Le Pêcheur et les revenants

Le Pêcheur et les revenants
Max Estes

Traduit (anglais) par Génia Catala
La Joie de Lire, 2013

Des pirates en noir et blanc

Par Matthieu Freyheit

Noir etLe-pecheur-et-les-revenants blanc. Comme les non-couleurs du Jolly Roger, ce drapeau en forme de Vanité promenée sur les mers par les pirates en guise de menace autant que de rébellion devant l’ordre du monde, mais aussi devant la vie et la mort elles-mêmes.

C’est bien de vie et de mort qu’il s’agit ici pour ce pêcheur nocturne qui croise la route d’un navire pirate peu commun. C’est peu dire : son équipage est constitué de revenants représentés par des squelettes ou, le plus souvent, de simples têtes de mort. L’insomnie du pêcheur joue-t-elle en défaveur de sa raison ? La légende du Hollandais Volant n’est guère loin, maintes fois reprise en fiction jusqu’à devenir un topos de la fiction maritime et de piraterie, de Mac Orlan aux plus récents Pirates des Caraïbes. Ce que veulent ces revenants ? Une âme fraîche pour s’en repaître, car il faut bien que les fantômes se nourrissent. Celle du pauvre pêcheur, vieil homme sans marlin au bout de la ligne (mais le vaisseau pirate est peut-être la plus grosse prise de son imaginaire), ferait parfaitement l’affaire. Se sauvera-t-il des griffes invisibles de ces pirates aussi immatériels qu’affamés ?

Tout le livre joue précisément sur le visible et l’invisible, sur ce que montre l’alternance du noir et du blanc, mais aussi sur la part du possible et de l’impossible dans cette fiction onirique, insaisissable, dont il vous reste à découvrir la fin.

E-machination

 E-machination
Devenez le héros dont vous rêviez
Arthur Ténor
Seuil,  2013

 

 Entre virtuel  réel

Par Maryse Vuillermet

 

 

 

e-machination image Comment résister au nouveau jeu Héros ? En effet, il vous propose, moyennant une coquette somme et l’achat d’un matériel hautement sophistiqué,  de devenir le héros dont vous aviez toujours rêvé : un petit peu de vous et beaucoup de traits de vos héros préférés au cinéma ou dans les jeux vidéo. Lucile, jeune professeur timide et en mal d’amour, est devenue dans le jeu, Luciole, une superbe combattante à la plastique de rêve, Clotaire, geek terne à la vie ennuyeuse, devient Compagnon d’Ambre, un magnifique guerrier. Leurs avatars sont envoyés en mission dans le jeu, se rencontrent et se plaisent. Mais le lendemain, dans la vraie vie, ils lisent dans la presse que le crime commis dans le jeu a vraiment eu lieu.

Que faire ? Comment comprendre cette horreur qui les rend criminels ? Qui les a manipulés ? Pourquoi ? Contre les règles du jeu, ils vont se rencontrer dans la vie réelle, et former un couple de rebelles, de résistants.

Avec d’autres résistants ? Mais comment les reconnaitre, les réunir ? Ils doivent se méfier de tous !  Le maitre du jeu les a d’ailleurs condamnés à mort !

Le mélange vertigineux de réel et de virtuel est habile et le lecteur plonge avec les personnages dans un monde halluciné et dangereux : peur d’être tué, et surtout de perdre la raison !

Chemin faisant ces deux solitaires apprennent l’amitié, l’amour, la confiance, le vivre ensemble, et la solidarité, finalement, ce n’est pas si mal.

Lillelu et Bulibar

Lillelu et Bulibar
Svein Nyhus,

Traduit (norvégien) par Jean-Baptiste Coursaud
La joie de lire, 2014

Vers la joie

par François Quet

lileluDe l’apparence de Lillelu, on ne connaitra pas grand chose exceptée sa petite taille, et en particulier on ignorera jusqu’au bout s’il s’agit d’un garçon ou d’une fille[1]. En revanche, le lecteur ne quitte jamais les pensées du personnage, tout au long de son voyage et de son apprentissage chez le magicien Bulibar.

D’une certaine manière, le petit livre de Svein Nyhus raconte une histoire assez classique, fortement ancrée dans l’univers des contes et légendes. Les héros habitent le Linderland, un pays « situé loin, loin, loin » et vivent dans un âge de fantaisie où l’on se déplace à pied ou bien dans des charettes tirées par des bœufs ; les magiciens savent écarter les éclairs et accomplir des prodiges, les lin-détaleurs sont de petits animaux que discipline un air de pipeau et si des « volatiles croasseurs » peuvent s’en prendre aux voyageurs solitaires, il suffit de les éblouir avec des miroirs de poche pour les mettre en fuite. Lillelu rencontrera vite Bulibar qui l’emploiera comme commissionnaire et au fil des pages Lillelu va gagner en indépendance et en maturité, comme l’étoile « devenue son amie », autrefois « minuscule, presqu’invisible », et qui brille « avec intensité » à la dernière page, parce qu’elle a grandi. « Peut-être que moi aussi j’ai grandi », se dit alors Lillelu.

On aime, bien sûr, le propos de Svein Nyhus, ce récit plein de confiance qui conduit un être enfant vers un devenir adulte ; on aime aussi l’invention de ce monde mystérieux, la ville de Ba, au-delà de la forêt des brumes, et les magiciens aux noms bizarres : Pamprecreux ou Grandgrandpapa… Mais on aime surtout l’extrême douceur de l’univers et de l’aventure racontés par Nyhus.

Les forêts que traversent les personnages ne sont pas très dangereuses et toute l’intensité du récit ne passe pas par la volonté de vaincre l’hostilité d’agresseurs insaisissables. Lillelu, c’est un des charmes du roman que de mettre en scène un personnage appliqué, appliqué à bien faire, appliqué à trouver sa place, ne manifeste jamais le moindre désir de révolte, même quand son patron le rabroue assez injustement ou lui donne pour tout logement une place sinistre à la cave. On peut sans doute trouver cela agaçant, regretter cette soumission et que Lillelu se satisfasse de l’idée qu’un jour lui aussi comme Bulibar pourra se faire servir par un petit commisionnaire. On peut aussi lire les choses autrement.

Lillelu et Bulibar est une leçon de sérénité qui enseigne la patience et l’émerveillement. L’apprenti(e) regarde le monde et son maitre avec innocence ; s’intéresse à tout, s’étonne, se montre discrètement curieux. Il s’acquitte avec modestie de son travail obscur ; il observe, il accepte de ne pas comprendre, il admire.

Les tours de magie s’exécutent mezzo voce bien loin des effets spéciaux du genre ! On ne dira rien du tour accompli par Lillelu, pour venir à l’aide de son maitre à la fin du récit, mais le seul autre tour qui soit véritablement décrit se résume à la transformation d’une racine en un bois bourgeonnant, ce qui fait penser à notre personnage que « rendre vivantes les choses mortes, ça c’est merveilleux ». Quant à la vieille femme triste et grise qui s’en revient de sa consultation ayant retrouvé ses couleurs et sa joie de vivre, elle ne doit pas tant sa guérison à la magie qu’à la compagnie affectueuse d’un animal. Certes le lecteur se demande parfois si l’admiration de l’élève pour son maitre est vraiment méritée ou justifiée, et il peut sourire d’une tentative ratée de saisir au filet le chant de la lune. Mais ce n’est pas le propos. La présentation un peu comique et assez loufoque de Bulibar est plus poétique qu’ironique et ne fait pas oublier la fraicheur du regard de l’enfant sur son maitre.

Bref, on pourra trouver que ce conte est un peu mièvre et manque de piment ou de quelques un des condiments sulfureux à la mode, mais on pourra aussi penser, et c’est mon cas, que la montée vers la joie « débordante » de Lillelu, vers cette vie qui répond à ses rêves même « s’il faut travailler dur et si c’est très fatiguant » (p.203), est une jolie leçon, appuyée sur une vision du monde tendre et généreuse.

[1] Pourtant, page 136, (est-ce une négligence du traducteur ?) : Lillelu après avoir pris une grande bouteille, « la range dans le sac qu’il met sur son dos ».

L’Amazonie dans mon jardin

L’Amazonie dans mon jardin
J’ai fabriqué un chien méchant

Baum, Dedieu

Guff Stream (La nature te le rendra), 2014

Nature vengeresse

Par Anne-Marie Mercier

En ces tL’Amazonie dans mon jardinemps où l’on éduque les enfants au développement durable, la nature n’est plus une figure bienveillante et l’on finira par regretter les forêts inquiétantes et les loups, tant notre quotidien devient menaçant… Chacun des albums de cette collection se termine par la formule « Ce que tu fais à la nature, la nature te le rendra », nature représentée en bonhomme à la tête en forme de globe terrestre et cachant derrière son dos un genre de tomahawk…

Baum et DJaifabriqueunchienedieu traitent cela avec humour : commander un salon de jardin en bois exotique ou exhiber une pancarte « chien méchant » amènent toutes sortes de désagréments cocasses et l’on ne sait trop à quel degré il faut lire ces (més)aventures de l’habitant des zones pavillonnaires.

En tous cas, leur humour décapant réveille un thème menacé d’enlisement dans les sables du « politiquement correct » conçu comme un prêt-à-penser lénifiant.

C’est une surprisse que de trouver Gulf Stream sur ce terrain : on connaissait ses ouvrages pour adolescents (romans historiques, policiers, SF, fantasy) et ses albums historiques (Rose Valland, l’espionne du musée du Jeu de Paume d’Emmanuelle Pollack, illustré par Emmanuel Cerisier. (Coll. « L’Histoire en images »).

Casseurs de solitude

Casseurs de solitude
Hélène Vigal
Rouergue 2014,

 Neuf histoires d’adolescents « qui ne lâchent rien »

Par Maryse Vuillermet

 casseurs de solitudes imageCe recueil présente neuf nouvelles où des adolescents d’aujourd’hui, contrairement aux préjugés qui les décrivent gâtés, insouciants et occupés uniquement de nouvelles technologiques,  affrontent des problèmes ou  des situations très cruelles, licenciement d’une mère qui a tout donné à son travail au point d’oublier son fils, menace d’excision par sa propre mère,  excision qui a déjà tué une grande sœur,  fugue avec son père,  grand malade psychiatrique, comingout  puis départ d’un  autre père avec son ami homosexuel  Beaucoup de ces jeunes se réfugient  avec l’énergie du désespoir dans un monde qui les console, la littérature  et le travail scolaire pour Adra, le cheval pour Margaux, la pâtisserie pour Marie et ne se plaignent pas. Personne  autour d’eux ne pourrait soupçonner ces drames. L‘originalité du recueil vient des relations qui se tissent entre les personnages de chaque récit. La gamine folle de son cheval, qui vit quasiment avec lui est la fille du patron voyou qui a licencié la mère de Lucien, les gros chiens qui bavent dans la voiture seront  justement empoisonnés par la mort aux rats  administrée par  Lucien pour venger sa mère, le beau gosse qui séduit si facilement Fanny, l’amie d’Adra,  pour diffuser  leurs ébats sur les réseaux sociaux  et s’en glorifier,  est son frère, le principal  du collège  Monsieur  Séraphin qui fait peur à Adra est l’homme qui va la recueillir, elle,  son petit frère et la seconde épouse de son père sans papiers, le garçon qui trouve une lettre de dénonciation du principal et qui la détruit est un collégien  du même collège, stagiaire à la préfecture.

Ces jeunes ne sont  donc pas passifs, ils se battent, s’entraident, se vengent, trouvent des solutions originales, « ne lâchent rien ». Et les adultes ne sont pas tous aveugles, le palefrenier  anonyme et un peu débile qui rachète avec son propre argent le cheval de Margaux pour qu’elle continue à le voir en cachette, le principal qui recueille Adra et une partie de sa famille,  avaient vu et compris les drames qui se jouaient.

Sacrée Souris

Sacrée Souris
Raphaële Moussafir
Illustré par Caroline Ayrault
Sarbacane (pépix), 2014

Origines de La petite Souris et autres révélations importantes

Par Anne-Marie Mercier

sacréesourisTitre proche, mais rien à voir avec l’ouvrage présenté dans la chronique précédente, Sacrées souris de Lowry.

On découvre ici l’un des premiers titres de la collection Pépix, romans pour les 8-12 ans, « cocktail d’aventures, d’humour et d’irrévérence » dit le site de l’éditeur (Sarbacane), ambitieux par son volume, plus de 200 pages, très aérées, en gros caractères et remplies de dessins en harmonie avec le ton de l’histoire. Et on retrouve avec plaisir Raphaële Moussafir, auteur du décapant Du vent dans mes mollets.

Sacrée Souris est un peu moins décoiffant (mais vise un âge plus tendre aussi) et propose une histoire qui donne l’origine du rite de la dent perdue mise sous l’oreiller et remplacée au matin par une pièce mise par « la » petite souris. Léonore, l’héroïne et narratrice de l’histoire a un « retard de croissance » et incarne donc parfaitement le personnage de la « petite » souris de la légende enfantine. Elle a aussi un âge mental délibérément et caricaturalement enfantin, refusant de grandir, sauf quand cela devient vital.

Aventures garanties, comme l’irrévérence, bien que la morale reste sauve : si les chapitres de leçons qu’elle propose aux « petits édentés » sont au début « comment rendre tes parents chèvre », elle poursuit sur une leçon expliquant pourquoi il faut finir son assiette, ranger sa chambre, se laver les dents. Mais le « comment » reste impertinent et fera beaucoup rire, on le suppose, les enfants – peut-être un peu moins les parents, démasqué dans bien des impostures ( hors celle de la petite souris, rassurons nous !).

Sacrées souris !

Sacrées souris !
Lois Lowry
Traduit (anglais) par Nadia Butaud
L’école des loisirs (neuf), 2014

Souris de bénitier

Par Anne-Marie Mercier

sacréessourisA travers le point de vue d’Hildegarde, chef de la communauté des 200 souris qui peuplent à l’insu des humains – du moins au début du récit – l’église de saint Bartholomew, on assiste à la crise qui résulte de la découverte de leur existence. Les prémisses montrent qu’Hildegarde a du mal à contrôler ses troupes, à réguler les naissances, la circulation dans les lieux et les heures sans dangers, les grignotages qui risqueraient d’être trop vite découverts, et enfin à maintenir son autorité face à sa rivale battue aux dernières élections.

L’indiscipline des ses ouailles provoque une campagne de dératisation. Elle conduit toute une manœuvre ingénieuse d’évacuation (suivie d’un retour, rapide), de sauvetage, de réhabilitation. Tout en se divertissant de ces aventures, le jeune lecteur peut apprendre beaucoup sur l’architecture d’une église et son vocabulaire (narthex, nef, transept, crypte), ses recoins (sacristie, combles et circuits électriques…), sur les rituels,  les habitudes du prêtre, de l’organiste, des enfants de chœur et des divers paroissiens (surtout paroissiennes). Enfin, les amis ou ennemis de Hildegarde sont typés et drôles (comme Ignatious qui a vécu dans la bibliothèque de l’université où il a ingéré de nombreux ouvrages antiques et savants et est de ce fait capable d’expliquer hors de propos des étymologies et notions absconses),et la fin, qui montre que ces souris ont un certain sens du sacré, est savoureuse.

Tout cet univers est sans doute loin de la culture de nombreux jeunes lecteurs, certes, mais un peu d’ouverture à l’inconnu ne peut nuire à ceux qui sont capables de s’adapter à des univers « nouveaux ». Si ce livre n’est pas aussi inventif et stimulant que d’autres romans de L. Lowry, il est original par son cadre, captivant par les affres de son héroïnes et séduisant par son humour.

 

Le Vilo de Torticolo

Le Vilo de Torticolo
Michel Galvin

Rouergue, 2014

Fait divers philosophique

Par Anne-Marie Mercier

viloMichel Galvin, illustrateur pour le journal Libération, nous propose ici un fait divers, simple en apparence. La dispute entre M. Torticolo et sa voisine tourne au vinaigre et fait exploser littéralement le social comme les couleurs et les encres. Cette querelle pichocholine évoque, comme les jeux verbaux, les exubérances de Rabelais avec les explosions de poubelles et de gadoue de la fin qui remplacent un vocabulaire que l’on imagine aisément.

« Qui a raison ? qui n’a pas tort ? » Ces questions qui concluent l’album donnent à cette histoire loufoque une portée philosophique, et les images de Michel Galvin, alliant elles-aussi le loufoque au conceptuel, illustrent merveilleusement le propos.

Go escargot go !

Go escargot go !
Elena et Jan Kroell
Editions du Rouergue, 2014

Éloge de la lenteur et du minimalisme

Par Michel Driol

goescargotConçu dans les années 1970 par un couple d’architectes, Elena et Jan Kroell, cet ouvrage est enfin édité. Le récit est minimaliste : un escargot sort de sa coquille pour aller faire ses courses, réalise qu’il est sorti du mauvais côté, et rentre à nouveau dans sa coquille… pour enfin en ressortir du bon côté, ce que laisser penser la 4ème de couverture.

Le texte est très simple, et s’amplifie de page en page à mesure que l’escargot sort. Mais c’est dans le silence que l’escargot rentre dans sa coquille, avant de proférer sa seule parole « Où avais-je donc la tête ». La typographie accompagne l’effet de lenteur, (présentation en colonne, distordant les mots, découpés en syllabes). Il nous situe dans un univers proche de celui de Jacques Roubaud, et cet escargot aurait bien sa place dans les Animaux de tout le monde

Quant au graphisme, influencé par les productions des deux architectes-auteurs, il est à base de formes géométriques à la limite de l’abstraction, que renforce le choix de deux couleurs, orange et marron. La sortie, puis la rentrée de l’escargot sont traités à façon de certains flip-books : la silhouette de l’escargot se reproduisant, de façon immuable, au centre de la page de droite. Avec humour, le mot go, qui renvient plusieurs fois, est traité graphiquement avec les composants de l’escargot…

Objet graphique et poétique original bien plus complexe qu’il n’y parait à première vue, cet album aura sa place dans tous les bons bestiaires.

Au Pays des lignes

Au Pays des lignes
Victor Hussenot

La Joie de lire (Somnanbule), 2014

Aventures linéaires

Par Anne-Marie Mercier

aupaysdeslignesUn garçon bleu, une fille rouge, un monstre jaune qui s’avère être un garçon jaune… Tous ces personnages évoluent dans un décor de lignes rouges et bleues, tantôt courbes et tantôt droites, tantôt géométriques, tantôt imitant la nature. Ces décors deviennent monochromes lorsqu’après bien des aventures chacun rentre chez soi, retrouve ses parents : on songe à Petit Bleu et petit jaune de Léo Lionni. Entretemps, ils auront vécu des aventures, des amours, des séparations, tout un roman.

Cet album au graphisme très original (uniquement des lignes tracées au crayon à bille sur fond blanc, quelques cases à certaines étapes) reste inclassable : ni roman graphique ni BD, c’est un album sans texte dans lequel l’espace de la page se prête à de multiples traitements qui suggèrent mouvements et durées de façon très efficace.