Des ados parfaits
Yves Grevet
Syros, 2014
Mini « Meilleur des mondes »
Par Christine Moulin
 La science-fiction pour les plus jeunes n’est pas très abondante. On ne peut donc que se réjouir de la publication de ce livre qui peut être lu dès 10 ans, me semble-t-il. Le narrateur, Antoine, est un élève parfait, parfait au point que dès les premières lignes, son ton compassé met en alerte un lecteur habitué aux débordements de l’adolescence: « J’apprécie d’être à ses côtés [aux côtés de Célia, une camarade] parce qu’elle ne parle que pour dire l’essentiel et que je tiens à rester concentré pendant les cours ». Suspect…! Dès les premières pages, un mystère s’installe: certains élèves de la classe (dont Antoine et Célia) reçoivent une mystérieuse enveloppe, destinée à leur famille. Quand Antoine donne la sienne à ses parents, ils paraissent inquiets… On apprend également que sur le Tableau Blanc Interactif (science-fiction oblige!) est apparu, quelques jours plus tôt, une menaçante inscription : « Dehors les sept usurpateurs ».
La science-fiction pour les plus jeunes n’est pas très abondante. On ne peut donc que se réjouir de la publication de ce livre qui peut être lu dès 10 ans, me semble-t-il. Le narrateur, Antoine, est un élève parfait, parfait au point que dès les premières lignes, son ton compassé met en alerte un lecteur habitué aux débordements de l’adolescence: « J’apprécie d’être à ses côtés [aux côtés de Célia, une camarade] parce qu’elle ne parle que pour dire l’essentiel et que je tiens à rester concentré pendant les cours ». Suspect…! Dès les premières pages, un mystère s’installe: certains élèves de la classe (dont Antoine et Célia) reçoivent une mystérieuse enveloppe, destinée à leur famille. Quand Antoine donne la sienne à ses parents, ils paraissent inquiets… On apprend également que sur le Tableau Blanc Interactif (science-fiction oblige!) est apparu, quelques jours plus tôt, une menaçante inscription : « Dehors les sept usurpateurs ».
Au début, Antoine ignore tous ces signes car il a une « totale confiance » dans les adultes. Mais peu à peu, en même temps que Célia, il est de plus en plus intrigué, d’autant que celle qui va devenir son amie, elle, a lu le papier: « Elle a le droit de savoir »…
C’est ainsi que débute une intrigue haletante sur fond de meurtres et de secrets, parsemée d’indices qu’il s’agit de relier entre eux pour découvrir, presque en même temps que les héros, l’effrayante solution que l’on a trouvée, dans ce monde à peine futuriste, pour régler les problèmes d’éducation.
Le thème en est passionnant et devrait parler aux enfants et aux adolescents à qui on serine toujours qu’ils ne sont pas parfaits et qui ont l’impression de ne pas répondre aux attentes démesurées, voire déraisonnables, de leurs parents. Antoine et Célia vont braver les dangers, abandonner la sécurité anesthésiante d’un foyer faussement protecteur, pour affirmer leur identité et pour affronter la vérité, même douloureuse. C’est le prix qu’ils doivent payer pour être libres.
PS : Une première version est parue dans le magazine Je bouquine, janvier 2012
 
			


 La trilogie de science fiction d’Yves Grevet se clôt avec le troisième tome de Méto. Rarement une œuvre de science fiction française aura créé avec autant de cohérence un univers aussi original que sobre et rarement (jamais ?) une œuvre pour la jeunesse aussi classique de ce genre aura été d’une telle qualité, sans concessions quant à la violence et à la noirceur.
La trilogie de science fiction d’Yves Grevet se clôt avec le troisième tome de Méto. Rarement une œuvre de science fiction française aura créé avec autant de cohérence un univers aussi original que sobre et rarement (jamais ?) une œuvre pour la jeunesse aussi classique de ce genre aura été d’une telle qualité, sans concessions quant à la violence et à la noirceur.  Ro
Ro Evadé de la maison, Méto découvre que le paradis de la liberté est encore loin, plus loin même que dans le volume précédent. Ce deuxième univers est lui aussi fait de couloirs, de recoins, de complots, encore plus sombres que les précédents (au propre comme au figuré). Le héros passe par de multiples souffrances aussi bien physiques que morales. L’un des mérites de l’ouvrage, à ajouter à son originalité et à son mystère, réside dans la manière de les décrire : guérir est lent, difficile, demande beaucoup de patience, et parfois n’advient pas. Autre mérite : le bien et le mal sont liés et on ne sait plus bien ce qui est le pire, le pouvoir de la maison ou celui qui règne sur l’île. La trahison et la déception alternent avec les moments d’éclaircie, jusqu’au moment où l’on retourne à la case départ… la maison.
Evadé de la maison, Méto découvre que le paradis de la liberté est encore loin, plus loin même que dans le volume précédent. Ce deuxième univers est lui aussi fait de couloirs, de recoins, de complots, encore plus sombres que les précédents (au propre comme au figuré). Le héros passe par de multiples souffrances aussi bien physiques que morales. L’un des mérites de l’ouvrage, à ajouter à son originalité et à son mystère, réside dans la manière de les décrire : guérir est lent, difficile, demande beaucoup de patience, et parfois n’advient pas. Autre mérite : le bien et le mal sont liés et on ne sait plus bien ce qui est le pire, le pouvoir de la maison ou celui qui règne sur l’île. La trahison et la déception alternent avec les moments d’éclaircie, jusqu’au moment où l’on retourne à la case départ… la maison. De retour dans la maison, Méto apprend encore beaucoup de choses. Son sens logique et ses talents de manipulateur font merveille et donnent lieu à d’excellentes pages. Ils lui permettent de lever tous les mystères : d’où il vient, qui il est, qui a créé la Maison, pourquoi il s’y trouve et ce que le monde a à leur offrir. Tout cela rassemble de nombreux thèmes de la science fiction et les entremêle de façon très cohérente (catastrophe, savants amoraux, manipulations de la mémoire, nouvel ordre social, éducation, jeux…) pour créer un monde parfaitement dystopique.
De retour dans la maison, Méto apprend encore beaucoup de choses. Son sens logique et ses talents de manipulateur font merveille et donnent lieu à d’excellentes pages. Ils lui permettent de lever tous les mystères : d’où il vient, qui il est, qui a créé la Maison, pourquoi il s’y trouve et ce que le monde a à leur offrir. Tout cela rassemble de nombreux thèmes de la science fiction et les entremêle de façon très cohérente (catastrophe, savants amoraux, manipulations de la mémoire, nouvel ordre social, éducation, jeux…) pour créer un monde parfaitement dystopique.  La qualité du roman précédent de Yves Grevet, Méto, trilogie de science fiction, créait une attente et c’est sans doute l’une des raisons d’un léger sentiment de déception à la lecture de ce nouveau texte. Il y a une certaine originalité, ce n’est pas mal écrit, mais l’ensemble est moins inventif, moins orienté vers la réflexion critique, et, bizarrement, moins crédible… En effet, Yves Grevet quitte ici le genre de la SF pour le policier, un genre qui demande davantage d’ancrage dans le probable.
   La qualité du roman précédent de Yves Grevet, Méto, trilogie de science fiction, créait une attente et c’est sans doute l’une des raisons d’un léger sentiment de déception à la lecture de ce nouveau texte. Il y a une certaine originalité, ce n’est pas mal écrit, mais l’ensemble est moins inventif, moins orienté vers la réflexion critique, et, bizarrement, moins crédible… En effet, Yves Grevet quitte ici le genre de la SF pour le policier, un genre qui demande davantage d’ancrage dans le probable.