Comme-ci ou comme-ça
Anne Terral, Bruno Gibert
Syros, 2011
L’histoire de la vie ?
par Anne-Marie Mercier
Au milieu des illustrations colorées et naïves, alliant tachisme, fonds pastels et papiers découpés, un livre blanc aux pages blanches voyage. S’il est figuré avec l’esthétique d’un dessin d’ordinateur il se superpose à des peintures. Son premier lecteur le poursuit par monts et par mers.
Volée par un chien, un oiseau, un corbeau, multipliée dans un métro, un fourgon… transportée par la lune et les étoiles, son histoire risque bien de s’arrêter, coupée dans son élan, ou elle peut reprendre à l’infini, comme la vie…
C’est un bel album poétique et mystérieux, qui peut se lire de multiples façons. Il dit la multiplicité des histoires, leur liberté, leur circulation, mais sans doute aussi autre chose : il s’agit de « ton histoire » dit-on au lecteur. Alors il est question de la vie et de tous ses aléas, comiques ou tragiques, tout simplement, très simplement.
On a ici un « album » au premier sens du terme : une collection d’images, un portfolio d’artiste. Personnages au corps ou aux vêtements étranges, inscrits sur fond blanc dans un cadre minimal mais emblématique, ils forment une sorte d’encyclopédie. Ils représentent différents emplois du cirque : colosse, dompteur, ventriloque, femme à barbe… le familier le dispute à l’étrange, voire au monstrueux et certains sont franchement inquiétants. Le très grand format convient parfaitement aux superbes portraits composés par Emmanuel Houdart.
Elzebia mêle dans cet album plusieurs des thèmes qu’elle a explorés précédemment. Celui de l’enfance malheureuse est illustré à travers l’histoire de Tittine qui a eu la malchance de naître chez une « maman à une place » où la place était déjà prise par sa soeur aînée. Celui de la pauvreté : celle de cette « maman à une place » n’arrange pas les choses. Orphelinat, prison, sombre château où l’on martyrise les enfants,… le monde est un lieu cruel pour les petits. Heureusement, il reste le rêve, incarné par le monde du cirque et par un sympathique fantôme.
Installées à Perpignan, les éditions 
Élise Fontenaille, qui a publié de nombreux romans, s’essaye ici à l’album avec un hommage à un homme simple, à l’aise avec les plantes, les animaux et les enfants, moins à l’aise avec l’écrit et avec la langue française : comme le titre l’indique, il la transforme joliment. On découvre peu à peu son histoire d’enfant pauvre et de réfugié, on entend ses mots adressés à l’enfant à qui il transmet ses connaissances et sa sagesse.
On trouve ici réunies en un grand volume plusieurs histoires naturelles de Tatsu Nagata : l’escargot, la fourmi, le hérisson, le ver de terre, l’araignée, la grenouille, la chouette et le phasme n’auront quasiment plus de secrets pour vous, ou du moins auront pris un visage coloré, joueur.
Voici une nouvelle série dont le héros est un doudou, une souris aux poches arc-en-ciel présentées dans des images photographiques. À la montagne, on la voit faire de la luge, construire un bonhomme de neige, essayer le téléski, prendre un cours, et s’endormir en rêvant… qu’il fait du ski.
Elle est très « mimi », mimi cracra, avec ses petites couettes brunes, ses formes rondes, ses bottes et ses jupettes. Elle est très cracra aussi, mettant ses mains et son nez partout (ancêtre sage de la Clarisse de Dumortier…), faisant de la « bouillasse » avec tout, plus ou moins volontairement – mais toujours avec application.