Pauvre Petit Chat

Pauvre Petit Chat
Michel Van Zeveren
Pastel, 2012

Ne pas regarder le doigt… 

par Christine Moulin

47853L’idée de départ est originale : un pauvre petit chat blanc est perdu. La lune s’en rend compte et, affublée d’un grand nez, se met à lui parler. Elle le rassure, le prévient des dangers qui le menacent, le houspille parfois: bref, une vraie mère…!

Sur fond noir, au sombre de la nuit, le récit « en randonnée » (qui ne nous mènera pas bien loin: on ne quitte pas le quartier du petit chat!)  permet ici de s’identifier au héros et d’affronter, pour se rendre compte qu’on peut y échapper, les dangers qui menacent les petits: le bruit qui fait peur, la porte qui claque et qui fait mal, mais aussi la honte, la peur de l’abandon… Qu’il sera doux pour les enfants de trembler pour de faux!

L’adulte, quant à lui, a le droit de voir dans cette histoire un reflet de la façon dont on traite les exclus dans notre société: les indifférents d’hier se glorifient d’être les « sauveurs » d’aujourd’hui. Un écho de la façon dont on peut lire le phénomène des « Restos du coeur »? Qui sait ?

La chute, comme toujours chez Michel Van Zeveren, laisse la porte ouverte à toutes sortes d’interprétations et de réflexions… La lune, par exemple, pourrait-elle être une figure de l’auteur qui fait mine de se désoler des malheurs de son personnage mais qui doit bien les lui faire subir pour qu’existe l’histoire, jusqu’au silence final, celui sur lequel se referme le livre…?

Grosse peur!

Grosse peur!
Nathalie Dieterle, Patricia Berreby

Casterman, Drôles de têtes, 2012

Par Caroline Scandale

Le mouvement en trois dimensions

 

Dans cet album pop-up se cachent tous les standards de la peur enfantine, du monstre vert à la méchante sorcière en passant par Dracula. Plus qu’un simple livre qui s’anime en trois dimensions, cet objet littéraire est interactif et ludique. Grâce à des poignées découpées dans l’album et des trous à l’emplacement des yeux, l’enfant peut porter le livre devant son visage et devenir le personnage, caché derrière son masque… Chaque double page s’ouvre sur un monstre rigolo dont la bouche s’anime verticalement ou horizontalement, provocant ainsi un mouvement qu’il est plaisant de répéter en ouvrant et refermant plus ou moins l’album… Effet de mouvement 3D garanti!

L’étrange aventure du courageux chevalier très peureux

L’étrange aventure du courageux chevalier très peureux
Arnaud Alméras, Jacques Azam
Sarbacane, 2012

Histoire d’oxymores

par Anne-Marie Mercier

Petit Paul est mal aimé, petit, faible, peureux, nul enfin. Sa famille le vend à des pirates ; il se sauve à la nage et arrive à l’île Impossible où il rencontre la sorcière adorable, la belle princesse affreuse, le nain géant… et est déclaré « courageux chevalier très peureux ». Après bien des aventures, dignes de tout séjour sur une île inconnue, il épouse… la sorcière, dont il a de nombreux enfants uniques !

La fantaisie des aventures se mêle à la loufoquerie des images et au jeu de l’illogisme ; l’ensemble forme un conte savoureux. La famille indigne est définitivement mise hors-jeu, contrairement à ce qui se passe dans les contes traditionnels, mas c’est de son propre fait : les enfants peuvent enfin jouer tranquillement, la conscience en paix.

Ma première nuit à la belle étoile

Ma première nuit à la belle étoile
Alex Cousseau
Rouergue (dacodac), 2010

Des peurs

Par Anne-Marie Mercier

Mapremierenuitalabelleetoile.gifUne situation simple : Cléo et son cousin ont l’autorisation de passer la nuit dans le jardin de la maison. C’est le cousin qui raconte. Il devine que Cléo a peur de quelque chose, raconte sa plus belle peur pour l’inciter à se confier. Tous deux résolvent l’apparent mystère et désamorcent l’angoisse en mangeant des cornichons (belle trouvaille).
C’est une  histoire bien conduite, autour des peurs, peur de la nuit, de ce qu’on imagine qui n’est rien, de l’influence des images violentes de la télévision également. C’est aussi très bien écrit, presque trop : on a souvent l’impression que ce n’est pas le cousin enfant qui parle à sa cousine, mais bien un adulte sensible aux angoisses enfantines et qui se souviendrait des siennes.

Qui a peur de quoi ?

Qui a peur de quoi ?
Coralie Saudo
Les 400 coups

A chacun sa peur

Par  Chantal Magne-Ville

Qui a peur de quoi ? .gifUn album qu’on ne se lasserait pas de palper tant sa couverture rembourrée est douce sous la main. Il renouvelle avec bonheur les rimes sur les prénoms en traitant des craintes enfantines. Chaque enfant a sa peur, sauf Adrien qui affirme n’avoir peur de rien, mais de ce fait se retrouve seul et malheureux.

L’illustration totalement redondante avec le texte permet à l’enfant d’anticiper sur la rime qui va suivre. Sur un fond constitué de collages colorés et inventifs, les personnages enfantins, ronds à souhait, semblent des galets peints auxquels on a rajouté des bras, ce qui ne limite cependant pas leur expressivité. Ecole, piscine, jardin public, l’univers des enfants est transposé et totalement reconnaissable avec un luxe de détails qui mêlent réalisme, fantaisie et merveilleux. Un livre précieux car il montre l’importance du groupe et de la diversité.