Western girl

Western girl
Anne Percin
Rouergue doado, 2013

Okay corral  chez les cavaliers

Par  Maryse Vuillermet

westren girl imageElise Bonnel, 16 ans, nous livre son JDB, c’est-à-dire, son journal de bord. En effet, elle est en train de vivre son rêve, trois semaines dans le Dakota du Sud, pour s’entraîner sur des chevaux de race américaine. En effet, Elise est  folle d’équitation western, une équitation  libre et   naturelle avec des chevaux plus sauvages, elle est folle aussi de tout l’univers western, musique country, films, tenue….

Mais dès le départ, elle se rend compte que les autres jeunes du groupe sont des fils et filles à papa, riches,  parisiens, propriétaires de chevaux et bourrés de préjugés. Alors qu’elle est bretonne, campagnarde et a payé ses leçons en ramassant des haricots et son stage avec la prime de licenciement de sa mère. Elle a de plus un caractère  de feu !

Bientôt,  le séjour  se transforme en champ de bataille entre elle et les autres,  elle se sent seule, persécutée,  humiliée et éprouve de drôles de sensations en présence de Louis, le plus « bourge et le plus coincé »  du groupe.

L’analyse des sentiments de l’adolescente est assez fine et le récit enlevé. Les personnages américains,  Trish, la woman ranger, son père,  le vieux  Monsieur  Cooper, grand buveur  de Budweiser, Dereck, le jeune noir du ghetto de Philadelphie, l’atmosphère western et le monde de l’équitation constituent  un arrière-plan riche et plein d’enseignements.

Le jour où je me suis déguisée en fille

Le jour où je me suis déguisée en fille
David Walliams, Quentin Blake (ill)
Traduction  Catherine Gibert
Gallimard jeunesse,  2008 pour la traduction,
2012 pour cette édition

Magnifique leçon de vie et de tolérance

Par Maryse Vuillermet

le jour où je me suis déguisée  en fille imageDavid habite une maison ordinaire mais bien triste.  Sa mère est morte,  son père noie son chagrin dans le travail et l’alcool, son frère se moque constamment de lui. Mais il  joue très bien au foot, c’est un buteur  génial et il fait la connaissance d’une fille  de sa classe,  Lisa, passionnée de mode. Il lui révèle son secret, lui aussi aime les robes et la mode. Alors, elle lui propose d’aller au bout de ses envies et de se déguiser en fille pour venir au collège.  ce n’est pas du tout une  bonne idée !

C’est une très jolie histoire qui apprend à  être soi-même et à faire confiance aux autres, ils ne sont jamais exactement aussi plein de préjugés qu’on ne le croit ! Les dessins de  Quentin Blake sont drôles et émouvants, l’histoire aussi est cocasse et pleine de rebondissements. A recommander !

Gueule de loup

Gueule de loup
Sarah Cohen Scalli
Archipel 2010, Poche, 2012

 

Effrayant !  

Par Maryse Vuillermet

 

gueule de loup imageGueule de loup, c’est le nom d’une fleur retrouvée sur chaque cadavre d’enfant enlevé et tué par un serial killer. Cette fois, c’est le fils de Jean qui est enlevé, mais Jean n’est pas un père comme les autres ; il est policier,  spécialiste des  stupéfiants et il est divorcé, séparé de son fils qu’il adore et à qui il raconte constamment ses affaires de flic. Jean décide  alors de mener l’enquête, même s’il n’en est pas chargé. Par erreur, il avale des pilules bleues,  réquisitionnées auprès d’un jeune junkie qu’il a protégé, il tombe  alors dans une sorte de coma,  et il s’aperçoit que sous l’emprise de cette drogue, pendant ce sommeil forcé, il est en contact avec son fils, dans une sorte de lien télépathique.

S’en suit une enquête assez troublante en compagnie de l’étudiant ex-junkie qui a expérimenté  le premier ses pilules, en fait une drogue de substitution expérimentale.   Les deux hommes vont mener une  double enquête  totalement hallucinée, dans le monde des fabricants clandestins de drogue et pour retrouver le fils de Jean.  Pressé par le temps et désireux de retrouver ses visions, Jean prend de plus en plus de pilules bleues au risque d’en mourir,  et entre deux prises, il est dans un état de manque insupportable.  On ne sait jamais s’il est fou ou si  cette drogue a  vraiment ce pouvoir d’activation des neurones. Le personnage de Djamel, le jeune junkie, est intéressant parce lui,  sous l’emprise de la drogue,  est devenu  un écrivain de polars, dans un   jeu de miroir assez bien mené.  L’histoire est pleine d’invraisemblances mais on se laisse prendre à ces deux personnages attachants, à la  cruauté de l’affaire,  et on va jusqu’au bout, emporté par un suspens bien maîtrisé.

Dom do dom!

Dom do dom !
Ervin Lazar
Traduction Joëlle Dufeuilly
La joie de lire, 2012

Ébouriffant !

Par  Maryse Vuillermet

dom_do_dom imageDes personnages vraiment bizarres, un cheval bleu,  un sapin mobile,  une petite fée verte, Dom do dom, c’est le nom d’un personnage qui ne sait dire que ça, mais ça semble signifier à chaque fois quelque chose d’adéquat à la situation, bref, vous l’aurez compris, on est dans un univers fantaisiste,  drôle,  décalé, complètement échevelé.

Le rythme est rapide, les personnages et les aventures se multiplient mais tout se passe dans la gentillesse et le renouvellement permanent. Quelle imagination ! On découvre  donc avec plaisir,  grâce à La joie de lire un auteur très prolixe et très connu dans son pays, la Hongrie.

Les effacés

Les effacés Toxicité maximale Tome 1
Bertrand   Puard
Hachette 2012

Aventures et  mystère dans le monde pharmaceutique

Par Maryse Vuillermet

les effacésCinq adolescents, Ilsa, Mathilde, Emile, Zacharie, Neil, dont les parents  ont été assassinés parce  qu’ ils en savaient trop, sont recueillis par Nicolas Mandragore,  ex-directeur de l’institut médico-légal de  Paris, et mystérieux  propriétaire de la villa Amadieu. Mais ils n’ont officiellement plus aucune existence propre, ils sont rayés des états-civils,  officiellement morts (pour les protéger), ils sont les effacés.  Leur mission est de lutter contre cette société gangrenée où les laboratoires pharmaceutiques couverts par des ministres corrompus veulent répandre une épidémie, puis vendre le vaccin et ainsi s’enrichir sans se soucier des centaines de morts.

Tous les coups sont  donc permis,  l’urgence est absolue, puisque le virus est prêt à être disséminé et les jeunes effacés sont entraînés à se battre, à piloter des avions, à tirer… L’histoire fait beaucoup penser à la série Cherub, mais elle se déroule entre Lyon et Paris, et à notre époque. Les jeunes ont comme dans Cherub  toutes sortes de talents, et ils deviennent peu à peu attachants. Les courses poursuites et les coups de théâtre s’enchaînent à un rythme haletant.

 Mais, à la fin du roman, l’habileté du romancier  a laissé le mystère entier, il ne reste plus qu’à se jeter sur le tome 2. 

le prisonnier

Le prisonnier
Robert Muchamore
Casterman, 2012

Aventures et espionnage  au cœur de la seconde guerre mondiale

Par Maryse Vuillermet

 

henderson-s-boys,tome-5---le-prisonnier-imageVoilà un roman d’aventures dans la tradition des héros de notre jeunesse. Pendant la seconde guerre mondiale en 42,   le héros Marc Kilgour, quatorze ans,  est prisonnier  dans un camp en Allemagne.   Maltraité par les gardes, il réussit à s’enfuir et tente de rejoindre le groupe de ses camarades du Cherub. ( Cherubin est un département ultra secret des services d’espionnage britanniques formé de jeunes de 10 à 17 ans.  Comme ces espions sont des enfants, ils sont insoupçonnables. )  Il côtoie les horreurs de  l’occupation allemande en France, participe aux  parachutages anglais, à la Résistance,  y compris celle des religieuse normandes de l’orphelinat. La guerre et ses dangers  forment un merveilleux  et tragique terrain d’aventures. Le héros Marc, rompu  à toutes les techniques d’espionnage,  est un des meilleurs agents du grand espion Charles Henderson, il est  orphelin,  habile, audacieux, il a tellement d’ennemis qui le traquent que le lecteur est constamment inquiet pour lui et s’attache fortement à ce jeune courageux.

 

Une très agréable lecture !

La série Cherub est une très bonne idée, et connait un immense succès. Elle met en scène d’autres jeunes espions, James Adam  qui commence ses missions à 12 ans et qu’on retrouve dans d’autres affaires et contextes à treize ans,  puis quatorze ans,  puis avec sa sœur Lauren.  Pour que les jeunes soient dans l’ambiance,  une communauté Cherub a été constituée, elle propose des concours des missions, on s’y croirait :    www.cherubcampus.fr .

 

A noter la sortie en poche  en octobre 2012 du tome 1 de Hendersons’boys, L’évasion

Un fantôme pas comme les autres

Un fantôme pas comme les autres
Métantropo
Océans Editions ados 2012

Quand les routes de l’Histoire se croisent   

Par Maryse Vuillermet

 


un fantômle pas comme les autres imageBlandine de Latour va mourir. Elle commence un récit qu’elle a tu jusque là, celui du fameux 10 juin 44 à Oradour-sur-Glane. C’est l’histoire bien connue de l’attaque sauvage du village par les Nazis.  Ces derniers regroupent tous les habitants dans l’église et y mettent le feu. Blandine, habitante de ce village, alors fillette de douze ans, ayant assisté à l’assassinat de son père par le cruel commandant Nazi, se cache dans les souterrains du château pour tenter de lui échapper.

Commence alors un deuxième récit ; le journal de Simon, garçon de douze ans qui vit une étrange aventure ; en plein cours d’Histoire, il s’endort et se rêve  à Oradour, ce jour-là,  dans le souterrain, en train d’essayer de sauver Blandine.

Le récit  se poursuit alors sur deux  époques et sur deux plans.  Les allers et retours  dans le temps sont pleins de surprise, l’histoire se termine joliment.

Un roman agréable, une manière originale et  fantaisiste de retracer cet épisode horrible de la seconde guerre mondiale

Desolation road

Desolation road
Jérôme Noirez
Gulf stream Editeur, Courants noirs, 2011

Les routes ont toujours une fin  

Par Maryse Vuillermet

Desolation-Road imageBeau titre qui sonne comme un blues, couverture réussie,  et histoire prenante. Une jeune fille June attend son exécution dans le couloir de la mort. Un journaliste en mal de scoop, Gayle Hudson,   vient l’interroger  et lui faire raconter son histoire. C’est donc un dialogue, une histoire à deux voix, celle du journaliste assez distante et celle de June, très émouvante, assez oralisée. Elle raconte son amour absolu pour  David et comment elle a tué plusieurs fois pour rester avec lui, ne pas le perdre. C’est l’histoire d’une route semée de cadavres, de hold up de deux jeunes amateurs. David a d’abord tué son  père violent et alcoolique; elle a fui sa tante  et  a tué  un pompiste pour  protéger son ami.  Et ensuite, c’est l’escalade, ils enlèvent une petite fille pour un gros magnat de la prohibition mais sont piégés dans un village minier abandonné, en plein désert. Les gangsters  se croyant trahis, viennent les y retrouver et c’est un bain de sang.

 L’histoire est tragique car l’engrenage est très puissant, ils tuent à chaque fois par erreur, impréparation, pour se sortir de pièges et croient toujours qu’ils vont pouvoir fuir et vivre ensemble au bord de la mer.  Leur amour est leur seule certitude et leur seule valeur.

Ils circulent dans l’Amérique de la grande crise en Ford  T, ils côtoient les hobbos, les prédicateurs véreux, les familles qui ont perdu leur maison,  les chômeurs, les noirs et des gangsters de la prohibition.

On pense à En un combat  douteux de Steinbeck  et le motif de la condamnation à mort est traité de façon originale car June souhaite mourir pour rejoindre David, déjà exécuté.

Plus haut que les oiseaux

Plus haut que les oiseaux
Eric Pessan
Ecole des loisirs, Medium, 2012

Vertiges ?  Non !  Trop gentil !

Par Maryse Vuillermet

plus haut que les oiseaux imageUn premier roman jeunesse d’un écrivain qui écrit habituellement pour les adultes. C’est l’histoire d’un adolescent de cité qui  a pour habitude de grimper sur le toit de l’immeuble avec ses amis. Mais   il se tord de culpabilité parce qu’il a commis un acte très grave, le suspens dure assez longtemps,  le lecteur pense que c’est un crime ou que son ami qui aime s’approcher trop près du bord est tombé, enfin,  on apprend qu’ils ont jeté des bouteilles de bière vides et que l’une d’elle a blessé gravement le jardinier, il est dans le coma. Le héros s’exprimant à la première personne du singulier, nous fait part de son immense sentiment de culpabilité d’autant plus qu’il étudie avec un professeur merveilleux le roman de Dostoïevski,  Crime et châtiment qui traite justement de la culpabilité.

On n’accroche pas vraiment à cette histoire, le crime n’est pas si horrible ! Le héros est un jeune parfait, il ne boit pas, lit ses livres d’école,  a des parents très gentils… un professeur de français qui donne des vrais cours de littérature ! Un modèle !

A la fin,  n’y tenant plus, il s’apprête à se dénoncer mais,  au dernier moment,  le jardinier sort du coma et ô miracle,  tout est résolu, l’enquête policière s’arrête, et il n’est pas obligé de se dénoncer ! Pas très moral !

De plus,  il se met  soudain à militer activement avec son père,  comme pour se racheter mais sans que le texte ne nous y ait préparé ou n’ait expliqué pourquoi.

Douce nuit minus

Douce nuit minus
Sylvie Deshors
Rouergue, Doadonoir 2012

Le père Noël est passé quand même!

Par Maryse Vuillermet

douce nuit minus imageUn peu en retard pour cette chronique que j’aurais dû rédiger pour le 24, mais,  comme dans le livre, le père Noël passe en retard sur ce site. En effet, je vais en dire du bien,  comme je l’ai déjà fait pour Fuite en mineur et L’inconnue des Andes du même auteur.  L’histoire nous rappelle que le soir de Noël,  dans beaucoup de familles et comme pour La petite marchande d’allumettes, il n’y a pas de cadeau, la crise, le chômage longue durée sont passés par là et  pourtant,  les centres commerciaux brillent de tous leurs feux.  La mère d’Aurélien, désemparée,  a donc volé pour lui une vidéo et s’est fait prendre par le vigile. Aurélien a réussi à s’échapper, il erre dans la nuit du 24 et échoue sous un  rocher,  sur la plage ; il y rencontre un drôle de SDF,  Nasta, paumé, psychotique qui lui propose d’aller percer de sa lance tous les pères noëls accrochés aux balcons des riches.  L’histoire commence donc  dans un mélange doux amer de révolte et de drôlerie. Mais le duo rencontre un autre paumé, Norg. L’ambiance change, il les emmène dans son blockhaus, se débarrasse de Nasta et kidnappe Aurélien.

S’en suit un thriller assez haletant, dans une bergerie perdue (encore une référence à Noël ?). Mais pas d’enfant Jésus dans l’étable, seulement un couple de très violents voyous alcooliques et sans scrupules qui séquestrent  déjà un vieillard  pour profiter de ses économies. Tout au long de son aventure, Aurélien se sert de ses références  livresques venues du monde des Manga, elles l’aident à ne pas perdre confiance.

Mais l’histoire se terminera par une série de cadeaux avec seulement quelques jours de retard ! Une bonne histoire qui se lit très vite, et un personnage attachant, malgré  son extrême pauvreté, il aime la vie, sa mère, ses mangas, sa ville…