Etranges étrangers

Etranges étrangers et autres poèmes de Jacques Prévert,
Jacques Prévert, Jacqueline Duhême (ill.)
Présentation et choix de Camille Weil
Gallimard (Folio Junior, poésie), 2012

Poésie de circonstance

Par Anne-Marie Mercier

Etranges étrangers« Kabyles de la Chapelle et des quais de Javel
hommes des pays loin
Apatrides d’Aubervilliers (…) Tunisiens de Grenelle (…) Pollacks du Marais du Temple des Rosiers (…) Esclaves noirs de Fréjus (…) Enfants du Sénégal, (…) Enfants indochinois (…) Enfants trop tôt grandis et si vite en allés
qui dormez aujourd’hui de retour au pays
le visage dans la terre
et des bombes incendiaires labourant vos rizières »…

Cette belle anthologie composée par Camille Weil est plus que jamais nécessaire pour évoquer en mots simples les très simples devoirs de l’humanité vis-à-vis des plus fragiles, enfants, êtres brisés ou en devenir de tous âge, et pour dire les ravage du mépris des colons sur les colonisés ou chanter les délices de la paix et de l’art. Les dessins de J. Duhême sont à l’unisson, drôles, tragiques, plein de poésie simple.

Il faut souligner les qualités de cette collection sobre qui allie poèmes et dessins et propose une présentation brève, à hauteur de poète et non scolaire comme c’est trop souvent le cas. Quelques textes en prose du poète, en fin de volume, résument sa conception de l’écriture. Dans la même collection, choisis également par Camille Weil, et introduits par Guy Gofette : Rimbaud, Baudelaire, Aragon, et aussi Ponge, Michaux, Eluard, Tardieu…

Mon livre des doudous. Où sont-ils cachés ?

Mon livre des doudous. Où sont-ils cachés ?
Sébastien Pelon (ill.)

Père Castor, 2013

Schmilblick pour les tout-petits

Par Dominique Perrin

mon livre« Je suis un doudou lapin aux dents blanches, et j’ai une étiquette verte à carreaux. Où suis-je ? ». Cet album agrémenté d’étiquettes de tissu en guise de marques-pages ne poursuit assurément pas de but poétique ; emboîtant le pas à de désormais classiques comme Il est où mon p’tit loup ? de Stéphanie Blake, il attire le jeune lecteur par son thème et ses onglets agréables à toucher en vue de lui soumettre des devinettes logiques. Pour cela, il requiert l’analyse correcte de groupes nominaux descriptifs et la discrimination visuelle correcte d’une pluralité de doudous de même type (de double page en double page, des ours, puis des lapins, puis des éléphants…).

Il est bien possible que ledit jeune lecteur s’y amuse et y apprenne la langue… mais pourquoi bannir aussi rigoureusement toute gaieté inventive d’énoncés impitoyablement calqués sur le modèle cité ci-dessus ?

Voisins zinzins et autres histoires de mon immeuble

Voisins zinzins et autres histoires de mon immeuble
Piret Raud
Rouergue 2015

La vie mode d’emploi, façon estonienne

Par Michel Driol

voisinsTaavi, le narrateur, vit avec sa mère dans un appartement au 3ème étage d’un grand immeuble. En une trentaine de chapitres courts, indépendants les uns des autres, il présente ses voisins, ses amis, les objets qui l’entourent.  Uku qui rêve de devenir chien,  Roosi-mai, aux cheveux si longs qu’ils ont fait tomber un avion, Mme Crocodile qui mord son mari et qu’on enferme au zoo, ou le réfrigérateur qui s’échauffe lorsqu’il pique une colère…  L‘ensemble de ces textes entraine hommes, animaux et objets dans une ronde où  affleure l’absurde, et donne à lire un monde merveilleux, parfois tragique, mais toujours comique et plein de saveur.

La première histoire pose un cadre, géographique et humain, mais aussi philosophique : Maman dit que dans chaque personne il y a quelque chose de beau qui se  cache et qu’il suffit de le chercher. Alors je cherche, et il m’arrive de trouver. Le dernier chapitre le clôt, avec cette histoire de dame qui inspire le monde entier dans son nez, au point de le faire disparaitre, avant l’au revoir du narrateur, prêt à trouver une solution avec les plus grandes intelligences du monde, sa mère, lui, et tous leurs amis… Les différents récits ont la même structure : après un début de plain-pied avec la réalité, on décolle vers le fantastique et l’imaginaire, avant de revenir au réel, et à la leçon de vie et d’humanité que le narrateur, du haut de ses quelques années, en tire, ce qui confirme souvent la vision de la mère

Les personnages – à commencer par le narrateur et sa mère – sont attachants et emplis de bienveillance et de chaleur humaine.  Peut-être certains ont-ils ce que l’on pourrait appeler un grain de folie, une manie, un zeste d’originalité. Mais c’est ce qui fait leur charme, et l’enjeu est de parvenir à les accepter tels quels, sans toutefois tomber dans le même travers.  On regrette que la traduction du titre  mette trop l’accent sur cet aspect-là du livre (Voisins zinzins, comme un écho commercial à d’autres titres L’Alphabet zinzin,  Magasin zinzin). Le titre original annonce, plus sobrement, et plus justement Moi, Maman et un de nos amis, laissant plus de liberté au lecteur pour interpréter ces récits et ces personnages.

Un livre qui séduira autant par son côté comique et merveilleux que par son invitation à s’ouvrir aux autres et à oublier ses préjugés.

Ascenseur pour le futur

Ascenseur pour le futur
Nadia Coste
Syros, Soon (Mini), 2014

Paradoxes temporels

Par Anne-Marie Mercier

Nadia CoAscenseur pour le futurste propose de prendre la science-fiction à l’envers: imaginons qu’un enfant du passé (1991), aux abois, soit projeté dans son futur, en 2015, et puisse voir quel destin l’attend et ce qui arrivera aux autres enfants qui au moment de sa jeunesse le pourchassent. Imaginons aussi qu’en 2015 des machines à remonter le temps ou à le descendre existent… Rencontrant son propre fils, qui a à ce moment le même âge que lui, ses parents, vieillis, il mûrit, prend des leçons pour retourner affronter son présent et faire que l’avenir… advienne.

C’est en apparence un peu complexe, c’est peut-être un peu facile, mais c’est très clair, et les décalages technologiques et culturels sont utilisés avec humour et efficacité.

Rien ne presse, majesté

Rien ne presse, majesté

Pascal Prévot (ill. Benoit Audé)

Éditions du Rouergue, 2015

Vitesse de croisière

par François Quet

3109219335On retiendra d’abord, dans ce petit roman, le ton constamment amusant du récit : les noms des personnages, la circulation permanente entre le monde de la chevalerie et l’univers du quotidien. Quelques similitudes un peu forcées suffisent à faire de l’appartement de Brunehaut un royaume, un peu brouillon certes, mais où il fait bon vivre malgré l’agitation et le surpeuplement. A vrai dire, ce sont surtout les filles qui augmentent la densité de la population sur ce petit territoire. Jonas, le narrateur et le petit dernier de la famille, est entouré d’une maman surbookée et de trois grandes sœurs, et si la vie n’est pas toujours rose, cela pourrait être pire.

Une tortue d’appartement ne devrait pas changer grand chose dans ce petit monde. Et pourtant si ! Jonas remarque bientôt que sa lenteur est littéralement contagieuse. Il suffit de s’approcher d’elle pour que l’envie de prendre son temps vous gagne. Il va donc l’utiliser pour mettre un peu de douceur dans ce monde en effervescence.

Le grand mérite de Pascal Prévot est évidemment de se glisser dans la peau de son petit narrateur, si bien qu’il nous est difficile de savoir si la tortue dont « les petits yeux noirs » semblent afficher une complicité souriante avec le héros, est vraiment douée de pouvoirs magiques ou bien si d’autres raisons peuvent expliquer que le tourbillon de la vie soudain s’arrête et laisse la place à une autre façon de profiter du temps. Les subtils ralentissements que la tortue impose au rythme familial font en effet glisser le récit de la semaine au week-end, de la ville à la mer, de l’Europe à l’Amérique et de l’hyperactivité maternelle à la romance amoureuse. Que demander de mieux ?

Le petit monde de Pascal Prévot est aussi harmonieux que celui des contes (dont il ne connaît même pas la menace des ogres ou des mauvaises fées). Cet éloge de la lenteur est aussi une apologie de la bonne humeur. Une bonne humeur partagée par les images pleines de fantaisie de Benoit Audé qui ne se contente pas d’illustrer le roman : l’impertinence de ses variations tire encore un peu plus ce petit livre du côté de la farce joyeuse.

SOS dans le cosmos

SOS dans le cosmos
Guillaume Guéraud, Alex W. Inker
Sarbacane (Série B), 2015

L’album fait son cinéma, en série B

Par Anne-Marie Mercier

Guillaume Guéraucouv-sos-dans-le-cosmos-620x868d, amateur de cinéma (voir le bel hommage qu’il lui a rendu, Sans la télé), est aussi amateur de Série B. Depuis 2013 il signe dans la collection « série B », avec chaque fois un illustrateur différent, des volumes qui déclinent avec gourmandise les clichés de films « de genre ». Après les cow boys, pirates etc, voici les films de science fiction  passés à la moulinette. On retrouve des allusions à de multiples films à travers les rencontres effectuées par les héros, d’Alien à Interstellar, mais surtout beaucoup d’humour et une délectation pour toutes les fantaisies du genre.

Les illustrations rythment de manière cinématographique, c’est-à-dire à la fois visuelle et sonore (oui, sonore !) cette histoire loufoque, en y ajoutant la poésie et la verve qui sont la marque du style de Guéraud :
« Le météore 8 fut projeté à une vitesse vertigineuse dans un essaim d’étoiles filantes. Hors du système solaire. Bien au-delà des frontières imaginables. Parmi des astres au nom désastreux. Les membres de son équipage haletèrent en traversant la constellation des haltères. Ils s’agitèrent en longeant la galaxie du Sagittaire. Ils s’endormirent en frôlant Sandorimir. Et ils se réveillèrent en arrivant devant la nébuleuse des Rivières. Ils eurent à peine le temps de bailler. »

Tout comme le lecteur, pris par ce texte très court mais très efficace graphiquement et sémantiquement.

 

 

De cape & de mots

De cape & de mots
Flore Vesco
Didier Jeunesse 2015

Entre le Bossu et Fantômette

Par Michel Driol

decapeSerine, jeune demoiselle noble sue’une famille désargentée, la quitte clandestinement à la mort de son père pour devenir demoiselle de compagnie de la reine. Une reine tyrannique, capricieuse, qui adore humilier et châtier. A la cour, Serine découvre l’étrange comportement du secrétaire du roi, atteint d’une maladie bizarre. Elle découvre aussi de drôles de bourreaux – plus humains que certains des courtisans. Disgraciée, elle se fera passer pour le fou du roi, ce qui lui permet de tout dire, avant d’épouser le fils du roi à l’issue d’un procès mémorable.

Ce roman est un excellent pastiche féminin des romans de cape et d’épée, dans lequel la parole s’avère être une arme redoutable. Le personnage de Serine, à la fois drôle et touchant, incarne avec fougue l’impertinence d’une ado de 17 ans. Elle invente des mots – et comme dans le roi est nu, les puissants font semblant de les connaitre. Elle enquête, découvre un complot, et échoue près du but, faute à une malice du destin. La narration est enjouée, pleine d’humour décalé, et créé un univers carnavalesque dans lequel on se moque des puissants et de leurs travers, en les caricaturant. Le rire, la langue bien pendue, l’irrévérence deviennent alors des armes redoutables pour dire le monde.  Ce royaume imaginaire ressemble finalement, par bien des côtés, à notre société.

Un premier roman qui augure d’une longue carrière, on l’espère pour l’auteure !

La fille qui parle à la mer — Le garçon au chien parlant

La fille qui parle à la mer

Le garçon au chien parlant

Claudine Galea (ill. Aurélie Petit)

Éditions du Rouergue, 2013

La mer, dans ses bras

par François Quet

D’une part, c’est Oyana qui passe « de l’autre côté » sur le dos agité de la mer. De l’autre, c’est Loïc qui ne sait pas ce que sont les « réfugiés ». L’histoire de Loïc prend la suite de celle d’Oyana à laquelle elle propose une issue heureuse : ils seront tous deux, l’un pour l’autre, princesse et prince.

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Belle histoire certes que celle de cette adoption, dont on aimerait sans doute qu’elle condense la réalité. Claudine Galea raconte ces deux récits, qui ne font qu’un, au présent la plupart du temps (« Maintenant ils marchent le long de la plage »). Elle enferme le lecteur avec ses personnages dont elle donne à entendre la voix, limitant la représentation de l’extérieur (le décor, les autres…) au strict nécessaire (la voix du passeur, quelques mots des parents de Loïc). Et les nombreux récitatifs donnent une grande puissance aux événements.Il y a une forme de théâtralité dans cette présentation des personnages, ; tout cela donne en tout cas, le sentiment d’une grande présence, intense et rayonnante : « Et elle se dit, J’ai perdu mes chaussures. J’ai perdu le bateau, j’ai perdu les autres (…) et Oyona entend sa propre voix murmurer, Tu n’es pas perdue, Oyana, tu es de l’autre côté de la mer, regarde comme c’est beau ». Les accents durassiens se retrouvent encore dans la brièveté des phrases, la fréquence des reprises anaphoriques, les retours à la ligne, le sens du silence :

« Cette année, c’est différent.

Cette année, il n’est plus seul.

Cette année, il voudrait rester à la maison.

Il voudrait que l’été recommence.

Il voudrait aller courir sur la plage avec Oyona. Il voudrait ramasser les coquillages avec elle. Il voudrait nager avec elle. Il voudrait tout faire avec elle. »

Ces deux petits récits de Claudine Galea constituent donc une belle histoire d’amitié et d’accueil, mais on retiendra surtout la grâce d’une écriture qui force l’attention et suggère l’aventure intérieure au delà des événements et de l’anecdote.

The Young World

The Young World
Chris Weitz
édition du masque (MsK), 2014

Place aux jeunes ?

Par Anne-Marie Mercier

The Young WorldLes éditions du masque ont le talent de trouver des textes qui reprennent les thématiques à la mode dans le roman pour adolescents tout en en faisant autre chose. Ici on est dans un monde apocalyptique, un New York funèbre ; tous les adultes et les jeunes enfants sont morts à la suite d’une épidémie, les adolescents survivants se sont organisés en bandes et vivent dans une guerre perpétuelle.

On retrouve les thématiques de Sa Majesté des mouches, la sauvagerie qui revient dès que le cadre social disparaît, la question du leader. Elles sont complétées par d’autres réflexions, plus politiques et assez schématiques, bien-pensantes aussi : la catastrophe a été produite par des recherches à visée guerrières et des savants imprudents, les héros viennent de la bande de Washington square, les plus méchants sont ceux des quartiers résidentiels, ceux de Harlem sont très organisés et assez sympathiques, tout en nourrissant un désir de vengeance et des ambitions de conquête, les filles ont un statut problématique, selon le lieu où elles se trouvent (il ne fait pas bon être d’un beau quartiers : les garçons y sont plus sexistes et féroces qu’ailleurs). Dans ce monde les faibles ne vivent pas vieux. Autre constat : quand le monde s’écroule, il se reconstruit non pas meilleur comme le voudrait l’un des héros mais en reprenant les pires défauts du précédent : le fort exploite le faible, chacun pour soi.

Les narrateurs, un garçon et une fille, prennent la parole à tour de rôle pour raconter chronologiquement les événements. Chacun son style, celui de la fille est haché, ponctué de chevilles et de mots fourre-tout, celui du garçon est plus organisé. Il y a entre eux beaucoup de non dits et de malentendus, mais l’amour triomphera évidemment de tout.

L’intérêt du roman, en dehors de son rythme et de ses ficelles efficaces, tient principalement à son décor, chaque épisode se situant dans une zone différente : Washington square, Central Park retourné à la sauvagerie d’une jungle, la bibliothèque, la rivière… La fin, qui évoque celle de Sa Majesté des mouches, est un peu elliptique et rapide, mais elle évite les explications qui clôturent souvent les romans qui comportent une énigme.

Une question demeure : que signifie la condamnation de la science (encore un savant fou) que l’on trouve dans tant de dystopies adolescentes (lire à ce sujet le bel article de Laurent Bazin paru dans Modernités, n°38, février 2015), combiné aussi par un épisode sinistre dans la bibliothèque?

 

Le secret

Le secret
Émilie Vast

Éditions MeMo, 2015

Chut !

Par François Quet

ob_6e60d3_secret-vastRenarde a un secret qu’elle confie à Lapin, qui le confie à Libellule, qui le répète à Écureuil, qui va voir Hibou, lequel se rend chez Chauve-Souris, qui le dit à Aigrette, qui en parle à Hérisson, qui le chuchote à Pic-Vert, qui le glisse au creux de l’oreille de Cerf. Et Cerf va chez Renarde pour qui ce n’est déjà plus un secret : Renardeau entre ses pattes attend les félicitations de tous les animaux du livre.

C’est un bien joli livre que celui-ci. D’abord il y a le thème du secret si brûlant qu’on a envie de le confier. Ensuite, il y a celui de la naissance et de la solidarité ou de l’affection qu’elle suscite dans toute société. La succession des rencontres et des échange au rythme des doubles pages comme dans un conte de randonnée permet la répétition des mêmes formules (« N’y tenant plus, elle le confie à… ») ou la variation (« Oh ! Extraordinaire … Oh ! Incroyable … Oh ! Fantastique… » etc.). Les doubles pages, admirablement composées, montrent systématiquement à gauche l’instant de la confidence (où un animal se penche et chuchote au creux de l’oreille d’un autre ce secret — que le lecteur ne connaît pas et qu’il ne découvrira qu’à la fin) et à droite la solitude du détenteur de secret dans son environnement végétal.

Mais plus encore, on aime le contraste entre la représentation très simple des animaux (façon papier découpé : une seule couleur, lignes claires sur fond blanc — sauf le hibou et la chauve-souris sur fond anthracite) et les enluminures qui encadrent de façon symétrique (sur la page de droite) l’animal solitaire : Emilie Vast (qui a dessiné des herbiers) cisèle avec beaucoup de préciosité des guirlandes de fleurs, de feuilles et de fruits, dont on retrouve quelques brins dans la procession des animaux venus rendre hommage à la nouvelle maman. La précision du trait, la délicatesse des couleurs, la grâce des couleurs ne sont pas des ornements gratuits qui souligneraient seulement l’habileté de l’artiste ; la richesse graphique est bien le signe d’un émerveillement devant le monde naturel, émerveillement qu’Émilie Vast réussira à partager même avec les plus jeunes lecteurs.