Odyssée

Odyssée
Peter van den Ende
Sarbacane, 2021

Tour du monde sans escale

Par Anne-Marie Mercier

Un format adapté et 96 pages, voilà de quoi déplier un beau voyage imaginaire, sans texte, mais avec de nombreuses péripéties. Peter van den Ende propose une succession d’images en noir et blanc, tracées à l’encre et ombrés de multiples dégradés de gris. Elles se déploient sur chaque double page, proposant à chaque tourne de page un moment différent, avec de nouveaux lieux et de nouvelles rencontres fantastiques.
L’Ulysse de ce voyage semble être un petit bateau de papier, issu d’un pliage fait moitié par un diable cornu, moitié par un humain ordinaire ; ou bien serait-ce l’ombre qui s’en extrait à la fin du livre, un génie maritime élégant ? Le petit bateau fragile est ballotté en tous sens, rencontre de nombreux obstacles, part dans les airs, plonge au fond des abysses. Une carte en fin d’ouvrage montre le trajet parcouru, comme dans les éditions de l’Odyssée d’Homère, mais avec un monde plus vaste, du Pacifique au Golfe persique, de l’Antarctique à l’Écosse, doublant le Cap Horn et le Cap de Bonne espérance. Mais cet ancrage dans le réel est bien sûr fantaisiste : à travers lui, c’est surtout l’univers mythique de la mer que l’on rencontre, avec ses monstres, ses plantes, ses machines étranges aussi. Chaque page est pleine de détails curieux, drôles ou inquiétants. En somme ça vit, ça coule, c’est merveilleux.
On peut voir quelques images sur le site de l’éditeur.

Peter van den Ende est aussi, dans une autre vie, guide naturaliste sur les îles Caïman. La précision de son trait en témoigne. Odyssée est son premier album, fruit, on le devine, d’un long travail.

 

Le petit camion de papa

Le petit camion de papa
Mori
HongFei 2021

Sur la route…

Par Michel Driol

Une fillette part pour la journée dans le camion de son papa. Ils y entendent des chansons, traversent des villes, des ponts, échappent au mauvais temps, gravissent des montagnes, traversent des tunnels, s’envolent… Papa répare le camion…

Ce voyage peut se lire à différents niveaux. Voyage réel avec le père d’abord, bien sûr, père qui emmène sa fillette travailler avec lui. Mais aussi voyage merveilleux dans l’imaginaire, car ce voyage bien réel prend très vite une dimension surnaturelle : tantôt c’est le camion qui rétrécit, devenant un jouet sur la table, sous l’œil du chat, tantôt les montagnes et la nature prennent la forme d’animaux, qui emmènent finalement le camion dans les airs. C’est aussi un voyage dans la mémoire : le présent du récit change de sens à la fin, pour correspondre au moment de l’énonciation, et s’associe avec un imparfait, façon de montrer que le temps a passé, que la fillette est devenue grande, mais que les souvenirs sont toujours là. C’est enfin le voyage de la vie qui est évoqué, avec la compagnie silencieuse et bienveillante du père, père plein de puissance pour la petite fille, plein de mystère aussi avec ses chansons qu’on ne comprend pas, père omniprésent et pourtant jamais représenté sur les illustrations. L’album dit, avec tendresse,  les liens étroits et inoubliables qui unissent la fillette et son père, dans des illustrations colorées, pleines de fantaisie et de gaité, composées à base de papiers découpés, des images qui entrainent de plus en plus dans l’imaginaire avant de se styliser dans les dernières pages. A la fin ne subsiste, sur fond blanc, qu’un camion qui avance jusqu’à sortir de la page sur la ligne bleue du temps, accompagnant ainsi la petite fille dans son propre cheminement…  Les illustrations de Mori, artiste taïwanais,  ont été justement remarquées dans plusieurs sélections internationales.

Un album sensible sur les liens entre une fillette et son père, mais aussi sur les souvenirs et le temps qui passe.

Enquêtomania – Transports

Enquêtomania – Transports
Justine de Laguasie et Raphaël Martin – Daniel Sponton
La Martinière Jeunesse 2021

Où sont Charlie, Mathilda,Hitek, Lady Gogo et les autres… ?

Par Michel Driol

Sur le principe de Trouvez Charlie, voici 16 énigmes dans le monde du transport.

Un texte présente de nombreux personnages qu’il s’agit d’identifier grâce à un détail vestimentaire, ou par la position dans une illustration foisonnante. Chacune des pages est consacrée à un mode de transport (avion, montgolfière, bateau…) ou à un lieu (autoroute, ponton, galaxie…). Les textes, assez variés, présentent les personnages en action : accident, enquête policière, star du rap voulant passer inaperçue. Ils évoquent pour l’essentiel notre vie quotidienne, mais aussi les malfrats, pirates, bandits des enquêtes policières.

Ces personnages sont animalisés : leurs têtes sont celles d’animaux réels ou imaginaires, alors que les lieux sont représentés de manière assez réaliste avec une multitude de détails colorés.

Une dernière énigme invite à parcourir toutes les pages pour y découvrir des jumeaux cachés.

Un ouvrage jeu qui  plaira aux jeunes lecteurs et montrera que lire, c’est chercher et repérer des indices significatifs.

Le Grand Voyage de Quenotte

Le Grand Voyage de Quenotte
Jessica Minerve
Didier Jeunesse 2021

Sortir du terrier…

Par Michel Driol

Les lapins aiment rester entre eux, bien à l’abri dans leurs terriers. Mais voilà que, pour attraper une carotte, Quenotte se retrouve dans un mauvais trou, puis sous l’eau, confrontée à un géant velu et griffu. Prise de panique, Quenotte se construit un terrier dans lequel le géant dépose de la nourriture. Découvrant qu’il n’y a pas que les carottes dans la vie, Quenotte se met à explorer le monde, les arbres, y découvre d’autres animaux, et fait d’autres expériences. Tout le monde l’aide à retrouver son terrier… qui s’ouvre à d’autres que les lapins !

Avec beaucoup d’humour, cet album aborde des thèmes très actuels : le communautarisme, la peur de l’autre, les préjugés. Il montre, en effet, comment les habitudes, les routines, enferment, à la manière des lapins dans leur terrier, et interdisent d’aller vers l’autre, l’ailleurs, perçus comme des menaces. Il montre aussi la lente découverte de l’autre, sous la forme d’une espèce de tamanoir bienveillant, qui comprend le problème de Quenotte, lui vient en aide, déclenchant alors son envie d’explorer le monde, quitte à prendre des risques non mesurés (comme une tentative pour voler !). La bienveillance des autres s’avère illimitée et génératrice de nouveaux plaisirs et jeux. L’héroïne passe ainsi d’une vie sédentaire et monotone à une vie plus trépidante qui lui ouvre de nouveaux horizons. Cette leçon de vie est donnée avec un humour omniprésent. Ce sont d’abord les nombreux panneaux qui parsèment l’univers des lapins : du « Stop ! Frontière » au « On t’avait prévenue », ces panneaux définissent un univers mental fait d’interdictions, de mises en garde, ou de sagesse populaire (« Le bonheur est à portée de carotte ») qui définissent l’univers lapin autant que les nombreux détails du terrier tant en surface qu’en coupe. Les illustrations, aux tendres couleurs d’aquarelle, reprennent souvent les techniques de la BD pour multiplier les détails curieux et amusants. Et qu’importe que les lapins ou les chèvres ne grimpent pas aux arbres, et n’y dorment pas, l’utopie de cet univers  suspendu dans le ciel, loin des souterrains, fait plaisir à voir ! Le personnage de Quenotte enfin est particulièrement touchant, dans sa crainte du monde, mais aussi dans ses yeux grands ouverts, pleins d’étonnement.

Loin des préjugés et du politiquement correct, un album jubilatoire, tendre, et plein de malice !

Le Ballon d’Achille

Le Ballon d’Achille
Marie Dorléans
Sarbacane, 2020

Souffler, jouer, voler

Par Anne-Marie Mercier

Sur un jeu de mot qui évoque le personnage d’Achille Talon, nous voilà loin du héros grec, avec un tout jeune garçon qui essaie en vain de gonfler un ballon dans une fête d’anniversaire.
Entre deux souffles, il se passe quelque chose de magique : Achille s’envole avec son ballon, rejoint les avions et les montgolfières, survole un château, retombe, remonte en regonflant son ballon, puis repart vers le nord, au pays des ours blancs, puis vers le sud, au pays des jonques, et ensuite dans la forêt des lions, et enfin rejoint la fête d’anniversaire. Il s’y retrouve, toujours avec son ballon vide à la main, exactement au point où il était au milieu d’amies narquoises qui ignorent tout de son « voyage ».

Le lecteur fait un beau voyage lui aussi, dans ces vastes pages au format haut, dans lesquelles le blanc domine et où les décors au crayon esquissent des idées de paysages plus que des paysages. Les couleurs, limitées à trois dans le voyage (gris-bleu et rouge ou brun et vert) ajoutent à l’aspect épuré et mettent en valeur le jaune éclatant du ballon et la multiplication des couleurs de la jungle et des oiseaux exotiques, anticipant le retour dans la scène d’anniversaire.
Achille a-t-il rêvé ? il semblerait que non, vu le cadeau qu’il apporte.

Le Cercueil à roulettes

Le Cercueil à roulettes
Alexandre Chardin
Casterman 2020

Fils des mères encore vivantes, n’oubliez plus que vos mères sont mortelles (Albert Cohen)

Par Michel Driol

La mère de Gabriel décède des suites d’une longue maladie. Elle a émis le souhait d’être enterrée à côté de son mari, le père de Gabriel. Or ce dernier, homme que Gabriel détestait, les avait quittés et l’adolescent ne supporte pas de voir sa mère enterrée à côté de son père. Il prend alors une décision assez folle : exhumer le cercueil, le mettre dans une petite voiture à roulette, et chercher le meilleur endroit pour y laisser reposer sa mère.

Le roman se découpe en deux parties : le décès de la mère et ses conséquences sur Gabriel, qui a perdu ses repères, et navigue entre son ancienne maison, sa tante et une amie de sa mère, qui font de leur mieux pour l’épauler. Puis la seconde partie, road movie dans lequel Gabriel descend vers le sud, sur un parcours géographiquement assez bien inscrit entre Avallon et Digoin. Ce qui frappe d’abord dans ce roman, c’est le personnage même de Gabriel, son évolution, et le lien qu’il entretient avec sa mère, à laquelle il parle sans cesse, la façon dont s’entremêlent colère et tristesse. Il n’est pas indifférent que l’auteur ait fait le choix d’un récit au présent à la première personne : façon de mieux faire entrer le lecteur dans l’intimité, les sentiments, les réactions, le point de vue de son héros, de permettre de mieux le comprendre sans le juger.  Ce qui frappe ensuite, c’est l’extraordinaire bienveillance et humanité de la plupart des personnages adultes que rencontre Gabriel. Cela va d’un gendarme à un curé, d’un paysan à un immigré, d’un fossoyeur à un patron de friterie au bord de la route. Pour tous, faire preuve de fraternité et de solidarité, venir à aide à ce garçon mutique, qui cache son secret apparait comme une évidence, tout en respectant ses silences.

Pourtant, le sujet est difficile, et on peut concevoir que quelques lecteurs seront choqués par l’acte assez inouï – et illégal – de Gabriel. Pour autant, grâce à l’écriture d’Alexandre Chardin, il n’y a rien de morbide ou de glauque dans ce roman d’amour filial qui a plutôt un côté lumineux dans la façon dont Gabriel accompagne sa mère, et est accompagné par tous ceux qu’il rencontre, dont il note le nom sur la voiture qui transporte le cercueil. Tout se déroule au sein d’une nature où l’on croise des traces de loups, où l’on attend la pluie, jusqu’à la destination finale, qu’on ne révélera pas ici, mais dont on dira qu’elle est hautement symbolique : à chacun de créer son propre chemin, unique, vers un lieu à la fois inconnu et familier. Façon de dire n’effacez pas nos traces, que c’est le chemin qui nous fait, et non nous qui faisons le chemin. On songe bien sûr à Machado :

Voyageur, le chemin
Ce sont les traces de tes pas
C’est tout ; voyageur,
Il n’y a pas de chemin,
Le chemin se fait en marchant

Tout à la fois réaliste et allégorique, voici un roman que l’on pourrait qualifier d’apprentissage plein d’humanité qui parle de deuil et d’amour filial.

 

Si l’on me tend l’oreille

Si l’on me tend l’oreille
Hélène Vignal
Rouergue (doado), 2019

L’alchimie des rebelles

Par Anne-Marie Mercier

Un monde qui semble appartenir à l’époque médiévale, un roi autoritaire, trois provinces, l’une maritime, une autre agricole, et la troisième, dite des Vents chauds, plus aride ; une décision du roi oblige les habitants à se cantonner à l’une des provinces, à rompre de ce fait tous les liens qu’ils avaient avec ceux qui vivent ailleurs et à renoncer à leur vie itinérante, pour ceux qui la pratiquaient (saltimbanques, marchands forains, artistes…). On pourrait se trouver face à un récit classique reprenant des motifs bien connus de contes, avec un ou des héros qui mènent une révolte, forcément victorieuse : les saltimbanques contre le pouvoir, etc.
Point du tout.
Il n’y a aura pas de héros victorieux, pas de victoire, juste une survie et un refus d’obéir chez une poignée de personnages : une diseuse de « bonne » aventure, une vieille, coiffeuse qui cherche à rejoindre son mari marin, un musicien ombrageux, un propriétaire-fabricant-animateur-sonorisateur de manège qui parle à ses animaux de bois, une enfant acrobate trouvée dans la forêt parmi les cadavres de ceux qui formaient sa famille… tous partagent pendant un temps la même roulotte, le même chemin ou le même abri et vivent la même précarité sous le regard hostile des sédentaires.
« Un mélange d’abattement et de colère, un cocktail de molécules incendiaires qui avait commencé à circuler dans leurs corps, passant par les kilomètres de vaisseaux, sous forme liquide ou gazeuse. Il était fait de bile, de sang frais et d’adrénaline, de vent iodé, de cortisol et de soufre. La chimie des Récalcitrants était en marche en eux et ils n’y pouvaient rien. Ils se croyaient abattus, vaincus et ils étaient en fait en cours de transformation et laissaient secrètement s’opérer l’alchimie des rebelles. Celle qui croît dans la solitude et le doute et ne connaît que l’évidence du refus pour la guider. » (p. 91)
L’histoire s’ouvre, après une brève présentation de la situation, par un viol, celui de l’héroïne, Grouzna, la devineresse, elle se poursuit avec la description de sa vie errante et solitaire, changée ensuite par la nécessité de s’unir pour survivre et arriver là où chacun le souhaite. Elle rencontre l’un après l’autre ceux qui formeront sa compagnie, sa famille de cœur. Dans leur route vers le littoral, chacun doit abandonner un peu de lui-même et devenir autre. Tous ne parviendront pas à bon port car ce monde est cruel pour les faibles. Le récit est inventif, sensible et poignant. Il est porté par des personnages originaux et attachants, et surtout par une belle écriture.
Cette petite troupe de Récalcitrants (comme les nomme l’administration) est portée par une chimie propre :

Japon. A pied sous les volcans

Japon. A pied sous les volcans
Nicolas Jolivot
Hong Fei, 2018

Pluie et flammes

Par Anne-Marie Mercier

Carnet de voyage, avec un journal et des croquis aquarellés, c’est une saisie d’instants, de silhouettes, de sensations, et bien sûr de paysages. Arrivé à Osaka, dont il décrit l’effervescence tranquille, le narrateur voyage vers les îles, à Aso, Sakurajima, Unzen. En train ou à pied, dormant sous la tente quand il le peut, sinon dans des auberges de jeunesse, ou d’autres lieux pour voyageurs, il rencontre peu de monde : on est hors saison et la pluie l’accompagne, souvent diluvienne.
Avec les traces du récent tremblement de terre à Aso (on est en 2016) et celle des éruptions volcaniques plus anciennes à Sakurajima et Unzen, le Japon apparait comme la terre des catastrophes, un pays fragile où le vieillissement de la population a des conséquences inquiétantes.
Mais c’est aussi le pays de l’art de vivre, de la simplicité de mets délicieux, de l’ordre et d’une certaine  volupté. Tout cela est vu à travers de multiples détails, des rencontres, des atmosphères. On touche au plus concret (comment se déplacer, où dormir, quoi manger ou boire), au quotidien, et aussi à l’esprit des lieux à travers les paysages, les brouillards, les éclats de soleil, les touches de couleur. Les dessins sont délicats, le texte n’est jamais prétentieux ni aigre (même si la pluie fait pester le voyageur). C’est une très belle plongée dans une aventure pleine de quotidien.

Mécanique générale

Mécanique générale
Philippe Ug
(Les Grandes Personnes) 2019

Tu paraitras dans ta superbe auto…

Par Michel Driol

Ce livre pop-up explore différents véhicules,  « bien à l’abri dans mon garage » : la dépanneuse, le bolide, la vieille guimbarde, le minibus, le tout-terrain, l’engin électrique jusqu’au véhicule préféré, « le carrosse de mes parents ». A chaque véhicule est associée une petite proposition, sa finalité, ses caractéristiques qui dessinent en creux le portrait d’un enfant amoureux des voitures.

L’album fait en quelque sorte un inventaire des véhicules hauts en couleur : power flower pour le minibus, blanc immaculé pour le véhicule électrique. Invitation au voyage, l’album décline des destinations de rêve, des chemins de traverse, le tour du monde, et il ouvre vers les possibles, parfois de façon étonnante (le bolide pour faire ses courses aux marché). Les pop-up ingénieux, qui ne cherchent pas à tout prix le réalisme, font émerger des véhicules que l’on se plait à détailler et à admirer.

Un album qui montre que l’attrait pour les voitures n’est pas passé de mode…

Le Célèbre Catalogue Walker et Down 

Le Célèbre Catalogue Walker et Down : comment nous sommes devenus riches avec trois dollars
Davide Morosinotto
Traduit (italien) par Marc Lesage
L’école des loisirs, 2018

Du Bayou à la ville, aventures de sympathiques garnements

Par Anne-Marie Mercier

Roman de formation, road trip, roman policier, aventures de bande, découverte des USA du sud au nord… Ce roman fleuve – qui mérite doublement ce titre vu que les héros partent du Bayou puis remontent le Mississippi jusqu’à Chicago –, est un mélange de tout cela, à quoi on pourrait ajouter le roman populaire, avec ses mystères, ses ombres et lumières, ses orphelins et ses maisons de correction, le roman picaresque avec ses rebondissements, ses personnages louches et ses innocents, ses coïncidences, etc.

Le principe est original : dans la première moitié du roman, les jeunes héros du bayou font diverses découvertes jalonnées par des pages du fameux catalogue mythique (des planches en noir et blanc sont reproduites : hameçon, poêle, portefeuille, revolver, montre…) Trouvant par hasard quelques sous, les quatre copains passent commande d’un revolver. Le hasard d’une erreur d’expédition leur fait recevoir une montre cassée dont ils découvriront que  les dirigeants du catalogue veulent à tout prix la récupérer. Elle  les place en travers du chemin d’un individu dangereux auquel ils échappent de justesse. Ils prennent la route, « montent » à la grande ville avec tous les moyens de transports possibles à l’époque (on est au temps des bateaux à aube, celui de Tom Sawyer et Huck Finn) pour réclamer ce qu’ils croient être une récompense. Ils font  au long du chemin toutes sortes de rencontres (surtout des « mauvaises rencontres ») et finissent par se faire détectives dans une sombre histoire de meurtre et de spoliation.
Héros improbables, un peu handicapé pour l’un, bien cabossée de la vie pour l’autre, un troisième qui ne doute de rien, un quatrième qui se croit un don de chaman du bayou, ils ont une solidarité amicale à toute épreuve, un sens de la débrouillardise exceptionnel, des talents de bricoleurs, beaucoup d’humour, un sale caractère, et ils s’amusent beaucoup tout au long de cette aventure. Et nous aussi !