Imagier du vivant

Imagier du vivant
Martin Jarrie
Seuil, 2020

Images vivantes

Par Anne-Marie Mercier

L’album de Martin Jarrie est à lui tout seul une exposition. En ces temps où l’on est privé de la contemplation des œuvres, depuis la fermeture des musées, c’est un bonheur de s’arrêter sur ses images, reproductions de vrais tableaux de l’artiste qu’est Martin Jarrie, dans lesquelles on devine l’épaisseur de la matière à travers la richesse de la palette. Certaines images ont la précision du trompe l’œil, d’autres la beauté d’une nature morte, parfois celle d’un tableau abstrait. Les fonds vont du noir le plus profond au rouge le plus éclatant, en passant par des verts, des blancs, des jaunes aux multiples nuances.
Selon le principe de l’imagier, des animaux et des plantes sont présentés, seuls, sans décor, et avec pour seul accompagnement textuel leur nom. Certains occupent toute une double page, le plus souvent ce sont de gros animaux (la vache, le mouton, le cochon, le cerf – superbe sur un fond de vert tendre – le maquereau, si bleu). D’autres occupent une seule page et jouent au jeu des correspondances avec leur vis-à-vis : complémentarité (un citron entier et un citron en coupe), rapprochement de couleurs (le radis et l’œillet rouge) ; parfois c’est juste un détail (la crête de la poule et la fraise), parfois c’est le début d’une histoire (un coq face à un renard) ; parfois c’est plus mystérieux : que va faire le chat avec le raisin? ou drôle (le cheval et le poivron).

On ne se lasse pas de contempler chaque détail, de se rassasier de ces couleurs : c’est magnifique, vibrant… vivant.

Feuilleter sur le site de l’éditeur

Taupe et Mulot : Tome 3 – Notre part de ciel

Taupe et Mulot : Tome 3 – Notre part de ciel
Henri Meunier illustrations de Benjamin Chaud
Hélium 2020

Amitié, poésie et fantaisie

Par Michel Driol

Trois histoires indépendantes pour ce tome 3 des aventures de Taupe et Mulot. L’un n’y voit pas beaucoup, l’autre est aux petits soins pour son ami. Comment se baigner quand on a oublié son maillot ? Comment faire le nettoyage de printemps en aout  sur des airs de Django Renard ? Comment repérer tout ce qu’il y a sur le chemin et faire l’inventaire de tous les cailloux qu’on nomme et qu’on reconnait intimement ?

Trois histoires et trois personnages qui font penser à l’univers d’Arnold Lobel par la façon de révéler une vision et une approche poétiques du monde, pleine de fantaisie. D’abord, on a l’amitié indéfectible entre deux animaux de race différente, et pourtant liés par ce qu’ils ont en commun et ce que chacun peut apporter à l’autre : une vision du monde particulière, un enthousiasme et un souci de l’autre. Car, si Taupe y voit peu, il poétise le monde qui l’entoure, et a une attention particulière pour tous les petits riens. Il vit à son rythme et a sa façon bien à lui de profiter de chaque instant. Le calendrier du cœur compte plus pour lui que le calendrier des autres. Ces deux personnages sont dépeints avec humour, à travers des dialogues savoureux, dans une écriture pleine de malice. Les illustrations, aux couleurs chaudes, donnent à voir deux animaux très anthropomorphisés, d’emblée sympathiques pour le lecteur, dans des décors soignés, qu’il s’agisse de la nature luxuriante ou de la maison très confortable de Taupe.

Trois histoires courtes, enlevées, pleines d’optimisme et de joie de vivre pour conforter le sens de l’amitié et aiguiser le regard sur le monde.

Poussin

Poussin
Davide Cali, David Merveille
Sarbacane, 2019

Par Anne-Marie Mercier

«  à tous ceux qui rêvent de devenir de grands auteurs »

Dans cet album très drôle, il y a de  grands sujets : comment devient-on écrivain ? Et écrivain pour enfants ? Qu’est-ce que la vocation, l’inspiration, et que pèsent ces mots face à l’édition, à l’économie, à la loi du marché ?
Le héros de cette histoire veut depuis son enfance devenir écrivain, il sent qu’il en a la fibre, s’imagine un destin. On le voit faire plusieurs tentatives, se remettre sans cesse à l’ouvrage, persuadé chaque fois d’avoir créé un chef-d’œuvre, et découragé par les refus successifs des éditeurs auxquels il envoie ses romans.
Pour se venger de l’un d’eux qui lui a écrit qu’il fallait « simplifier son écriture », il envoie un torchon absurde, avec un héros idiot et banal (un poussin), illustré par ses soins, c’est-à-dire n’importe comment. Poussin fait du ski est un succès, il y a des suites, malgré ses tentatives pour décourager l’éditeur : Poussin fait un gâteau, Poussin fait du vélo, Poussin fait pipi au lit, etc. L’écrivain est invité dans les écoles, à l’étranger. Poussin est adapté à la télévision, fait vendre des produits dérivés et est traduit en 60 langues. L’écrivain apprivoise peu à peu sa créature et son succès en voyant ce qu’il apporte à ses petits lecteurs : la joie partagée, l’amitié d’un héros récurrent placé dans des situations simples.

L’album réussit à être à la fois une satire très drôle du monde des séries populaires pour enfants et à poser des questions graves sur ce qu’est l’écriture, la création, et la réception de ces œuvres.

Feuilleter sur le site de Sarbacane.

La petite boîte

La petite boîte
Yuichi Kasano, Diane Durocher (trad. du Japonais)
L’Ecole des Loisirs, 2021

La moufle, euh, non… la boîte

Par Christine Moulin

On ne compte plus les adaptations du conte slave La moufle. En voici une pour les tout-petits, de format carré, en carton résistant, qui met en scène non pas une moufle, mais un objet très riche, fantasmatiquement: une boîte!
L’histoire par accumulation est courte: peu d’animaux se présentent pour entrer dans la boîte et pour que cela aille plus vite, certains, tels les canards, viennent trois par trois. Ces animaux sont des classiques du répertoire de la maternelle: renard, élan, canards, donc, et ours. La situation est réduite à sa plus simple expression: on ne sait pas vraiment pourquoi tout le monde veut entrer dans la boîte, les conditions météorologiques ne semblant jouer aucun rôle, à la différence de ce qui se passe dans le conte originel. Pour le plaisir, sans doute?
Mais malgré ce dépouillement, cet album a de nombreux atouts: les animaux sont très mignons, avec leurs grands yeux malicieux, leur bouche souriante et leur expression très lisible. Le texte est varié: la narration est animée par des onomatopées et des dialogues enlevés.
Ce qui peut surprendre l’adulte qui connaît l’histoire, c’est la fin: la boîte n’explose pas, si bien que l’on peut chercher une nouvelle interprétation. Cela signifierait-il que l’on peut toujours accueillir autrui, même si les conditions matérielles ne semblent pas favorables? L’air réjoui des animaux, sur la dernière double page, laisse entendre que même serrés, on est bien, ensemble.

Mona aux doigts de miel

Mona aux doigts de miel
Marie Zimmer illustrations de Madeleine Pereira
Editions du Pourquoi pas ? 2020

Le merveilleux voyage de Mona au sein de la ruche

Par Michel Driol

En visite avec sa classe chez un apiculteur, Mona se retrouve sur le dos de Meline, qui la conduit au sein de la ruche dont elle est reine et où on a besoin d’elle pour un travail bien spécifique : écrire des slogans sur les banderoles que les abeilles utiliseront pour manifester et dire qu’elles sont en danger.

A travers ce récit merveilleux se pose la question de l’urgence de la sauvegarde des insectes, des abeilles en particulier, menacées par les insecticides. Pourtant, le texte est plein de légèreté. Mona, la narratrice, est une enfant ordinaire que rien ne prédisposait à vivre cette aventure. Chacun pourra donc s’identifier à elle. Avec une certaine naïveté, elle subit sa miniaturisation, et découvre dans la ruche un univers organisé, où chacun a un travail à accomplir. Il y a là comme un clin d’œil à tout un pan de la littérature de jeunesse qui vise d’abord à instruire en faisant découvrir un univers étranger, et on retrouve là les techniques et les codes de nombreux récits. Mais, tout en respectant l’univers des insectes, il y a aussi comme une façon de les anthropomorphiser et de rapprocher leur univers de celui des hommes, mieux connu par l’enfant lecteur : si la ruche est une usine, pour la sauvegarder, il convient de manifester, de se chercher des alliés (Mona, choisie pour ses qualités d’écriture). Enfin, la conclusion, explicite, incite à faire un pas vers l’autre pour dominer ses peurs en le connaissant mieux. Les illustrations mettent l’accent sur le côté enfantin de l’univers représenté (abeilles qui sourient…), mais aident aussi à prendre conscience de la transformation des campagnes par une agriculture chimique mécanisée.

Un récit fantastique destiné aux jeunes enfants, au service de la défense de la cause des abeilles.

 

Rosie

Rosie
Gaëtan Dorémus
Rouergue, 2020

Où est ma maman ?

Par Anne-Marie Mercier

L’argument de ce très bel album pourrait sembler mince, puisqu’il tient à un fil : celui qu’une petite araignée cherche désespérément.
En fait il est lourd de sens, puisqu’au bout de ce fil, à la fin de l’album, on découvre la mère de Rosie qui s’exclame à l’avant dernière double page « Ma fille ! », en écho aux « où est mon fil ? » répétés de page en page par Rosie.  Ce jeu sur les mots rend la métaphore de la fil-iation bien claire pour tous et rattache cet album à tous ceux, bien connus, où l’on voit un petit chercher sa maman (et parfois son père), avec de l’originalité en plus : un insecte, et encore plus une araignée comme héroïne, ce n’est pas courant. Les arachnophobes n’ont rien à craindre d’ailleurs : Rosie est très mignonne ; c’est une petite boule rose aux grands yeux étonnés (où perle, à la fin, une larme) et aux pattes en bâtonnets qui la font ressembler à une boule hérissée d’épingles.
L’autre mérite de cet album tient à la dynamique des pages qui font rebondir la lecture de l’une à l’autre : en suivant un fil, un geste (l’épisode avec les moustaches du chat est superbe), une plante, on suit les aventures de Rosie, tantôt jubilatoires, tantôt effrayantes. Pour ajouter à ce continuum, chaque décor placé à droite des doubles pages pourrait se coller à celui qui s’inscrit à gauche dans la page suivante pour former un leporello continu. Les paysages étranges, tantôt tracés délicatement sur fond blanc, tantôt envahissant tout l’espace comme la forêt de champignons, les créatures géantes rencontrées (à l’échelle d’une toute petite araignée), tout cela propose un beau voyage en images et une histoire captivante et… attachante.

C’est le troisième album de G. Dorémus proposé aux tout-petits, après les jolis Quatre pattes et Tout doux, tous aux éditions du Rouergue.

 

Mon petit carré de terre

Mon petit carré de terre
Cathy Ytak Illustrations de Christelle Diale
Editions du Pourquoi pas ? 2020

Il faut cultiver notre jardin

Par Michel Driol

Pour son anniversaire, Tilo fait construire, par sa mère, un petit jardin dans une caisse en bois sur le balcon de l’appartement qu’ils occupent, avec sa sœur, au 9ème étage d’une cité de béton. Malgré les sarcasmes de sa sœur, qui souhaiterait un jardin potager, il plante quatre bégonias, et voit, avec surprise une cinquième fleur pousser… qui s’avère être une carotte que l’on mange en famille.

Publié dans la collection [Pourquoi pas la terre ?], ce récit familial à la première personne – le narrateur est Tilo – repose sur une intrigue minimaliste pour aborder les problématiques liées à notre rapport avec la nature. Devant la plante inconnue qui apparait sans son jardin, Tilo est condamné à choisir entre la laisser pousser et la traiter comme une mauvaise herbe. D’un côté, il y a la grande sœur, dont toutes les paroles semblent motivées par l’envie de s’opposer à son frère, qui propose de l’arracher. De l’autre, il y a Tilo, qui cherche quelle peut être cette plante sans grâce, et qui lui laisse une chance. De façon simple, c’est le thème d’une certaine  biodiversité qui est ici abordé, en incitant à laisser la nature libre de se développer, pour, finalement, apporter aux hommes plus que ce qu’ils en ont souhaité. Cette parabole vaut aussi par l’arrière-plan parfaitement évoqué par Cathy Ytak, avec un soin apporté à l’évocation des petits détails de la vie quotidienne dans un immeuble (balcon servant à faire sécher le linge, ascenseur souvent en panne…), et dans la peinture des relations au sein de cette famille monoparentale au travers de dialogues vivants, souvent plein d’humour et expressifs. Les illustrations de Christelle Diale, très colorées, jouent à la fois sur le réalisme dans la représentation de la ville, des plantes, et l’imaginaire en exprimant le lien entre les plantes et l’homme. Elles se découpent souvent en petites vignettes qui mettent l’accent sur le travail, ou le temps qui passe. Enfin, elles proposent un parcours entre une ville grise au début et une ville où poussent les fleurs à la fin.

Un récit simple et efficace pour contribuer à sensibiliser les enfants à l’importance du jardin… qui se termine par une recette de salade de carottes à l’orange !

Sur le chemin de l’école

Sur le chemin de l’école
Anne Loyer Lili la baleine
Maison Eliza 2020

Parenthèse enchantée

Par Michel Driol

Qui n’a jamais dit à un enfant « Dépêche-toi ! » ou « Tu vas être en retard ? » ? C’est ce qu’entend Ada, tous les matins, dans la bouche de ses parents, de la dame qui fait traverser la rue, du maitre. Pourtant, le temps passe vite sur le chemin de l’école, surtout quand on le connait par cœur, qu’on peut le faire les yeux fermés. Et alors il devient tellement plus beau tellement plus fou.

Cet album se structure en trois parties bien marquées. Le réveil, le chemin de l’école, l’arrivée à l’école. La première et la troisième partie sont les lieux du réel, des injonctions adressées à l’enfant, autant de refrains quotidiens graphiquement inscrits dans des phylactères, imprimés en gros caractères. La deuxième partie est pratiquement sans texte, elle montre surtout Asa sur le chemin de l’école, rencontrant des situations et des êtres étonnants : personnages à tête d’animaux, fleurs géantes, poissons volants qui dessinent tout un monde surréaliste, à l’image du rêve où tout peut arriver. Des cocottes en papier s’envolent, les animaux se combinent entre eux comme une ode à l’imaginaire enfantin qui transforme tout. Cette réalité enfantine se révèle dès la sortie de la maison, mais ne disparait pas complètement dans la salle de classe où l’on retrouve la cocotte en papier et surtout un écolier à l’étrange queue animale… Alors qu’Anna court sans arrêt de la maison à l’école, le lecteur, lui, devra prendre le temps d’observer les images dans lesquelles il découvrira tant et tant de détails surprenants, dans des couleurs pastel pleines de tendresse. Voilà un album qui évoque avec bonheur l’imaginaire enfantin et la tension que subit chaque enfant entre la pression sociale, la peur d’être en retard, la maitrise du temps et l’envie de s’évader, de vagabonder dans un autre monde. De tout cela, de cette vision de l’enfance, un certain Jacques Prévert parlait aussi…

Un album qui invite à sortir du monde quotidien des injonctions pour aller flâner dans la liberté individuelle du rêve.

Le Livre du rien

Le Livre du rien
Rémi Courgeon
Seuil Jeunesse 2020

Et si rien n’était écrit…

Par Michel Driol

Quelques jours avant sa mort, son grand-père offre à Alicia le livre du Rien : un bien étrange ouvrage, dont toutes les pages sont blanches, et qui devra rester immaculé.  Ce livre permettra à Alicia, dès qu’elle l’ouvrira, d’avoir des idées, petites, grandes ou géniales… En grandissant, Alicia se découvre une passion pour la cuisine, en fait son métier avec son amoureux, jusqu’au jour où un incendie détruit ce livre. Alicia en fait fabriquer un nouveau, ce que l’imprimeur n’arrive pas à faire. Car, ce qu’il lui livre, c’est l’album que le lecteur tient entre ses mains.

Que transmettre sans influencer ? Comment permettre à chacun d’avoir confiance en lui et de bien remplir sa vie ? Voilà un album qui dit que rien n’est écrit, que c’est à chacun d’écrire sa propre histoire, de réaliser ses propres rêves, d’avoir ses propres idées, tout en gardant un lien avec le passé, avec ses ancêtres. La force du livre offert par le grand-père, c’est de laisser au lecteur toute sa place d’acteur de sa vie, mais de l’accompagner, d’être là, comme un objet transitionnel dont il faut préserver l’intégrité. Au-delà de l’histoire d’Alicia, c’est de l’humanité toute entière qu’il est question, en particulier avec cette illustration montrant des hommes préhistoriques étonnés par une fermeture éclair, invention aussi géniale que la mousse au chocolat. Qu’est-ce qu’une idée qui change réellement la face du monde ? Par ailleurs, l’ouvrage évoque la création : comment, à partir de rien, faire naitre quelque chose ? C’est bien là le sens de poiein en grec, qui donnera le mot poésie. Ces problématiques profondes et sérieuses sont traitées ici sous forme de parabole, avec un humour qui se ne dément pas. Humour du cadeau paradoxal du grand père, humour des dialogues, humour des illustrations, humour de la pirouette finale, humour de la couverture (lettres dorées sur fond rouge) qui évoque les livres publiés par Hetzel, livres savants destinés à transmettre un savoir encyclopédique. Comme si on avait changé d’époque dans la relation au savoir et au livre, comme une façon de dire que les réponses ne sont pas forcément dans les livres, mais dans l’individu qui les lit.

Un drôle d’album plein d’originalité, qui se met en abyme, pour dire que l’imagination et de la création sont à la portée de chacun.

Poèmes pour les bébés – Haïkus d’automne

Poèmes pour les bébés – Haïkus d’automne
Thierry Dedieu

Seuil Jeunesse 2020

Poèmes en noir et blanc

Par Michel Driol

Ecrire des haïkus pour des enfants de 0 à 3 ans ? Beau défi que relève ici Thierry Dedieu, qui en propose 6 dans un album grand format qu’il illustre lui-même. Comme le jeune enfant perçoit mieux les forts contrastes, les illustrations sont en noir profond et blanc absolu, utilisant tout l’espace de la double page, avec des formes faciles à percevoir.

Six haïkus donc, pour dire l’automne, à travers ses animaux (les grues, les oiseaux, les lapins, les canards), les végétaux (les feuilles, les champignons), les phénomènes météorologiques (la pluie, le vent). Six évocations de l’automne, minimalistes comme doivent l’être les haïkus, disant des instants à saisir, dans un lexique que Dedieu n’hésite pas à vouloir précis (grues, garrigue, chavirer), hors de l’expérience des enfants auxquels il s’adresse. C’est que les mots ici valent autant par le sens que par les sonorités et la musicalité et ils font entendre une langue différente de la langue de tous les jours, une langue qui ouvre la voie à un imaginaire qui s’inscrit dans la nature et le réel. On le voit, on est très loin ici des propositions que ferait un imagier : il s’agit ici moins de nommer le monde que d’en dire la poésie et les mystères. Destinés aux plus jeunes enfants, ces haïkus sont loin d’être bêtifiants, et ils ne manquent pas de profondeur et de sensibilité pour le public adulte qui les lira.

Un bel essai, réussi, pour s’adresser dans une langue poétique aux bébés.