Dysfonctionnelle

Dysfonctionnelle
Axl Cendres
Sarbacane (X’prime), 2015

Oh Girl !

Par Anne-Marie Mercier

Comme dans le roman de Marie Aude-Murail, Oh Boy ! (qui a fait un tabac récemment aux USA, au théâtre – voir la belle interview du metteur en scène, Olivier Letellier) le roman d’Axl Cendres arrive à faire rire de situations tragiques. Comme dans Oh Boy ! la situation est dramatique dans cette famille « dysfonctionnelle » : un père sans arrêt en prison « parce qu’il s’est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment », une mère de plus en plus folle qui doit être internée chaque fois que le père est emprisonné, une grand-mère d’aplomb mais en retrait, qui ne parle pas bien français et fait du couscous pour tout le monde, une fratrie chaotique, l’un dévot (la mère, juive, déportée lorsqu’elle était enfant est devenue fervente catholique ), l’une révolutionnaire, l’autre conventionnelle, un autre est un beau gosse sans cervelle… et par-dessus tout cela beaucoup d’amour, entre les aprents, des parents aux enfants, et réciproquement. L’héroïne, Fidèle, dite Fifi, est le fils dont rêvait le père : elle aime le foot comme lui, aime l’ambiance du bar de Belleville et ses habitués, et elle n’imagine pas que les autres familles puissent être différentes de la sienne. On devine que les assistantes sociales vont pointer leur nez.

C’est grâce à ses résultats prodigieux en maths que Fifi fait son entrée, dans un lycée prestigieux du centre-ville  : elle découvre la vie des autres, et cela donne des portraits-charges très drôles et bien vus; elle s’y fait une place sans renoncer à rien, mais en gardant ses distances. Elle y découvre un amour fou avec Sarah. L’histoire sentimentale est belle et forte, et la deuxième partie du roman change de hauteur, en changeant d’âge : devenues adultes, Fifi et Sarah entrent dans la tourmente, et les familles avec.

Beaux personnages, superbes dialogues, chacun des « habitués » du bar est un poème (ah la scène où Fifi et ses frères et soeurs apprennent l' »Ave maria » de Schubert en allemand pour le chanter à leur mère !). La rencontre de Fifi et de sa mère avec l’art (musique et peinture) sont aussi de belles ouvertures. Un régal…

Oh Boy ! est en tournée en région parisienne et Normandie…

Gallicadabra

La BnF lance Gallicadabra:  Benjamin Rabier (1928),  La Fontaine illustré par Henri Avelot (1932) : une application de la BnF pour les jeunes lecteurs
Faire découvrir la richesse de ses collections aux enfants, c’est ce que propose la Bibliothèque nationale de France en lançant l’application gratuite Gallicadabra. Téléchargeable sur l’App Store, l’application propose une sélection d’ouvrages, qui pour la plupart ne sont plus édités, choisis pour leur importance au sein du patrimoine littéraire pour la jeunesse et la qualité de leurs illustrations.

Le Chapeau de Tétragonie

Le Chapeau de Tétragonie
Benoît Fourchard
Seuil jeunesse, 2016

Voyage en loufoquerie

Par Marion Mas

Henri, le narrateur, jeune garçon timide et solitaire est pourvu de parents détestables : une mère effacée et indifférente et un père, se baptisant lui-même « Richard, le roi du placard » (il en fabrique), qui l’assomme de lieux communs sans jamais l’écouter. Au collège, ce n’est pas mieux : parce qu’il s’entend bien avec sa grand-mère et aime les araignées, on le trouve « bizarre ». Mais le jour où il découvre un chapeau dans la rue, sa vie bascule : c’est un beau chapeau, un peu ancien.  Comme il se demande à qui il peut appartenir, une jeune fille rousse surgit – précisément la fille dont il est amoureux à l’école. Elle lui lance une sorte de défi : lui révéler son prénom s’il retrouve le propriétaire du chapeau. Aussitôt, Henri se lance une quête qui le mène en Tétragonie, un pays étrange peuplé de ragondins et de personnages loufoques. Les aventures se multiplient jusqu’à ce que, ayant atteint le cabaret du bout du monde, Henri ait enfin le mot de l’énigme.

Le récit épouse la logique du rêve : le narrateur passe sans transition d’un univers à un autre, d’une épreuve à une autre. Comme dans un rêve aussi, ces épreuves sont celles de l’inconscient. La nuit passée dans le château de M. Aigre, le chapelier de Tétragonie, conduit le narrateur à rejouer une scène traumatique et à s’en libérer. Son voyage est également l’occasion, pour ce garçon timide, de s’avouer ses désirs et de se donner les moyens de les réaliser. Enfin, rappelant le monde des Aventures d’Alice au pays des merveilles, la Tétragonie est un lieu de contestation de l’arbitraire du langage et du caractère sclérosant des discours. La rencontre de personnages pratiquant systématiquement un dérèglement créateur du lexique et de la syntaxe permet progressivement au héros de se percevoir autrement qu’à travers les étiquettes que les autres lui accolent. Sur le ton de la fantaisie, ce roman est une belle réflexion sur la puissance émancipatrice de l’imaginaire et du langage.

Si j’étais ministre de la culture

Si j’étais ministre de la culture
Carole Fréchette, Thierry Dedieu
HongFei, 2017

Alerte

Par Anne-Marie Mercier

« Pendant la seconde guerre mondiale,
un de ses conseillers suppliait Winston Churchill
de couper dans le budget des arts pour renforcer l’effort de guerre.
Churchill lui répondit :
‘ mais alors, pour quoi nous battons nous ? ‘ »

En temps de campagne électorale, on voit les sujets qui sont mis en avant, pour lesquels on promet beaucoup (de l’argent, des postes, de l’attention…) et on peut s’inquiéter de ceux dont on ne parle pas, qui pourraient jouer variable d’ajustement (postes et argent ne viendront pas de rien, il pourrait y avoir du transfert dans l’air…). Ce texte inquiet sur l’avenir de la culture n’a pas été écrit dans la France de 2017, mais au Canada en 2014 et a été initialement publié aux éditions D’eux : dans un contexte semblable à celui de notre actualité, il avait été proposé à des personnalités publiques d’écrire une lettre ouverte commençant par « Si j’étais ministre de la culture… ».

Carole Fréchette, auteur dramatique, s’est livrée à cet exercice en imaginant que pour être entendue, la ministre qu’elle serait alors aurait à convaincre les autres que la culture est aussi importante que l’air que nous respirons : « équilibre des âmes, du battement des cœurs et de la respiration ». Pour cela, elle imagine un jour sans culture, vraiment « sans » : pas de livre, ni de théâtre, ni de concert, bien sûr mais aussi pas de cirque ou de danse, pas d’architecture, pas de mode, pas d’images… un jour vide et sinistre.  Oui, le Ministère de la Culture mériterait d’être appelé le « Ministère de l’oxygène ».

L’éditeur a donné de l’ampleur à cette courte fable : album de taille exceptionnelle, grands rabats, affiche – manifeste incorporé « à afficher partout » ; L’illustrateur, Dedieu, a forcé encore le trait avec des couleurs saisissantes, des caricatures grimaçantes dans lesquelles la jeune ministre affronte des barbons sinistres, des ambiances mornes et désolées de la vie « sans », avant le retour à la lumière (oui ! la fiction finit bien ; espérons que les ministres réels écoutent la leçon).

Pour voir quelques unes de ces  pages, on peut regarder quelques page sur le site de D’eux ou la vidéo proposée par le site de HongFei (tiens ! ils en ont pour d’autres beaux albums !)

On aime l’injonction de la quatrième de couv. :

LIS

ET PASSE

A TON

VOISIN !

 

 

D’ici là. Un genre d’utopie

D’ici là. Un genre d’utopie
Christian Bruel, Katy Couprie

Thierry Magnier, 2016

O. L. N. I. (objet livresque non identifié)

Par Anne-Marie Mercier

Album ? récit illustré ? et si oui, de quel genre : science-fiction ? essai ? manifeste ? aventures… La réponse est : rien de tout ça ! Utopie !

Une utopie à laquelle on assiste comme des spectateurs au théâtre, plongés dans une action en cours, avec un décor juste esquissé, des images floues gagnées par la neige d’un écran futur qui nous rappelle d’abord les vieux écrans du passé, au temps où les télés dormaient la nuit, avant de se rapprocher, de manière plus juste, des films de caméra de vidéo-surveillance : cette aventure (car c’en est une) futuriste nous parle aussi de notre monde :

« Une ville tentaculaire du Vieux Monde, un peu avant midi.
Les quinze tonnes d’un fourgon aéroglisseur ordinaire stationnent discrètement aux abords de ce quartier classé sensible par la gouvernance. Resté seul dans la cabine de pilotage, un androïde semble désactivé. Pourtant son scanner balaye continûment le secteur pour détecter la possible approche d’une patrouille.I »

La petite barre après le point et avant mes guillemets n’est pas une faute de frappe, mais l’indication de la place de la souris en fin de double page : ce récit est en train de s’écrire sous nos yeux. Certains mots sont surlignés de vert fluo, comme pour suggérer des liens hypertextuels. Tandis que ce texte défile, inscrit dans des « pavés » de texte gris-bleu insérés dans les images, surgissent des notifications en carrés du même vert fluo, comme des bulles émergeant ça-et-là : définitions de mots (termes techniques, néologismes, mini bios de personnages, lois et traditions de ce monde). Tout cela s’inscrit sur les images de Katie Couprie, images originales pour un réel original, accompagnées d’autres images, images jamais vues et pourtant familières : icônes, tableaux ou photos célèbres. Toutes sont traitées par ordinateurs avec des effets de pixellisation forte qui nous dit bien que ces images viennent de loin, ont été prises en cachette, nous montrent ce que l’on n’aurait pas dû voir. Allez sur le site de l’éditeur pour voir en belle résolution ces images superbes et étonnantes

L’histoire, portée par de nombreux dialogues qui, comme au théâtre, nous font voir le monde par ce qu’en disent les acteurs, débute par une scène tournée en caméra cachée : une belle fille sert d’appât pour nourrir les « archives comportementales » qui montreront les manifestations de sexisme des derniers spécimens de machos avant leur extinction définitive – du moins c’est l’idée. L’héroïne, Sacha, est une jeune fille de 16 ans. Elle est indépendante mais proche de sa mère, une activiste comédienne qui la conseille parfois, ce qui donne une touche morale à l’apologie de toutes les libertés que propose le récit (seule règle : ne pas faire de mal à l’autre). Elle a beaucoup d’amis, les principaux étant un loup-cyborg, une femme-cyborg, un ex geek et une fille de son âge, Adriana, avec qui elle souhaite vivre,

La rencontre entre Sacha et Devil, un motard du groupe ennemi, les machos de « la Horde », est l’un des épisodes principaux de ce récit qui en propose plusieurs, chacun révélant un aspect de ce monde (hommes et femmes, amour, société…) : Devil, humain augmenté, devenu androgyne à son grand dam de motard appartenant à un groupe cultivant la virilité, est la pièce maitresse d’un complot contre la mémoire et l’imagination de l’humanité : en les inhibant, on consoliderait « le besoin de croyance, au détriment de la pensée créative. Ainsi se perpétueront la domination masculine, les religions, l’exploitation et le profit. » Si cet épisode manque un peu de vraisemblance (on ne voit pas bien comment un humain aussi « augmenté », retors et savant que Devil peut être berné si facilement par une toute jeune fille – certes, aidée de ses amis), la tension entre les deux personnages, l’attirance et la répulsion qui se mêlent et le pacte qui les lie en font un moment fort.

Mais plus forte encore est la peinture du monde en train de naître, c’est-à-dire la partie proprement utopique de l’ouvrage, qui est parfaitement cohérente, détaillée, séduisante : rapports entre hommes et femmes, ressources, communications, place des animaux, transports, architecture, tout est installé par petits détails.  La « Compagnie », la société dans laquelle vit Sacha, est une communauté de 78 personnes, âgées « de deux à cent quatre ans » – chacun y a sa place –, qui vit en quasi autarcie, se préoccupe de droit animal et est membre de l’une des fédérations qui composent un « réseau coopératif horizontal ». Sacha est belle son monde est beau : on a hâte, « d’ici-là », de voir se combler tous les fossés, tomber toutes les barrières, et en attendant on se délectera des belles images et des belles idées portées par ce livre « gonflé », exigeant, dont on aura compris qu’il n’est pas pour les enfants, ni pour les lecteurs paresseux, mais bien pour ceux qui veulent explorer de nouvelles manières de penser, de conduire un récit, de construire des mondes et des images.

S’il fallait rapprocher ce livre d’un autre de Christian Bruel, on choisirait Venise n’est pas trop loin, pour l’aspect puzzle, la complicité entre les personnages, le trouble des situations, la tension, et l’âge du lecteur ou de la lectrice. Et pourtant, cela n’a rien à voir, on est en dehors de tous les cadres. Les auteurs, qui ont travaillé longtemps sur ce projet ont créé un livre venu du futur, qui nous promet des lendemains heureux, quand le Vieux Monde sera définitivement entravé et nous donne une lecture présente heureuse, « d’ici là »…

 

 

De la terre à la pluie

De la terre à la pluie
Christian Lagrange
Seuil Jeunesse 2017

Chaque seconde dans le monde une famille quitte sa terre

Par Michel Driol

Comment parler d’exil aux enfants ? Christian Lagrange montre trois femmes, à différents âges de la vie, condamnées à l’exil depuis l’Afrique, faute d’eau. Représentées par des statuettes de glaise,  sur fond parfois d’images graphiquement très épurées, on les voit, accompagnées d’un oiseau, traverser un désert, une clôture grillagée, la mer, pour se retrouver, sous la pluie, dans une ville aux allures de New York et finalement, dans une espèce de cabane. Chaque homme dans sa nuit s’en va vers sa lumière, ce vers de Hugo sert de conclusion dans une dernière page plus optimiste : la lumière troue les nuées et semble promettre une vie meilleure.

Le dispositif est à la fois sobre et efficace : extrême concision du texte, une courte phrase par double page,  comme pour ne pas prendre le pas sur la puissance évocatrice des statuettes, véritables figures tragiques, perdues dans un monde qui n’est pas fait pour elles, mais debout et en marche.   De fait, l’album suggère, donnant à voir les conditions de vie et d’exil sans chercher à se substituer aux migrants, sans vouloir jouer le registre du réalisme ou du psychologisme. C’est au lecteur de construire les non-dits, à partir de cet avion de chasse qui vole vers le pays quitté, ou de ce grillage que les trois femmes franchissent. Les couleurs de fond – blanc pur pour l’Afrique, grisaille de la traversée de la mer, de l’arrivée dans la ville, et noir de la nuit  qui envahit petit à petit album disent, elles-aussi, un monde d’où la lumière semble s’être retirée. Ainsi, chacun pourra interpréter, à sa façon, l’errance et la quête d’une vie meilleure, au péril de sa vie, dans un univers hostile.

Un album d’une grande force qui sait émouvoir sans pathos, et conduit à réfléchir sur l’exil.

 

Jour de lune

Jour de lune – Moon Day
Ediwige Planchin – Hengjing Zang
Editions bluedot 2016

Le Petit Prince a dit…

Par Michel Driol

Voici un album bilingue français-anglais  qui prend appui sur le petit Prince : à la fois la comptine qui égrène les jours, lundi matin…, et l’autre, celui qui vient de son étoile. De la comptine, on garde la structure, transformée en lundi soir, puisqu’il s’agit des rituels du coucher.  Comme dans une randonnée par accumulation, à chaque jour, le petit  Prince ajoute un rituel, bisou, caresse… Quand arrive le dimanche, le Petit Prince ne demande qu’une histoire, celle d’un petit Prince qui voulait qu’on lui dessine un mouton…

Album bilingue, donc, dans lequel chaque phrase française est traduite en anglais, et qui se termine  par quelques autres rituels du soir, eux-aussi en version bilingue.

Les illustrations de Hengjing Zang, pleines de finesse et de douceur, font alterner  l’univers de la chambre de l’enfant, ses doudous, ses rêves et  des représentations de la lune – voire d’autres planètes-  qui rythment les jours.

Clin d’œil à Saint-Exupéry, cet album évoque avec poésie le moment du soir, comme une mise en abyme de la lecture rituelle. Il permet également  une première sensibilisation au bilinguisme

A noter, sur le site des éditions bluedot, les fichiers audio français et anglais : http://www.editionsbluedot.com/album-jeunesse-jour-de-lune-moon-day/

 

 

Vert secret

Vert secret
Max Ducos
Sarbacane, 2011

Jeu de piste dans un jardin français

Par Anne-Marie Mercier

Max Ducos qui s’est fait une spécialité dans les albums ayant une architecture remarquable comme toile de fond (voir l’article récent sur Le Royaume de minuit)  a joué parfois avec le monde naturel. Ici, entre Jeu de piste à Volubilis et Le Mystère de la grande dune il y a un peu des deux domaines : c’est le jardin d’un château qui sert de décor, ses serres, labyrinthes, parterres, fontaines, pièces d’eau…

Deux enfants le parcourent, à la recherche d’un trésor. Flora est une jeune visiteuse que sa grand-mère a laissée seule un instant pour se reposer, Paolo est le fils du jardiner. Les relations d’abord tendues entre eux s’apaisent, et ils partent à la recherche du cadeau laissée par le comte de la Mirandole, constructeur du château à la belle qu’il courtisait et qui l’a dédaigné.

La quête leur fait parcourir tout le jardin (on a une carte pour suivre leurs déplacements), vivre de petites aventures, se faire peur et rire, jusqu’au moment où, d’indice en indice (c’est aussi un jeu de piste), ils découvrent le secret du comte, un belle surprise pour chacun, y compris le lecteur.

Tout est dans des tons de vert et de bleu, les ombres sont belles, la chaleur palpable, on se rafraichit au spectacle des eaux…

Jean-Hugues Malineau

Jean-Hugues Malineau, auteur, éditeur, typographe et enseignant passionné par la poésie contemporaine et la littérature jeunesse, s’est éteint le 9 mars, à l’âge de 72 ans. Il est l’auteur d’une centaine d’ouvrages (contes, romans, poésie) principalement destinés aux enfants, édités chez Gallimard, Albin Michel, Rue du monde ou Casterman (voir la notice que lui consacre Livres-hebdo).
D’ordinaire, nous réservons ce genre de nouvelles à la rubrique « actualité », mais puisque ce blog sert à promouvoir la belle littérature de jeunesse, parlons d’un livre : sa disparition me touche d’autant plus que cette semaine, lors de rencontres autour du thème de l’écrivain dans la classe, j’avais prévu de  faire l’ouverture – et le ferai d’autant plus mais avec émotion – autour de son beau livre Qui que quoi quand la poésie. Réponse d’un poète.

« Je ne me lasse pas
du bonheur d’écouter
du bonheur de regarder
du bonheur d’aimer
du bonheur de respirer
de la joie d’exister
de la joie du papillon
du bonheur des quatre saisons

Je ne me lasse pas
de rêver
de penser
de m’aventurer
chaque printemps
chaque hiver de ma vie »

(réponse à la question d’un enfant demandant : « jusqu’à quand vous continuerez d’écrire? »)

Le Royaume de minuit

Le Royaume de minuit
Max Ducos
Sarbacane, 2016

Architecture la nuit

 

Par Anne-Marie Mercier

Max Ducos a renoué ici avec son grand succès, Jeu de piste à Volubilis, dans lequel le parcours d’un enfant coïncide avec l’exploration d’un bâtiment d’une belle architecture moderne. Ici, ce sont deux garçons qui jouent à des aventures rêvées dans une école déserte, la nuit. L’un est un enfant turbulent qui s’y est caché pour la découvrir, l’autre est le fils du directeur, un enfant solitaire qui découvre la joie de faire des bêtises et d’avoir un ami.

 L’école a été réalisée par Jean Prouvé, et elle est entièrement meublée et décorée selon son style et ses créations. Elle est aussi un jeu de piste pour le lecteur car les affiches sur les murs et les objets sur les étagères sont autant de citations d’artistes, ou d’architectes.
Achille, qui a fait de son compagnon son « Sancho Pança » l’entraîne dans ses fantaisies, dans l’école, puis dans les bois, où la peur les saisit. Leur parcours est l’occasion de superbes images nocturnes, d’ombres allongées, de noirs éblouissants.

On trouve quelques images avec de belles ombres sur le site de l’éditeur