Le jour du slip, Je porte la culotte

Je porte la culotte / Le jour du slip
Thomas Gornet / Anne Percin
Le Rouergue, Boomerang, 2013

A pile ou face…

Par Caroline Scandale

La collection Boomerang porte bien son nom.  A l’image de l’arme aborigène, le livre doit être retourné pour être lu en entier et chacun des romans qui la composent peut se parcourir dans les deux sens, de façon indépendante et complémentaire. Les deux histoires se rejoignent au centre du livre et reposent sur deux points de vue qui s’inversent lorsque l’on retourne l’objet livre. Ainsi le jeune lecteur est acteur du renversement magique de la réalité…

Dans Le jour du slip/Je porte la culotte, Anne Percin et Thomas Gornet croisent leur plume pour se glisser dans la peau d’un personnage du sexe opposé. Grâce à eux nous investissons tour à tour le cerveau de Corinne qui se réveille un matin dans le corps de Corentin et celui de Corentin qui se réveille dans le corps de Corinne. Les deux points de vue croisés mettent en exergue le décalage entre l’identité de genre et les attentes ultra stéréotypées de la société (de la maîtresse, de la classe…) en fonction du sexe. 

Cet ouvrage est très intéressant tant sur la forme que sur le fond. Son titre efficace et un brin provocateur fait sens pour les adultes ( l’expression courante « porter la culotte » et la référence inversée à la journée de la jupe…) et surtout, surtout, surtout, donne envie aux filles et aux garçon de lire ce roman…

Comment bien rater ses vacances

Comment bien rater ses vacances
Anne Percin

Rouergue (doAdo noir), 2010

En fait, comment grandir

par Maryse Vuillermet

comment rater ses vacances.jpgAu début de ma lecture, j’ai été un peu agacée par un langage « djeun » un peu lassant et qui m’a semblé outré, par un personnage d’adolescent maussade, solitaire, mal dans sa peau,  comme on en a déjà beaucoup rencontré dans la littérature  pour la jeunesse : il passe sa vie devant son ordinateur, il joue de la guitare, il ne communique que sur face book sous un pseudo. Et puis, tout à coup, alors qu’il est tranquillement en vacances chez sa grand-mère, une série de petites catastrophes l’obligent à sortir de ses habitudes et de sa coquille. Sa grand’mère a une attaque cardiaque et tout s’enchaine et se déchaine contre notre héros. Et là, le charme opère, on est pris dans le récit. Mais Maxime, d’épreuve en épreuve, de rencontre réelle à l’hôpital  et dans l’entourage de sa grand-mère, ou virtuelles sur face book, finit par prendre des initiatives, des décisions, se livrer un peu, s’intéresser un peu aux autres, bref grandir et découvrir qu’il n’est pas plus si seul. C’est je crois ce qu’on appelle un roman d’apprentissage.

 

 

Difficile d’avouer qu’on aime!

Comment (bien)  gérer sa love story
Anne Percin

Rouergue (doAdo ), 2011

 Difficile d’avouer qu’on aime !

par Maryse Vuillermet

  Encore une fois, exactement comme pour Comment bien rater ses vacances, du même auteur en 2010,  au début de ma lecture, j’ai été un peu agacée par un langage « djeun » un peu lassant et qui m’a semblé outré, mais, très vite, j’ai oublié mon agacement pour me laisser entraîner dans les péripéties de ses amitiés avec Kevin, très lourd mais d’un bon sens et d’une loyauté à toute épreuve, de sa rencontre sur Spacebook avec Natacha, des cours particuliers donnés à un aspi (comprendre un enfant souffrant du syndrôme d’Asperger, qui ne supporte aucun contact humain), de ses gouters-crêpes chez la grand-mère, de ses répétitions dans sa cave…

Maxime est encore enfantin, mais  fait l’amour avec Natacha, une étudiante en psychologie plus âgée, c’est un intellectuel, un artiste, il improvise à la guitare et a une immense culture en rock-jazz post-punk, mais il n’est pas sûr de lui, bref un adolescent totalement de son époque,  plein de doutes et de certitudes. Il n’est plus le jeune autiste du précédent roman, mais  pour devenir adulte, il a encore pas mal d’épreuves à traverser, comme la disparition soudaine de Natacha à sa soirée d’anniversaire, son arrestation pour détention de téléphone portable de contrebande…

Le ton est cependant plein d’humour, le franglais, le jargon jeune omniprésents; chaque fois qu’il lui arrive un malheur, son énergie et son humour  le font rebondir: on passe un bon moment de lecture en sa compagnie.