Couleurs

Couleurs
Léo Lionni
L’école des loisirs, 2021

Pop ! Splotch !

Par Anne-Marie Mercier

Dans ce petit album carré cartonné aux coins arrondis pour les tout-petits, les souris de Léo Lionni sont de bons professeurs : elles emmènent le regardeur dans le monde des couleurs à travers un imagier qui associe à gauche une page colorée dans laquelle s’inscrit le nom de la couleur en camaïeu (rouge, bleu, jaune, vert, et aussi rose, noir, violet, gris, blanc, marron,orange) avec, à droite, une page qui met en scène cette couleur.
Le texte qui accompagne cette image associe ce nom avec un ou des adjectifs (un ballon rouge vif) un objet qui porte la couleur (un délicieux sirop de citron, une piscine scintillante), des situations (rose: un chewing-gum qui m’éclate au nez ; noir : le ciel, la nuit ; marron : la boue qui fait splotch splotch): les mots sont eux mêmes un matériau sensible, comme les couleurs, superbes de densité et de nuances, et les formes.
Pour compléter la collection, il y a aussi, du même auteurs les Lettres et les Chiffres.

Dans le cœur

Dans le cœur
Nada Matta
Editions MeMo 2021

A tous les enfants de la guerre

Par Michel Driol

La narratrice a six ans lorsqu’éclate la guerre au Liban. Sa famille se réfugie dans une grande maison qui abrite aussi de nombreux enfants. La tante raconte des histoires, on dort dans un dortoir,  on subit les multiples privations, d’eau, de gaz, d’électricité… On rêve et parfois on va à la mer se baigner. Vingt ans plus tard, la fillette qui a grandi découvre enfin l’autre côté de la ville.

C’est en fait une histoire double que raconte ce bel album de Nada Matta, artiste et autrice jeunesse franco-libanaise. D’une part, il y a la fillette dont on a résumé l’histoire qui occupe la plus grande part de l’album, illustré. D’autre part, il y a une autre fillette, qui raconte aussi en « je » son histoire, sur une page. Orpheline, elle est recueillie par une dame au grand cœur solide, dans une grande maison. Enfin, il y a les mots de l’autrice, qui explique le lien autobiographique entre elle et l’autre fillette, sa sœur de cœur. Ce qui se lit donc dans cet album, c’est l’histoire de cette amitié, et aussi, de façon très explicite, l’hommage à la tante, Janine Safa, qui a permis à de nombreux enfants de traverser la guerre du Liban, de continuer à vivre et à aimer.

A partir de son expérience très forte et très personnelle, Nada Matta signe ici un album dont l’écriture et les illustrations sont particulièrement soignées. Le texte au présent évite tout pathos : il est surtout constitué de notations, de constats liés aux activités que l’on fait quand il n’y a plus d’école, aux sensations comme la couverture qui gratte ou le froid, aux peurs et aux réactions presque animales (se rouler en boule pour n’être qu’un point). Ce texte permet donc au lecteur d’être au plus près du vécu de la fillette, de s’identifier à elle. Il sait aussi user des répétitions et des anaphores pour rendre encore plus sensibles certains termes et donc certaines réalités, le cœur de la maison qui protège, les « parfois » qui rythment le temps, ou les « Comme il n’y a plus… » qui marquent les absences, les privations, les difficultés de la vie matérielle.

Les illustrations sont de véritables tableaux qui tantôt partent dans l’abstrait (les couleurs de la fête qui font écho à la guerre qui éclate, composition verticale de coulées qui semblent exploser au sol), tantôt au contraire sont très réalistes, comme les nombreux portraits d’enfants ou d’adultes, traités avec une grande humanité. Ces tableaux utilisent aussi toute une riche palette de nuances : des grisailles rehaussées de quelques taches de couleur pour le temps de la guerre, taches de couleur qui explosent en jaune vif  lorsque le texte évoque l’éclairage à la bougie. Le tout se clôt se un magnifique portrait de fillette souriante dont les larmes bleues s’envolent vers le ciel : tout un symbole de cet album à la fois sombre et lumineux, qui parle d’espoir et de la nécessité de sauver tous les enfants de toutes les guerres.

Un album sensible, riche, émouvant et porteur d’espoir, un album pour dire ce que les survivants doivent à celles et à ceux qui ont su leur transmettre les valeurs et l’amour qui leur ont permis de rester vivants, et debout.

Pitié, Juliette ! / Allez, Churros !

Pitié, Juliette ! / Allez, Churros !
Tristan Koëgel/ Raphaël Frier
Rouergue (boomerang), 2021

Point de vue animal, point de vue enfantin

Par Anne-Marie Mercier

Churros est un cochon d’Inde ; c’est son point de vue que l’on entend dans une moitié de ce livre (celui-ci fonctionne comme tous ceux de la collection boomerang, mettant chaque texte en vis-à-vis avec un autre). Il se sent vieux et fatigué ; sa « maîtresse » l’exaspère et les amies de celle-ci tout autant, sinon plus. Les situations dans lesquelles Juliette le met (tentative de reproduction, concours de beauté…) sont autant d’épreuves, cauchemardesques pour lui et très drôles pour le lecteur; Churros s’en sort de manière inattendue. Ce tout petit récit est plein de rebondissements et à en plus le mérite de finir bien.
Le point de vue de Juliette est bien différent : loin d’être, comme le croit Churros, en adoration devant son hamster bougon, elle se sert de lui, aussi bien pour tenter de combler sa frustration de ne pas avoir pu convaincre ses parents de l’inscrire à des cours d’équitation que pour entrer en relation de compétition avec d’autres filles. Et si tout finit bien, ce n’est pas de tout pour le motif que croit deviner Churros.
C’est drôle, surprenant, bien raconté (la « voix » du vieux hamster est très réussie, de même que celle de la pauvre Juliette) ; c’est aussi truffé d’exemples de malentendus entre gens qui ne se veulent que du bien, que ce soit entre les parents, entre eux et leur enfant, entre enfants et animaux…
Quant à ceux qui ne sont pas si gentils (copine pimbêche, jeune femelle cochon d’Inde prétentieuse… et même parfois Churros lui-même quand on l’énerve), ils sont joliment ridicules.
Cela fait beaucoup de belles petites choses pour un petit livre, et d’autres, pas si petites, à méditer : le traitement des animaux de compagnie, les relations de compétition entre amis, et la difficulté pour les parents de satisfaire les désirs de leurs enfants.

Les amoureux de Houri-Kouri

Les amoureux de Houri-Kouri
Nathalie et Yves-Marie Clément
Editions du Pourquoi pas ? 2021

Le cercle rouge

Par Michel Driol

Il y a Nourh, qui vivait il y a 300000 ans. Elle assiste à une éruption volcanique qui détruit son clan, puis rencontre Dhib, d’une autre race humaine, avec laquelle elle fonde une famille. Il y a Aya, une jeune Ivoirienne, archéologue, préhistorienne, qui doit aller au Mali sur un chantier de fouilles nouvellement découvert, que doit explorer son professeur parisien. Il y a Oscar, un vieil homme du Burkina, qui doit rembourser la tontine qui lui a permis d’acheter des chèvres que le climat a tuées. Il y a enfin Kim, une orpheline malienne, enrôlée par un groupe islamiste armé. Et tout au long de la lecture, le lecteur se demande quand et comment ces protagonistes vont se retrouver. « Quand des hommes, même s’ils s’ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d’entre eux, et Ils peuvent suivre des chemins divergents, au jour dit, inexorablement, Ils seront réunis dans le cercle rouge. » (Citation qui précède le Cercle rouge de Melville). Ce dispositif narratif ingénieux est tout à fait en lien avec le propos des deux auteurs.

En effet, écrit à quatre mains par Nathalie et Yves-Marie Clément, ce roman est entièrement tendu vers ce qui nous réunit, ou devrait nous réunir, quand tant de choses nous séparent.  Ce sont d’abord des personnages singuliers, bien typés et caractérisés, qui représentent, chacun à leur façon, un aspect et une génération de l’Afrique contemporaine. Aya, jeune femme instruite, « noire et fière de sa couleur », Oscar, incarnation d’une sagesse, de coutumes et de tournures orales traditionnelles, Kim enfin, enfant soldat victime de la vie, obligée de survivre dans un monde devenu hostile. Trois voix singulières qui prennent la parole, tour à tour, pour raconter leur propre histoire. C’est cette polyphonie qui permet de mieux saisir ce qui fait l’originalité de chacun des personnages, qui incarnent à la fois un destin individuel mais aussi une vision du monde particulière. A ces trois voix s’ajoute le récit – à la 3ème personne – de Nourh et Dhib, récit qui tient compte des plus récentes découvertes en matière de paléoanthropologie. C’est un récit qui accorde une grande importance à l’Afrique, on le voit (l’un des personnages ne dit-il pas avec un certain humour, que l’homme de Cro-Magnon devait être noir…), à la fois l’Afrique comme berceau de l’humanité, mais aussi l’Afrique contemporaine, avec ses problématiques spécifiques, mais aussi avec l’espoir de l’éducation et de la fraternité qui éclairent la fin de l’ouvrage. Ce n’est pas un hasard non plus si 3 des personnages principaux sont des femmes, façon de dire leur rôle à la fois dans les sociétés préhistoriques, plus matriarcales qu’on ne le pense habituellement, mais aussi dans le monde contemporain. Ainsi le personnage du journaliste, Célestin, ne se voit pas doté d’une voix particulière.

Un roman qui s’inscrit à la fois dans la lignée des grands romans sur la préhistoire (La Guerre du feu), un roman qui se permet un clin d’œil à Quasimodo et à Esméralda, mais surtout un roman pour apprendre à faire société, bien sûr, un roman pour aller vers l’Autre, quelles que soient les cultures, les idéologies, un roman passionnant qui invite et incite au métissage.

 

C’est chez moi !

C’est chez moi !
Aurore Petit
La Martinière Jeunesse 2020

Un imagier pop-up pour visiter la terre

Par Michel Driol

Sur chaque page, qui associe un milieu naturel et un animal, revient comme un refrain « C’est chez moi, dit… ». On parcourt ainsi 5 lieux différents, de la montagne au désert, en passant par la banquise ou la forêt. Arrive enfin l’homme dans la ville. Et c’est la terre qui conclut l’album avec un « C’est chez nous ».

Conçu comme un imagier destiné à sensibiliser les plus jeunes sur la notion de milieu naturel, d’écologie et de préservation de la nature, l’ouvrage présente des pop-ups astucieux dans lesquels les animaux se cachent comme le loup, ou le scorpion (bien tapi sous ses lamelles de papier figurant le sable du désert). Il ne cherche pas à figurer le monde de manière réaliste, mais propose plutôt des formes géométriques, épurées et presque abstraites, façon peut-être de rapprocher l’habitat humain dans la ville très rectangulaire des habitats animaux. Seule la terre, figurée comme un visage rond, sympathique et souriant, échappe à ce système.

Un imagier animé pour découvrir quelques milieux naturel et avoir envie d’en savoir plus sur les animaux sauvages évoqués.

 

 

 

Bob et Marley. Le capitaine

Bob et Marley. Le capitaine
Marais, Dedieu
Seuil jeunesse, 2020

On serait des pirates

Par Anne-Marie Mercier

Bob (c’est le plus petits de cette paire d’amis) a une idée en regardant une fourmi naviguer sur une feuille au fil de l’eau : et si on construisait un bateau?
Marley (le gros ours noir) se met au travail. Celui-ci terminé, la grande question est de savoir qui va ramer, qui va commander, bref qui sera le capitaine. Si Marley cède, on comprend vite que c’est peut être avec une arrière pensée : commander donne quelques droits amis aussi des devoirs.
Voilà une jolie dispute pleine de conséquences. Les images sont comme dans toute la série délicieuses de simplicité.

Doudou loup et le drôle de bruit

Doudou loup et le drôle de bruit
Stéphanie Bardy (ill.)
Casterman, 2021

Doudou y es tu?

Par Anne-Marie Mercier

Si l’idée d’offrir un petit carré de tissu représentant le héros de l’histoire (doudou loup) est intéressante et généreuse, on reste perplexe quant à sa présentation : n’est pas doudou qui veut et pour les petits cela pourrait relever de l’imposture, ou au moins du non-sens.
L’intrigue est mince: Doudou loup entend du bruit, il a peur et cherche d’où vient ce bruit étrange. Mais elle a deux qualités : elle permet une répétition des mêmes onomatopées qui rythmeront la lecture et elle invite le jeune lecteur à agir pour consoler ou rassurer doudou loup, en suivant l’exemple des livres de Bourgeon et Ramadier.
Pour que cela fonctionne, il faudrait que le personnage (Doudou loup) soit perçu comme tel, et qu’on puisse repérer ses oreilles pour les frotter, que l’on ait  envie de le caresser ; rien n’est moins sûr.
Les illustrations sont jolies, mais il leur manque de la lisibilité et il leur faudrait un scénario un peu plus convaincant, davantage  de cohérence et de pertinence et un vocabulaire un peu moins inutilement complexe. Est-ce la raison pour laquelle le livre est donné sans nom d’auteur pour le texte ?

Le petit camion de papa

Le petit camion de papa
Mori
HongFei 2021

Sur la route…

Par Michel Driol

Une fillette part pour la journée dans le camion de son papa. Ils y entendent des chansons, traversent des villes, des ponts, échappent au mauvais temps, gravissent des montagnes, traversent des tunnels, s’envolent… Papa répare le camion…

Ce voyage peut se lire à différents niveaux. Voyage réel avec le père d’abord, bien sûr, père qui emmène sa fillette travailler avec lui. Mais aussi voyage merveilleux dans l’imaginaire, car ce voyage bien réel prend très vite une dimension surnaturelle : tantôt c’est le camion qui rétrécit, devenant un jouet sur la table, sous l’œil du chat, tantôt les montagnes et la nature prennent la forme d’animaux, qui emmènent finalement le camion dans les airs. C’est aussi un voyage dans la mémoire : le présent du récit change de sens à la fin, pour correspondre au moment de l’énonciation, et s’associe avec un imparfait, façon de montrer que le temps a passé, que la fillette est devenue grande, mais que les souvenirs sont toujours là. C’est enfin le voyage de la vie qui est évoqué, avec la compagnie silencieuse et bienveillante du père, père plein de puissance pour la petite fille, plein de mystère aussi avec ses chansons qu’on ne comprend pas, père omniprésent et pourtant jamais représenté sur les illustrations. L’album dit, avec tendresse,  les liens étroits et inoubliables qui unissent la fillette et son père, dans des illustrations colorées, pleines de fantaisie et de gaité, composées à base de papiers découpés, des images qui entrainent de plus en plus dans l’imaginaire avant de se styliser dans les dernières pages. A la fin ne subsiste, sur fond blanc, qu’un camion qui avance jusqu’à sortir de la page sur la ligne bleue du temps, accompagnant ainsi la petite fille dans son propre cheminement…  Les illustrations de Mori, artiste taïwanais,  ont été justement remarquées dans plusieurs sélections internationales.

Un album sensible sur les liens entre une fillette et son père, mais aussi sur les souvenirs et le temps qui passe.

Eau douce

Eau douce
Emilie Vast
MeMo, 2021

Encyclopédouce

Par Anne-Marie Mercier

Cet album allongé se lit à la verticale; chaque page forme une moitié de la scène à contempler, l’une montrant ce qui se passe au-dessus de l’eau, l’autre ce qui se passe sous la surface, la pliure se situant exactement entre les deux zones. Ces très belles scènes aux couleurs douces (bruns, gris, bleu pâles, parfois quelques touches de rose, de jaune, de bleu vif) alternent avec des pages qui présentent un contenu encyclopédique, décrivant l’état de chacun des « personnages » dans la saison présentée (hiver, début du printemps, printemps, début de l’été…).
Les poissons (ici des ablettes), les grenouilles, les oiseaux (cincles plongeurs et martins-pêcheurs), les insectes (machaons, libellules, scarabées…)… sont vus à différents stades de leur vie, patientant pendant l’hiver, préparant leur portée ou couvée au printemps, la nourrissant ; certains se métamorphosent à l’automne. Parallèlement, les plantes (salicaire, renoncule aquatique, nénuphar…) mènent leur vie.
Tout cela est expliqué dans de courts textes très précis, complétés par un glossaire. La dernière page montre en images les étapes des métamorphoses du papillon, de la grenouille et de la demoiselle, et les cycles du nénuphar et du poisson.
Que de vie sous l’eau douce et à sa surface ! Et aussi quelle délicatesse dans les dessins d’Émilie Vast, quelle apparente simplicité dans cette entreprise d’explicitation de la complexité du vivant et de la variété des saisons !
Chez le même éditeur, on trouvera aussi Eau salée, pour prolonger les eaux d’été.

Dino et la fin d’un monde

Dino et la fin d’un monde
Eric Pessan
Théâtre l’école des loisirs 2021

Un lanceur d’alerte à la fin du crétacé

Par Michel Driol

L’originalité de cette pièce est qu’elle met en scène des diplodocus. L’un d’eux, Dino, indique au troupeau que, durant la nuit, il y a eu une explosion, que la terre a tremblé, et qu’il fait plus sombre que d’habitude. Personne ne veut l’entendre, les enfants ont peur de ce qu’il dit. Puis il remarque d’autres choses anormales, les signale, et se fait bannir du troupeau. Accompagné de son amie Dina, il tente une dernière fois de convaincre le troupeau de partir au loin. Mais celui-ci est aveugle, jusqu’au moment où la catastrophe survient. Dino et Dina nagent dans l’espoir de trouver une ile où perpétuer leur espèce…

A travers cette fable grinçante, Eric Pessan évoque bien sûr les lanceurs d’alerte d’aujourd’hui, mais aussi la possible disparition des hommes sur la terre. Dino est un diplodocus quelque peu différent des autres : il entend se servir de son cerveau, réfléchir, et pas seulement se contenter de vivre comme on l’a toujours fait. Ce faisant, il se heurte au troupeau, et à son chef, élu pour ses trois qualités : être paisible, savoir trouver les bonnes forêts, et dormir…  Confiants dans leur taille, leur force, les diplodocus se croient invincibles, comme l’homme du XXIème siècle, persuadé que son intelligence le sauvera de tous les périls. Le lecteur, ou le spectateur, anticipe la fin de l’histoire dès le début, à travers le titre, mais aussi grâce à sa propre connaissance sur l’extinction des dinosaures. Cette supériorité qu’il a par rapport aux personnages lui permet dès lors de mieux percevoir dans les comportements des membres du troupeau ce qu’il y a d’inconscience, mais aussi de le rapporter à la situation de l’homme contemporain face aux menaces climatiques, aux lanceurs d’alerte qui ne sont pas crus jusqu’à ce que la catastrophe arrive. Ce dispositif dramatique montre alors toute sa pertinence pour faire prendre conscience de l’urgence qu’il y a à agir aujourd’hui. Le propos est tenu sans didactisme, avec des personnages bien caractérisés, même s’ils conservent l’apparence de dinosaures : Dino, l’inquiet insomniaque, sa compagne Dina, qui veut profiter de la vie, son ami Didi, et Docus, le chef incompétent du troupeau se détachent sur d’autres personnages : un enfant et sa mère, un vieillard un peu infirme… Le tout est rythmé, efficace, et entrecoupé de chansons pleines d’entrain. On apprécie aussi les remarques acides et drôles des diplodocus par rapport aux autres dinosaures, comme les T Rex, ou leur façon de se situer dans la chaine de l’évolution, ainsi que leurs interrogations sur ce qui restera d’eux…

Une farce tragique pour mieux comprendre l’urgence climatique.