La Traversée

La Traversée
Véronique Massenot – Clémence Pollet
HongFei 2017

Les copains d’abord…

Par Michel Driol

Il était une fois un éléphant qui voulait traverser le fleuve. Comme il a bon cœur, il permet à deux tigres, trois singes, et d’autres animaux de lui monter sur le dos pour traverser sans se mouiller. C’est ainsi toute une pyramide qui se retrouve en équilibre sur l’éléphant, jusqu’à ce qu’une toute petite araignée fasse tout tomber…  Mais, parvenue au sec de l’autre côté, elle tend son fil pour faire passer les autres animaux, qui reforment la pyramide dans l’autre sens.

Voici un album au format peu usité (étroit et très haut) pour s’harmoniser avec la pyramide des animaux les uns sur les autres. Des images simples, colorées, immédiatement lisibles par les plus petits qui s’amuseront de cette escalade – dégringolade, qui évoque le cirque et les acrobates. On a affaire à un univers tendre dans lequel tout le monde est gentil et serviable – l’éléphant en premier – , les tigres sont amoureux, les mangoustes rêvent de vacances et le perroquet a l’aile abimée. Personne ne rechigne à accueillir l’autre, même différent de soi. Et l’on s’aperçoit à la fin que même les plus petits, comme l’araignée, peuvent servir à tous. Sans doute les plus grands pourront retrouver un arrière-plan contemporain, social et politique : quelque part entre les migrants qui veulent traverser sur un bateau surchargé et le colibri-araignée qui fait sa part dans un univers qui préfère la solidarité à l’égoïsme. Les plus petits seront sensibles à l’humour et aux renversements, culbutes qui parsèment l’album.

Un album à l’image de Véronique Massenot, qui  veut écrire et dessiner un monde plus juste et plus beau, en jouant des couleurs et des mots, pour partager avec petits et grands, sans frontière d’aucune sorte, la seule richesse qui soit vraiment : celle des sentiments. (http://veroniquemassenot.net/index.html)

 

 

Princesses Power

Princesses Power
Lucia Etxebarria et Allegra R. Illustrations d’Olga de Dios
Nathan 2017

Contes punk, gothiques et rock and roll

Par Michel Driol

Dans l’infinie variation sur les contes revisités et transposés à notre époque, voici une nouvelle livraison, que l’on doit à Lucia Etxebarria et à sa fille, Allegra. On y retrouvera aussi bien des contes connus (Les Fées, le petit Chaperon rouge, Cendrillon, la Princesse au petit pois, que des contes inventés (la Princesse Trop pas par exemple). Ce qui marque ce recueil, c’est à la fois l’univers, la langue et la vision du monde qu’il transmet.

L’univers est celui de la mode et de la musique.  Plusieurs types de « princesses » et de « princes » s’y côtoient, les snobs, distingués, et les punks, gothiques. Pas de forêt… mais le choix entre le quartier à la mode et le quartier chic, pour le petit Chaperon noir. Les sept nains sont un groupe de rockeurs ravis de trouver une soliste. C’est une guitare électrique qui électrocute et endort la Belle au bois dormant. Dans cet univers factice de l’apparence et de la superficialité, où l’on s’invite à des soirées pyjamas et où l’on danse « A la queue leu leu », le grand veneur de Blanche Neige devient un styliste chargé faire porter à  la princesse des couleurs pastel  et de lui peroxyder les cheveux…

Du coup, la langue devient une langue contemporaine. Plusieurs personnages ont leurs tics de langage, tel ce prince qui recherche « l’exquise sensibilité d’une véritable princesse », ou les deux sœurs qui profèrent des gros mots censurés « x***** », ou encore le marquis de Colibri, dont tous les « a » sont accentués : «  D’âcc’, pourquoi pâs ! Ce serait absolument fâbuleux ». Les personnages portent des noms souvent symboliques, telles ces trois sœurs, Hautaine, Méprisante et Douce. Si le texte veut se mettre, par la langue, à la portée d’un jeune public – à moins que ce ne soit de leurs parents (!) – en expliquant des termes comme « manager » ou « groupe de rock emo » – , il a aussi parfois recours au pastiche des contes dans une langue plus poétique. La typographie, particulièrement travaillée, est là pour mettre en valeurs certains mots ou expressions.

Tout ce dispositif narratif est au service d’une vision du monde, explicitée par l’auteure dans la postface. Il s’agit de lutter contre les préjugés sexistes, de faire des « princesses » des personnages déterminées, qui ne se préoccupent pas des standards que la société de consommation impose. Elles ont choisi leur mode de vie, leur allure, assument d’être elles-mêmes. Elles veulent pouvoir profiter de la vie, et sont porteuses de valeurs profondes, comme celle qui préfère sauver une chienne sans race et ses petits plutôt que d’accepter des chiots munis de pédigrées.  Le mal a diverses formes, mais peut toujours être vaincu par le courage individuel (le Diable de la montagne) ou par l’union : c’est un collectif anti-expulsions qui empêche la sorcière – devenue maire – de raser le château de la Belle au Bois-dormant.

Un recueil amusant et plein de fantaisie, qui retourne assez bien certains stéréotypes sociaux, genrés et invite chacun à trouver sa voie et à devenir reine de sa propre destinée.

 

Mes vacances à Pétaouchnok

Mes vacances à Pétaouchnok
Olivier Pouteau
Le Rouergue, 2016

Marcello

Par François Quet

Au départ c’est une histoire policière : on est à la recherche d’une femme dont on n’a plus de nouvelles depuis des années. Il y a des rencontres, des interrogatoires, une sorte d’enquête, il y a un voyage Paris-Province et un retour vers le passé.  Mais tout le monde sait bien que, dans les bons romans policiers, l’objet de la quête, ce n’est pas tant le coupable ou le magot caché, que la connaissance de soi. Mes vacances à Pétaouchnok est justement un bon roman policier, c’est-à-dire que le héros, en pleine crise sentimentale et d’adolescence, fait un sacré plongeon qui lui fera découvrir quelques secrets de famille, oublier Léa et rencontrer Ève.

Reprenons. Le jeune héros n’est pas très en forme. Son grand-père est malade, sa copine vient de le plaquer et voilà que Richard, le meilleur ami de son père l’embarque dans une drôle d’aventure : retrouver son premier amour dont il vient de rêver qu’elle lui avait jeté un sort. Un mot de ce Richard : c’est manifestement un double du père mais un double inversé, un double de fantaisie ou de comédie, un être instable et farfelu, amusant parfois, lassant le plus souvent, assez fou en tout cas pour entraîner le jeune garçon dans un petit village de montagne près de l’Italie (« On est partis de Paris sur un coup de tête sans prévenir personne, juste pour retrouver son premier amour. Un truc comme ça pour mon père, c’est de la science-fiction ». p.120). La quête subit ainsi un premier déplacement parodique. Tout cela ne paraît pas très sérieux. Richard est un peu fou, la fille n’existe peut-être pas ou plus, les rencontres sont plutôt comiques.

Mais un jour, Richard disparaît et le père du narrateur apparaît. À ce moment, la quête prend un tour plus mélancolique. Le village est celui de l’enfance fraternelle des deux hommes : « On écoute les bruits de la montagne. Il y a un peu de vent. Autour de nous, les sapins grincent en se balançant » (p. 152). On comprendra peu à peu que ce retour au source est une odyssée réparatrice à des degrés divers pour chacun des personnages engagés dans l’aventure.

L’hommage final à la comédie italienne des années 70 donne une autre couleur à ce roman à la fois léger et doux-amer. En reconnaissant sa dette à la drôlerie parfois un peu triste des films de Dino Risi ou de Luigi Comencini, Olivier Pouteau, par la seule évocation de Marcello Mastroianni, ressuscite un cinéma et un monde disparus. Le jeu excessif de Richard, la silhouette de Cruella, la beauté pure d’Ève, le retour mélancolique des quadragénaires vers leur jeunesse : pas de doute, derrière ces montagnes, il y a l’Italie d’Amarcord.

Le petit bourreau de Montfleury

Le petit bourreau de Montfleury
Marty Planchais
Sarbacane, 2016

Ne touchez pas à la hache !

par Marion Mas

Cette bande dessinée raconte l’histoire d’un bourreau-peintre (bien plus peintre que bourreau en fait, car il n’a jamais exécuté personne), qui mène une vie paisible jusqu’à ce que le nouveau maire de la ville veuille faire état de son autorité en rétablissant peine capitale et exécutions publiques. C’est alors que les ennuis commencent pour le protagoniste. D’autant plus qu’il reçoit la visite de Louise, la fille du premier condamné à mort, qui le supplie d’épargner son père victime, dit-elle, d’une erreur judiciaire. Faut-il endosser l’héritage paternel ? Faut-il obéir à l’institution judiciaire lorsqu’on a la charge de bourreau et qu’on est sommé de tuer un innocent ? Tels sont les dilemmes que, allongé sous un arbre, le bourreau expose à Tiki, une chauvesouris douée de parole. Figure de la conscience aux allures de psychanalyste, la bestiole l’aide à s’orienter, et, finalement, à trancher.

Le style graphique, très expressif, sert un propos humaniste et plein d’humour. Jouant sur le grain du trait, l’auteur fait alterner des cases au dessin simple et efficace avec un travail plus élaboré sur les encres. Rappelant des aquarelles, ces cases soulignent les moments d’incertitude vécus par les personnages et rappellent la passion du bourreau pour la peinture, passion également évoquée à travers les références à van Gogh qui émaillent l’ouvrage.

Que du bonheur !

Que du bonheur !
Rachel Corenblit
Rouergue 2016

2 minutes 35 de bonheur…

Par Michel Driol

L’année de seconde d’Angela. Tous les malheurs fondent sur elle : nez cassé, divorce des parents, trahison de la meilleure amie, redoublement annoncé, vacances chez le grand-père en Ariège puis au camping avec sa mère, et rentrée de l’année suivante. Et pourtant, si elle se prénomme Angela, c’est en hommage à Angela Davis…  Le roman se présente comme un journal d’ado, avec des photos, des dessins, des notes marginales.

Ce n’est pas l’histoire qui fait l’intérêt du roman : Angela n’est pas la première adolescente, mal dans sa peau à 15 ans, un peu boulimique, se confrontant à l’amour et à la trahison, dont la littérature de jeunesse fait le portrait. L’intérêt vient du ton, décalé et humoristique, avec lequel Rachel Corenblit raconte cette histoire à travers une série de scènes toutes plus drôles les unes que les autres. Cet humour plein d’entrain, rythmé, marque une prise de distance salutaire avec la difficulté à vivre l’adolescence et la grisaille du quotidien. Parmi les morceaux d’anthologie, citons la liste de ce que je peux manger (comme un hommage à Perec), la typologie des bouletus hominus souffre-doulourus (communément appelés « boulets »), l’analyse littéraire de la chanson de Sylvie Vartan 2 minutes 35 de bonheur, et la critique des textes que l’on doit lire pour passer le bac, de Madame Bovary aux Misérables, en passant par les Fleurs du Mal et l’Amour au temps du choléra : de quoi préparer des générations de traumatisés, tant ces textes ne parlent que de malheur ! Cet humour n’empêche pas l’expression des sentiments, comme ceux, contrastés, qu’éprouve Angela pour son grand-père paternel, un veuf qui vit dans une ferme inconfortable de l’Ariège, ou pour sa mère qu’elle découvre luttant contre le temps avec ses crèmes.

A la fois un roman de l’échec (échec du couple des parents, échec de l’identification à Angela Davis, échec d’une année scolaire…) et de l’espoir (la dernière scène montrant que la roue de la fortune peut tourner) narré par une anti héroïne, victime sympathique dont l’humour est la politesse du désespoir.

 

Les Sorcières du beffroi

Les Sorcières du beffroi
1. P’tit-Boudin et Grande-Greluche
Kate Saunders
Nathan (1999- 2014)

Sorcellerie, espièglerie et fantaisie

Par Michel Driol

P’tit-Boudin et Grande-Greluche, deux sorcières de 150 ans, sont chassées de l’Ile aux sorcières par la terrible reine M’ame Cadabra. Les voilà qui trouvent refuge dans le beffroi d’un village anglais, dans lequel le pasteur et son vicaire sont tyrannisés par Violette Sac-à-Crasses. Comme on s’en doute, les sorcières vont sympathiser avec les victimes et troubler joyeusement le paisible village anglais…

Sur un scénario assez courant – sorcières pour rire faisant irruption dans le quotidien banal – Kate Saunders signe un roman plein d’humour, dans la lignée de Roald Dahl, illustré par Tony Ross – c’est tout dire ! Personnages caricaturaux, modèles de cruauté, utilisation malencontreuse de sortilèges mal maitrisés, voilà les ingrédients de ce roman qui dépeint un univers de fantaisie et de légèreté que la littérature pour la jeunesse oublie parfois.

Ne boudons pas notre plaisir !

 

Super fonceuse

Super fonceuse
Jean Leroy – Bérangère Delporte
L’élan vert 2016

Pour déconstruire certains stéréotypes de genre

Par Michel Driol

superFrère et sœur, Goliath et Maguette habitent ensemble. SI Goliath est doté de superpouvoirs  (il peut soulever d’une patte mille kilos), sa sœur ne sait rien faire d’exceptionnel. Mais c’est elle qui fait tout à la maison, car les tâches ménagères ne sont pas dignes de son super héros de frère. Jusqu’au jour où atterrit  dans leur jardin un vaisseau spatial d’où sort Pluripattes le pirate, lequel, avec son pistolet laser, annihile les pouvoirs de Goliath. Mais ce pistolet ne peut rien contre Maguette lorsqu’elle se lance, tête baissée, dans un combat épique contre le monstre : elle  n’a pas de super pouvoirs ! Déconfit, Pluripattes retourne dans l’espace, Maguette réconforte son frère qui croit que sa force ne sert à rien, et elle lui confie les tâches ménagères tandis qu’elle se repose, enfin.

Superfonceuse fait partie de ces albums qui bousculent les stéréotypes du genre, non sans humour. Goliath et Maguette sont bouc et chèvre, et, très humanisés, ils habitent dans une petite maison.  Les dessins accentuent la représentation stéréotypique : le super héros, avec sa cape et son masque, entouré de médailles et d’haltères, la ménagère avec son tablier entourée  de tricot, d’aquarelle et de fleurs. On se situe dans un univers enfantin que les illustrations renforcent par leur côté naïf, proche des coloriages et des représentations des animaux et des extraterrestres que pourraient réaliser des enfants.

Un album qui se plait à accentuer le côté enfantin de l’histoire et des illustrations pour rapprocher les personnages des enfants lecteurs afin de mieux les concerner par le propos tout à fait d’actualité.

 

 

Adieu croquettes ! Adieu caresses !

Adieu croquettes ! Adieu caresses !
Rachel Corenblit
Rouergue 2016

Chien et chat…

Par Michel Driol

adieuDans la collection Boomerang, courts romans recto-verso, voici deux histoires parallèles. D’un côté, l’histoire d’un chat, un peu enveloppé, qui veut renoncer aux caresses et devenir un féroce félin. De l’autre, un chien minuscule qui se verrait bien en loup. A la fin, bien sûr, l’un et l’autre fondent de bonheur dans les bras de leurs maitres respectifs.

Il s’agit de premières lectures autonomes : chaque récit fait une vingtaine de pages, en gros caractères, dans une langue facile. Les personnages sont des animaux, qui se posent la question de leur identité et de leur fidélité à l’histoire de leur race (le chien qui veut deven eur identité et leur condition, qui leur apporte l’amour dont ils ont besoin. Le tout est traité avec humour, et vu du point de vue des animaux.

Deux récits sans prétention qui abordent malgré tout un thème fondamental en littérature pour la jeunesse.

 

Koi que bzzz ?

Koi que bzzz ?
Carson Ellis
Hélium 2016

Unk mazet turlitiboot !

Par Michel Driol

koi-ke-bzzz-de-ellis-carson-1089051240_lLe décor ? Un tronc d’arbre coupé gisant au sol page de gauche, et une plante qui se développe page de droite. D’abord plantule, puis fleur épanouie, enfin fleur fanée. Sur l’une des branches du tronc, une chenille qui devient cocon puis papillon éphémère dansant au clair de lune. Printemps, été, automne, hiver, puis à nouveau printemps l’album illustre le cycle des saisons, en quelques pages.

Mais son originalité tient aux multiples insectes qui viennent animer ce décor, à la langue imaginée, poétique et créative dans laquelle ils s’expriment – une sorte de gromelot – et à leur discrète humanisation (cannes, chapeaux, sacs à mains…) ainsi qu’à l’expression des sentiments multiples qu’ils éprouvent – étonnement, joie, désolation, crainte. C’est d’abord un couple de libellules qui s’interroge devant la plante, puis une coccinelle, un hanneton qui vont demander conseil à la chenille savante qui habite dans le tronc d’arbre – véritable logis avec sa table, sa lampe à pétrole, ses lunettes et sa pipe… Elle leur offre une échelle, qui leur permet de grimper sur la plante, d’y installer leur cabane, menacée par une araignée géante qui l’entoure de sa toile, avant qu’un oiseau, encore plus géant, ne la détruise. Puis la vie de la petite communauté reprend, jusqu’à l’automne  qui laisse un paysage désolé et abandonné.

Le graphisme – minutieux – est de ceux qui regorgent de détails à profusion, souvent humoristiques et que l’on peut suivre de page en page – la coccinelle empruntant son transat à la chenille, la hissant en haut de la plante avant d’y siroter un verre, la chenille arborant veste et cache-nez quand l’automne arrive. Sans oublier les fourmis, personnages muets, mais présents, tel un chœur antique dont les gestes seuls commentent cette tragi-comédie.

Un album qui traite de façon poétique du cycle des saisons, qui met en évidence les multiples vies cachées des insectes qui, tels des enfants, se construisent une cabane en hauteur pour y jouer aux pirates. Un album aussi pour parler de sciences naturelles et d’écologie.

 

Berty le plus cool des monstres

Berty le plus cool des monstres
Didier Lévy Delphine Renon
Grasset Jeunesse 2016

Berty, Bingo, Marius et les autres

Par Michel Driol

bertyCe recueil réunit quatre histoires dont le personnage principal est Berty. Ce dernier fait partie de la catégorie des monstres sympathiques, qui voie la vie du bon côté, et s’empresse d’aider les autres. Arborant toujours un large sourire, sa bonne humeur est communicative. Ses défauts ? la gourmandise et la peur des piqures, peut-être, voire la paresse (avec un côté Alexandre le Bienheureux)

Dans la première histoire, il console son ami le lutin dont la panoplie de super Bingo est arrivée trop tard et en mauvais état. La seconde histoire est sans doute la plus touchante : Marius, caché sous son sac en papier, avoue à Berty qu’il a honte d’avoir honte de sa mère, qu’il trouve moins monstrueuse que les autres mères. Dans la troisième, Berty aide son ami Tom le fantôme, chassé de la communauté des fantômes pour avoir perdu son drap. Enfin, la quatrième confine au burlesque avec  renversements de situation et running gags… dans un univers médical.

Les illustrations offrent une bonne complémentarité au texte, offrant de multiples petits personnages,  ou le prolongeant comme dans cette page où Berty cherche, absolument partout, le drap de Tom.

Ce recueil, plein d’imagination et d’humour, invite à ne pas prendre au tragique les petits tracas du quotidien et à toujours voir le bon côté des choses. L’univers de Berty est celui des petits riens, Berty faisant face à la mauvaise foi des autres, leurs angoisses, leurs désespoirs avec une constante bonne humeur salvatrice. Reste qu’on s’interroge sur ce stéréotype actuel du monstre gentil : de Casimir à Shrek,  en voici un nouvel avatar. Car Berty n’a rien de monstrueux, mises à part sa grande taille et sa grande barbe (Comme Hagrid dans Harry Potter). Mi-homme par sa stature et ses vêtements, mi animal par ses oreilles et ses cornes, il est à l’image des autres personnages  de ce recueil (sauf Marius, le plus humain, petit garçon sous son sac en papier). La monstruosité permet alors la création d’un univers de fantaisie, de poésie, mais n’est ici en rien liée à la thématique de l’acceptation de la différence, dans ce recueil qui préconise une morale de la bienveillance.