Le Passage du diable

Le Passage du diable
Ann Fine
L’école des loisirs, 2014

Maison de poupée… gothique

Par Anne-Marie Mercier

lepassagedudiableQuel beau roman gothique que celui que vient de publier Ann Fine ! Original, touchant, et passionnant autant qu’inquiétant, il tourne autour… d’une maison de poupée. Cette maison, magnifique et gigantesque est le seul objet qui nourrit l’imaginaire d’un enfant, un garçon reclus depuis son enfance par sa mère. Il n’a jamais vu personne en dehors d’elle et a eu, pour seul contact avec le monde, la lecture de romans et de récits de voyages. Jouant en cachette avec cette maison et avec les poupées de bois qui la peuplent, il s’invente des aventures, dialogue, se confronte à toutes sortes de personnages.

Il sort de son isolement avec l’intervention de voisins et d’un médecin qui fait interner celle-ci. La suite du récit est à la fois tragique et heureuse : Daniel se trouve une nouvelle famille chez le médecin, joue avec ses filles, et continue avec la plus jeune à jouer avec la maison dans laquelle la petite découvre des choses qu’il n’avait jamais vues, notamment une poupée mystérieuse et maléfique.

Le médecin trouve la trace d’un oncle de Daniel dont le visage ressemble curieusement à cette poupée, comme les autres ont des airs de famille avec sa mère. Il est envoyé chez lui, dans la maison qui a servi de modèle à celle qu’il a connue, mais bien changée, sinistre et entourée de mystères. Grâce à l’aide de deux vieux serviteurs, Daniel découvre l’histoire de sa mère, les raisons de sa folie et la menace que représente son oncle pour lui. Personnage étrange, tantôt séducteur tantôt inquiétant, profondément diabolique, l’oncle et sa poupée vaudou introduisent une dimension fantastique dans le final de ce roman qui va progressivement du réalisme classique à un thriller passionnant. Les fils se nouent, les mystères se dévoilent peu à peu et le destin des deux maisons se scellent dans un superbe final.

Abracadabra Amanda

 Abracadabra Amanda
Olivier Pouteau
Rouergue 2014,

 

 Magie et deuil font bon ménage

Par Maryse Vuillermet

 

 

 

abracadabra amanda Une très étrange affaire attend le commissaire Brouillard. Une partie du corps, le milieu plus précisément, d’Amanda,  la fille la plus insupportable du collège,  a été enlevé pendant le numéro de magie de la fête de Noël au collège. C’est Léonard, le responsable, mais,  passé le moment de folie qui a occasionné son acte, il ne sait plus quoi faire de cette boite où peut-être se trouve le cœur d’Amanda, en tout cas, il entend une pulsation. Il faut dire que Léonard est très malheureux, il a perdu sa mère et il n’arrive ni à la pleurer ni à la voir en rêve ni à en parler à son père tout aussi fracassé que lui.

Il n’arrive qu’à la dessiner et quand un de ses dessins se retrouve coincé dans la boite,  voilà qu’il la voit enfin en rêve.

Cette histoire qui peut paraître aberrante,  en fait,  vous attrape dès la première page ; le mélange de magie et de tristesse fonctionne ; les amis de Léonard l’aident,  le grand Eliot, fils d’un policier municipal le renseigne sur les avancées de l’enquête, et Tom, le silencieux et sage Tom,  que fait-il ? Ne serait-ce pas lui qui envoie des billets anonymes à Amanda pour l’obliger à se corriger, si elle veut récupérer son morceau de corps, par exemple réunir ses amies avec qui elle a fait du mal et en discuter, ne plus parler d’elle pendant une heure? Amanda, au début s’est pavanée, immobilisée au milieu de la scène dans la boite à magie, entourée d’un médecin, de ses parents et de la police mais,  plus le temps passe, et plus elle se fatigue et plus elle commence à comprendre…

 Ce petit récit est une réussite, un subtil équilibre entre loufoquerie, tendresse, humour, mystère et magie !

Le démon des brumes

Le démon des brumes
Luc Blanvillain
Seuil, 2013

 Des démons et de la magie

Par Maryse Vuillermet

le démon des brumes imageUn alchimiste de l’an 1013 laisse brûler sa femme et son enfant dans l’incendie de son laboratoire,  sans rien tenter pour les sauver.

Deux adolescents de 2013,  Laura et Raphaël,  s’aiment. Mais le nouvel élève Melvil attire tous les regards dans le lycée. Et,  dès son arrivée, des faits étranges se succèdent à un rythme effréné, des accidents et même deux morts d’enseignants. Personne ne sait qu’il est le Masque, le démon des brumes, métamorphosé en adolescent qui doit plaire à Laura, s’en faire aimer, et qu’il est chargé de réaliser une prophétie millénaire. Il est capable, aidé de son assistant, l’orfèvre, de faire souffrir les êtres qui l’entourent en leur causant, par magie, leur plus atroce terreur ou le type de mort qu’ils craignaient par-dessus tout.

Je n’ai pas vraiment apprécié ce roman, les personnages adolescents ne sont pas approfondis, très stéréotypés, malgré un dispositif d’écriture original, le journal mental de Laura qui nous permet de suivre les méandres de sa pensée et de ses peurs. Trop de magie tue la magie : trop d’êtres maléfiques ou avec des pouvoirs puissants mais différents et pas toujours expliqués, Melvil, son assistant, Laura, fille de la brume, parce que sa mère enceinte s’est baignée dans un étang et qu’elle a la bague, Apolline, son amie et ses visions, Villeneuve, le médiéviste. Les péripéties, maladies, comas, meurtres, incendies, les fluctuations dans les amours, les amitiés, les métamorphoses et les retournements de situation, comme des sorties de coma ou de mort cérébrale,  se suivent à un rythme trop soutenu pour moi et peu crédible. Le style, qui se veut lisse, ne sauve pas le roman.

Fille des chimères (la marque des anges, 1)

Fille des chimères (la marque des anges, 1)
Laini Taylor
traduit (anglais-USA) par Anne Krief
Gallimard jeunesse (grand format), 2012

Ange ou démon ?

Par Anne-Marie Mercier

filledeschimeresCe roman est une belle surprise à l’heure où tant de récits proposant des anges et des démons encombrent la production pour adolescents et jeunes adultes. Le cadre tout d’abord se permet des fantaisies : Prague où se déroule l’essentiel de l’intrigue, une Prague à la fois pittoresque et réaliste (l’héroïne y est étudiante en art, fréquente des cafés gothiques, arpente les rues et les places), Marrakech ou d’autres endroits plus lointains comme le nord canadien sont des étapes évidemment contrastées et mystérieuses. La fin du roman invente un autre univers, un monde parallèle nocturne et inquiétant, où anges et démons se livrent une guerre sanglante.

L’intrigue est elle aussi très bien construite et l’on découvre très progressivement les personnages et les enjeux : Karou, dont le nom signifie « espoir », a une vie secrète dans la maison de créatures étranges, des « chimères », mi-animales mi-humaines, qui l’ont élevée ; elle est quant à elle d’apparence totalement humaine, en dehors de ses cheveux bleus, et ignore ses origines. Elle ne les découvre qu’à la fin d’un long parcours où elle résout le mystère des activités de Sulfure, son tuteur aux cornes de bélier, marchand de vœux. Sa curiosité provoque la catastrophe qui  le perd, la plonge dans la solitude et la culpabilité et menace de tout détruire.

Le roman recycle de grands mythes, mythes bibliques comme le combat des anges et des démons (ici, les chimères), ou les portes marquées par un signe qui donne vie ou mort, le mythe faustien de la connaissance et du pouvoir sur la vie et la mort. Il s’achève avec l’histoire de l’origine de l’héroïne dans une belle histoire fantastique d’amour et de mort, de trahisons et de résurrections pour s’ouvrir sur une suite qui se déroulera dans l’autre monde.

Le roman a été sélectionné dans la liste des meilleurs livres pour la jeunesse à sa parution par le New York Times, Publishers Weekly et Kirkus Reviews.

A comme association, t. 8 : le regard brûlant des étoiles

A comme association,  t. 8
Le regard brûlant des étoiles
Erick L’Homme
Gallimard Jeunesse, Rageot Editeur, 2012

Magies  à gogo

Par  Maryse Vuillermet

acomme assoc tome 8 image Voilà le tome 8 de la série A comme Association. Cette série était écrite à deux mains par Pierre Bottero et Erick L’Homme mais la disparition de Pierre Bottero a obligé Erick L’Homme à terminer  et à terminer seul.

Ils s’étaient répartis le travail, Erick L’homme écrivait du point de vue du héros Jasper  les tomes 1 3 5 6 7 8 et Bottero,  du point de vue d’Ombe,  les tomes 2 et 4.   Jasper, est Agent stagiaire à l’Association, recruté pour son talent pour la magie. Âgé de 15 ans, il aime le caramel au beurre salé, les Doors, le philosophe Gaston de Saint Langers et a un humour très particulier. Toujours vêtu de noir, il est grand, maigre, très pâle  cheveux et yeux noirs. Il porte toujours sur lui un collier protecteur (fait de pierres précieuses enfilées sur un cordon piqué à sa mère) et sa besace, dans laquelle il trimballe tout son attirail de magie (pierres, plantes, grimoires et braseros…). Avec ses deux amis Jean-Lu, une force de la nature, et Romu, tout en calme et en longueur, il a monté un groupe de rock celtique   où il  joue de la cornemuse.

Jasper habite dans un duplex d’un immeuble haussmannien, rue Mauméjean. Il a été repéré par l’Association lors d’un jeu de rôles, et a été invité à rencontrer Walter, le directeur de la branche française de l’Association, au café Mourlevat. Les premières missions de Jasper ont démontré qu’il était capable d’une grande intelligence et d’un sang-froid hors du commun, mais aussi qu’il avait l’art de se faire des ennemis très puissants tel que Séverin, un maître vampire qu’il a gravement brûlé ou Siyah, un mage noir dont il a crevé l’œil… Au fur et à mesure que ses aventures continuent, dans les tomes suivants,  il se retrouvera dans des complots de plus en plus compliqués et dangereux

Au début du tome 8, il doit venger la mort partielle d’Ombe,  celle totale du Sphinx qu’on enterre, il est mal à l’aise avec Nina à qui il ment sur ses véritables sentiments, et il doit continuer à poursuivre sa quête d’identité.  L’histoire est impossible à résumer,  c’est une série  de combats entre trolls, et milice, une  fuite chez les trolls, puis dans les abattoirs où se tiennent  les vampires, un combat entre démons et mages et des révélations progressives distillées  sur la puissance et la technique d’un maitre démon  et sur les origines de Jasper, démon de la famille royale. Les personnages sont des garous, des lycaons, des vampires et toutes sortes de démons, de mages, d’esprits. La magie est omniprésente, les magies, devrais-je dire,  magie démonique,  magie démoniaque, magie noire….

Le héros Jasper est très attachant, car il porte en lui l’esprit de sa demi-sœur Ombe morte dans son corps. Elle commente assez drôlement ses actions, Jasper prend soin d’elle, regrette sa mort corporelle, parfois tente de lui cacher des détails, ou des dangers, de toute façon, il  ne manque pas d’humour, et sait aussi se moquer de lui-même.

La fin est très belle et poétique, Jasper « se meut avec agilité » comme dirait le poète Baudelaire, dans les deux mondes, celui des humains où il est un ado « presque normal », avec ses copains,  son groupe de musique et celui des démons où il retrouve Ombe et son père.

Une lecture agréable  pour des 8  12 ans !

voir nos chroniques pour les autres volumes:  7, 4 et 5

Eona et le collier des dieux

Eona et le collier des dieux
Alison Goodman
Traduit (anglais) par Philippe Giraudon
Gallimard Jeunesse, 2012

Le crépuscule des dragons (2)

Par Anne-Marie Mercier

Pour ceux qui n’auraient pas lu le premier tome, voir plus bas la recension parue sur notre site précédent.

Après avoir refusé sa féminité pour survivre tout en assumant une fonction interdite aux femmes, Eon est devenu Eona.

Eona a ainsi pu accéder à son dragon, le Dragon miroir, seul dragon femelle au milieu d’un cercle de onze mâles. Mais hélas les autres seigneurs des dragons qui auraient pu l’aider à rétablir l’équilibre du monde ont disparu, massacrés par le maître du dragon Rat, le sinistre sire Ido. Dans le volume précédent, il avait également provoqué la mort de l’empereur. Il cherche à obtenir le pouvoir suprême et l’immortalité en manipulant Eona et en obtenant deux objets, les deux livres de perles, capables de soumettre les dragons.

Ce volume a les qualités du précédent; il est moins original car il n’a plus cette dimension de construction d’un monde imaginaire nourri de Chine impériale et de quête d’identité du personnage. C’est davantage un roman d’aventures, proposant de nombreuses scènes d’action, de fuite, de combats et de retrouvailles. C’est aussi un roman d’initiation amoureuse. Eona hésite entre deux hommes et entre deux formes d’amour : Ido, qu’elle croit changé, représente l’homme adulte et la sexualité ardente et libre dans laquelle elle se découvre et risque de se perdre ; le fils de l’empereur représente le jeune homme dont elle est d’abord l’amie et la confidente, puis la « fiancée »; il incarne la construction d’un avenir, le sens de la responsabilité et la nécessité du sacrifice. On voit que la morale finit par être sauve, mais elle aura été entretemps bien mise en question.

Enfin, si les personnages principaux ne sont pas sans quelques caractères stéréotypés, les personnages secondaires sont extraordinaires : dame Dela le «contraire » (homme se faisant passer pour une femme), l’eunuque, le général, la servante, l’enfant contrefait… Tous donnent à l’histoire une belle humanité.

 

Eon et le douzième Dragon
Alison Goodman
Gallimard jeunesse (pôle fiction) 2011

Dragons, masques et complots

par Anne-Marie Mercier

Amateurs de dragons et de Chine impériale et d’orphelins triomphants, ce livre est pour vous. Ce beau roman d’aventures et d’intrigues de palais est aussi un récit initiatique original et très calculé, alternant progressions lentes et chutes brutales, descriptions et scènes d’action.  L’ensemble du roman, très précis dans ses descriptions et dans ses localisations (tout se passe à peu près dans l’équivalent d’une « cité interdite ») et par l’évocation constante de couleurs, de matières, d’odeurs et de goûts tend à créer pour son lecteur une expérience d’immersion totale dans son univers.

C’est aussi un récit très noir où la cruauté et la violence dominent. En quelque sorte, du Pearl Buck (Impératrice de Chine) mixé avec du Franck Herbert (Dune), à moins que ce ne soit avec du Ann Mac Caffrey (cycle des dragons de Pern). La dissimulation et la trahison règnent, même dans le comportement du héros-ou plutôt de l’héroïne.

Eon, esclave orphelin, est à douze ans candidat au statut d’apprenti d’un maître « oeil du Dragon ». Il est en réalité Eona, obligée par son maître à cacher son identité pour entrer dans un domaine de pouvoir strictement interdit aux femmes (d’où son nom : ce thème de la fille déguisée est inspiré de l’histoire – fausse – du chevalier d’Eon). De nombreux personnages à l’identité sexuelle floue complètent le tableau. Enfin, la question du masculin et du féminin, du solaire et du lunaire,  et de leur équilibre nécessaire est au coeur du roman et de sa progression. Tout dépend de l’acceptation par Eona de sa féminité alors que ceci ne peut que provoquer sa mort et celle de ses proches.

Les visions d’Eon, des rencontres avec le monde des dragons qui se greffent sur des explorations de sa propre intériorité, ont beaucoup d’allure ; la dimension mythique de ce récit lui donne une coloration particulière. Le cataclysme qui se déchaîne à la fin du roman a un air de crépuscule des dieux spectaculaire.

Ce volume avait paru en 2009 en grand format, la version poche sort en même temps que le deuxième volume en grand format. (2011)

 

Le Voleur de Magie, vol. 1 et 2

Le voleur de magie. 1 et 2
Sarah Prineas
Traduit (anglais) par Jean Esch
Gallimard Jeunesse, 2010

 

Dickens façon Harry Potter

Par Anne-Marie Mercier

Anne-Marie Mercier,Sarah Prineas,magie,voleur, apprentissage Gallimard JeunesseAnne-Marie Mercier,Sarah Prineas,magie,voleur, apprentissage Gallimard JeunessePremiers romans de Sarah Prineas, qui vit dans l’Iowa et pense qu’elle a écrit pour des adolescents et jeunes adultes, cette nouvelle série est si prudente qu’elle peut être donnée à lire à de plus jeunes encore. La maison Gallimard ne s’y est pas trompée et a choisi d’illustrer abondamment le texte (dessins de Antonio Javier Caparo).

Encore un apprenti magicien, certes, mais ce roman a plusieurs originalités qu’il faut signaler. Il réussi à faire entendre la voix d’un jeune narrateur à laquelle on croit, sans tomber le langage « jeune » ni dans l’affectation. Le texte est relativement bien écrit, souvent métaphorique, sans chercher l’originalité et adopte les obsessions du jeune narrateur : manger d’abord (et toujours !), puis se tirer des pétrins dans lesquels il se met. Il y a des personnages attachants : un vieux magicien bougon qui évoque un peu le Vitalis de Sans famille de Malot, brutal d’abord, tendre ensuite, un colosse au grand cœur qui tricote, une jeune princesse épéiste…

Le titre est ambigu : plus qu’un « voleur de magie », le héros est un voleur, tout simplement, un peu dans la lignée de héros de romans du 19e siècle (Dickens); d’ailleurs, les illustrations de cette histoire l’inscrivent dans cette époque en y ajoutant un peu de fantaisie et de technologie magique. Mais il l’est sans remords, car il doit sa survie à son habileté. C’est aussi grâce à elle qu’il va pouvoir se rendre utile. Le véritable « voleur de magie » reste mystérieux jusqu’au tome 2 : on ne sait pour qui travaillent ceux qui pompent l’énergie magique de la ville, on l’apprend au tome 2 lorsque le héros est banni et sans pouvoirs, mais le problème est loin d’être réglé, le sera-t-il au tome 3 ?

Le volume 1 vient de paraître en poche.

Le voleur de magie : et de trois!

Le voleur de magie, tome 3
Sarah Prineas

Gallimard jeunesse (grand format), 2001

et de trois!

par Anne Marie Mercier

le-voleur-de-magie-tome-3-de-sarah-prineas-893168576_ML.jpgCe troisième volume ressemble fort au précédent : beaucoup de scènes de poursuite, d’enfermement, d’évasion et peu d’inventions nouvelles, si ce n’est dans le dernier tiers du roman, assez réussi.

La quête par le jeune héros de sa « locus magicalicus » est spectaculaire (si l’on peut dire cela à propos d’un roman) et n’est cependant pas dénuée d’humour, le pouvoir change de mains, on assiste à des scènes de reconnaissance familiale… enfin, les ingrédients classiques de la littérature populaire et de jeunesse, ancienne ou moderne, sont assez bien mélangés et font de cette série en 3 volumes un ensemble agréable et d’une lecture facile, mais non indispensable.

Le voleur de magie2.gif   Le deuxième tome vient de paraître en poche.

Le Livre des étoiles (l’intégrale)

Le Livre des étoiles (l’intégrale)
Érik L’Homme

Gallimard jeunesse, 2011

Le plein de magie

par Anne-Marie Mercier

Érik l'homme  gallimard jeunesse,magie,anne-marie mercierPour ceux qui ne connaissent pas encore les aventures de Guillemot entre le pays d’Ys et le monde incertain, voici l’occasion de combler une lacune et peut-être une attente. On pourrait en dire de même pour ceux qui cherchent en vain un équivalent français de Harry Potter : cette trilogie contient cetains  des éléments qui en ont fait le succès, sans être comme beaucoup d’autres une pâle imitation.
Pour ce qui est des ressemblances : un héros apprenti sorcier de père inconnu, des mondes parallèles, un groupe d’amis – garçons et filles – qui l’épaulent, la lutte contre le mal absolu, une petite dose d’humour, un soupçon de mythologies.
Pour ce qui est des différences : une quête des origines qui aboutit en partie, des relations entre les jeunes héros qui évoluent de façon radicale, une construction de mondes imaginaires teintée de réflexion anthropologique et surtout une superbe invention, celle des « graphèmes ».
Cette édition des trois tomes (1. Qadehar le Sorcier, 2. Le Seigneur Sha, 3. Le Visage de l’Ombre) en un seul volume propose précisément un carnet de Guillemot sous forme de « bonus » pour prolonger le jeu de la lecture en jeu des graphèmes.

Série « Princesse Léa »

Princesse Léa et le cartable magique
Princesse Léa et le fantôme d’Alphonse III
Caroline Hesnard, Gilles Corre
Balivernes éditions, 2010

 Quand le quotidien vire au burlesque royal

par Sophie Genin

9782350670492.gif9782350670485.gifL’idée de départ ne manque pas d’originalité et la jeune lectrice (car tel est le « coeur de cible » visé par cette série) pourra immédiatement s’identifier à Léa qui, après avoir pris son petit-déjeuner dans un bol décoré d’une couronne dorée, rejoindra le chauffeur de la belle voiture « qui fait au moins vingt mètres de long » pour se rendre à l’école ! Mais l’écriture, un peu trop systématique concernant l’image idéale du quotidien de cette jeune « prinssounette », comme la nomme son roi de papa, tombe un peu à plat.

On a en effet du mal à croire à l’épisode du « cartable magique » présentant une princesse dans une classe lambda avec son majordome qui reste au portail ou à son cartable qui fait surgir des réponses mais aussi un gnome poilu. Pour couronner le tout, Léa se rend tout de même en classe avec son chat ! Même la recherche de connivence avec la lectrice, grâce au point de vue interne de la princesse (« je vous l’ai déjà dit, ça, non ? ») laisse pantois. Quant à la fin, moraliste (Léa, après avoir triché, utilise son cartable à bon escient pour sauver un chat coincé dans un arbre de la cour), elle est suivie d’un grand goûter au château avec tous les enfants de la classe, ce qui donne une coloration américaine à cette série : happy end obligatoire!