La Grande Galerie des dinosaures et autres animaux préhistoriques

La Grande Galerie des dinosaures et autres animaux préhistoriques
Rob Colson, Elisabeth Gray, Steve Kirk
Casterman, 2015

 Le dinosaure positif 

Par Anne-Marie Mercier

La Grande Galerie des dinosaures et autres animaux préhistoriquesAprès les aventures de T-Végi, voici des informations moins citoyennes mais plus solides. Ce n’est pas parce que les animaux préhistoriques n’ont pas été photographiés qu’ils ne doivent pas avoir droit à leurs documentaires (d’ailleurs de nombreux éditeurs n’ont pas reculé devant cette tâche).

Ici, le parti-pris scientifique est intéressant car il met en avant ce qu’on sait : ces animaux sont représentés tout d’abord et principalement par leur squelette, présenté avec une échelle humaine. Leur allure générale, leurs couleurs, mode de déplacement, etc., toutes choses qui ne sont que supposées, apparaissent en petites vignettes ou en doubles pages illustratrices du propos, tandis que le texte, bref, est composé de petits paragraphes détaillant tel ou tel aspect. Certains sont présentés sous le nom de leur classe, comme les plésiosauriens, etc.

Une chronologie, un glossaire, un index complètent l’ensemble, belle éducation à la science et à la diversité du vivant – sans parler de la poésie des noms (ah, le galimimus, le smilodon, l’archéoptéryx…). Quelqu’un peut-il retrouver le poème sur l’archéoptéryx (qui n’est plus l’ancêtre des oiseaux… tout change…) ?

Papillons et mamillons

Papillons et mamillons
François Davis, Henri Galeron
Møtus, 2015

 Les mots en valise, l’enjeu des mots

 Par Anne-Marie Mercier

Papillons et mamillonsComme le titre l’indique, le jeu sur les mots est au cœur de ce petit ouvrage. Le principe est de les décomposer en éléments sonores signifiants et d’en discuter le pertinence (selon le système des mots-valises).
De format carré, il associe pour chaque mot deux doubles pages. La première présente le mot et la réflexion qui montre qu’il n’est pas fidèle à ce qu’il représente. Le biberon n’est pas rond mais long : dans la deuxième double page on présentera le bibelon. Les lunettes sont sales ? Vite, nettoyons-les avant qu’elles ne deviennent des lunefloues !
Le nuage n’a pas d’âge. Le muguet n’est pas toujours gai…

Les illustrations prennent « au pied de la lettre » ces propositions et créent ainsi un imagier fantaisiste où l’enfant n’apprend pas à appliquer le langage aux choses mais à jouer avec le langage, à le goûter en poète, donc.

Les Mous

Les Mous
Delphine Durand
Rouergue, 2015

Vive les mous !

Par Anne-Marie Mercier

lesmousQu’est-ce qu’un mou ? une bestiole sympathique, de forme indéterminée, plutôt arrondie, « cool », « niais », ils vivent sous terre, sont sociables. Il y a toutes sortes de mous. Ils ressemblent un peu aux Gibis pour ceux qui connaissent les Shadocks, l’intelligence et la gaieté en moins.

Si vous êtes séduits après la lecture de cette encyclopédie et souhaitez avoir un mou chez vous, sachez que le mou apprivoisé demande des soins. En fin de volumes, vous trouverez toutes sortes de conseils…

Parodie d’encyclopédie jubilatoire !

Espèces de monstres

Espèces de monstres
François David, Olivier Thiébaut
Motus, 2015

Un album « monstre »

Par Anne-Marie Mercier

Espèces de monstresAprès Les Hommes n’en font qu’à leur tête, François David et Olivier Thiébaut reprennent le procédé de portraits composites, à la manière d’Arcimboldo, accompagnés de courts textes poétiques. Ce sont autant de « caractères » (à la manière cette fois de La Bruyère ou La Fontaine) qui sont brossés : monstres fabuleux (le loup du Chaperon rouge), caricaturaux (le monstre d’hygiène, l’encyclopédiste), moraux (le brise-tout).

A cette liste s’ajoutent les monstres qui souillent la nature : marée noire voitures, ordures… François David et Olivier Thiébaut renouent ici avec un autre de leurs albums , Un Rêve sans faim, qui dénonçait les injustices et déséquilibres du monde ; poésie et art engagés ne sont pas avec eux des gros mots, loin de là. Textes simples, riches et rythmés, images sophistiquées alliant les assemblages les plus étranges, tout est… parfait : un album « monstre », qui conjugue monstration, dévoilement et poésie.

 

Un rêve sans faim

Robots intergalactiques: Les super Brikabraks

Robots intergalactiques: Les super Brikabraks
Richard Marinier
Rouergue, 2014

Cata…logue?

Par Chantal Magne-Ville

Robots intergalactiques- Les super BrikabraksQue peut-on trouver dans un catalogue de robots ? Des prouesses technologiques ? Des solutions pour la maison ? Une inspiration pour une nouvelle de science-fiction ? Pas du tout… Une rêverie à l’état pur ! Il faut dire que les dix robots proposés sont le fruit d’une folle inventivité, mais pas là où on l’attendrait. Ils sont faits de bois, et qui plus est de bois de récup’, mêlant des éléments aisément identifiables : au cas où l’un d’eux échapperait à la sagacité du lecteur, des notes de marge doubles l’aident à retrouver l’élément manquant, qui loin d’un inventaire de bricoleur, montrent comment on joue avec la langue…mais pas la langue de bois justement….plutôt celle de la poésie.

La présentation en diptyque montre les robots à l’état naturel, puis transcendés par le dessin sous forme de sérigraphies de type « vintage ». Ils sont affublés d’un nom révélateur de leur personnalité et magnifiés jusqu’à devenir de véritables héros aux pouvoirs multiples. Pour ne pas s’y perdre, l’auteur a obligeamment joint une évaluation pour chacun d’eux, au moyen d’un code couleur et d’un système de curseur qui teste leurs puissances d’attaque, leurs faiblesses, leur capacité de défense et les dégâts qu’ils peuvent occasionner ! Une porte ouverte sur la création d’histoires. Et dieu merci !, on trouve des robots féminins, dont les performances n’ont rien à envier à celles des hommes. A noter, toutes sortes de qualités intellectuelles et guerrières bien sûr, mais gourmandes également… La parodie du monde électroménager n’est pas loin, mais enflée par une imagination débordante. A consulter et re-consulter : chaque lecture offrant de nouvelles découvertes…

 

Visitons la maison

Visitons la maison
Pittau & Gervais
Galimard jeunesse (Giboulées), 2015

ABC de la maison

Par Anne-Marie Mercier

Visitons la maisonDans le même esprit que les grands albums parus précédemment (Promenade au jardin, Visite au zoo), les auteurs proposent une visite guidée entre les pages par des chemins de couleur : l’un permet de relier les silhouettes de différents membres de plusieurs familles, dont on retrouve les images à coller en page centrale, l’autre relie les objets, cachés sous des rabats à leur initiale qui évoquent parfois les bruits qui leur sont associés, un autre associe les animaux. Beauté du graphisme sur un fond bleu marine, ingéniosité des parcours, mise en éveil et en activité, c’est tout un monde qui se déplie, dans un abécédaire en forme de jeu.

Dieux et déesses de la mythologie grecque

Dieux et déesses de la mythologie grecque,
Françoise Rachmuhl, Charlotte Gastaud
Flammarion, père Castor, 2013

Divines histoires de familles

Par Yann Leblanc

L’album s’oDieuxetdéesses_mythologiegrecque,uvre avec un arbre généalogique présentant la lignée des Olympiens et leurs descendants à partir de leurs ancêtres, Chaos, Ouranos et Gaia, les Titans et parmi eux Cronos, le père indigne qui dévorait ses enfants. Des conflits entre parents et enfants ou entre époux, frère et sœur, nièce et oncle, etc., il n’en manque pas dans ces histoires. Le tour de force de cet album est de donner de manière synthétique beaucoup d’informations, tout en se donnant l’air de raconter des histoires pour le plaisir. Ainsi on tire le portrait de Zeus, Héra, Poséidon, Déméter, Athéna, Arès, Aphrodite, Héphaïstos, Hermès, Artémis, Apollon et Dionysos; on raconte leur naissance, leurs amours, leurs métamorphoses ou celles qu’ils infligent. Les illustrations de Charlotte Gastaud sont un mélange assez réussi de son style ordinaire et de tracés à l’antique, de décors colorés japonisants et de blancs sobres.

Toutes les maisons sont dans la nature

Toutes les maisons sont dans la nature
Didier Cornille
Hélium, 2012

De natura domorum

 Par Yann Leblanc

Toutes ? non, matoutes-les-maison-sont-dans-la-nature-heliumis les plus surprenantes, et les plus modernes, de 1924 (la maison où tout est mobile de Gerry Rietveld) à 2002 (la maison écologique en paille de Sarah Wigglesworth et Jeremy Till). On trouve pour chacune de ces maisons qui ont changé la façon de concevoir l’habitat une présentation de son architecte (aux noms cités précédemment on peut ajouter Le Corbusier, Frank Lloyd Wright, Charles et Ray Eames, Mies van der Rohe, Jean Prouvé, Franck Gehry, Shigeru Ban, Rem Koolhaas). Le projet de construction est expliqué, en fonction du commanditaire, de l’emplacement, du contexte, aussi bien que les principes techniques et esthétiques à l’œuvre. Enfin, l’album ajoute des images des bâtiments les ^plus célèbres construits par le même artiste : église, musée, immeubles…

En format allongé à l’italienne, sur papier blanc, l’ouvrage a une allure de carnet de croquis et est un parfait support pour le texte, à la parfaite lisibilité, et les images ; celles-ci, des dessins à l’encre (« rotrings » de différentes teintes) réhaussés de quelques touches de couleur, sont proches d’un projet architectural.

Initiation à l’architecture, donc documentaire, ou livre d’art ? Comme l’album qui l’a suivi (Hélium 2014), Tous les ponts sont dans la nature qui a reçu le prix Pépite de Montreuil dans la catégorie livre d’art, cet album joue sur les deux tableaux, il informe, fait comprendre, donne à voir, et est une petite merveille de conception et de graphisme.

À Bord du bateau pirate

À Bord du bateau pirate
Jean-Michel Billioud et Ollivier Latyk

Gallimard Jeunesse (Le monde animé), 2014

C’est un fameux trois-mâts

Par Matthieu Freyheit

Le bateau aBorddubateaupiratepirate est devenu en peu de temps un classique des albums de jeunesse, sorte de sous-branche des albums consacrés plus généralement à la piraterie. De fait, à bord du bateau pirate, on trouve essentiellement…des pirates. L’idée n’est donc pas neuve, ni originale, mais ce volume a l’intérêt de se montrer plus précis et plus curieux d’un mode d’existence somme toute particulier, et dont nous ne savons pas tout. De l’embarquement à la capture par les soldats du roi, l’album revient sur les principaux épisodes traversés par le bateau pirate : l’enrôlement, la répartition des tâches, la position du capitaine, les escales, les abordages et les trésors remettent en perspective les étapes majeures d’un véritable roman de piraterie. L’aventure avant tout, donc, mais semée d’informations et d’anecdotes qui permettent à cet album de sortir un peu du lot.

Visuellement, le livre privilégie les tons simples qui ne mettent pas à mal la présentation des informations, tout en livrant des scènes animées et riches. Et comme toujours dans ces albums participatifs, le geste du lecteur est mis à contribution : des languettes à tirer, des éléments à soulever, des roulettes à tourner, faisant de chaque double-page un livre dans le livre. Une réussite, donc, qui n’hésite pas à mélanger avec intelligence l’enthousiasme de l’aventure et de la découverte à celui de la connaissance.

 

Goélands et salicornes

Goélands et salicornes
Nicolette Humbert

La Joie de lire (tout-petits photos), 2014

 Sur la plage abandonnée…

Par Anne-Marie Mercier

goelands_salicorne_RVB_c_500Il y a de plus en plus d’ « imagiers » cartonnés sous la forme de recueils de photos, et c’est heureux. Ici, l’exploration proposée est celle d’une plage et de ses alentours, des plans larges aux plans rapprochés : plage, falaise, phare… puis phoque, crabe, galets… en passant par les balanes, patelles et salicornes : autant dire que les adultes eux-mêmes apprendront quelque chose.

Ils apprendront également, avec les tout petits, à regarder de près les animaux aquatiques (l’œil vif et méfiant du crabe), les plantes (la flottaison paresseuse de l’algue), et à s’émerveiller devant la qualité de ces photos et de leur reproduction : comme pour les grands !

Et dans deux jours, un autre imagier, encore meilleur…