Le Passage du diable
Ann Fine
L’école des loisirs, 2014
Maison de poupée… gothique
Par Anne-Marie Mercier
Quel beau roman gothique que celui que vient de publier Ann Fine ! Original, touchant, et passionnant autant qu’inquiétant, il tourne autour… d’une maison de poupée. Cette maison, magnifique et gigantesque est le seul objet qui nourrit l’imaginaire d’un enfant, un garçon reclus depuis son enfance par sa mère. Il n’a jamais vu personne en dehors d’elle et a eu, pour seul contact avec le monde, la lecture de romans et de récits de voyages. Jouant en cachette avec cette maison et avec les poupées de bois qui la peuplent, il s’invente des aventures, dialogue, se confronte à toutes sortes de personnages.
Il sort de son isolement avec l’intervention de voisins et d’un médecin qui fait interner celle-ci. La suite du récit est à la fois tragique et heureuse : Daniel se trouve une nouvelle famille chez le médecin, joue avec ses filles, et continue avec la plus jeune à jouer avec la maison dans laquelle la petite découvre des choses qu’il n’avait jamais vues, notamment une poupée mystérieuse et maléfique.
Le médecin trouve la trace d’un oncle de Daniel dont le visage ressemble curieusement à cette poupée, comme les autres ont des airs de famille avec sa mère. Il est envoyé chez lui, dans la maison qui a servi de modèle à celle qu’il a connue, mais bien changée, sinistre et entourée de mystères. Grâce à l’aide de deux vieux serviteurs, Daniel découvre l’histoire de sa mère, les raisons de sa folie et la menace que représente son oncle pour lui. Personnage étrange, tantôt séducteur tantôt inquiétant, profondément diabolique, l’oncle et sa poupée vaudou introduisent une dimension fantastique dans le final de ce roman qui va progressivement du réalisme classique à un thriller passionnant. Les fils se nouent, les mystères se dévoilent peu à peu et le destin des deux maisons se scellent dans un superbe final.







Premiers romans de Sarah Prineas, qui vit dans l’Iowa et pense qu’elle a écrit pour des adolescents et jeunes adultes, cette nouvelle série est si prudente qu’elle peut être donnée à lire à de plus jeunes encore. La maison Gallimard ne s’y est pas trompée et a choisi d’illustrer abondamment le texte (dessins de Antonio Javier Caparo).
Ce troisième volume ressemble fort au précédent : beaucoup de scènes de poursuite, d’enfermement, d’évasion et peu d’inventions nouvelles, si ce n’est dans le dernier tiers du roman, assez réussi.
Le deuxième tome vient de paraître en poche.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore les aventures de Guillemot entre le pays d’Ys et le monde incertain, voici l’occasion de combler une lacune et peut-être une attente. On pourrait en dire de même pour ceux qui cherchent en vain un équivalent français de Harry Potter : cette trilogie contient cetains des éléments qui en ont fait le succès, sans être comme beaucoup d’autres une pâle imitation.
L’idée de départ ne manque pas d’originalité et la jeune lectrice (car tel est le « coeur de cible » visé par cette série) pourra immédiatement s’identifier à Léa qui, après avoir pris son petit-déjeuner dans un bol décoré d’une couronne dorée, rejoindra le chauffeur de la belle voiture « qui fait au moins vingt mètres de long » pour se rendre à l’école ! Mais l’écriture, un peu trop systématique concernant l’image idéale du quotidien de cette jeune « prinssounette », comme la nomme son roi de papa, tombe un peu à plat.