Le journal d’une déesse

Le journal d’une déesse
Tereza Buogiorno
Flammarion jeunesse 2015

Papa Zeus, Grand-mère Rhea, Maman Hera

Par Michel Driol

journal-deessePeut-être avez-vous de mauvais souvenirs d’adaptations de la mythologie grecque pour la jeunesse : trop sérieuses, trop scolaires, sans grandes qualités littéraire, un peu pesantes… Ce livre alors est pour vous : plein de légèreté, d’humour et de fantaisie, tout en respectant les grands mythes et les personnages – dieux, héros – qui fréquentent l’Olympe.

C’est Hébé – l’éternelle adolescente – qui raconte dans son journal la vie quotidienne sur l’Olympe. Et Dieu sait que c’est un peu compliqué, entre les colères froides de sa mère, les aventures extra-conjugales de son père dont les cheveux lancent des éclairs, une foule de demi frères et sœurs aux particularités étonnantes. Et pourtant Hébé vit une enfance heureuse sur l’Olympe,  dont elle tient la chronique journalière… enfin, journalière, c’est beaucoup dire, car quand on est immortel, que signifie le temps ? Elle nous raconte tout, depuis la naissance de Zeus, le vol du feu par Prométhée,  le déluge, la boite de Pandore et même les causes de la guerre de Troie. Car Teresa Buongiorno réussit le tour de force de tisser presque tous les récits de la mythologie, tout en faisant de l’Olympe un lieu à l’image d’une famille, avec ses brouilles, ses amours, ses jalousies, ses coups de force, le tout vu à hauteur d’une enfant qui se contente d’être celle qui verse à boire aux dieux.

Le lecteur adulte trouve donc un plaisir certain à revisiter ces grands mythes dans une chronique – sorte d’historiographie non officielle de l’Olympe – tandis qu’Hébé fait son éducation sentimentale avec les conseils de sa mère avant de tomber amoureuse d’Héraklès. Le lecteur plus jeune y comprendra sans doute en quoi les dieux grecs et les humains sont à la fois semblables par les travers, le caractère, les passions et différents par les pouvoirs et l’exagération qui les caractérise.

Ajoutons que comme dans les livres sérieux, un index permet de retrouver rapidement les multiples personnages, et qu’un cahier d’exercices permet de se remémorer les différents épisodes, de remettre de l’ordre dans les relations entre les personnages.

Au total, une approche ludique et littéraire des grands récits mythologiques.

Et Gretel

Et Gretel
Marien Tillet, Paule Ka (ill.)
CMDE ( Dans le ventre de la baleine), 2015

Au commencement était la faim

Par Anne-Marie Mercier

etgretelSi l’on voit souvent le conte de Hansel et Gretel adouci afin d’éviter aux jeunes lecteurs ou auditeurs les scènes cruelles et les descriptions effrayantes, il est ici au contraire rendu avec toutes ses aspérités, et quelques autres en plus.

Tout commence au moment où Gretel, dont on suit le point de vue de bout en bout, voit son frère repu grâce au festin de la maison en pain d’épice popularisée par les traductions françaises. Elle « a faim. Très ». Et dévore à son tour. Lorsque la sorcière apparaît, la question de la dévoration reste toujours présente, au premier plan. Dans la conclusion heureuse, le thème du manque reste bien présent malgré les richesses prises à la sorcières et le retour à la maison parentale : la faim peut revenir, ou la pauvreté, et Gretel reste marquée par cette angoisse. Contrairement à ce qui se passe dans l’univers du conte, il n’y a pas de retour à un état initial amélioré, mais un changement dans la mentalité du personnage, marqué à jamais par les épreuves.

Les illustrations sont noires, non seulement par le choix du noir et blanc qui domine en dehors de quelques taches jaunes discrètes, mais aussi par le caractère sinistre de ce qui est représenté : bois sombre, mais aussi mâchoires, intestin, ventre…

Quand on remâche Grimm, il n’y a pas que du sucré.

Les éditions du CMDE proposent toujours des choses intéressantes; j’avais rendu compte ici de l’ouvrage précédent de Marion Tillet, interprétation très libre du Petit Chaperon rouge.

 

Graines de liberté

Graines de liberté
Illustrations : Pascale Maupou Boutry –Texte : Régis Delpeuch
Utopique – Collection il était une voix

Ces artistes qu’on emprisonne

Par Michel Driol

graines-de-liberteDans un pays imaginaire, une conteuse va de village en village, munie de son seul bâton de marche, de sa flute en bambou et d’un carnet. De place en place, les gens se rassemblent, et elle les fait voyager par la magie de son instrument et de ses mots, en échange  de quelques pièces, du gite ou du couvert. Jusqu’au jour où tous les rassemblements sont interdits… A l’abri des regards indiscrets, accompagnée d’une fillette, elle continue de semer ses graines d’espoir, dans les maisons amies. Mais les soldats emprisonnent la conteuse, puis brisent sa flute, parce qu’elle faisait naitre l’espoir dans la prison. Elle confectionne alors, avec les pages de son carnet, un cerf-volant qui lui permet de s’évader, puis de retrouver la fillette, 20 ans plus tard, dans un pays « où les graines qu’elle avait semées ont germé pour que fleurisse la liberté ». On découvre alors que cette fillette est la narratrice de l’histoire, preuve vivante que les récits ne s’arrêtent pas et qu’elle est prête à reprendre le flambeau.

Avec des mots simples et des situations bien posées,  cet album dit le pouvoir des mots et de la musique non seulement pour divertir et faire voyager, mais aussi libérer chacun.  Il dit également l’importance du « spectacle vivant », autour de la conteuse, aussi bien la nécessité du public pour l’artiste (« Rester prisonnière sans plus partager ses histoires allait la tuer »), que la nécessité de l’artiste pour le public : plaisir du voyage immobile, fascination et rêve qui emportent ailleurs. Les illustrations, de qualité, sont autant de tableaux qui renforcent le texte : voyage au travers des quatre saisons pour la première double page, cadrages expressionnistes de la conteuse à l’abri d’une maison, et regards émerveillés du public, gros plan sur la botte du soldat écrasant la flute. Les illustrations portent aussi le message d’universalité de l’album : si les costumes évoquent plutôt l’orient, on y croise aussi un village aux toits de chaume et deux personnages coiffés de bérets.  Elles commencent sur des teintes lumineuses avant de s’assombrir de plus en plus, au fur et à mesure de la montée des périls, avant un final éclatant de couleurs.

Un CD accompagne l’ouvrage : le texte y est lu par Pascale Bouillon, avec un accompagnement musical de qualité.

Un bel album, malheureusement toujours d’actualité, qui  a reçu le soutien  d’Amnesty International. La liste des « modèles » serait longue, de Miguel Angel Estrella à Nazim Hikmet, d’Aléxandros Panagoúlis à Victor Jara… hélas.

Aladin ou la lampe merveilleuse

Kochka, Madeleine Brunelet
Aladin ou la lampe merveilleuse
Flammarion Père Castor, 2015

Aladin au pas de course

par Dominique Perrin

aladCet Aladin condensé en une douzaine de doubles pages perd hélas l’essentiel de son charme. Les textes sources de la tradition présentent un luxe de détails, que tout conteur ou éditeur est en droit d’élaguer ; mais la présente réduction constitue, davantage qu’un récit cohérent et organique, un sommaire de ses différents épisodes. La compréhension même en est compromise*. Quant à l’image, hormis dans quelques pages figurant le génie de la lampe, elle est standardisée dans l’esprit Disney qui s’impose aux livres comme aux boîtes de céréales des enfants – très loin des contes orientaux raffinés qui marquèrent les heureux lecteurs du Calife Cigogne et du Tapis volant.

La politique d’ouverture culturelle du Père Castor d’aujourd’hui se situe a priori dans la lignée du projet de Paul Faucher, esprit éclairé et novateur, hautement conscient des enjeux de sa production. La richesse du catalogue actuel de la maison en matière de contes du monde entier n’a d’égale que sa diversité. Une telle ambition ne peut cependant se soutenir que d’un certain niveau de moyens matériels et intellectuels, non compatible avec le système de rendement imposant non seulement l’édition au kilomètre de produits culturels réputés, mais le formatage des talents.

* (voir la mention « il vida le flacon dans les flammes ! » en troisième page de texte, où les référents de « il » et de « le flacon » sont tout à fait ambigus.)

Raconte à ta façon le petit chaperon rouge

Raconte à ta façon le petit chaperon rouge
Sonia Chaine Adrien Pichelin
Flammarion jeunesse 2016

Triangles, ciseaux, carré…

Par Michel Driol

pcrVoici un nouveau petit chaperon rouge – version Grimm. L’originalité vient de l’intention et du dispositif. L’intention est de fournir un support aux enfants pour qu’ils racontent – à leur façon – cette histoire connue, en leur fournissant un support stylisé à base de pictogrammes. Un marque page rappelle la signification des pictogrammes et propose, page par page, au verso, un résumé de l’histoire. Au nombre de neuf, les pictogrammes sont des triangles, de taille et de couleur variables, pour les personnages, un carré vert pour la forêt, un rectangle allongé pour le lit, une maison orange pour la maison, des petits ronds noirs pour les cailloux et, plus original, une paire de ciseaux pour le loup. Ces ciseaux sont l’objet polymorphe de cet album : mâchoires lisses ou munies de dents,  agrémenté d’un triangle symbolisant les dévorations, puis d’un cercle matérialisant les cailloux dans le ventre, il finit avec des spirales dans les yeux, mort.

On regrette la pauvreté du texte du résumé – écriture au présent, style très simple, dans le genre des Oralbums de Philippe Boisseau  – que, de toutes façons, l’enfant – dès 4 ans, dit la notice – ne pourra pas lire. Fallait-il vraiment le mettre ? A la limite pour un enfant apprenti lecteur de 6 ans ? En revanche, on trouve l’idée et la réalisation graphiques séduisantes : les pages suivent de très près le récit – bien plus que l’album de Rascal, autre version sans texte du petit chaperon rouge – et sont donc un bon support au rappel de récit par l’enfant. Le choix – comme chez Rascal, de graphismes dépouillés fournit  un tremplin pour l’imaginaire et constitue un premier pas vers le symbolisme et/ou l’abstraction figurative, tout en proposant une création originale qu’on croirait faite avec des gommettes – objet graphique par excellence pour les enfants !

 Un album support aux rappels de récit, sous toutes leurs formes (comme l’indique le préambule : tu peux ajouter des bruits, ce que pensent les personnages…) : l’enfant lecteur peut ainsi devenir auteur de son propre récit !

 

Attention petits cochons !

Attention petits cochons !
Ramadier & Bourgeau
Loulou et Cie – Ecole des Loisirs 2015

Loup, y es-tu ?

Par Michel Driol

Attention_petits_cochonsSur la couverture, trois petits cochons fixent le lecteur… ou autre chose, les yeux grands ouverts, comme terrifiés, ou perplexes… Sur la 4ème de couv’, un loup qui dort, ventre rebondi et proéminent. L’histoire est-elle jouée d’avance ? Quand on ouvre le livre, sur la page de gauche, un loup violet, qui souffle… et invite à tourner, dans le sens inverse de l’ouverture habituelle d’un livre, les pages du rabat droit. Ainsi, successivement, le loup va faire s’envoler les feuilles, les arbres, le toit de la maison, la porte et les fenêtres, les murs, la cabane, le drap, jusqu’à ce qu’on voie trois petits cochons tenant un  gâteau d’anniversaire surmonté de bougies… Le suspense monte avec le « et ? » de l’avant-dernière page…  avant de découvrir la page finale « Bon anniversaire le loup », et trois petits cochons hilares. Au lecteur de se demander si le loup de la 4ème de couv’ s’est contenté du gâteau…

Voici un album cartonné offrant aux plus petits peut-être la première occasion de découvrir un détournement de conte. Sur le modèle des randonnées, on va du plus vaste, la forêt, au plus petit – ce qu’il y a dans la maison, sous la cabane, sous le drap-,  le souffle extraordinaire du loup faisant disparaitre peu à peu tous les éléments qui composent l’univers, ce que souligne la répétition de la formule « les feuilles s’envolent », « les arbres s’envolent »….  L’humour vient à la fois de cette exagération dans les pouvoirs du loup et de la chute, qui s’écarte de l’histoire canonique du conte. Les illustrations, colorées et stylisées, sont totalement en adéquation avec les jeunes lecteurs, et ne vont pas se perdre dans les détails..

Un album au dispositif original, dont la chute ravira les petits  qui y verront la réconciliation des cochons et du loup dans une scène de fête d’anniversaire.

La petite Maison de bois

La petite Maison de bois
Christopher Corr
Gallimard Jeunesse 2016

Amitié, partage et solidarité au sein de la forêt

Par Michel Driol

Ce document a été créé et certifié chez IGS-CP, Charente (16)

Ce document a été créé et certifié chez IGS-CP, Charente (16)

Une souris trouve, au cœur de la forêt, une petite maison de bois, à la porte rouge et aux neuf fenêtres. Elle s’y installe, puis y accueille successivement une grenouille, un lapin, un castor, un renard, un coq, un cerf, un écureuil, une chouette, deux pies, un pic-vert.  Dans une joyeuse entente, ils font la fête et attirent ainsi un ours brun. Mais, pour l’ours, pas de place. Pour entrer malgré tout, ce dernier grimpe sur le toit, et casse la maison. Après un moment de tristesse collective, l’ours prend l’initiative de rebâtir une maison plus grande où tous font la fête !

Voici une belle adaptation d’un conte russe en randonnée (déjà adapté en 2001 par Robert Giraud, Gérard Franquin sous le titre Brise-cabane au Père Castor). Ecrit dans une langue simple et rythmée, favorisant la lecture orale du texte, cet album respecte les lois de la randonnée (répétition de formules soit à l’identique, soit avec d’infimes variations). Peut-être lui trouvera-t-on sur le fond un côté Bisounours, tous les animaux, prédateurs et proies, à poils et à plume, vivant ensemble dans une harmonie universelle. Mais se distille ainsi une vision de tolérance et d’accueil dont notre époque a bien besoin.

Les illustrations, gaies et colorées, à la limite de la fluorescence, accompagnent au plus près le texte. La représentation des animaux les anthropomorphise plus ou moins dans leur pose. Les yeux, humains et expressifs, favorisent l’identification du lecteur à cette communauté animale. Chacun joue d’un instrument, et on cherchera la balalaïka, le violon, l’harmonica… Alternent enfin les scènes de jour (sous le regard bienveillant du soleil) et de nuit (sous la protection de la lune), puissances tutélaires qui se retrouvent réunies dans la dernière illustration.

Un bel album, plein de vie et de couleurs !

La Louve

La Louve
Clémentine Beauvais
Alice jeunesse (Histoires comme ça), 2014

Conte ancien et moderne

Par Anne-Marie Mercier

La LouveMêlant des thèmes courants en littérature de jeunesse, Clémentine Beauvais a réussi à élaborer une histoire originale, prenante, aux personnages attachants.

C’est une histoire de métamorphose, mais celle-ci n’est explicite qu’à la fin : le récit est conduit à la première personne par une enfant, Romane, qui vit dans un orphelinat. Pour sauver son amie et calmer une mère louve-sorcière en colère, elle endosse une peau de louveteau. Au fil de plusieurs tentatives d’abord infructueuses, elle est progressivement et définitivement changée. Le lecteur en est averti par quelques indices : son ouïe et son odorat qui semblent se développer, son envie de courir après des proies…

La modernité du récit fait que la métamorphose est heureuse contrairement à ce qui se passe dans les contes traditionnels : Romane trouve ainsi une famille, elle qui n’en avait pas, et le bonheur. Autre signe des temps, la malédiction de la mère louve tient non seulement au meurtre de l’une de ses filles, mais aussi à la destruction opérée par les humains dans la nature. Elle leur lance un ultimatum représenté par une colombe de glace : quand la colombe aura fondu, au bout de trois jours, une enfant doit mourir. L ‘album est rythmé par ce décompte du temps installé par la fonte de la colombe, on assiste aux atermoiements des adultes, aux trois tentatives menées par trois enfants, jusqu’au dénouement final, dans le froid et la nuit. Les illustrations jouent sur les contrastes, entre ombres et lumières, formes inabouties et achevées.

En voir plus : récompenses, articles… sur le site de l’auteure, un blog passionnant.

La Femme nuage

La Femme nuage
Jean-François Chabas
L’école des loisirs (Medium), 2011

Un souffle de littérature

Par Anne-Marie Mercier

CouvmediumGabaritLes contes de ce recueil sont courts, il n’y en a que trois, et pourtant c’est en collection « medium » : ce qui prouve que pour un bon éditeur un conte, même s’il est « merveilleux » et parle de métamorphoses ou de géants, n’a pas forcément comme lecteur idéal un jeune enfant.

Ces trois récits brefs sont beaux, mystérieux, poignants, il disent l’impossibilité du bonheur pour certains êtres, la complexité du sentiment amoureux et toute l’horreur de ce monde qui fait voir sa fin comme une apocalypse purificatrice, à moins qu’un enfant et un espoir ne le sauve…

Marcel et Giselle

Marcel et Giselle
Natali Fortier
Le Rouergue 2015

La légende de la cabane à sucre

Par Michel Driol

marcel-et-giselle-413x600C’est l’histoire d’Eustache, un bucheron désœuvré, car il n’y a plus d’arbre à couper. C’est l’histoire de ses deux enfants, Giselle et Marcel. C’est l’histoire d’une vétérinaire, Marguerite, et c’est enfin celle d’une ogresse-cantatrice-chanteuse de blues, Armande. Giselle et Marcel s’enfuient dans la forêt pour échapper à une vie avec Marguerite, au milieu des serpents… Au cœur de la forêt, tout en semant leurs petits cailloux blancs, ils découvrent des arbres et des fleurs en sucre puis la maison d’Armande, cantatrice dont la voix s’était arrêtée et qui recherchait le remède miracle à partir de la sève sucrée des arbres. Mais Armande est ogresse, et prépare à l’aide de Giselle la bain de sève pour Marcel tandis qu’Eustache et Marguerite suivent les traces des fugitifs… jusqu’au moment où le gui avale l’ogresse, avant de la recracher, adoucie… Dès lors la maison devient cabane à sucre, où tous les personnages s’installent tandis qu’Armande y chante le blues à vous fendre l’âme.

On aura, bien sûr, reconnu le Petit Poucet ainsi qu’Hansel et Gretel dans une version polyphonique aux accents – et aux mots – du Québec. Chaque personnage raconte une partie de l’histoire, dans cet album qui se présente comme un échange entre le père et ses enfants, dans une forme très proche d’un théâtre qui ferait alterner de longues répliques. Le vocabulaire et la syntaxe – orale – du Québec sont bien présents, sans toutefois gêner la compréhension d’un enfant non-Québécois. La langue se veut très musicale, et semble appeler la mise en voix.

Les illustrations collent au texte, et elles renforcent l’étrangeté des lieux : la forêt, d’abord magique, devient vite le lieu du cauchemar, avant d’être celui du rêve sucré. Les pages sont peuplées de créatures et d’animaux : souris, insectes, oiseaux étranges. Même les arbres prennent des visages humains, avant une dernière double-page montrant hommes et nature réconciliés tandis que tombe la neige. Le pays est devenu de Cocagne…

Bel objet hybride entre l’album et la pièce de théâtre qui propose une savoureuse réécriture de contes à l’accent du Québec