L’ABC des chiens

L’ABC des chiens
Julie Eugène
L’édune, 2013

 Des Chiens de partout, petits et grands

Par Anne-Marie Mercier

LABCdeschiensOn pourrait croire qu’il s’agit d’un simple  abécédaire de plus, qui tenterait de faire coïncider vaille que vaille son objet aux 26 lettres de l’alphabet, eh bien non, c’est bien plus. Tout d’abord, il réussit le tour de force qui consiste à trouver des noms pour toutes les lettres (avec quelques rares entorses comme « italian Grey Hound », ou « U Cursinu » (chien corse ; quant à la lettre « q », on vous laisse la surprise). Mais c’est aussi une encyclopédie charmante : chaque chien est donné avec son caractère, son histoire, son origine géographique et une mini carte et un drapeau pour l‘illustrer. Tout cela est accompagné de conseils d’éducation, d’alimentation (le Mâtin de Naples mange 700 g de viande par jour, c’est bon à savoir, parents qui voulez limiter les désirs de vos enfants) et d’un zeste d’humour.

L’Encyclopédie des héros, icônes et autre demi-dieux

L’Encyclopédie des héros, icônes et autre demi-dieux
Anne Blanchard, Jean-Bernard Pouy, Francis Mizo, Serge Bloch

Gallimard jeunesse, 2012

De Gilgamesh à Harry Potter

Par Anne-Marie Mercier

LencyclopediedesherosOn croit tout savoir de Ulysse, Antigone, Tintin, Zorro, ou autres Superman, et pourtant on apprend beaucoup de cette encyclopédie d’apparence légère. Un texte aéré, très souvent humoristique, présente un héros – qui est souvent une héroïne, bel exploit – en quatre pages abondamment illustrées. Chacun a droit à une image en pleine page, création de Serge Bloch, ou archive retravaillée. Dans les deux cas on sent la même connivence et la même distance joueuse. Et chacun a droit à non seulement un résumé de sa « vie » mais aussi aux circonstances de sa création, à son écho, aux vecteurs qui ont porté sa renommé, tout cela dit en phrases claires mais denses.

Dans les marges du texte, on peut lire de brefs paragraphes passionnants sur les sources qui ont inspiré les auteurs, les aspects anthropologiques du mythe, les personnages gravitant autour du héros, la vie de leur auteur, les genres littéraires, etc.

Au menu : Gilgamesh, Ulysse, Antigone, Sindbad, Arthur, Mélusine, Don quichotte, Robin des bois, Blanche Neige, Robinson, Tarzan, Sherlock Holmes… jusqu’à Harry Potter.

Une bibliographie propose aussi bien des ouvrages de littérature de jeunesse que des sommes d’auteurs reconnus sur ces domaines et le texte est truffé de références (comme celle qui renvoie à The Hero with a Thousand Faces (1949) de l’anthropologue Joseph Campbell, à l’origine de Star wars et de bien d’autres saga).

Guerre. Et si ça nous arrivait ?

Guerre. Et si ça nous arrivait ?
Janne Teller
Illustré par Jean-François Martin
Traduit (danois) par L W. O. Larsen
(Les grandes personnes), 2013

Comment peut-on être réfugié ?

Par Anne-Marie Mercier

Guerre-GP« Et si aujourd’hui il y avait la guerre en France… Où irais-tu ? » Tout ce petit livre est dans cette question-programme.

Imagine, dit le livre au lecteur, imagine la France gouvernée par un régime autoritaire et tentant d’imposer sa loi à l’Europe. Imagine les démocratie libres du nord liguées contre elle et ses alliés du sud, la guerre, les maisons détruites, des personnes emprisonnées, le pays déstructuré, la terreur, le froid et la faim : où aller ? Le récit raconte au lecteur son itinéraire possible. Réfugié avec sa famille au Moyen Orient, mal accepté dans un pays dont il ne parle pas la langue, d’une culture et d’une religion différente, qui se méfie de la sienne, il ne peut pas faire d’études, doit se résigner à des emplois qui le rebutent ; il rêve de retour, mais le pays qu’il a quitté ne veut plus de lui.

Janne Teller a transposé le quotidien banal d’un réfugié en se contentant de décaler les situations et de faire vivre (par le tu et le vous : le texte est écrit du début à la fin à la deuxième personne) cela par ceux qui regardent les choses de l’extérieur. La forme du livre est-elle même exemplaire : il imite le format et la couverture d’un passeport européen ; les dessins stylisés illustrent la simplicité et la rigueur de la situation.

Un tout petit livre, un grand choc et une belle leçon.

Voir la présentation par l’auteur 

La Reine du Niagara

La Reine du Niagara
Chris Van Allsburg
L’école des loisirs, 2013

L’art de la chute

Par Anne-Marie Mercier

lareineduniagaraConnaissez-vous Annie Edson Taylor ? Savez-vous que descendre les chutes du Niagara est un exploit que certains  ont réalisé ? et que la première a été une femme ? qu’elle avait 62 ans, était professeur de maintien (ou de bonnes manières si vous voulez), et a accompli cela dans un tonneau, en 1901 ?

C’est un fait réel étonnant que saisit ici Van Allsburg, moins étonnant que les récits teintés de fantastique qu’il propose habituellement, mais les images sépia qui l’accompagnent mettent en valeur la dignité de la dame, la jeunesse de son regard, l’idée qu’à cœur vaillant rien d’impossible et la personnalité du tonneau (oui, oui)… qui semble parfois être le héros de l’histoire comme l’était ailleurs un balai (on remarque au bord d’une page un piano qui joue presque seul).

Si cet exploit a comme tous les records une allure dérisoire augmentée par l’échec financier qui a suivi, les propos d’Annie à la fin de sa vie sont une belle « chute » : une leçon sur ce qui anime les « conquérants de l’inutile », en rapport avec l’esprit d’enfance, et une question que chacun, jeune ou vieux, peut se poser jusqu’au bout : jusqu’où notre courage sera-t-il capable de nous conduire ?

Atlas du monde

Atlas du monde

Nick Crane (texte), David Lean (ill.)

Flammarion, 2013

Nouvel atlas, autre rapport au monde

Par Dominique Perrin

 

atlIl est en soi intéressant que l’auteur de ce nouvel atlas soit un grand voyageur, tandis que son illustrateur se donne plutôt comme un flâneur du monde des livres. Les vertus d’une telle mise en tension se confirment à la lecture des vingt cartes et du planisphère présentés ici. Leur ordre est tout d’abord digne d’intérêt : d’abord les océans – et d’abord le Pacifique – puis, pour les continents, d’abord l’Océanie, suivie des cinq Asie (sud-Est, Est, Nord et centre, Sud, Sud-Ouest). Le ton est donné : quoique forcément incomplète, c’est une vision de la complexité du monde, mais aussi de ses proportions réelles qui saute au frais visage de lecteurs définis comme ayant au moins 7 ans. Comme tout effort sérieux de saisie du réel, celui-ci est précédé d’une réflexion sur l’histoire de son objet – avec une introduction sur l’histoire de la planète – et sur l’histoire de son intellection – avec un chapitre intitulé « cartographier le monde ».

Tout sur le printemps

Tout sur le printemps
Charline Picard, Clémentine Sourdais
Seuil, 2013

Bourgeons de savoirs sur le temps des bourgeons

Par Dominique Perrin

images

Voici le troisième fruit du travail de longue haleine de Charline Picard et Clémentine Sourdais sur le grand ballet des cycles saisonniers. « Des informations pratiques, des poèmes, des bricolages, des recettes, des jeux, de l’art ! » annoncent six oiseaux en quatrième de couverture. Ce « Tout sur le printemps » est en effet à l’image de ses deux homologues sur l’automne et l’été : plein de vie, d’humour et d’inventivité. D’une page à l’autre, le rossignol gringotte, le geai cageole, la mésange zinzinule – les hippocampes, hérissons et lucioles livrent quelques aperçus de leur façon de « faire l’amour » – l’escargot présente ses « naissains » et le cygne ses « cygnons ». Vers la fin de cette généreuse randonnée, menée dans des cadres et sur des tons espièglement variés, le lecteur est invité à « glaner et mitonner » ­– image réjouissante de l’ensemble d’un documentaire apte à rappeler la saveur printanière du savoir, et plus encore de toutes les formes, sensibles et intellectuelles, de la curiosité.

L’opéra dévoilé

L’opéra dévoilé
Sandrine Duclos (texte), Laurent Croizier (conseil scientifique), Estelle Chadelier (illustrations)
Mama Josefa (Tapis volant), 2012

Tout l’opéra en jeux

Par Anne-Marie Mercier

operadevoileLes opéras pour enfants se sont multipliés depuis plusieurs années, mais il manquait un ouvrage qui permette aux jeunes spectateurs de connaître à la fois l’histoire du genre et l’envers du décor. Mama Josefa propose un album maniable qui réussit le tour de force de présenter à peu près tous les aspects de ce spectacle total en quelques doubles pages : l’histoire du genre est évoquée, depuis les premiers spectacles chantés de l’antiquité à nos jours, en passant par l’opera buffa, la tragédie lyrique et le ballet, avec les styles nationaux (italien, français, allemand, chinois…), quelques grands compositeurs, quelques œuvres majeures comme La Flûte enchantée, souvent proposée au jeune public en version courte.

C’est aussi l’occasion de revenir sur des points fondamentaux de la connaissance de la musique : la voix et les voix, la composition d’un orchestre, le rôle du texte et de la musique. D’autres aspects (la scène, les costumes, le vocabulaire spécifique et les traditions, mais aussi le rôle de l’opéra dans l’histoire et la vie sociale, ses liens avec la création en général…) proposent des ouvertures multiples, qui peuvent être prolongées grâce à une biblio-disco-sitographie en fin d’ouvrage . Enfin, de nombreux jeux permettent au jeune lecteur de chercher la réponse à des questions, de compléter l’ouvrage, de mettre cet art en lien avec ce qu’il connaît. Les illustrations allient scènes colorées et documents, gravures ou photos retravaillés : art total au service d’un art total.

peitiehistoiredesjardinsLes éditions Mama Josefa sont décrites sur leur site comme « À la croisée des chemins de l’éducation et de l’environnement »; elles comptent en Aquitaine une centaine d’adhérents, individuels ou associations, et proposent depuis 2010 des documentaires de qualité, respectueux de l’environnement. Le principe :  » apprendre à regarder autour de soi, découvrir le monde pour acquérir des clés et développer une relation joyeuse au savoir ».

vignes et vinsDans la même collection, on trouve un ouvrage sur la préhistoire, le rugby, les rapaces, Sandrine Duclos a participé à Vignes & vins, un monde à découvrir… (ouvrage primé, en lien avec la région de ces éditions, celle de Bordeaux) et à  La Petite histoire des jardins du monde.

Je fabrique mes livres

Je fabrique mes livres
N. Palmaerts, M. Paruit
Casterman, 2012

Par Caroline Scandale

On n’arrête plus le progrès…

Je fabrique mes livresA l’heure où les enfants manient les tablettes numériques mieux que certains adultes, prient leurs parents de regarder Tchoupi sur le Ipad et lisent leurs revues en mode 2.0, ce documentaire leur rappelle de façon ludique que les livres sont avant tout des objets en papier dont la valeur réside dans le soin, l’attention et le temps passé à les rédiger et à les fabriquer.

Je fabrique mes livres foisonne d’idées de livres à créer et d’astuces pour les réaliser. Il propose des tutoriels et des croquis explicatifs pour chaque type de livre (le livre de ma semaine, le livre d’une couleur, le livre « j’aime », le livre des collages, le livre à histoire, le livre pop up…). Cerise sur le gâteau, il débute par un cours synthétique sur l’objet-livre, présente ses différentes parties, en dresse une typologie rapide, et explique très simplement comment relier les pages d’un ouvrage à partir du pliage de papiers de formats A2, A3 et A4.

Son autre point positif est la simplicité du matériel nécessaire à la réalisation des livres: des feuilles, de la colle, des ciseaux, une grosse aiguille à coudre, du fil, une photocopieuse et le tour est joué!

Un livre intelligent et stimulant à conseiller aux petits et aux grands, adeptes des loisirs créatifs.

 

Le beau selon Ninon

Le beau selon Ninon
Oscar Brenifer, Delphine Perret

Autrement, Les petits albums de philosophie, 2012

Par Caroline Scandale

Le monde de Ninon

 

Autrement propose une collection d’albums philosophiques à destination des adolescents et de tous ceux qui s’intéressent à cette noble discipline. Ces documentaires (aux allures de BD) abordent des thématiques proches des préoccupations adolescentes, à l’image du plus récent, consacré au beau.

Ninon est l’héroïne espiègle et le fil conducteur de cette collection. De manière socratique, c’est à travers le dialogue avec ses amis et les adultes qui l’entourent, qu’elle forge ses convictions philosophiques. Sous forme de petites scènes dialoguées, ponctuées d’histoires ou de mythes célèbres, la jeune fille intelligente et curieuse nous entraîne sur les chemins de la pensée.

Les grandes notions philosophiques sont abordées à travers des questionnements concrets : la mode, le désir de plaire, les goûts, l’universalité, l’harmonie, la subjectivité… La philo, qui semble souvent trop éloignée de notre quotidien, est ici appliquée très judicieusement à la vie des ados, et c’est là une des excellentes idées de  cet ouvrage!

Comme le dit Ninon, il est bien difficile de comprendre ce qui fait une chose belle… En effet le beau dépend-t-il de l’avis du plus grand nombre ou d’une seule personne ? (la mode)… Aime-t-on quelqu’un parce qu’on le trouve beau ou le trouve-t-on beau car on l’aime ? (le goût)… Le beau ne serait-il pas mathématiquement beau ? (symétrie et harmonie)… Le beau doit-il toujours nous surprendre ? (qui n’a jamais été perplexe devant une œuvre d’art ?)… Le sujet d’une œuvre d’art doit-il être beau pour que l’œuvre soit belle ?…

– Finalement, Ninon, l’essentiel est de savoir que le beau dépend un peu de soi, non ?

– Oui bien sûr… En tout cas c’est plus facile que de chercher qui a raison !

– Merci Ninon…

Toute une année

Toute une année
Etsuko Watanabe
Seuil jeunesse (Clac book), 2012

Les livres qui savent se tenir

par Yann Leblanc

Selon le principe du Clac book, ce livre se déplie en accordéon en faisant un beau bruit, et il peut tenir ouvert tout seul. Ce que l’on y trouve est assez décevant : il y a certes toute une année mais on va de cliché en cliché (oui, certes, en décembre il y a Noêl, et en mai on peut cueillir du muguet dans les bois). Mais on a l’impression que l’année entière se passe dans un jardin, au ski et à la plage : où est la  vie quotidienne ? On sait que les repères sont utiles, et donc les clichés, mais un peu d’originalité n’est pas interdit, même pour les tout petits.