L’ABC des chiens

L’ABC des chiens
Julie Eugène
L’édune, 2013

 Des Chiens de partout, petits et grands

Par Anne-Marie Mercier

LABCdeschiensOn pourrait croire qu’il s’agit d’un simple  abécédaire de plus, qui tenterait de faire coïncider vaille que vaille son objet aux 26 lettres de l’alphabet, eh bien non, c’est bien plus. Tout d’abord, il réussit le tour de force qui consiste à trouver des noms pour toutes les lettres (avec quelques rares entorses comme « italian Grey Hound », ou « U Cursinu » (chien corse ; quant à la lettre « q », on vous laisse la surprise). Mais c’est aussi une encyclopédie charmante : chaque chien est donné avec son caractère, son histoire, son origine géographique et une mini carte et un drapeau pour l‘illustrer. Tout cela est accompagné de conseils d’éducation, d’alimentation (le Mâtin de Naples mange 700 g de viande par jour, c’est bon à savoir, parents qui voulez limiter les désirs de vos enfants) et d’un zeste d’humour.

Lumières – L’Encyclopédie revisitée

Lumières – L’Encyclopédie revisitée
Frank Prévot et collectif

L’édune, CRDP Champagne-Ardennes, 2013

L’année Diderot

Par Anne-Marie Mercier

lumieresPour fêter l’anniversaire de la mort de Denis Diderot (1784), quoi de mieux que de proposer au jeune public une nouvelle version des planches de l’Encyclopédie ? Et de proposer toute une série d’animation pour les « petits Diderot » (voir le site !)

En effet c’est la partie des planches que l’on a retenue ici de la gigantesque entreprise éditoriale menée pendant 25 ans par Diderot. Celle-ci est fort bien présentée en préface par Aline Beilin, conseillère scientifique pour cet ouvrage.

Onze domaines ont été retenus : Agriculture, histoire naturelle, anatomie et chirurgie, sciences, métiers de bouche, Beaux-arts, transports, écriture et imprimerie, armes et soldats, mode, artisanat. Les planches originales, reproduites en miniatures, sont précédées d’illustrations qui en reprennent ou en détournent l‘esprit. Elles ont l’œuvre de différents auteurs, dans l’esprit de la collaboration encyclopédique : Martin Jarrie, Regis Lejonc, Charles Dutertre, Jean-François Martin, Julia Wauters, Tom Schamp, Clotilde Perrin, Rascal, Vincent Pianina, Albertine, Janik Coat.

Le texte zigzague entre information vaste, petits renseignements utiles au quotidien, réflexions poétiques, anecdotes et propose au lecteur de rebondir grâce aux renvois d’un article à l’autre. Il y a là de quoi se promener d’une discipline à l’autre et toujours en beau langage durant toute une année, ou davantage…

Les Pakomnous

Les Pakomnous
Anne Jonas, Christophe Merlin

L’Edune, 2012

« En ces temps lointains, le monde s’occupait doucement de ses commencements »

Par Dominique Perrin

La fable est ancienne comme l’humanité, et son humour piquant aussi : deux peuples vivent en ennemis chacun de leur côté d’un fleuve, jusqu’à ce qu’un(e) innocent(e) convertisse la défiance atavique en désir de rencontre. L’histoire n’a pas une ride, et rayonne de tous ses feux sous les plumes d’Anne Jonas et de Christophe Merlin, qui semblent la réinventer, l’une dans une écriture « des commencements » associant de façon remarquable simplicité syntaxique et puissance métaphorique, l’autre dans un style graphique évoquant ici une tradition populaire russe mâtinée de clins d’oeil à Nicole Claveloux, là les stables paysages de Cézanne.

 

Neuf couleurs de peur

Neuf couleurs de peur
Annie Agopian et Marc Daniau

Édition de l’Edune, 2011

 Par Justine Vincenot (MESFC Lyon 1)

« C’est vrai qu’il y a une peur pour tout ». Dans cet ouvrage, chaque peur a sa couleur. La peur bleue, bien sûr, mais aussi la peur grise, la plus sournoise, ou celle de Violette, qui a peur d’attraper des arcs-en-ciel… Annie Agopian et Marc Daniau nous racontent neuf histoires. Neuf histoires différentes, qui montrent, chacune à leur manière, que la peur a de multiples facettes et peut tous nous attraper.

Le jeu subtil des illustrations, dans lesquelles les différentes tonalités des couleurs et les sens que portent celles-ci sont mis en écho, évoque avec profondeur les nuances de cette émotion. La variété du graphisme et des textes renforce l’expression de ce phénomène protéiforme. Pas de recette miracle dans cet ouvrage, mais peut-être une invitation à nous déculpabiliser face à nos peurs.

Les poètes ont toujours raison

Rascal
Les poètes ont toujours raison

L’Edune, 2011

Poèmes pour viatique

Par Dominique Perrin

Les poètes ont toujours raison » : le titre de l’anthologie adressée par Rascal aux derniers nés des « frères humains » chers à François Villon s’entend de multiples façons. Le « toujours » y est entre autres chronologique : c’est de durée qu’il est question, au premier chef dans la dédicace de l’auteur à son père, et dans le témoignage autobiographique liminaire qui relie la mémorable découverte de la poésie « sur les bancs de l’école » au geste du cueilleur-semeur adulte assemblant son bouquet de poèmes et d’images.
Du quasi haïku de Guillevic aux enjambées fantastiques des strophes de Rutebeuf, douze poèmes de langue française sont rendus magistralement présents, douze poètes – scrutant ou désignant chacun à leur manière les marges des différents systèmes de domination de leur temps – retrouvent leur aura de vivants dans des portraits qui refusent tout rajout aux poèmes, mais apportent au lecteur, rencontre imprévisible, une vision des sujets aigus, inquiets et désirants qui les écrivirent

 

Rollinettes

Rollinettes
François Rollin, ill. Benjamin Chaud

L’Edune, 2011

Humour sans cosmétique

Par Dominique Perrin

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« Jusqu’à l’âge de huit ans,
j’ai eu peur des loups.
De neuf à quinze, c’étaient les guêpes.
Depuis mes seize ans,
J’ai peur de la mort.
Sincèrement, j’aimais mieux le début. »

Difficile, singulièrement difficile de présenter ces « rollinettes », aussi efficacement que l’éditeur en quatrième de couverture (« Voici livrée à votre sensibilité une véritable somme de pensées profondes ») ou que Nicolas Bedos dans sa « préface délicieusement inefficace » (« Rollin ne s’achète pas, c’est lui qui nous loue »). Le recueil est, de fait, spirituel : avec légèreté, avec gravité, avec une exquise apparente candeur surtout – et aussi, importe-t-il peut-être de rajouter, avec beaucoup d’incorrection et de pudeur. Après cette lecture, toute la production des éditions L’Edune s’offre à la découverte du lecteur étonné et un peu rajeuni : pour l’esprit, beaucoup plus et beaucoup mieux que du champagne.

Le jardin secret de Monsieur Albert

Le jardin secret de Monsieur Albert
Henri Meunier, Benoît Audé
Editions L’Edune, 2009

par Frédérique Mattès

Un hymne aux petites gens à travers le portrait de Monsieur Albert, portier au Majestic et fier de son état, tout empêtré de timidité et amoureux fou de Mademoiselle Julie, à laquelle il n’ose rien dire. Un beau travail de mise en page du texte d’Henri Meunier. Un texte poétique, fantaisiste, délicat : « Mon costume c’est comme un antidote à ma fragilité ». Une économie dans le trait humoristique qui lui fait écho, les pages sont peuplées de petits personnages et de multiples détails. On se retrouve dans un univers proche de celui d’Hélène Riff. Une belle réussite.