Le Jour où le monde est devenu bizarre

Le Jour où le monde est devenu bizarre
Marie Pavlenko
Flammarion Jeunesse 2024

Rentrer dans son corps

Par Michel Driol

Un beau matin le narrateur, Aaskell, se réveille collé au plafond et voit son propre corps couché dans son lit. Il comprend qu’il n’est plus que gaz, tandis qu’un autre habite son corps, et se fait passer pour lui. Avec la complicité de son chat, d’une amie de sa sœur, de sa propre sœur, qu’on croyait atteinte d’une maladie mentale, et de quelques tonnes de côtes de blettes, il va réussir non seulement à réintégrer son corps, mais aussi à sauver la planète ! Rien que ça !

Dans sa note d’intention, Marie Pavlenko évoque Roald Dahl, et elle nous propose bien ici un univers à la hauteur de cet auteur. Tout est délicieusement fantaisiste, farfelu. Les péripéties s’enchainent, toutes plus loufoques les unes que les autres.  Laissons au lecteur le soin de découvrir un chat tapant sur les touches d’un ordinateur, feuilletant pour le héros les livres de la bibliothèque, ou encore les innombrables nuances de vert dont l’une de personnages se vernit les ongles ! Tout ceci est agréablement déjanté et diablement agencé.

Pour autant, cette légèreté, qui s’inscrit dans la parodie des romans de science-fiction mettant en scène des extraterrestres, ne manque pas de fond. Aaskell est un adolescent seul, mélancolique, depuis qu’il a perdu la complicité de sa sœur, qui vit recluse dans sa chambre, après un séjour en hôpital psychiatrique.  Il est victime de harcèlement au collège. Mais ce n’est pas l’essentiel. Il est question de santé mentale et d’intime, voire d’intimité. La vie serait-elle supportable si nous ne pouvions cacher nos émotions, nos sentiments ? Quel lien entre le corps, manifestation physique, et l’esprit ? Pourrait-on cohabiter à deux dans le même corps, partageant ainsi une intimité forcée ? Quelle est la part de notre quant-à-soi ? Autant de questions qui traversent l’adolescence et qui sont abordées ici comme en passant, sans s’y appesantir.  Il est question aussi des filles et de la physique, du rapport entre le corps et les ongles vernis et l’intelligence profonde. On y parle aussi d’amitié et de confidences…

On se demandera enfin, non sans ironie, quel rapport l’autrice entretient avec les côtes de blettes : l’ouvrage sert-il à redorer le blason de ce légume aqueux, ou à lui régler son compte ?

Un roman plein de fantaisie, d’humour et d’entrain, avec une bande de personnages pleins d’énergie confrontés à des situations incroyables au milieu des champs de tulipes !

L’attaque des cubes

L’attaque des cubes
Marine Carteron
Rouergue, 2018

Antoine le geek

Par Christine Moulin

A moins que vous ne soyez un fan de Minecraft, ce n’est sans doute pas l’intrigue de ce roman qui peut vous séduire: deux collégiens, Antoine et Vénus vont être entraînés dans une histoire rocambolesque où, pour faire court, ils pénètrent au cœur du jeu video Minecraft pour sauver leur famille, leur ville et le monde et les empêcher d’être zombifiés par le Grand Méchant. Le train-train, quoi.
Ce qui peut paraître plus intéressant, en revanche, ce sont les personnages: Antoine, le narrateur, « maxi-trouillard », mauvais élève qui cache ses failles et ses fêlures (en particulier l’absence de sa mère, sa solitude quotidienne) sous une gouaille réjouissante; Vénus, la copine énergique qui, elle, est la meilleure de la classe; Adem qui, à la différence des deux autres enfants, n’habite pas un « appartement microscopique » en haut d’une tour mais une maison avec une piscine « où on n’a pas pied ». C’est bien la description réaliste de ces trois ados qui peut le mieux retenir le lecteur, grâce, notamment aux allusions qui sont faites aux films et aux séries qu’ils regardent. La culture « geek » est à l’honneur!
Les tribulations de ces trois héros sont racontées le plus souvent avec humour et le texte est agrémenté d’effets typographiques attrayants. Bref, l’ensemble peut plaire à des lecteurs assez jeunes et qui sait? attirer les « gamers »!

L’étoile Molaire

L’étoile Molaire
Les Aventures inter-sidérantes de l’Ourson Biloute – L’étoile molaire
Julien Delmaire- Reno Delmaire
Grasset 2018

Biloute et le Kozmic Blue Band

Par Michel Driol

L’Ourson Biloute continue sa mission (Tome 1 et Tome 2) pour trouver un antidote à la redoutable sauce Z, il rejoint à bord du vaisseau spatial de la Résistance Janis et Lemmy.  L’analyse de l’échantillon démontrant que le seul antidote possible est la plume de dindon que l’on ne trouve plus que sur la planète Durillon 3, les voilà partis. Après quelques mésaventures sur cette planète, et un combat contre Bast Ador, voici l’Ourson de retour au foyer, avant d’apprendre que sa prochaine mission sera de contacter l’Enfant Electrique sur la planète Lady Land.

Dans une parodie d’aventures spatiales façon guerre des étoiles, les auteurs reprennent les procédés qui ont bien fonctionné dans les deux premiers épisodes : un peu de patois du Nord pour la langue, explicité par un sommaire. Un accompagnement musical très seventies et éclectique qui va de Janis à Jethro Tull en passant par Zappa et Dassin (représentés pour certains assez explicitement dans l’illustration et crédités sur le rabat de la 4ème de couverture). De ce fond hippie revient comme un refrain le slogan paix et amour. L’imaginaire est au pouvoir dans ce nouvel épisode qui prône la force mentale comme arme, où l’on croise des dindons mutants et un jardinier qui fait pousser ses plantes au son de la flute traversière. Cette série qui touche à la littérature populaire en se voulant aussi peu réaliste que Fantômas fait la part belle aux allusions psychédéliques et entraine le lecteur dans un univers de fantaisie encore plus que l’épisode précédent, l’ancrage dans la famille du Nord étant moins présent Quant au pauvre Biloute, il n’échappe pas au rituel passage par la machine à laver…

A suivre…

L’Auberge entre les mondes : Embrouilles au menu !

L’Auberge entre les mondes : Embrouilles au menu !
Jean-Luc Marcastel
Flammarion Jeunesse 2018

Gastronomie et guerre des mondes

Par Michel Driol

Voici le tome 2 d’une série dont on avait apprécié le tome 1. On retrouve les mêmes personnages à l’auberge : Nathan, le héros adolescent, son ami Felix, et Monsieur Raymond. Cette fois, un conflit entre les Myrmicéens et les Vespaliens menace l’équilibre des mondes. Pour le régler, rien de mieux qu’un banquet de négociations. Oui, mais quand on découvre qu’un ingrédient fondamental a été volé, il faut que Nathan parte à sa recherche, et cette quête le conduira à plonger au plus profond de l’auberge, avant de découvrir la vérité : une histoire d’amour impossible (on songe bien sûr à Roméo et Juliette).

On est avec ce tome 2 dans un univers qui oscille entre le fantastique, la science-fiction et de fantasy : les êtres venus d’un autre monde n’ont rien d’humain, les deux cuisiniers sont dotés de multiples tentacules, et les talkies walkies sont des petits êtres vivants, les chuchoteurs. Et que dire des recettes proposées (on en trouve, à la fin du roman, des versions réalisables et comestibles pour des humains, heureusement !).  Le récit conduit le lecteur à explorer les  caves de l’auberge, tandis que le héros doit lutter contre de multiples dangers, selon les codes du genre et du roman populaire. Voici un roman fort divertissant, plein de rebondissements et de suspense, qui ne se départit jamais de son humour.

On attend donc la suite, car il reste à démasquer le traitre !

Zita, la fille de l’espace

Zita, la fille de l’espace
Ben Hatke
Traduction (anglais) de Basile Béguerie
L’école des loisirs, 2013

Star wars pour les plus jeunes

Par Anne-Marie Mercier

Zita, fille de l’espaceEn ces temps de Star wars mania, on pourrait proposer aux plus jeunes de se plonger ou replonger dans l’univers de Zita, petite fille embarquée dans une lointaine galaxie, qui délivre son ami Joseph (enfin une fille qui délivre un garçon !) avant de sauver des planètes entières. Elle se fait des amis en chemin, de toutes sortes, monstres mous, robots ronds, machines rouillées…

Elle rencontre aussi des personnages qui évoquent une littérature plus traditionnelle, comme le musicien qui dans le premier volume évoque le joueur de flute de Hamelin. De nombreux thèmes de la science fiction populaire se rencontrent également. Le dessin est simple et expressif, la narration très rythmée, non sans humour. La SF de qualité pour les jeunes enfants est rare, ce roman graphique est une belle réussite. Il a lancé les éditions rue de Sèvres, branche BD de l’école des loisirs.

On en est au tome 3, et on peut la découvrir sur Youtube, en anglais.

SOS dans le cosmos

SOS dans le cosmos
Guillaume Guéraud, Alex W. Inker
Sarbacane (Série B), 2015

L’album fait son cinéma, en série B

Par Anne-Marie Mercier

Guillaume Guéraucouv-sos-dans-le-cosmos-620x868d, amateur de cinéma (voir le bel hommage qu’il lui a rendu, Sans la télé), est aussi amateur de Série B. Depuis 2013 il signe dans la collection « série B », avec chaque fois un illustrateur différent, des volumes qui déclinent avec gourmandise les clichés de films « de genre ». Après les cow boys, pirates etc, voici les films de science fiction  passés à la moulinette. On retrouve des allusions à de multiples films à travers les rencontres effectuées par les héros, d’Alien à Interstellar, mais surtout beaucoup d’humour et une délectation pour toutes les fantaisies du genre.

Les illustrations rythment de manière cinématographique, c’est-à-dire à la fois visuelle et sonore (oui, sonore !) cette histoire loufoque, en y ajoutant la poésie et la verve qui sont la marque du style de Guéraud :
« Le météore 8 fut projeté à une vitesse vertigineuse dans un essaim d’étoiles filantes. Hors du système solaire. Bien au-delà des frontières imaginables. Parmi des astres au nom désastreux. Les membres de son équipage haletèrent en traversant la constellation des haltères. Ils s’agitèrent en longeant la galaxie du Sagittaire. Ils s’endormirent en frôlant Sandorimir. Et ils se réveillèrent en arrivant devant la nébuleuse des Rivières. Ils eurent à peine le temps de bailler. »

Tout comme le lecteur, pris par ce texte très court mais très efficace graphiquement et sémantiquement.

 

 

Des ados parfaits

Des ados parfaits
Yves Grevet
Syros, 2014

Mini « Meilleur des mondes »

Par Christine Moulin

des-ados-parfaits-505670-250-400La science-fiction pour les plus jeunes n’est pas très abondante. On ne peut donc que se réjouir de la publication de ce livre qui peut être lu dès 10 ans, me semble-t-il. Le narrateur, Antoine, est un élève parfait, parfait au point que dès les premières lignes, son ton compassé met en alerte un lecteur habitué aux débordements de l’adolescence: « J’apprécie d’être à ses côtés [aux côtés de Célia, une camarade] parce qu’elle ne parle que pour dire l’essentiel et que je tiens à rester concentré pendant les cours ». Suspect…! Dès les premières pages, un mystère s’installe: certains élèves de la classe (dont Antoine et Célia) reçoivent une mystérieuse enveloppe, destinée à leur famille. Quand Antoine donne la sienne à ses parents, ils paraissent inquiets… On apprend également que sur le Tableau Blanc Interactif (science-fiction oblige!) est apparu, quelques jours plus tôt, une menaçante inscription : « Dehors les sept usurpateurs ».

Au début, Antoine ignore tous ces signes car il a une « totale confiance » dans les adultes. Mais peu à peu, en même temps que Célia, il est de plus en plus intrigué, d’autant que celle qui va devenir son amie, elle, a lu le papier: « Elle a le droit de savoir »…

C’est ainsi que débute une intrigue haletante sur fond de meurtres et de secrets, parsemée d’indices qu’il s’agit de relier entre eux pour découvrir, presque en même temps que les héros, l’effrayante solution que l’on a trouvée, dans ce monde à peine futuriste, pour régler les problèmes d’éducation.

Le thème en est passionnant et devrait parler aux enfants et aux adolescents à qui on serine toujours qu’ils ne sont pas parfaits et qui ont l’impression de ne pas répondre aux attentes démesurées, voire déraisonnables, de leurs parents. Antoine et Célia vont braver les dangers, abandonner la sécurité anesthésiante d’un foyer faussement protecteur, pour affirmer leur identité et pour affronter la vérité, même douloureuse. C’est le prix qu’ils doivent payer pour être libres.

PS : Une première version est parue dans le magazine Je bouquine, janvier 2012

E-machination

E-machination
Arthur Ténor

Seuil 2013

Un livre dont le jeu est le héros

par Christine Moulin

49172Arthur Ténor aime à explorer les limites entre fiction et réalité, notamment dans le registre du fantastique. Il renouvelle ici son interrogation favorite en s’inscrivant dans le genre émergent (mais émerge-t-il encore ? à force…) des romans de jeunesse consacrés aux jeux video. Comme d’habitude, pourrait-on dire, le héros (un informaticien, un geek -1-), affublé du prénom de Clotaire, se laisse séduire par une annonce commerciale qui permet d’essayer, pour trois minutes seulement, un jeu en immersion totale, évidemment « bluffant », évidemment révolutionnaire, qui donne l’illusion d’être transporté dans un autre monde. Parallèlement, l’héroïne, Lucile, prof de français (eh oui, il faut bien que la littérature soit représentée) se laisse également séduire. Malgré l’interdiction absolue de se rencontrer dans la vraie vie (encore une constante du genre), ils formeront bientôt un couple à la Marvel, « dégommant » candidement toutes sortes d’ennemis plus dangereux les uns que les autres car, et c’est là un des premiers intérêts du roman, ce qui se passe dans la réalité virtuelle déborde, en quelque sorte, dans la réalité… réelle.

A partir de ce scénario, pour mieux piéger le lecteur, l’auteur évite certains pièges. Celui de diaboliser les jeux video : certes, Arthur Ténor évoque bien l’enfer du jeu (« En vous laissant piéger par le jeu, vous avez basculé dans un monde d’où il est impossible de revenir par l’oubli ») mais il résiste à la tentation de délivrer une leçon de morale simpliste, comme le prouve le dénouement. Il refuse également de se prendre au sérieux : l’humour est constant, évoquant le second degré des comics.

Ce qui n’exclut pas une réflexion sur les timidités de l’adolescence: ce n’est pas un hasard si Lucile fait étudier Cyrano de Bergerac à ses élèves de Troisième car le thème de la laideur, du masque qui colle à la peau traverse tout le roman, modernisé en avatar.

Enfin, Arthur Ténor, habile prestidigitateur, comme il aime à le faire, joue sur les mises en abyme et en profite pour « glisser » quelques définitions bien senties de la littérature, à moins que ce ne soit du jeu video (et cette assimilation même est bienvenue), comme « pouvoir d’agir sur le réel par l’intermédiaire de chimères qui ne devraient exister que dans notre imagination ».

Bref, voilà un roman qui cesse de dresser les unes contre les autres les différentes manifestations de la culture et qui, à travers un jeu sur le jeu fait de la lecture un jeu. Même si le propos n’est pas neuf (et c’est ce qui est un peu décevant), même s’il n’est pas totalement abouti (les allusions à la culture geek restent superficielles), le traitement est habile et prenant.

(1) : note de bas de page en forme de « SPOIL » : comment se fait-il qu’un geek n’ait pas été alerté par le nom de Ghoster?

Bienvenue chez les Tous-pareils

Bienvenue chez les Tous-pareils
Edwige Planchin, Cédric Forest
Fleur de Ville, 2013

Pour entrer en science-fiction

Par Dominique Perrin

BienvenuechezlesL’histoire des Tous-pareils commence par un diptyque : d’un côté la planète éponyme, où chaque aspect de la vie est uniformisé – y compris la « beauté » des individus, dont l’image pointe plaisamment le caractère pourtant fort relatif (voir couverture ci-contre) ; de l’autre côté la planète des Tous-différents… où rien ni personne n’est identique. Ce prologue étant posé, on se doute de la teneur globale de l’histoire : trois tous-différents curieux d’exploration font irruption chez leurs voisins, et voici réinventés la diversité d’opinion et même, après tensions, l’esprit de fête. On peut certes pointer le caractère monolithique de l’opposition entre deux mondes qui tournent au départ sans problème majeur sur des principes antithétiques (on se doute notamment que la planète des Tous-différents ne peut en fait pas beaucoup plus que l’autre faire figure de paradis au sens strict du terme). Mais on peut aussi apprécier dans cette fable une intiation décomplexée à la culture science-fictionnelle (voir le très beau film Bienvenue à Gattaca) et à ses fonctions de miroir politique – ce que font peu d’albums pour enfants… Et l’image ne manque pas plus de sel que le texte.

Sens interdit

Sens interdit 
Alain Grousset et Danielle Martinigol

Flammarion, 2010

 Une version « ukronique » du Parfum

 par Christine Moulin

sens interdit.jpgNous sommes prévenus dès l’abord : ce roman est une « ukronie » et comme tel, fait partie d’une collection dirigée par Alain Grousset. L’Ukronie, qui est une branche féconde de la science-fiction, décrit « un temps imaginaire, une autre Histoire que celle que nous connaissons ».

Ici, l’idée de départ est qu’un virus a privé les hommes, parfois totalement, mais le plus souvent partiellement, de leur odorat. Des religieux, les Flagellants, en ont profité pour imposer leur domination sur le monde, en classant, grâce à une machine appelée électro-olfactogramme, les humains en castes, selon les odeurs qu’ils parviennent encore à sentir. Ainsi peut-on être , par exemple, « odorant végétal boisé » ou « odorant végétal chimique » ! Et cela influe, bien évidemment, sur le métier que l’on exerce et sur la place à laquelle on peut prétendre dans la société. Ceux qui sont totalement anosmiques en sont le rebut. Oui, mais voilà : certains humains sont des Odorants absolus : ils sont alors pourchassés par les Flagellants qui voient en eux une menace contre leur pouvoir. On l’a déjà deviné : Mathis, le héros, est un Odorant absolu. Le roman raconte pourquoi, et c’est la partie la plus intéressante, et relate ses déboires, lorsqu’il essaye d’échapper à ses poursuivants et de rendre l’odorat à l’humanité. C’est alors un (très) honnête roman d’aventures. Poursuites, combats, méchants, traîtres, histoire d’amour, tout y est.

Le roman se lit d’une traite, même s’il n’est pas le feu d’artifices d’odeurs auquel on aurait pu s’attendre. Mais on lui pardonne car il se termine par un si bel aphorisme : « L’amour, c’est d’abord aimer follement l’odeur de l’autre »…