Détectives de père en fils (Tome 1)

Détectives de père en fils (Tome 1)
Rohan Gavin
Gallimard Jeunesse 2014

Le retour de Sherlock, père et fils ?

Par Michel Driol

detectivesOù il est question d’un étrange livre, Le Code, qui produit d’inquiétants effets sur les lecteurs, les terrifiant par des hallucinations insupportables. Où il est question aussi d’une association criminelle, la Combinaison, force du mal responsable de tous les crimes.  Où il est enfin question d’un père détective, sortant à peine d’un coma hypnotique de 4 ans, et de son fils, petit génie aux facultés déductives extraordinaires. Et aussi d’un oncle Bill, membre éminent de Scotland Yard, d’un beau-père présentateur d’une émission consacrée à la voiture, d’un professeur de physique inventeur à ses moments perdus, d’une concierge – femme de charge roumaine…

Bref, voici un livre touffu et dense : dense par le nombre de pages (près de 400), touffu par les intrigues qui s’y croisent, relançant sans cesse le suspense dans une série de rebondissements qui vont conduire les héros jusqu’au cœur de Londres, dans un souterrain désaffecté. De la galerie de portraits un peu caricaturaux se détachent les deux détectives, le père et le fils, dont la relation est bien décrite par l’auteur, avec un mélange d’admiration et de déception de la part du fils.

L’humour –  britannique – enfin ajoute une dimension supplémentaire à ce roman.  Théorie du complot, livre aux pouvoirs étranges traversant les âges, passion pour les voitures et la technologie : on retrouve là  quelques-unes des caractéristiques de notre société.

Attendons le tome deux…

Le Club de la pluie au pensionnat des mystères

Le Club de la pluie au pensionnat des mystères
Malika Ferdjoukh
L’école des loisirs (neuf), 2014

… et même Dagobert !

Par Anne-Marie Mercier

« DanLe Club de la pluie au pensionnat des mystèress les histoires du Club des Cinq, au moins, il y avait Dagobert… » concluait Christine Moulin à propos d’un roman policier de la collection Souris noire. Au départ ils ne sont que trois : il y a Rose Dupin (petite fille d’Aurore ?), qui vient d’arriver au pensionnat, Nadget Mellaoui qui y est depuis le CE1, et Ambroise, le fils des gardiens qui connaît tous les recoins et passages secrets. Et puis il y a le chien Clipper, presque un Club des quatre (à la fin s’ajoute Milo et son singe, ils sont six). En plus, c’est à Saint Malo, pas très loin de la Bretagne des précédents. Nadget est très « fille », Rose moins ; Ambroise, on ne sait pas. Il y a toutes sortes de « mystères », enlèvement, cambriolages, ombres furtives… On est proche des romans de la série « Enquête au collège » d’ Arrou-Vignod : même pas peur et on n’y croit pas un instant. On retrouve même l’idée de l’alternance des points de vue, chacune des filles livrant sa vision des faits avec son style et ses obsessions. Les amateurs du genre s’amuseront de trouver ici et là les noms de Moriarty, Hamette, Rouletabille…

Les deux épisodes ont été publiés dans la revue Moi je lis en 2010, et ça se voit : pas beaucoup d’ambition, beaucoup de déjà vu, mais un joli travail. Il y a même Dagobert…

Abracadabra Amanda

 Abracadabra Amanda
Olivier Pouteau
Rouergue 2014,

 

 Magie et deuil font bon ménage

Par Maryse Vuillermet

 

 

 

abracadabra amanda Une très étrange affaire attend le commissaire Brouillard. Une partie du corps, le milieu plus précisément, d’Amanda,  la fille la plus insupportable du collège,  a été enlevé pendant le numéro de magie de la fête de Noël au collège. C’est Léonard, le responsable, mais,  passé le moment de folie qui a occasionné son acte, il ne sait plus quoi faire de cette boite où peut-être se trouve le cœur d’Amanda, en tout cas, il entend une pulsation. Il faut dire que Léonard est très malheureux, il a perdu sa mère et il n’arrive ni à la pleurer ni à la voir en rêve ni à en parler à son père tout aussi fracassé que lui.

Il n’arrive qu’à la dessiner et quand un de ses dessins se retrouve coincé dans la boite,  voilà qu’il la voit enfin en rêve.

Cette histoire qui peut paraître aberrante,  en fait,  vous attrape dès la première page ; le mélange de magie et de tristesse fonctionne ; les amis de Léonard l’aident,  le grand Eliot, fils d’un policier municipal le renseigne sur les avancées de l’enquête, et Tom, le silencieux et sage Tom,  que fait-il ? Ne serait-ce pas lui qui envoie des billets anonymes à Amanda pour l’obliger à se corriger, si elle veut récupérer son morceau de corps, par exemple réunir ses amies avec qui elle a fait du mal et en discuter, ne plus parler d’elle pendant une heure? Amanda, au début s’est pavanée, immobilisée au milieu de la scène dans la boite à magie, entourée d’un médecin, de ses parents et de la police mais,  plus le temps passe, et plus elle se fatigue et plus elle commence à comprendre…

 Ce petit récit est une réussite, un subtil équilibre entre loufoquerie, tendresse, humour, mystère et magie !

Hemlock

Hemlock
Kathleen Peacock
La Martinière Jeunesse, 2013
Traduit de l’anglais par Nathalie Azoulai

Une épidémie de loups garous !

Par Maryse Vuillermet

hemlockUn mélange improbable d’ingrédients très classiques, qui ont fait leur preuve, mais le tout donne un premier roman de ce qui s’annonce déjà comme une série, somme toute, assez réussi.
Le roman commence par l’assassinat d’Amy, brillante lycéenne, par un grand loup-garou blanc. La ville a peur car c’est le troisième meurtre de la bête. Peu à peu, on s’aperçoit que les loups garous sont partout et pour cause, le SL, syndrome du loup-garou est une maladie qui s’attrape par griffure et morsure. Ceux qui sont contaminés en sont très malheureux, ils ne sont pas triomphants, ils sont honteux et désolés mais ne se contrôlent pas et ont besoin de sang. Par ailleurs, l’état, aidé par des milices, les Trakers, organise des chasses à l’homme féroces et les loups garous sont internés et maltraités dans des camps. L’originalité, dans ce cas, c’est que les Trakers sont les méchants et les loups garous et ceux qui les protègent, par amour de la nature et respect de la diversité, sont les gentils.
Donc, ce récit est à la fois une enquête policière sur ce crime, un roman d’épouvante sur une épidémie atroce, un roman politique car les autorités se servent de l’épidémie pour asseoir leur domination sur la ville, et bien entendu, c’est un roman d’amour ! Mackenzie, l’héroïne,  s’aperçoit qu’elle est aimée par Kyle, son meilleur ami et par Jason, l’amoureux d’Amy. Mais elle comprend peu à peu que tous, autour d’elle, cachent des secrets, des souffrances, Jason noie son chagrin dans l’alcool, Kyle se révèle être un loup-garou, sa meilleure amie protège son frère, le dernier à avoir vu vivante Amy. Alors, Mac décide de mener l’enquête et d’affronter les pires dangers, mais n’est-elle pas la fille d’un bandit qui l’a élevée dans les bas-fonds et la violence avant de l’abandonner?
Quelques invraisemblances et des personnages trop sommaires nuisent au plaisir de lecture, mais le mythe du loup-garou est le plus fort, l’ambiguïté des personnages, leur lutte contre leurs pulsions violentes, les scènes troublantes où le loup caresse l’adolescente rachètent les imperfections d’un premier roman.

Enquête au collège, L’intégrale 1

Enquête au collège, L’intégrale 1
Jean-Philippe Arroud-Vignod
Gallimard jeunesse, 2012

Littérature au collège

Par Anne-Marie Mercier

Enquête au collègeLe professeur a disparu, Enquête au collège, P. P. Cul-Vert détective privé… ces grands succès de littérature devenue « scolaire » tant elle a été prescrite par les enseignants de français désireux de faire aimer la lecture à leurs ouailles sont ici « classicisés » sous la forme d’une intégrale, une consécration, donc. Les dessins de Serge Bloch suffiraient à les attirer.

Il y a un charme désuet à ces récits : le langage des adolescents est un peu démodé, les relations avec l’institution sont, malgré quelques accrocs, plutôt harmonieuses, les amours parfaitement innocentes, et les intrigues se cantonnent dans un genre policier de bon aloi. C’est une littérature qui ne se prend pas au sérieux. Il en faut. Mais il faut aussi proposer, avec ces ouvrages certes, d’autres types d’ouvrages aux  collégiens, si l’on veut les amener à la « Littérature ».

Cela dit, le grand mérite de cette série à la française aura été, bien avant le succès de Harry Potter de faire goûter le genre du « college novel » (le terme « roman scolaire » désignant autre chose, qu’on me pardonne l’anglicisme) aux jeunes lecteurs francophones.

Vous ne tuerez pas le printemps

Vous ne tuerez pas le printemps
Béatrice Nicodème
Gulf Stream éditeur 2013,

Une très jeune espionne au milieu des nazis

Par Maryse Vuillermet

vous ne tuerz pas le printemps image1943, la France et une grande partie de l’Europe sont  occupées par les nazis, seuls l’Angleterre et une poignée de combattants résistent. Pour préparer le débarquement des Alliés, Churchill crée un service spécial d’espionnage, le SOE (Special Operation Executive). Des agents volontaires sont recrutés et entrainés très durement. Elaine, 19 ans, s’y est engagée, un peu par dépit amoureux (elle croit que son ami Franck en aime une autre) et beaucoup par patriotisme, idéalisme et surtout gout de l’aventure.
Elle est parachutée à Chalons, comme opératrice radio et on sait qu’un opérateur radio a six semaines de chance de survie. Elle a d’ailleurs au doigt une bague pleine de cyanure en cas d’arrestation. Le compte à rebours est donc enclenché. Et, dès son arrivée, elle tombe sur Wagner, l’officier SS, responsable de la Gestapo, un homme intéressant et séducteur qui a très vite compris qui elle était. Elle appartient au réseau Pianist, un réseau qui subit des pertes trop nombreuses pour être normales. Un traitre se cache-t-il parmi eux? Ce qu’elle ne sait pas, c’est ce que ce réseau a été choisi par les responsables du SOE pour être sacrifié. On donne des fausses informations à ses membres qui les révèlent une fois arrêtés et torturés ; ainsi les Allemands les croient et sont trompés. Le plan est machiavélique. La fin justifie-elle tous les moyens ? Elle ne sait pas non plus que Franck l’aime toujours, qu’il est lui-même un agent du SOE et qu’il va tout faire pour la tirer de là…
L’intrigue est assez compliquée, pleine de rebondissements, d’arrestations et de trahisons mais on s’attache au personnage d’Elaine, au jeune garçon, Noël qui l’aide, à Perceval, à Franck. Et on se rend compte que ces personnages inspirés de faits réels étaient bien jeunes pour prendre des décisions qui engageaient la vie de dizaines des leurs. Ils devaient faire preuve d’intelligence, d’obéissance, de courage physique et mental et ne jamais oublier que seule la force du collectif peut vaincre l’ennemi. Ce mélange de roman historique, roman policier et roman d’aventures fonctionne, même le personnage allemand est saisi avec nuances.

dossier océan

Dossier océan
Claudine  Aubrun
Rouergue 2014  Coll. Doado noir

   Les secrets  encombrants

Par Maryse Vuillermet

 couv-dossier_ocean-198x300 Brune, adolescente de seize ans, dessine, la plage, les dunes, les paysages de la côte basque. Et pour cela, elle photographie longuement les lieux. Or, ce jour-là, elle a peut-être photographié ce qu’il ne fallait pas.  En effet, à l’endroit où elle se trouvait, un crime a été commis. Il ne manquait plus que cela dans une vie déjà marquée par  bien des malheurs: elle vient de perdre brutalement sa mère qui l’élevait seule. Traumatisée,  désespérée, elle a perdu aussi la parole et a été recueillie par son oncle et sa tante. Mais au lycée, on se moque d’elle, elle est agressive et, jugée asociale, elle risque le renvoi.

Ses photos  stockées dans le dossier océan  de son ordinateur vont donc attiser la curiosité de la police et celle d’un mystérieux agresseur qui tente par deux fois de la tuer. Qui cherche-telle à protéger ? Son oncle  est arrêté immédiatement parce qu’il était lui aussi sur la page et  a parlé avec la victime, et du fait de son passé de terroriste. Que lui cachent les adultes? Qui est son père qu’elle n’a jamais connu? Brune, tout en cherchant à sauver sa peau, reconstitue peu à peu le puzzle et découvre la vérité de ses origines. Et mieux vaut une vérité douloureuse qu’un secret qui contamine toutes les relations humaines.

Le roman est intéressant car,  au-delà de l’intérêt du suspens bien ménagé et de l’enquête policière, se posent dans ce roman, le problème de l’importance toxique des secrets qui empoisonnent les âmes et celui de l’embrigadement des jeunes dans les mouvements terroristes. Est bien développée également la relation à l’art, au dessin, à la représentation artistique. Pour Brune, le dessin est une vocation, une passion  mais aussi un refuge.

Red code, la brigade des fous

Red code, la brigade des fous      
Philip Le Roy
Rageot Thriller 2013

  Catalogue et liste

Par Maryse Vuillermet

 

 

 

cvt_La-brigade-des-fous--Red-Code_2696 imageJ’ai beaucoup de mal à accrocher à ce policier, le deuxième de la série  Red code après Blackzone.  Pour moi, le procédé est trop visible : six jeunes  choisis pour leurs qualités exceptionnelles mais aussi pour leur handicap,  un autiste savant,  une bipolaire séductrice, une hyperactive championne d’arts martiaux,  une dépressive insensible au danger, un addict aux jeux vidéo, et un trisomique  exceptionnellement musclé sont entraînés dans un camp appelé La Citadelle pour mener des enquêtes dangereuses et classées secrète.  Dans ce cas, il s’agit d’infiltrer un réseau de jeunes terroristes afghans. Ils sont adolescents  et lycéens. Il s’agît donc pour nos six détectives de s’inscrire dans leurs lycées,  de s’en faire des amis et de les arrêter avant qu’ils ne fassent pas exploser le centre atomique ITER. Mais le réseau  qui les a amenés en France est aussi un réseau de  vente d’êtres humains, de prostituées, les méchants sont aussi des adeptes de l’extraction des gaz de schiste, enfin, ils présentent eux aussi un catalogue de perversités.

Je dis liste, car à chacune des sorties du camp,  les six agents  s’adonnent a une liste complète de coups  et tortures, d’exactions en tous genres, explosions, destructions de bus,  de voitures,  d’immeubles, enfin, tout ce qu’il est possible de faire sans tuer vraiment. Les personnages  ont à la fois des talents exceptionnels et  sont des malades qui pourraient être à nouveaux enfermés à tout moment. On devrait s’attacher à eux, mais ils sont trop caricaturaux. Dans ce style, j’ai préféré Les infiltrés ou A comme association de Bottero.

Conspiration 365

Conspiration 365 (vol. 1 : janvier, vol. 2 : février…)
Gabrielle Lord

Traduit (anglais) par Ariane Bataille
Rageot poche, 2013

Le tour d’une série en 365 jours

Par Anne-Marie Mercier

conspiration365_1 L’auteure, australienne habituée aux ateliers d’écriture, est partie d’une bonne idée. Comme l’auteur de la série Harry Potter avait organisé ses volumes en années scolaires, elle a découpé la sienne en mois, de janvier à décembre et étirer ainsi l’intrigue. De ce fait, de janvier à février on n’apprend pas grand chose sur cette « conspiration » ; la narration est avare quant à la distribution des pièces du puzzle, indices qui permettent d’avancer dans la compréhension, mais se construit autour des multiples péripéties qui suivent la fuite de cal Ormond, qui doit se cacher pendant un an en tentant de comprendre pourquoi son père est mort et quelle énigme il doit résoudre pour mettre fin à la persécution que subit sa famille.

conspiration365_2Peu de descriptions, peu de personnages, pas de psychologie, des faits. Les décors, tous urbains, sont limités : la maison, le collège, les différentes caches de Cal… et des lieux qui induisent la péripétie (égouts : subir une inondation ; zoo : se trouver dans la cage aux fauves) ; on se croirait dans un jeu vidéo. Ecrite comme un journal de bord, en peu de pages aérées et en gros caractères, en unités qui excèdent rarement la double page, la série est un bel exemple d’écriture facile et de suspens feuilletonesque.

 

Cinq minutes de prison

Cinq minutes de prison    
Jean-Hugues Oppel
Syros, Souris noire  2013

 Suspens sur la glace !

Par Maryse Vuillermet

 

 

 

cvt_Cinq-minutes-de-prison_5517 imageUn polar sportif, comme le dit  la fiche  de présentation, en effet,  l’intrigue se déroule  entièrement au cours d’un  match de hockey sur glace, L’un des joueurs  veut se venger d’un autre pour une histoire amoureuse et devient fou.  Il  cherche à  frapper son ennemi avec la crosse de hockey,  ce qui peut être dangereux voire mortel.  Seul Willy s’en aperçoit, et  va tout faire pour l’en empêcher.  La partie est serrée,  pas seulement en raison du score mais parce qu’elle peut devenir le moment et le  lieu du crime.

Pour moi, le roman est un peu ennuyeux, il n’y a rien d’autre que la partie de hockey, une description technique très minutieuse des différents gestes, des différentes phases du jeu et des enjeux.  Ça ne peut plaire qu’à des jeunes qui s’intéressent au hockey ou au sport. Mais pourquoi pas !

Cependant,  J .H. Oppel nous a  habitués à plus de profondeur, qu’est-il allé faire sur la glace ?