Ramulf

Ramulf
Thomas Lavachery
L’école des loisirs (medium), 2015

Rois fainéants, héros entreprenants

Par Anne-Marie Mercier

Après sRamulfa série fantastico-nordique autour du personnage de Bjorn, qui l’a occupé pendant six beaux volumes, Thomas Lavachery propose un roman en un seul bloc, mais si dense et si riche qu’il en vaut bien trois à lui tout seul. Son personnage est à nouveau un jeune garçon fragile qui parvient à s’affirmer dans une société rude dominée par les épreuves et la violence. Mais ici, on se situe dans une société proche de la civilisation mérovingienne, sous Lothaire VI précisément (donc quelques générations après Charlemagne…). Moines, érudits, soldats, paysans, artisans et sorciers se partagent le terrain, tantôt sages, tantôt fous, féroces ou doux, mais chacun fait une apparition intéressante et vivante ; les personnages « secondaires » font une grande partie du charme du livre, comme d’ailleurs les apparitions d’animaux (notamment le fil d’intrigue conduit par un chien extraordinaire).

Pris pour un demeuré, frère d’un érudit, Ramulf à cause d’une bévue doit s’enfuir et c’est ainsi qu’il vit des aventures et accède à une gloire inattendue. Le roman suit un rythme extrêmement varié, tantôt en quasi pause pendant que le personnage se ressource et médite dans les bois, tantôt en accéléré, lorsqu’il devient un peu malgré lui homme de guerre et revient prendre sa revanche. C’est une belle rêverie romanesque dans laquelle tout est possible (même l’amour, mais non l’évitement de la mort d’êtres aimés) à condition de le vouloir assez fort.

L’Homme qui dessine

L’Homme qui dessine
Benoît Séverac
Syros, 2014

Crimes en série chez sapiens sapiens

Par Matthieu Freyheit

lhommequidessineMounj est un homme-qui-dessine : il a été missionné par sa tribu (les hommes de Neandertal) pour courir le monde, l’explorer, l’appréhender, et le rapporter sous forme de récits, mais aussi de dessins rudimentaires tracés sur des écorces de bouleau. Et, peut-être aussi, pour trouver une femme de son espèce : car les hommes de Neandertal, dits hommes-droits, s’éteignent peu à peu, victimes d’un mal que personne n’est capable de définir.

Au cours de son voyage, Mounj est fait prisonnier par une tribu d’Hommes-qui-savent, autrement dits sapiens-sapiens, qui l’accusent d’avoir assassiné plusieurs membres de leur clan. Mounj organise sa défense, et offre de découvrir le véritable meurtrier, dans un délai que lui octroie le chef.

L’enquête, cependant, n’est qu’un prétexte, qu’un support. Le roman de Benoît Séverac est d’abord celui de la rencontre. Entre deux peuples aux coutumes et connaissances différentes. Mais surtout entre un peuple amené à survivre (nous), et l’un voué à la disparition. L’espoir de la survie et le sentiment de l’inéluctable se répondent, et s’éclipsent parfois pour jouir de cet étonnant moment, symptomatique d’une « inquiétante étrangeté ». Car si le récit semble simple et limpide, notamment sous l’effet d’une économie de style (l’auteur échappe aux clichés à la fois du bon sauvage et du barbare préhistorique, mais aussi à nombre d’images éculées), il n’est pas sans faire écho à certaines problématiques brûlantes : fantasme conspirationniste du « grand remplacement », réflexions sur le dépassement de l’humain par le posthumain, angoisses d’extinction et scénarios catastrophes, etc. L’auteur rappelle avec finesse que nos peurs de disparition ne datent pas d’aujourd’hui, que le coupable est toujours tout trouvé, que de la rencontre naissent autant de craintes que de possibles renouveaux, et, certainement, son lot d’incompréhensions.

En outre, précisions que le roman a le mérite de ne pas chercher, comme beaucoup d’écrits liés à la préhistoire, une portée documentaire superficielle : le récit prime, et Benoît Séverac est avant tout un bon romancier.

 

 

Le Mystère de Lucy Lost

Le Mystère de Lucy Lost
Michael Morpurgo
Traduit (anglais) par Diane Ménard
Gallimard jeunesse, 2015

Sans famille, sans mémoire et sans patrie

Par Anne-Marie Mercier

Michael Morpurgo poursuit son exploration sur la Le Mystère de Lucy Lostpremière guerre mondiale, mais cette fois de manière détournée, du côté des civils et dans un lieu qu’il n’avait pas encore évoqué dans ce contexte, les îles Scilly, situées au sud ouest de la Grande Bretagne. Chacune de ces îles, célèbres pour leurs épaves, y est évoquée, avec le rythme des bateaux et des pêches, l’école où les enfants se rendent en bateau, les chevaux, les récoltes, les passages, les oiseaux de mer…

On y voit se dérouler une vie simple et tranquille, avec cependant la guerre qui fait rage. Les habitants en ressentent les effets à travers la disparition de jeunes gens partis en France et qui ne reviennent pas, ou avec le retour de certains, très abimés. Une famille de pêcheurs recueille une enfant qu’ils ont trouvée à demi morte de faim sur une île ; c’est elle le « Mystère » : qui est-elle ? pourquoi ne parle-t-elle pas ? est-elle allemande comme semble l’indiquer la couverture qu’elle porte sur elle ?

Progressivement, celle qu’on appelle du nom qu’on lui a entendu prononcer, Lucy (on découvrira par la suite que ce nom est en fait l’abréviation du mot Lusitania) revient à la vie, et très lentement à une forme de communication. Son journal nous révèle ses origines et l’histoire de son mutisme, un drame pathétique. Les désastres de la guerre, la cruauté humaine, et la xénophobie sont une fois de plus montrées, ici à l’occasion d’un beau récit de quête des origines. Les personnages sont divers et certains sont attachants : la famille du pêcheur, l’oncle un peu fêlé, le docteur, l’instituteur cruel, son assistante bienveillante… et la jument Peg.

L’Apache aux yeux bleus

L’Apache aux yeux bleus
Christel Mouchard
Flammarion

Herman, ou la Vie Indienne

Par Michel Driol

lapache-aux-yeux-bleusEn 1870, au Texas, le jeune Herman – 11 ans – est enlevé par les Apaches. Considéré d’abord comme un esclave, il est ensuite jugé digne d’être un Indien, un guerrier,  sous le nom d’En Da, Garçon Blanc, en dépit de l’hostilité du chamane. Dans la seconde partie de l’histoire, on le retrouve 9 ans plus tard, en plein conflit contre les Texas Rangers, à l’époque où les Indiens sont  parqués dans des réserves. Finalement, les Apaches sont vaincus, et le chef comanche Quanah, d’origine blanche lui-aussi, le reconduit dans sa famille.

Le roman est tiré d’une histoire vraie, celle d’Herman Lehmann, qui a écrit sa propre autobiographie. Les personnages – celui d’Eti la jeune Apache, de Chiwat, du chef indien Carnoviste – sont tous bien réels. De facture très classique, ce roman d’aventure – western, roman de la frontière – épouse le point de vue d’Herman, véritable « tête de pioche », et montre comment il adopte une autre famille, une autre façon de penser tout en découvrant, grâce à l’amitié d’Eti et de Chiwat, les coutumes et la culture des Apaches, devenant à son tour adversaire des Visages Pâles.

L’un des intérêts de ce roman est sans doute qu’il ne cherche pas à donner de leçons et ne se veut pas manichéiste. Si les Indiens commettent un enlèvement, traitent Herman comme un esclave, sont voleurs de chevaux, se veulent guerriers, ils ne sont pourtant pas cruels, recherchent la paix et vivent à l’écoute de la nature, en harmonie avec elle, avec les esprits, accordant une grande place aux rêves. Les Blancs, avec leurs cultures et leurs sillons tirés au cordeau, leurs armes redoutables, leur volonté de parquer les Indiens dans des réserves, n’incarnent pas non plus que des valeurs positives (celle de l’amour maternel est partagée par les deux « mères » d’Herman). Même ambigüité du côté du personnage du Chamane, tout puissant, prompt à voir en Herman un bouc émissaire, et pourtant respecté par le clan. Les trois personnages principaux sont eux, au contraire, des héros positifs, par leur valeur, par leur courage, par leur amitié, par leur respect mutuel, par leur volonté de voir les autres s’en sortir – quitte à en souffrir. Subsiste à la fin l’espoir de voir en Herman un intermédiaire, un Blanc respectant et connaissant les Indiens, à une période où les Etats Unis cherchent à en finir avec eux.

Un roman qui montre comment un jeune garçon peut facilement changer de camp, mais qui plaide aussi pour une meilleure connaissance entre civilisations.

Broadway Limited – Tome 1 : Un diner avec Cary Grant

Broadway Limited – Tome 1 : Un diner avec Cary Grant
Malika Ferdjoukh
L’Ecole des loisirs

Un automne à New-York

Par Michel Driol

BroadwayJocelyn, petit français de 17 ans, débarque à New York pour y prendre des cours de musique avec comme seule adresse en poche la pension Giboulée… une pension pour jeunes filles. Mais, grâce à un potage aux asperges confectionné par sa mère, le voilà admis dans cet établissement où il rencontre six jeunes filles, qui rêvent de devenir comédiennes, danseuses, chanteuses, mais galèrent, pour l’instant, comme chorus-girls, taxi-girls, cigarette-girls ou vendeuses de donuts… On va le suivre, durant un trimestre, à sa découverte de l’Amérique, de Broadway, du monde du jazz, du théâtre et du cinéma, jusqu’au bal de son école et son premier amour avec sa jeune voisine, d’origine turque…

Voilà un livre ambitieux, par son volume, près de 600 pages, entre drame, romance et romanesque,  et qui tient ses promesses. Livre choral, car les personnages principaux (une bonne dizaine) y sont traités à égalité, avec leurs ambitions, leurs rêves, leurs problèmes, et, selon les chapitres, c’est l’histoire de chacun qui se révèle peu à peu, mais surtout celle de Hadley, dans le seul flashback, deux ans plus tôt, à bord du train Broadway Limited, qui donne son titre au roman. Chaque personnage semble porter sa part de mystère, plus ou moins dévoilée (ainsi ce personnage de dragon farouche qu’est l’une des deux propriétaires de la pension se révèle être une ancienne reine de beauté de New York !). C’est un roman fortement inscrit dans la période où il se situe, 1948.  On y retrouve donc la façon dont les personnages y vivent avec les séquelles de la seconde guerre mondiale (l’espoir de paix avec la construction du bâtiment de l’ONU, la bombe atomique récente), les souvenirs de la guerre, de l’exode, des privations et de l’aide apportée au Juifs en France, mais aussi, aux Etats Unis, s’y confrontent et s’opposent à la chasse aux communistes.  Le roman présente donc, sous forme de fresque, cette période, tout en permettant la rencontre des mouvements artistiques à New York (l’émergence de l’Actors Studio), et, à la façon d’un roman historique, met en scène la rencontre entre les personnages fictifs et des personnages historiques (le jeune Woody Allen, qui ne portait encore ce nom, Grace Kelly courant les auditions, Sarah Vaughan, Clark Gable…).  Le tout est traité avec humour et légèreté, à la façon de certaines comédies américaines (ce n’est pas pour rien qu’un des personnages porte le nom de Cosmo Brown,  comme dans Singing in the rain, qu’un des chapitres s’intitule  Moses supposes his toes are roses et  que l’illustration de couverture est tirée de Tous en scène).

On attend donc avec beaucoup d’impatience la suite !

 

Le Mystère de la tête d’or (t. 1 et 2)

Le Mystère de la tête d’or, vol. 1 (le trésor de l’île) et 2 (l’énigme du grenat perdu)
Catherine Cuenca
Gulf Stream éditeurs, 2013

Les trois compagnons de la Croix-Rousse
Ou : des difficultés du roman historique pour la jeunesse

Par Anne-Marie Mercier

Si le titrmystere-de-la-tete-or-tresor-de-lislee du premier volume évoque Le Club des cinq d’Enid Blyton (Le Club des cinq et le trésor de l’île), le lieu, entre Croix-Rousse, Guillotière et Brotteaux (Lyon donc, pour « ceux qui sont pas d’ici – faut bien qu’y en ait d’ailleurs »), fait penser à la série de P. J. Bonzon (Les Six Compagnons de la Croix-Rousse). Mais ils ne sont que trois, et il n’y a pas Dagobert ni Kafi ; je fais écho à la protestation de Christine Moulin. Ceci s’expliquant par une autre différence, majeure : cette série est historique. Donc sérieuse, et chacun sait qu’à l’époque l’animal de compagnie n’accompagnait pas les enfants de milieu pauvre et urbain.

Catherine Cuenca manie le suspens aussi bien que ses devanciers, mais ce parti pris de sérieux historique gâche l’ensemble : d’abord, parce qu’on a trop l’impression de lire une leçon de vocabulaire lyonnais et de pittoresque (à croire qu’à Lyon, chez les ouvriers en soie on ne mangeait que des gratons et des bugnes…), et ensuite parce que cela n’est pas sérieux : la mentalité des personnages est présentée de façon totalement anachronique et l’écriture à la première personne ne tient pas : quand un personnage dit qu’il pose des écuelles « sur la planche en bois brut dressée sur tréteaux qui nous sert de table, », on entend le pédagogue qui fait une leçon sur le mobilier, mais pas le narrateur. Enfin, ce n’est pas en utilisant systématiquement des mots archaïques qu’on rend la vérité d’une époque : voir la catastrophe qu’est, à mon avis, la série des Colombes du Roi-Soleil.

C’est tout le problème du roman historique : comment faire en sorte qu’un jeune lecteur s’identifie à un personnage qui lui est trop étranger ? Première réponse : si on se pose la question, alors il faut éviter le roman historique. Deuxième réponse : on n’est pas obligé d’user toujours de la première personne (voir la réussite de l’Orphelin des Lumières). Troisième réponse : si on tient absolument à écrire à la première personne et qu’on n’est pas un vrai écrivain ni un vrai historien, le voyage dans le temps est une solution. Une autre série de Catherine Cuenca montre qu’on peut proposer ainsi un héros proche situé dans un univers lointain.

Appel aux auteurs : pitié ; arrêtez la narration à la première personne dans les romans historiques, à moins d’être Chantal Thomas – qui, elle, n’essaie pas d’imiter le langage archaïque mais introduit dans son style une souplesse ancienne.

La Cité des filles-choisies

La Cité des filles-choisies
Elise Fontenaille
Rouergue

Mourir pour l’Inca

Par Michel Driol

citeCe roman se présente comme un récit enchâssé. Le récit  enchâssant raconte la découverte, en décembre 1995, par des archéologues, d’une momie d’une jeune fille inca au sommet du mont Ampato, sacrifiée volontaire pour l’Inca. La partie enchâssée,  qui constitue l’essentiel du roman, est prise en charge par la jeune inca, Nina, qui raconte sa vie dans les rêves d’une des visiteuses du musée où on l’a exposée, Mina,  la loca, la folle…

Nina, tisseuse d’exception, élevée seule par son père après la mort de son père, est remarquée pour ses talents et emmenée au service de l’Inca, dans la cité des filles-choisies, choisies pour devenir concubines de l’Inca,  vestales ou prêtresses, ou se sacrifier pour lui. Nina raconte le voyage, puis sa vie à Cuzco, les relations avec lez autres filles, et comment tout bascule lorsque les Espagnols envahissent le pays pour la seconde fois. Elle consent alors à offrir sa vie au dieu soleil, l’Inti,  pour que vive l’Inca.

Elise Fontenaille raconte sans complaisance la colonisation espagnole, sa violence, sa brutalité et la destruction d’une civilisation qui n’avait que mépris pour l’or. Elle fait le portrait de cette civilisation, de sa grandeur, de son développement artistique, de sa religion aussi, insistant en particulier sur la croyance en la réincarnation.

Ce roman historique prend sans doute une autre teinte en cette deuxième décennie du XXIème siècle. C’est bien à un sacrifice humain consenti que l’on assiste. Nina n’hésite pas un seul instant à perdre la vie pour que vive l’Inca. Certes, Nina se sacrifie seule, sans entrainer des innocents dans la mort, mais il s’agit pour l’auteur, en adoptant le point de vue de son héroïne, sans aucun jugement, de montrer aussi comment la religion peut conduire au martyre, avec l’espoir d’une autre vie.

Un roman sensible racontant une histoire fascinante et terrible (enlèvement à la famille, sacrifice humain), dans lequel Elise Fontenaille dénonce avec vigueur un autre crime de d’histoire. (Voir Eben ou les yeux de la nuit)

Eben ou les yeux de la nuit

Eben ou les yeux de la nuit
Elise Fontenaille-N’Diaye
Rouergue  2015,

 Dénoncer  le passé

Par Maryse Vuillermet

eben ou les yeux de la nuit Un roman qui a la forme d’un récit autobiographique. Le narrateur, Eben, s’apprête à fêter la grande fête de son peuple, la nuit Rouge. Il habite en Namibie, à Lüderitz, au bord du plus grand et plus ancien désert du monde, le Kalahari. Son pays a été colonisé par les Allemands. Eben en sait quelque chose, lui qui  a les yeux bleus,  il a compris qu’il était descendant d’un viol, sûrement celui perpétré par le commandant Allemand Von Trotta, un militaire sanguinaire qui enfermait les femmes sur une île, les violait et les tuait.  En fait, les Allemands ont expérimenté la Shoah en Afrique, ils menaient des expériences scientifiques sur les hommes noirs pour prouver leur infériorité. Quand il a compris qu’il avait du sang de génocidaire en lui, Eben a voulu s’arracher les yeux, il a failli en devenir fou mais il a été soigné à l’hôpital.

Aidé par son oncle Isaac, peintre, et homme  plein de sagesse, il cherche à comprendre pourquoi toute trace du passé, des meurtres, massacres  et viols commis  par l’armée allemande ont  été effacées par les Blancs, encore maîtres de son pays aujourd’hui.

La veille de la fête donc, il a soudain une idée qui concerne la grande statue du commandant allemand qui trône toujours au milieu de la place. Une façon de se venger du passé !

Elise Fontenaille a l’art, un peu comme  Didier Daeninckx,  de retrouver et  de dénoncer  sous forme romanesque, les crimes  de l’Histoire, et en particulier ceux de la colonisation,  et de l’extermination  des peuples indiens  d’Amérique  et des peuples noirs d’Afrique.

Celle qui sentait venir l’orage

Celle qui sentait venir l’orage
Yves Grevet
Syros, 2015

Savant fou, jeune fille sans défense

Par Anne-Marie Mercier

Celle qui sentait venir l’orageLe cadre de ce roman historique est l’émergence de l’idée de « l’homme criminel », élaborée, après les travaux de Lavater sur la physignomonie au 18e siècle, par Cesare Lombroso (1835-1909) qui a tenté de définir le faciès du criminel.

L’héroïne, fille d’un homme accusé de meurtres est recueillie par un médecin qui se sert d’elle pour ses expériences. Il y a tous les ingrédients du bon roman classique pour la jeunesse : une orpheline, un jeune homme, un savant fou, des marécages, un arrière plan historique qui permet des costumes et des décors un peu différents, des idées généreuses, mais malheureusement (pour moi du moins), la sauce ne prend pas et le roman ne trouve pas son rythme.

Les Esclaves de Cumanà

Les Esclaves de Cumanà : Aimé Bonpland et Alexander von Humboldt en Amérique du sud
Olivier Melano
L’école des loisirs (Archimède), 2015

Botanique, zoologie, esclavage

Par Anne-Marie Mercier

Les Esclaves de CumanàOlivier Melano a choisi de présenter les savants voyageurs Aimé Bonpland et Alexander von Humboldt à travers l’histoire de Pablo, un enfant métis, dont la mère a été vendue comme esclave loin de la plantation où il est né.

Ainsi, deux domaines s’entrelacent. Le premier est celui d’une aventure assez classique en littérature de jeunesse, celle d’un quasi orphelin, esclave, persécuté par ses demi frères blancs, qui cherche sa mère, et qui parviendra non seulement à la retrouver mais aussi à s’intégrer dans une autre famille (blanche et riche) qui lui donnera une éducation.

La seconde est le périple des deux voyageurs, leurs découvertes scientifiques et le combat qu’ils mènent contre l’esclavage. Mais cette partie est reléguée au second plan dans le récit, même si les dernières pages leur donnent davantage d’importance. La question de l’esclavage, qui lie les deux thèmes est elle aussi traitée en fin d’ouvrage, avec des images sur l’histoire de Toussaint Louverture (qui aurait été, mieux que l’improbable Pablo, le parfait héros pour une aventure de ce type).