Emplettes

Emplettes
Jérémie Fischer
(Les Grandes Personnes) 2021

Epicerie zinzin ?

C’est un dialogue entre une épicière et un client. Bonjour Madame – Bonjour Monsieur – Vous désirez… C’est alors que cela dérape avec des quantités astronomiques de beurre, du poisson, du chien, le tout pour une somme faramineuse en euros… Mais là n’est pas l’intérêt de cet étrange album.

Sous forme d’un carnet à spirale, voici un objet étonnant composé de pages abstraites en deux couleurs, séparées par des feuillets transparents bicolores eux-aussi. Lorsque le feuillet se pose sur une page, un mot apparait, tant au recto qu’au verso, permettant ainsi de lire le dialogue. C’est donc à un jeu sur les transparences, et à une façon quasi magique de faire apparaitre le texte et l’histoire que nous convie Jérémie Fischer, jeune illustrateur qui mise sur la simplicité graphique et le couleurs pour surprendre le lecteur et l’emmener dans son univers humoristique et abstrait.

Un livre objet très graphique pour se laisser surprendre par les formes géométriques, les transparences et les couleurs.

Olga et le cri de la forêt

Olga et le cri de la forêt
Laure Monloubou
Amaterra 2020

La petite fille dans la forêt gelée

Par Michel Driol

Dans la famille d’Olga, on n’arrête pas de déménager, pour le plaisir. Mais lorsqu’elle s’installe avec ses parents dans une étrange maison au bord de la forêt, et qu’elle découvre une minuscule porte dans sa chambre, elle se met à échanger avec le lutin qui l’habite. Pendant ce temps, ses parents, partis se promener dans la forêt voisine, ne rentrent pas. Le lutin la force à aller dans la forêt, en compagnie de Monsieur, le chat fidèle et dévoué. Que vont-ils trouver au cœur de la forêt ?

Voilà un roman qui emprunte nombre de ses codes au conte merveilleux : les personnages de lutins, la forêt, comme lieu sauvage et dangereux, les éléments perturbés (un bruit assourdissant et un froid glacial règnent au cœur de la forêt), mais aussi le personnage de l’ancien occupant de la maison, évoqué dans un retour en arrière, fortement inspiré des méchants u conte, comme les sorcières. Sur ce fond culturel du conte traditionnel, le roman propose une famille à la fois originale par ses nombreux déménagements et banale dans sa composition. On y verra d’abord sans doute un roman d’aventures teinté de merveilleux : une petite fille abandonnée dans une maison inconnue, avec son chat, en compagnie d’un lutin dont on ne sait pas s’il est gentil ou méchant, et qui doit sauver ses parents. On y verra aussi un roman parlant de libération : libération du lutin emprisonné par la méchante, mais aussi libération de la forêt gelée suite à un étrange phénomène, dont on peut venir à bout, de façon à lui redonner vie. Cette forêt, d’où la vie est partie, si elle est bien un écho aux motifs du conte, est aussi un écho à nos préoccupations écologistes actuelles.

L’écriture de Laure Monloubou reprend certains aspects de l’oralité du conte avec  les adresses aux lecteurs. Elle est vive, entrainante, épousant le point de vue d’Olga. C’est elle qui illustre le roman, dessinant ainsi une Olga ébouriffée bien sympathique !

Un roman où  l’humour se conjugue avec l’aventure et le mystère pour le plaisir des jeunes lecteurs.

C’est pas gagné Félipé

C’est pas gagné Félipé
Laure Monloubou
Kaleidoscope 2021

Passion foot à l’épreuve !

Par Michel Driol

Félipé ne parle et ne rêve que de football. Mais lorsqu’il est inscrit au club, il faut bien avouer que, sur le terrain, il ne brille pas. Le jour du match, il reste sur le banc, à son grand soulagement. Mais lorsqu’un joueur est blessé, le voilà obligé de jouer. Et c’est par hasard qu’il devient le héros du match !

Avec l’humour qu’on lui connait, Laure Monloubou fait ici le portrait d’un enfant pris entre ses rêves et la réalité. S’il est loin du ballon sur le terrain, il se vante d’exploits sportifs chez lui, à table.  Le football, il en parle mieux qu’il n’y joue… En même temps, Félipé est tout à fait lucide et honnête envers lui-même et sur ses compétences. Il n’est absolument pas jaloux ou envieux de ses camarades plus forts que lui. On a donc ici le portrait d’un anti héros positif, qui accepte de reconnaitre ses limites. L’album est rythmé entre des doubles pages et des vignettes, qui multiplient l’action. Les paroles, surtout celles de Félipé, se retrouvent dans des bulles façon BD, ce qui donne encore de la vie et du rythme à l’album. Tout commence par une adresse au lecteur, visant à lui faire deviner, en lui présentant la chambre du héros, sa passion, façon peut-être d’impliquer le jeune lecteur pour qu’il s’interroge sur ses passions à lui et leur réalisation.

Un album drôle et plein de pensée positive sur l’acceptation de ses qualités et de ses défauts.

Les Poubelles sauvages

Les Poubelles sauvages
Christine Beigle – Hélène Humbert
Editions du Pourquoi pas ? 2021

Du grand débarras, dont furent faictes grosses guerres

Par Michel Driol

Il y a ceux de la rue Dici, et ceux de la rue Dacoté, qui y jettent leurs ordures et leurs encombrants. Cela va du papier de bonbon au frigo. Jusqu’au jour où ceux de la rue Dici réagissent en jetant leurs ordures rue Dacoté. Et cette situation se répand dans toute la ville, au point qu’un nouveau virus y fait son apparition : couvre-feu, terrains minés, confinement. Qui rétablira l’ordre ? Un enfant, bien sûr, qui conduira les adultes sur la voie des pourparlers et d’un règlement de vie en communauté.

Castigat ridendo mores… Elle corrige les mœurs par le rire. Voilà un album qui pourrait faire sienne cette définition de la comédie tant, sur un sujet grave, il amuse son lecteur par de multiples trouvailles et jeux. Jeux sur les noms, que ce soient ceux des rues ou des personnages, façon Monsieur Madame de Roger Hargreaves. Jeux sur les mots, comme cette étiquette Poubelle la ville. Jeux sur les inventions et machines de guerre, poches à douille et autres catabalayettes, que l’illustratrice se fait un malin plaisir à représenter. Jeux sur le récit, qui à la fois reprend un schéma classique, celui de l’escalade, mais joue avec son lecteur aussi, avec en particulier un savoureux résumé,  schéma récapitulatif pour ceux qui sont perdus. Jeux sur les caractères, avec ces caricatures de personnages, comme celle de la commère prompte à vouloir appeler la police qui va se muer en redoutable cheffe de guerre. Jeux avec les illustrations, qui reprennent les techniques de ces publicités des années 60. Jeux enfin avec la façon de mêler narration et illustration, qui donnent à voir des listes de déchets à jeter sur lesquelles on s’inscrit,  ou des rues encombrées de déchets sur lesquels figure l’heure de dépôt… Bref, voilà un ouvrage plein d’imagination qui prend le parti de faire rire pour mieux faire réfléchir, au lieu de dramatiser.

Comme le dit un oiseau avant de s’envoler : « Elle est belle, la Terre, une vraie poubelle ». Il n’est donc pas question seulement des déchets sauvages, ou du tri des déchets à la portée de chacun, mais aussi, de la façon dont la rue Dacoté pourrait devenir le pays Dacoté, surtout s’il est plus au sud… Quant à la maladie inconnue, ce virus d’un nouveau type, il résonne étrangement dans l’actualité en nous invitant à nous interroger sur notre responsabilité dans notre façon de prendre soin de notre planète. Ces deux dimensions restent plus implicites : il ne s’agit pas de prêcher une morale écologiste, mais de faire prendre conscience aux enfants des risques que nous courons en faisant appel à leur sensibilité et à leur intelligence.

Un album plein d’humour et de drôlerie pour aborder un sujet d’une extrême gravité.

Hugh ! Lapin

Hugh ! Lapin
Antonin Louchard
Seuil Jeunesse 2021

Nom d’un lapin !

Par Michel Driol

On retrouve dans cet opus le lapin affreux jojo qu’affectionne Antonin Louchard, ainsi que le dispositif narratif avec la voix de l’adulte hors  champ en page de gauche, et le petit lapin en page de droite. C’est à un savoureux dialogue entre le Grand Sachem et un papoose que nous sommes conviés. Après une maladroite et inefficace danse de la pluie, ce dernier a une question à poser. Non pas de celles, métaphysiques, que prévoit le Grand Sachem, mais les raisons du choix des noms indiens, comme Petit-disque-se-reflétant-dans-le-lac-scintillant. Invariablement, les réponses du Grand Sachem rappellent les qualités d’observation du peuple indien…. Et quand le Grand Sachem s’adresse au papoose en l’appelant par son nom, on comprend les raisons de cette interrogation !

Disons tout le plaisir que l’on a à savourer les dialogues désopilants, le comique de répétition et, bien sûr, la chute que l’on attend avec impatience, et qui ne déçoit pas. Ajoutons à cela les qualités du dessin d’Antonin Louchard : il croque ici un papoose dont les attitudes, le regard, la bouche sont d’une expressivité proche de la caricature, sans qu’il n’y tombe jamais. On renoue aussi  avec  la grande mythologie des Indiens d’Amérique du Nord, les Sitting Bull et autres Crazy Horse, d’autant plus que les pages de garde, avec leurs photos de tipis y invitent. On comprend enfin qu’il y a des noms, choisis par les parents, qui sont plus durs à porter que d’autres…

Un album plein de drôlerie qui pose, avec beaucoup d’humour, la question de l’identité de chacun.

7 milliards ce cochons et Gloria Quichon

7 milliards de cochons et Gloria Quichon
Anaïs Vaugelade
Ecole des Loisirs 2020

Trouver l’être élu !

Par Michel Driol

D’une certaine façon, Anaïs Vaugelade est aux cochons ce que Claude Ponti est aux poussins : dans la série Famille Quichon, voici un opus qui fait le portrait de Gloria. Elle regarde, indifférente, les filles courir après les garçons pour les attraper durant la récréation, puis les garçons courir après les filles. Le soir arrive la question qui la taraude : comment savoir que l’être aimé est son amoureux parmi les 7 milliards de cochons qui peuplent la planète ? Le lendemain, à la cantine, il y a la dame de service qui pleure si elle enlève ses lunettes en forme de cœur : est-ce pour de vrai ? Mais à la récré, on court quand même après les garçons, parce qu’après, la récré sera terminée…

Comment les enfants perçoivent-ils l’amour ? Quelles questions se posent-ils à son sujet ? Quels comportements amoureux ont-ils ? Ce sont ces questions que pose cet album à la fois sensible et plein d’humour. Sensible, car tout est suggéré plus que dit, en particulier à travers le personnage de Gloria, à la fois spectatrice des jeux de course-poursuite être filles et garçons, et y participant, comme s’il y avait un temps pour chaque chose, et même si on en perçoit l’inutilité ou la futilité par rapport à ce qui s’y joue, il est un âge pour y participer. Plus mûre que les autres, elle interroge ses parents sur ce qui a causé leur relation. Humoristique dans les réactions et les propos de Gloria, en particulier sur la relation quasi mathématique et improbable entre les 3 cochons rencontrés par sa mère et le 7 milliards…, humour encore dans ce personnage de dame de cantine, qui porte ses lunettes comme un masque. Humour enfin dans les illustrations, ces cochons humanisés tellement vrais et pleins de vie !

Un album pour aborder la question des relations amoureuses, en la décomplexant…

Raymond la Taupe, détective

Raymond la Taupe, détective
Camilla Pintonato
Seuil Jeunesse 2021

Plus fort que Sherlock !

Par Michel Driol

Cuisinier de renom, Raymond la Taupe a envie de devenir détective. Et voilà qu’un premier cas se présente : Papy écureuil a disparu. Portrait-robot, recherche d’indices, suspects, le détective suit toutes les phases classiques de l’enquête, et résout le cas, un peu par hasard !

Bien sûr, l’album plein d’humour est à prendre au second degré. On s’en doute dès l’association improbable entre l’animal-héros, une taupe, et ce métier de détective. L’habit ne fait pas le moine, et il ne suffit pas de revêtir le costume de Sherlock Holmes pour égaler le maitre. Humour dans le texte, qui évoque aussi bien les ingrédients – tous plus répugnants les uns que les autres – de la soupe de punaises de lit. Humour surtout dans la relation entretenue par le texte et l’illustration. Tantôt celle-ci obéit au texte, et révèle le monde de Raymond, de son terrier, de son environnement, avec une précision géographique. Mais le plus souvent, elle en dit plus : qu’il s’agisse des lectures de polars de Raymond, de sa maladresse à dessiner un portrait-robot, de montrer les indices – ou les malfrats – qu’il ne voit pas. Le texte prend à partie le lecteur, comme s’il s’agissait d’un manuel pour devenir un bon détective privé en lui donnant les conseils de base – ceux précisément que Raymond ne suit pas dans son aveuglement. Ce polar animalier – qui évoque  par certains côtés les Canardo de Sokal – est tout à fait réjouissant : illustrations dans lesquelles chercher des traces de ce que l’enquêteur ne voit pas, traitement vivant évoquant la bande dessinée, multiples clins d’œil (dont celui à Romeo et Juliette).

Un album qui ne manquera pas de ravir les amateurs de second degré, de polar, et d’humour !

7 Rue des Ecolos / Touche pas à ma planète

7 Rue des Ecolos / Touche pas à ma planète
Sophie Dieuaide
Didier Jeunesse 2021

Jardin suspendu

On retrouve la joyeuse bande de l’immeuble sis au 7 rue des Ecolos, et leur jardin / rucher / poulailler sur le toit. Cet ouvrage est effet la suite d’un premier opus du même titre. On adopte une nouvelle poule, qu’on va chercher à la campagne. Et on attend avec impatience de nouveaux voisins, qui, malheureusement, sortent le règlement intérieur de l’immeuble pour demander la destruction du jardin, des ruches et du poulailler. Si la planète est fichue, l’utopie écologique du 7 l’est-elle aussi ? Surtout quand, en plus, le chat Glyphosate menace les poussins !

Sophie Dieuaide signe un roman joyeux sur des thèmes en apparence moins réjouissants : le sort de la planète et le vivre ensemble. Une galerie de personnages attachants, drôles, qui jouent aux journalistes et éditent Ecolo-Hebdo, entièrement fait à la main, dont les numéros sont bien sûr reproduits dans l’ouvrage. Chaque journaliste a ses spécialités, son rôle, et la parole est même donnée aux plus jeunes. Que faire quand le sort de la planète est entre nos mains, qu’on ne peut plus boire de coca-cola ni aller au Mc Do, quels plaisirs reste-t-il ? Vue à hauteur d’enfants d’une dizaine d’années, cette problématique est traitée avec légèreté comme pour dire que prendre conscience c’est déjà quelque chose, que des solutions – jardins partagés – sont possibles, et surtout qu’il ne faut pas perdre espoir dans les générations qui viennent et que le rire est toujours salvateur.

Un roman qui enchaine récit classique, petits mots, SMS, journal… pour rendre la lecture encore plus vivante et réjouissante, à l’image des personnages pleins de joie de vivre que l’on y croise.

Agnès l’Ogresse

Agnès l’Ogresse
Benoit Debecker
Seuil Jeunesse 2020

L’enfant, la chouette, l’ogresse et le géant

Par Michel Driol

Quand on est ogresse et maitresse d’école, il ne faut pas s’étonner de n’avoir que peu d’élèves… Jusqu’au jour où Barnabé, un petit enfant perdu, vient toquer à la porte. Trop maigre pour faire un bon repas, il doit d’abord être engraissé. Trop triste pour faire un bon repas, il doit aussi être diverti par des spectacles de marionnettes. Fort heureusement arrive à temps un bon géant, à la recherche du propriétaire d’un doudou trouvé, qui corrigera  – au propre comme au figuré – Agnès, lui fera cultiver son jardin et accueillir tous les enfants abandonnés.

Voilà une réécriture de contes comme Hansel et Gretel bien réjouissante ! On apprécie en particulier le personnage d’Agnès, lieu d’oppositions saisissantes entre son métier et son état, entre sa représentation graphique, une chatte, somme toute plutôt sympathique dans son allure et son éternel sourire, et ce que dit le texte de sa cruauté. On s’attache ensuite à un personnage d’adjuvant incarné par une petite chouette compatissante, répondant au doux nom de Séraphine. On retrouve les recettes de sorcières avec un plat emblématique, une recette transmise de mère en fille pour nourrir les enfants, le ragout de culs de lapin à l’ail, dont Barnabé doit ingurgiter des quantités énormes. On croise aussi un Maitre Corbeau, sur un arbre perché, donneur de conseils. Enfin, deus ex machina, arrive le sauveur, géant au grand cœur, sorte de chat botté perspicace et généreux. Ces éléments s’enchainent pour le plus grand plaisir du lecteur qui devine d’avance que, comme dans tous les contes, tout finira bien, et qui prend plaisir aux touches d’humour, qu’elles soient graphiques (l’ogresse à skis) ou textuelles (la punition donnée à la chouette sous forme de lignes à copier). Les illustrations, dont le code graphique est celui de la ligne claire, renferment de nombreux détails à la fois réalistes et drôles à observer. On pense aussi parfois à l’univers  de Tony Ungerer en lisant cet album, tant par les personnages, par les situations que par certaines illustrations.

Un livre qui montre encore le pouvoir des contes sur notre imaginaire lorsqu’ils sont adaptés, réécrits, transformés avec humour, intelligence et sensibilité. Tout est bien qui finit bien !

Le dernier des loups

Le dernier des loups
Mini Grey
Rue du Monde 2020

Une version verte du Petit Chaperon Rouge

Par Michel Driol

Munie de son fusil à bouchon, Rouge part chasser le loup dans la forêt, ce qui n’inquiète pas sa mère, puisqu’il y a bien cent ans que les loups y ont disparu. Mais, après avoir pris un sac poubelle et une souche pour l’animal tant désiré, elle se perd, et se trouve face à une porte derrière laquelle vivent confortablement et misérablement le dernier ours, le dernier lynx et le dernier loup. Tout en buvant le thé, ils lui racontent la vie d’avant, partagent son gouter, et la raccompagnent chez elle. Et Rouge décide de replanter des arbres pour qu’ils retrouvent leur vie naturelle.

Conçu comme une réécriture du Petit Chaperon Rouge et de Pierre et le loup (voir en particulier l’illustration de l’héroïne avec son fusil à bouchon), avec humour, l’album évoque la conversion écologique à échelle d’enfant, et notre rapport aux animaux. Réfugiés dans un logement qui semble confortable, les animaux sauvages souffrent d’avoir du mal à trouver leur nourriture (dans les poubelles) et regrettent l’époque où ils chassaient pour vivre. Pas de mièvrerie ou de sentimentalisme donc : les animaux sauvages sont faits pour en chasser d’autres, même s’ils vivent dans une maison civilisée où l’on croise aux murs des portraits de loups célèbres. La forêt primitive est réduite à un mince square dans la ville : l’album se clôt sur la notion du temps long qu’il faudra pour la restaurer. Texte et illustrations sont intimement imbriqués. L’image est foisonnante de détails croustillants (vêtements des animaux pour aller en ville, portraits sur les murs). Les décors sont particulièrement  soignés, et les cadrages expressifs.

Un album plein d’action, de surprises, pour nous conduire, non sans malice, à revoir notre rapport aux animaux sauvages