforment en Allégories, géographies incertaines… Les allégories ne sont que l’un des clins d’œil aux études littéraires qui fourmillent dans ce roman, lisible sans doute par les adultes mais peut être par des collégiens, qui pourront chercher dans le dictionnaire ce que signifie « peccante », attribué je crois à une poire ici (!), anamnèse, ou bien voir où se trouvent les champs de mal d’aurore.
On retrouve aussi des thèmes plus convenus, typiques de ces histoires d’apprentis sorciers maladroits : l’école, ses administrateurs et ses professeurs (mais ici la tâche des enseignants est de ne surtout rien apprendre aux élèves en fait de magie), les compétions, les punitions, les infractions aux règlements menées par une bande de petits malins qui deviennent les amis du héros. Comme dans bien d’autres œuvres de ce genre, la supériorité morale du héros sur tous les autres, y compris ses amis, est aussi convenue que la malignité des enfants riches issus des classes supérieures, et le fait que les héros, certes pauvres, sont eux-mêmes issus de ces classes.

À défaut de films à grand spectacle, les jeunes lecteurs avides d’histoires d’apprentis magiciens et de merveilles trouveront ici une belle distraction et en prendront plein la vue.

Amour amour après quoi chacun court

Amour amour après quoi chacun court
Mélusine Thiry, Julie Guillem
HongFei, 2021

Il court, il court (le furet?)…

Par Anne-Marie Mercier

Le soleil se lève dans une chambre d’enfant, une petite fille accueille le jour tandis qu’un ours en peluche est sagement assis. De page en page, le jour grandit, jusqu’à la nuit, montrant différents animaux qui se précipitent (de la gauche vers la droite) vers l’être aimé, tandis que le texte, conçu de page en page sur le même modèle (lieu ou temps + nom de l’animal + verbe de mouvement + « vers qui le » + verbe) évoque successivement un décor (par-dessus les collines, de branche en branche, entre les buis, le soir venu), le nom de l’animal (oiseau, sanglier, licorne –eh oui, elles sont partout–, belette…) et le geste d’amour vers lequel ils volent : être caliné, cajolé, dorloté, embrassé, apaisé, chéri, enchanté.
Voilà de bien belles déclinaisons de l’amour, jusqu’au geste de bercer qu’attend l’ourson de la première page, que l’on retrouve ici à la fin, dans un dispositif en miroir, sur la dernière page où un père lit cette histoire à une petite fille.
Les illustrations sont délicates et douces, allant des tons pastel du ciel aux couleurs franches des végétaux. Le caractère répétitif de l’histoire est contrebalancé par la variété des dispositifs sur la double page : le texte, placé dans une bulle, est tantôt seul sur la page de gauche, tantôt inscrit ici ou là dans la double page, la bulle de la licorne est transparente… il y a de multiples détails aussi bien dans le texte que dans les images pour accompagner une histoire tendre pour le soir.

Feuilleter sur le site de HongFei (You tube).
Mélusine Thiry est vidéaste (voir son atelier). Julie Guilhem a un style très reconnaissable, raffiné, alliant tradition de l’illustration et innovation, sobriété et art de la couleur.

Une Pincée de magie

Une Pincée de magie
Michelle Harrison
Traduit (anglais) par Elsa White
Seuil, 2019

Littérature d’évasion

Par Anne-Marie Mercier

On pourrait prolonger le titre de ce roman : « Une Pincée de magie pour beaucoup d’aventures », par exemple, tant la magie, très en vogue dans la littérature de jeunesse est ici un détail qui déclenche l’aventure et permet résoudre (heureusement) la situation inextricable dans laquelle finit par se retrouver l’héroïne, et ses sœurs avec elle.
Betty vit avec ses deux sœurs (l’ainée, très jolie, et la cadette, très espiègle) et sa grand-mère qui tient une taverne dans un lieu désolé : les îles où elles vivent hébergent une prison (leur père y est enfermé pour escroquerie, leur mère est morte) et des bannis, libres mais malheureux. La plupart des habitants rêvent d’être ailleurs. Chacun rêve de d’évader. C’est aussi le cas pour Betty, prête à tout pour chercher l’aventure et voir du pays.
Ce qui commence comme une mini fugue d’enfants un soir de Halloween se poursuit en quête désespérée pour sauver les vies des jeunes filles, menacées par une malédiction, puis par la police des lieux, puis par un dangereux prisonnier évadé… Fantômes, souterrains, grottes marines, marais où volent des feux follets, mer dangereuse, tout est là pour effrayer (un peu) le lecteur dans un récit au suspens croissant. Mais l’ensemble est égayé par l’amour des trois sœurs, les facéties de la cadette, le lien qui les unit à leur pittoresque grand-mère et de nombreux personnages secondaires hauts en couleurs et très variés.

Il y a beaucoup de trouvailles, originales davantage par leur détail que par leur nature ; l’univers du conte y est recyclé avec finesse et la légende irrigue le présent au point d’être à son tour transformée par lui. C‘est aussi une belle métaphore de la lecture et de ses pouvoirs, de ce que la connaissance d’histoires et de légendes anciennes donne comme prise sur le temps et sur son destin. Les trois sœurs ont-elles simplement inventé toute cette histoire ? Chaque lecteur s’en fera une idée.

Collection Mon petit livre sonore

Collection Mon petit livre sonore
Didier jeunesse

Jouer, écouter, feuilleter

Par Anne-Marie Mercier

Berceuses pour mon petit amour
Berceuses pour mon petit chat
Lucia Calfapietra (ill.)
Didier jeunesse, 2020

Je découvre les Comédies musicales
Je découvre le Jazz
Liuna Virardi (ill.)
Didier jeunesse, 2019

 

La collection « Mon petit livre sonore » de Didier jeunesse compte déjà près de trente titres, ouvrant les enfants à des univers sonores variés. Berceuses en différentes langues, comptines, bruitages, œuvres de musique classique (Chopin, Mozart, Beeethoven, des extraits de Casse-Noisette…), sont donnés sous formes de mini anthologies cartonnées, chaque double page proposant un bref échantillon sonore.
Toutes ces « vignettes » musicales sont déclenchées en appuyant sur une pastille argentée placée dans l’illustration, facilement repérable et ne demandant pas de dextérité ou de force particulière, donc dans un dispositif tout à fait adapté aux enfants.
On trouve sur le site de l’éditeur des échantillons de musiques et images : Berceuses pour mon petit amour et Berceuses pour mon petit chat proposent des titres bien connus (Dodo m’amour, Schlaf Kinden Schlaf, Frère Jacques, Anicouni, Go to sleep my baby, Dodo, Do l’enfant do, la minèt, C’est la cocotte blanche, Toutouig, Arroro mi nene…) et sont illustrés avec beaucoup de douceur et des motifs animaliers par Lucia  Calfapietra.

Quand ce n’est pas le moment d’aller dormir et d’écouter des berceuses dans toutes les langues, on trouve dans cette collection des livres sonores autour de styles musicaux plus toniques et a priori destinés aux adultes. Le volume consacré au Jazz permet d’entendre les voix d’Ella Fitzgerald, de Frank Sinatra, de Fats Waller, et les ensembles des Delta Rythm Boys et de Slim et Slam ; beaucoup de voix d’hommes, des airs aux rythmes rapides (le « cheek to cheek » de Sinatra faisant un peu exception). On a davantage de voix féminines dans les airs des Comédies musicales, la seule exception étant celle de Gene Kelly dans Chantons sous la pluie. Celle de Julie Andrews illustre des airs célèbres, le « Do ré mi » de La Mélodie du bonheur, « I could have danced all Night » de My Fair Lady, et on entend celle de Julie Garland dans « Over the Rainbow » du Magicien d’Oz. Les couleurs sont éclatantes et les illustrations bien reliées aux thèmes des chansons et à leur esprit. Les airs sont tous chantés en anglais; c’est aussi le cas dans le volume sur le Jazz.
Tout cela pétille et donne envie de réentendre ces airs fameux et de les entonner soi-même : chacun peut ainsi participer à sa manière, en contemplant et écoutant, feuilletant, déclenchant les airs, chantant….

 

 

 

La Bibliothèque de la forêt

La Bibliothèque de la forêt
Seoha Lim
Maison Eliza, 2020

Promenons-nous dans les bois : des livres à la place des loups ?

Par Anne-Marie Mercier

Le jour se lève et nous sommes invités à suivre de petits animaux (lapins, écureuils, et d’autres aussi, pas plus gros qu’eux) qui suivent un chemin dans les bois, pour se rendre à la bibliothèque : disposés dans des troncs d’arbres creux, pendus aux branches, ou simplement posés à terre, les livres les attendent et chacun en profite à sa façon, au sol, dans un hamac, en écoutant une histoire, en faisant des cabanes, tandis que d’autres encore regardent un spectacle de marionnettes ou participent à un atelier de dessin.
Et le soir tout le monde rentre chez soi.. avec un livre.
Les illustrations, aux crayons de couleur, proposent des teintes douces, des formes simples. Tout cela est joli et paisible.

Anne d’Avonlea

Anne d’Avonlea
Lucy Maud Montgomery
Traduit ( anglais, Canada) par Isabelle Gadoin
Monsieur Toussaint Louverture (Monsieur Toussaint L’aventure), 2021

 

Du Chemin des bouleaux au Pavillon des échos,
en passant par le Lac étincelant

Par Anne-Marie Mercier

On retrouve avec plaisir Anne Shirley (« Anne avec un e », Anne de Green Gables), l’orpheline enthousiaste et maladroite de Lucy Maud Montgomery, dont les bourdes et les déclarations fracassantes avaient enchanté le premier tome dans la maison aux pignons verts et son voisinage. Anne n’a pas encore quitté le village d’Avonlea : l’université, ce sera pour le prochain volume ; elle y est, à dix-sept ans, devenue l’institutrice du village, débutant avec de nombreuses interrogations (notamment sur les punitions ce qui donne des remarques très intéressantes, marquées par leur temps, et sur les rapports avec les parents des élèves). Ses premiers pas professionnels sont accompagnés par la poursuite de sa quête du bonheur par les voies de l’imagination, la recherche d’ « âme sœurs », et une contemplation émerveillée de la nature en toute saison qui donne les pages les plus lyriques du livre.
On rit beaucoup devant les portraits du voisinage (Monsieur Harrison et son perroquet, Monsieur Boulter et sa ruine, Madame Lynde et ses avis sur les étrangers…) et les tentatives et échecs de l’association des jeunes qui militent pour l’embellissement du village, association fondée et dirigé par Anne, à qui sa tutrice, Marilla oppose comme toujours son bon sens et sa vision pessimiste (« Les gens n’aiment pas qu’on les embellisse », dit-elle). L’optimise d’Anne, son élan jamais brisé vers le bonheur malgré les échecs, est mis en perspectives par de nombreux autres ponts de vue, notamment celui, en prose (quand Anne pense en poète) de Charlotta IV, qui résume en une belle formule l’attitude de bien des personnages de ce roman campagnard : « espérer le meilleur, se préparer au pire, accepter ce que Dieu nous envoie ».
L’ouvrage est également traversé par des figures romanesques plus classiques et des intrigues qui lui donnent son unité : que deviendront les jumeaux orphelins recueillis par Madame Lynde et Anne ? La relation amicale entre Anne et Gilbert va-t-elle évoluer ? Mademoiselle Lavender retrouvera-t-elle son amour perdu ?
Il reste neuf volumes, donc si Monsieur Toussaint poursuit son effort, nus aurons de quoi nous régaler pendant quelques temps.

 

L’âge au fond des verres

L’âge au fond des verres
Claire Castillon
Gallimard Jeunesse 2021

Les désarrois de l’élève Guilène

Par Michel Driol

Fille unique, assez bonne élève docile, Guilène vient d’entrer en sixième. Avec la découverte de nouveaux codes, elle prend conscience de la vieillesse de ses parents, 53 et 71 ans, alors que les parents de ses camarades de classe sont de fringants bobos trentenaires. Se rajoute à cela une professeure de maths particulièrement tyrannique qui terrorise la classe entière. La classe s’unit avec l’élection d’un délégué et la volonté de monter des spectacles.

Voilà encore une chronique familiale et scolaire, pensez-vous… Une de plus… Certes, mais une qui sort du lot par la force de l’écriture de Claire Castillon, et sa façon de s’inscrire avec bonheur dans la tradition du roman psychologique à la française. Laissant la parole à son héroïne, elle montre à quel point l’entrée en sixième constitue un rite de passage, avec un avant et un après, qui conduit à remettre en cause, douloureusement, des certitudes enfantines. C’est aussi la découverte d’autres milieux sociaux qui font envie à Guilène, d’autres parents plus beaux et plus fringants que les siens, d’autant plus que ses camarades ne sont pas tendres avec ses parents, que l’auteure n’a pas cherché à arranger : le père est chauve et bedonnant, la mère se complait à des chaussures qui vont bien à ses pieds… Dès lors Guilène est déchirée entre l’amour qu’elle porte à ses parents et sa honte à leur égard. Ce que l’autrice pointe avec finesse, c’est la relation entre parents et enfants, les plus âgés n’étant pas forcément les plus rétrogrades ou les moins ouverts à l’épanouissement et au bonheur de leur enfant. Elle y parvient avec toute une série de petits détails réalistes qui font pénétrer dans l’intimité de la famille de Guilène, dans l’évocation et la description d’objets ou d’attitudes à la fois dérisoires et symboliquement forts qui marquent le lien familial, objets « ringards » comme le coucou dont la famille attendait la sortie de l’oiseau, mais qui se retrouvent chargés d’émotion, rituels comme l’anniversaire du père, les jeux de société ou le gouter dinatoire du dimanche soir. L’entrée en sixième bouleverse tout cela, et Guilène apprend à vivre avec ses différences, et prend lentement conscience qu’elles ne constituent pas un handicap : ce sont ses parents qui ont le courage d’inviter toute la classe à la maison, ce sont eux seuls qui, à l’écoute des souffrances de leur fille en mathématiques, prennent rendez-vous avec le proviseur. Guilène découvre aussi le danger à ne croire qu’aux apparences, car sous des dehors attirants peuvent se cacher bien des douleurs et des souffrances.

Le roman parle de la difficulté à accepter les différences, différence de classe, différence d’âge, différences psychologiques et de l’envie d’être comme tout le monde, de ne pas se singulariser. L’une de ses forces est qu’il sait s’inscrire dans le temps court : entre la rentrée et les vacances de février, dans des lieux bien identifiés (l’appartement, le parc, le collège) et autour de quelques personnages (Guilène, Cléa, Aron) avec une écriture pleine de drôlerie et de malice, car, tout en laissant la plume à son héroïne, l’autrice reste présente pour, en quelque sorte, la mettre à distance dans sa prétention un peu naïve à penser que tout a changé depuis qu’elle est en sixième. Rien de tragique donc dans ce roman dont certains passages, pourtant, ne sont pas loin du drame, façon pour l’autrice de souligner la fragilité des enfants face aux problématiques qu’elle évoque : les relations avec les adultes, avec les autres, les rites de passage, la conscience du temps qui passe. Car, au fond, ce qui terrifie le plus Guilène dans l’âge de son père, c’est qu’il peut mourir.

Un roman émouvant, tendre, drôle, optimiste, mais aussi cruel, un roman dont l’auteur aime ses personnages, et qui saura toucher ses lecteurs.

Des Contraires

Des Contraires
Jennifer Bouron
Maison Eliza, 2020

Art de la contradiction

Par Anne-Marie Mercier

Ce petit album carré dédié à la question classique des contraires, un thème fréquent adressé aux tout petits, semble avoir pris le contre-pied de ce qui se fait d’habitude : au lieu de se concentrer sur les termes habituels (celles du grand/ petit, vide / plein, etc.), il aborde des questions plus subtiles (habile / maladroite, concentrés/ détendus) ou emploie des mots plus longs, allant vers les extrêmes (minuscule/ immense).
Tout aussi surprenant est le choix chromatique fait par l’artiste : là où, pour les tout petits lecteurs, on propose le plus souvent des couleurs primaires éclatantes sur fond blanc, on trouve ici des fonds rosés, bleu-nuit ou beiges et des motifs dans les mêmes tons étouffés. Certains couples demandent une réflexion pour être identifiés : dans le duo uni/multicolore qui montre une plante en pot d’une part et un vase avec un bouquet d’autre part, on peut s’interroger sur ce qui est désigné : le contenant, beige dans les deux cas et simplement rayé de bleu marine dans le deuxième ? ou la plante verte et les fleurs diverses de l’autre, qui déclinent des tons étouffés de roses avec quelques touches de bleu marine ?
Ainsi, ce n’est pas un album qui s’adresse aux tout petits (comment associeraient-ils le camion de glace à la notion de froid et le feu au-dessus duquel cuisent des brochettes de chamallows à celle de chaud ?) mais plutôt une jolie déclinaison graphique, une proposition de voyages autour de représentations de sensations, de motifs, d’expériences, un support pour se souvenir et parler.

Ni l’un ni l’autre

Ni l’un ni l’autre
Anne Herbauts

Casterman, 2020

… Et tout à la fois

Par Anne-Marie Mercier

Sous une apparente simplicité, avec beaucoup d’humour et de tendresse, Anne Herbauts offre un regard juste sur l’enfance, les discours qu’on lui adresse et les modèles qu’on lui présente.
Chaque double page est à la fois semblable et différente : le texte décline des caractéristiques associées au père et à la mère (« mon père est drôle, ma mère est grande », par exemple, ou « mon père est pressé, ma mère est partout », « mon père est précis, ma mère est solaire ») et la réponse de l’enfant, invariablement, « Moi, je ne suis ni l’un ni l’autre. Je suis moi ».
Si les adultes n’apparaissent que par fragments (un pied, un bout de robe, une main…) et par leur discours, l’enfant est représenté sous une forme animale qui correspond à l’image proposée par le discours des parents – toujours à l’impératif – : « Habille-toi, petit chat ! », « reste tranquille, moustique ! », « Mange bien -, mon poussin ! », etc.
Ainsi, de page en page, l’air de rien, et sous des habits de fantaisie, on retrouve  le rythme de la journée d’un tout petit (le bonjour, l’habillage, le repas ; ranger les jouets, sortir puis rentrer), les figures parentales, très différentes, parfois opposées, les chocs de couleurs, le règne de la métaphore et enfin le désir d’indépendance d’un enfant qui s’affirme face à un discours qui le morcelle et le cadre, et lui impose des modèles qui ont l’inconvénient (ou l’avantage) d’être multiples.
Les images sont à la fois dynamiques et solitaires, chaque page déclinant des vignettes colorées, le plus souvent sur fond blanc, aquarelles saturées, papiers collés ou tissus. La dominante colorée de chacune est différente, tons de jaune, de bleu, de rouge… toute une gamme.

 

Génération K, t. 1 en poche

Génération K, t. 1
Marine Carteron
Rouergue (Poche, « collector »), 2020

Pot-pourri dans l’air du temps

Par Anne-Marie Mercier

Les auteurs de Science-fiction ont-ils du flair pour mettre en scène avec un peu d’avance nos pires cauchemars ou tout simplement le nombre des fléaux est-il si limité que forcément ils tombent parfois juste ? En remettant au goût du jour de vielles angoisses, Marine Carteron traite du thème de manipulations louches, d’épidémies et de catastrophes annoncées.
C’est sans doute la raison pour laquelle la réédition en poche de ce roman publié en collection Epik, en 2016, tombe à pic, même si on émettait quelques réserves sur lietje : « Marine Carteron s’était fait connaître par les Autodafeurs, une trilogie publiée au Rouergue entre 2014 et 2015. Son ancrage dans la SF noire se confirme ici avec un roman haletant, faisant alterner les points de vue de différents personnages qui ne se retrouvent qu’en fin de roman (technique que l’on retrouve dans Game of Thrones, etc., aussi bien à l’écrit qu’à l’écran). L’arrière-plan du roman, fait d’annonce d’épidémies et de réveils de volcans, le rattache à une pensée de l’apocalypse que l’on retrouve dans beaucoup de romans récents (voir la série U4). On l’aura compris, ce roman efficace est dans l’air du temps, et plus encore. »

Lire la suite de la chronique de 2016