Les fragmentés

Les fragmentés
Neal Shusterman

traduit (américain) par Emilie Passerieux
Editions du Masque, 2013 (réédition de 2008)

Si tu n’es pas sage, je te fragmente!

Par Christine Moulin

fragmentésConnor est un adolescent difficile : ses parents ont donc décidé de le faire fragmenter, c’est-à-dire découper en morceaux, dans le « camp de collecte », pour servir au don d’organes ou, plus pudiquement, de le « résilier […] sans pour autant mettre fin à sa vie ». Il décide de s’enfuir. Dans sa fuite, il provoque un accident monumental. Il rencontre alors Risa, orpheline, pianiste prodige et virtuose, certes, mais pas assez virtuose, malgré tout, pour échapper à la fragmentation. Il rencontre aussi Lev, une sorte de fragmenté volontaire, un « décimé » plus exactement, issu d’une famille richissime pour qui c’est un honneur et un devoir de « fournir » un de ses enfants. Les voilà donc tous les trois en cavale, sans qu’on sache vraiment de quel côté va pencher Lev, qui a subi un « lavage de cerveau » pendant toute son enfance mais qui découvre peu à peu la saveur de la liberté et de l’amitié.

S’ensuit une longue errance pendant laquelle le trio se charge d’un bébé abandonné (puisque dans cette société à peine futuriste, une mère a le droit d’abandonner, de « refuser », pardon, son enfant à condition de ne pas se faire prendre sur le fait). Errance qui les amènera à croiser d’autres fugitifs : autant de destins dramatiques qui font froid dans le dos… Errance qui aboutira à une île, le Cimetière, qui n’est pas sans rappeler celle de Sa Majesté des Mouches, par la manière brutale dont elle amène à s’interroger sur la violence des rapports sociaux et la nature du pouvoir.

A cela s’ajoute une histoire,  qui se raconte sous le manteau et qui est une allusion macabre à une chanson pour enfants anglaise, celle de Humphrey Dunfee, dont les parents, après l’avoir fragmenté, ont voulu revenir sur leur décision…

Bien sûr, ces victimes, que certains décident d’aider, au péril de leur vie, que l’on cache dans des caves, que l’on trimballe d’une cachette à l’autre, dont la fragmentation se fait dans un camp, sur fond de musique classique jouée par leurs compagnons de souffrance, en rappellent d’autres. Mais ils interpellent aussi au sujet des relations parents-enfants, de l’identité (les greffes exposent à de terribles combats au sein d’une même personne…) à propos de l’avenir de l’humain,  de la liberté, de la nécessaire résistance à l’horreur, le tout sur un fond d’aventure haletant et bien mené. C’est peut-être ce foisonnement de thèmes qui fait parfois la faiblesse du roman, qui s’éparpille un peu, même si l’intérêt ne s’émousse jamais.

Animorphs (vol. 1, L’invasion ; vol. 2, Le visiteur)

Animorphs (vol. 1, L’invasion ; vol. 2, Le visiteur)
K.A. Appelgate
Traduit (américain) par Nicolas Grenier
Gallimard jeunesse (grand format), 2012

Métamorphoses en série

Par Anne-Marie Mercier

animorphs-1-2Publiée en poche pour la première fois en 1997, adaptée à la télévision, cette série est reprise dans une belle présentation : la nouvelle couverture propose le visage d’un adolescent qui se transforme en tête d’animal (chat, lézard…) quand on l’incline.

Pour tout savoir de la menace des Yirks, horribles limaces qui prennent possession des corps et de la lutte d’un groupe d’adolescents qui a obtenu le pouvoir de se transformer en animaux, voir le site de wikipedia qui donne la liste des 48 volumes parus, de ceux qui n’ont pas été traduits, des hors séries, etc. C’est un monument de la littérature de science-fiction pour ados qui est ici réédité dans un mouvement inverse de l’ordinaire : le poche est réédité en grand format, signe d’une consécration de l’œuvre comme du genre.

 

 

Conquise

Conquise
Ally Condie
traduit (américain) par Vanessa Rubio-Barreau
Gallimard jeunesse (grand format), 2013

Conquête de la maturité ou refus de l’utopie ?

Par Anne-Marie Mercier

conquiseAprès Promise, au sujet duquel je me demandais si la dystopie était un genre réactionnaire, Insoumise, qui proposait de beaux cas de manipulations, voici le dernier volet, Conquise. Il n’a pas le défaut du précédent (un peu trop de sentimentalisme ressassé) et a le mérite de trancher enfin dans le vif des hésitations du personnage principal, de faire des omelettes en cassant quelques œufs, enfin de montrer que les héros ont grandi et sont passés d’une adolescence rose à un âge adulte durement gagné. C’est en ce sens qu’il faut comprendre le titre, un peu trompeur.

promiseLes différentes intrigues se rejoignent, le monde se complique, c’est passionnant et cette trilogie, portée par la poésie de Dylan Thomas et d’Emily Dickinson, est attachante. Les trois couvertures sont parfaites et illustrent (comme celles de Twilight) l’effort des éditeurs pour faire du sériel même en images. Sur la dernière, l’héroïne enfin libérée de sa bulle, nous tourne le dos et semble prête pour d’autres aventures.

Il semble que le traitement actuel des utopies (voir l’excellent dossier de la revue Europe sur ce sujet) se confirme ici : l’utopie est à la fois « porteuse d’espoir et désenchanteresse » (J. Berchtold), notre temps souffre d’un « déficit d’avenir » (B. Baczko). Dans le roman pour adolescents, toute société quelque peu organisée est vue comme une entrave aux libertés (à consommer comme à se cultiver, ce qui brouille uinsoumisen peu les pistes idéologiques) et toute rébellion est suspectée d’être téléguidée par des personnes en place, ou d’être récupérée. Il n’y a pas d’avenir radieux ; le triomphe d’un camp sur l’autre est le gage d’une redistribution des cartes qui n’est que partielle et temporaire. Le désenchantement est la règle. Cette littérature pour adolescents remplit une fonction critique, mais se refuse à dire que d’autres mondes sont possibles, aussi bien dans la fiction que dans la réalité.

De l’autre côté de l’île

De l’autre côté de l’île
Allegra Goodman
Traduit (anglais- USA) par Jean Esch
Thierry Magnier (grands romans), 2013

Cauchemar météorologique

Par Anne-Marie Mercier

DelautrecotedelileAprès une catastrophe, un déluge, l’humanité s’est réfugiée dans une enceinte dirigée par « la Compagnie », sous les ordres de la Mère nourricière. Les enfants sont endoctrinés, les parents surveillés, les actes et les pensées contrôlés.

Le principal intérêt de cette dystopie, par ailleurs bien faite et pleine de trouvailles, réside dans le comportement de la jeune héroïne, Honor. Lassée d’être toujours mise en difficulté par le comportement déviant de ses parents, elle tente d’être « normale » et même parfaite dans l’acceptation de toutes les règles pour se faire accepter par ses maîtres comme par ses camarades. Frôlant parfois la trahison des siens, elle ne se révolte que lorsque ses parents sont enlevés par la Compagnie, et elle reléguée dans le quartier des orphelins, ce qui ruine toutes ses tentatives de normalité.

Les aventures sont mêlées à des réflexions sur la résistance, l’espoir, le destin de l’humanité… et la peur du cataclysme dans une nature déchaînée.

Chroniques du Graal

Chroniques du Graal (Lancelot, Perceval, Yvain)
Anne-Marie Cadot-Colin
Hachette, 2012

Et propter fidem (1)

Par Christine Moulin

5300742-7909627Quelle belle adaptation ! Sans gras, moderne sans racolage, elle raconte la geste du roi Arthur et de ses chevaliers, en respectant sans servilité mais avec fidélité (l’auteur enseigne depuis plus de trente ans la langue et la littérature du Moyen Âge à l’université de Bordeaux, ceci explique sans doute cela) l’œuvre médiévale, ou plutôt les œuvres médiévales: cette version se réfère, en effet, à Chrétien de Troyes, le thème de la culpabilité en moins, mais aussi au Lancelot en prose, du XIIIème siècle. Ainsi, il n’est pas rare d’avoir l’impression d’avoir affaire à une traduction. C’est particulièrement vrai dans les scènes de combat (« Lancelot le frappa alors si durement qu’il lui fendit la tête en deux jusqu’aux dents, le laissant mort au milieu de la chaussée ») mais toute l’atmosphère est délicieusement arthurienne: les caractères sont généralement dessinés à gros traits tandis que certaines réactions laissent place à une grande subtilité psychologique; les chevaliers, condamnés à l’errance, sont mus par leur impétuosité, leur sens de l’honneur et vivent toutes leurs émotions de manière superlative; ce n’est que reconnaissances, rencontres hasardeuses, magie, « nigromance », amour, combats, vengeances, exploits…

Toutefois il n’est pas rare que le texte soit « monté » (comme on parle de montage au cinéma) de façon très contemporaine: la narration adopte le rythme d’un jeu vidéo, avec ses « niveaux », ses obstacles à franchir pour triompher de l’épreuve (cf. « La mauvaise coutume », p.58) ou bien on assiste à un montage alterné du plus bel effet (lors de l’enlèvement de Gauvain, par exemple). Les épisodes, brefs, s’enchaînent avec rapidité et détermination. Tout cela n’empêche pas qu’il y ait des passages plus didactiques, qui donnent sans pesanteur les clés culturelles aux lecteurs qui n’auraient pas baigné dans la littérature du moyen-âge depuis leurs plus tendres années: c’est ainsi, par exemple, que dès les premières pages, on découvre les fondements de la chevalerie. Cela permet de connaître les valeurs qui fondent l’univers des histoires que l’on va lire. Même équilibre entre modernité et tradition sur le plan de l’écriture: le style est clair, facile, presque transparent, avec de ci de là, quelques mots surannés pleins de charme: « Ainsi fut fait le premier accordement de Lancelot et de la reine. Il fut l’œuvre de Galehaut. »
De plus, au-delà des épisodes « obligés », que l’on a plaisir à retrouver, on en découvre d’autres moins rebattus, comme celui de la fausse Guenièvre.
On ne peut donc que conseiller cette version des aventures arthuriennes aux jeunes lecteurs qui voudraient s’y initier sans pour autant affronter les textes originaux (toutefois, pour des élèves de cinquième, un accompagnement est sans doute nécessaire, Montella étant plus accessible en lecture cursive, il me semble : voir Graal noir et  Le chevalier sans nom).

(1) et à cause de sa fidélité

Ava préfère les fantômes et Ava préfère se battre

Ava préfère les fantômes
Maïté Bernard
Syros, 2012

et Ava préfère se battre
Syros, 2013

Le fantôme d’Alice?

Par Christine Moulin

avaOn dirait que ce serait « un » Alice, oui, Alice, de Caroline Quine (d’ailleurs, Ava/Alice… Non? Je vais trop loin? Bon…) Et alors, on aimerait bien.

Beaucoup de ressemblances, en effet, peuvent faire songer, en plus moderne, bien sûr, à l’indestructible succès de la Bibliothèque Verte.  Sans avoir perdu sa mère, l’héroïne, solitaire, est en butte à l’indifférence de ses parents qui se débarrassent d’elle pour mieux divorcer et l’envoient à Jersey, chez son oncle (qui, lui, ressemble beaucoup au père du Club des Cinq). Elle se trouve alors mêlée à une aventure rocambolesque: toutefois, comme les enfants sont plus « solides » de nos jours, ce ne sont pas les vols qui se multiplient mais les meurtres, sur fond de secret de famille, de plans indiquant un trésor viking, de grottes reliées à un château par de sombres souterrains plus glissants les uns que les autres, de croix qui bougent de place, d’empoisonnements divers et variés, etc.

L’intrigue, pleine de rebondissements, est compliquée, pour ne pas dire touffue, pour ne pas dire difficile à comprendre, pour ne pas dire invraisemblable. Toutefois, l’intérêt est ravivé par la particularité d’Ava: elle voit les morts et découvre, dans ce premier livre d’une série (dureté du marketing oblige…), qui elle est vraiment. Ce qui nous promet un tome 2, joliment annoncé, il faut le dire: « Mais elle était là maintenant, modeste, curieuse, travailleuse, et bientôt elle ferait partie de ceux grâce à qui tout est à sa place dans le monde ». Phrase révélatrice du caractère de notre héroïne: timide, embarrassée de son don, elle n’est pas du tout une « supergirl » mais bien plutôt une jeune fille de bonne volonté, ce qui la rend plutôt sympathique. Enfin, quelques trouvailles stylistiques, dont on aimerait qu’elles soient plus nombreuses, réveillent parfois le lecteur: « […] on m’a raconté que tu t’étais battue bec et ongles, ou plutôt petites assiettes et vases, pour nous défendre ».

Sans attendre avec une très grande  impatience de lire la suite, on s’y résout volontiers.

(Quelques jours plus tard)

liv-2631-ava-prefere-se-battreEh bien, voilà qui est fait et ce deuxième tome est une bonne surprise: il comporte encore une intrigue policière mais l’enquête se déroule uniquement dans l’univers des fantômes car c’est sur eux, leurs mœurs, leur organisation, leurs rivalités, leurs luttes pour le pouvoir que se focalise le roman. Ce qui le rend à la fois plus original et plus alerte que le premier. De plus, Ava mûrit et assume son rôle de « Consolatrice » : cela laisse place à des dialogues intéressants où elle essaye, telle une « psy », de comprendre ce qui bloque les fantômes et les empêche de mourir en paix et de trouver les mots qui pourraient les délivrer. A cela s’ajoutent le récit d’une mignonne amourette et l’évocation de Jersey (et de Victor Hugo : on comprend pourquoi il a cessé de faire tourner les Tables à Guernesey et qui a véritablement écrit « Au Lion d’Androclès« , le poème qui se termine par:  « Et, l’homme étant le monstre, ô lion, tu fus l’homme. ») : que souhaiter de plus ? Peut-être lire le tome 3 : La mort préfère Ava…, d’autant que d’après les on-dit, l’action se déroule à Guernesey!

La Maison sans pareil (t. 2 : l’homme au masque)

La Maison sans pareil (t. 2 : l’homme au masque)
Elliot Skell
Traduit (anglais) par Alice Marchand
Flammarion, 2013

Sorties d’enfances

Par Anne-Marie Mercier

maisonsanspareil2Un peu comme l’a fait auparavant J. K. Rowlings, l’auteur fait grandir son univers avec son lecteur : chaque volume semble être taillé pour un âge différent. Si le premier (voir la chronique du 4 mars 2013) était porté part une petite dose de suspens et comportait quelques événements dramatiques, il était surtout dominé par la construction d’un univers, celui d’une maison infinie abritant une famille elle-aussi tentaculaire, entièrement occupée à des banquets, fêtes et distractions diverses.

Le deuxième volume est beaucoup plus noir : des menaces, des traques, des morts lui donnent une allure différente, sans le rendre forcément « gothique » comme le voudrait le descriptif du roman. Les répétitions un peu trop nombreuses soulignant la peur de l’héroïne semblent d’ailleurs répondre à une volonté d’augmenter la frayeur du lecteur – procédé inefficace alors que l’intérêt du roman est ailleurs.

On y découvre aussi des haines familiales, des mystères et surtout la découverte faite par l’héroïne de l’histoire de ce monde, des tensions qui y règnent et des rapports de force, dont certains sont des rapports de domination et d’asservissement. C’est un peu le chemin suivi dans un apprentissage lié à un milieu, qu’il soit familial ou étranger : on est sensible d’abord aux rites, aux côtés agréables, plus tard on comprend ce qui le fonde, son côté noir, mais aussi sa fragilité.

Comment faire partie d’un ensemble sans l’approuver totalement ? Comment prendre de la distance sans courir le risque de la rupture ? Toutes ces questions sont posées par cette maison qui interdit qu’on la quitte, mais parfois rejette au loin certains de ses membres, qui est le monde et la vie même, tout en étant un mensonge.

Le charme de ce lieu étonnant et poétique reste intact et l’on s’y promène avec ravissement, comme dans un jeu, heureux de découvrir de nouveaux bâtiments, de nouveaux recoins – fussent-ils des souterrains.

Nox, t. 2 (ailleurs)

Nox, t. 2 (ailleurs)
Yves Grevet
Syros, 2013

Les héros qui puent : les Misérables version SF

Par Anne-Marie Mercier

nox2 La nouvelle série d’Yves Grevet (auteur de l’excellent Méto) a bien des qualités : elle propose un monde original, dans lequel les basses classes vivent dans la « Nox », un brouillard de pollution qui ne peut se dissiper, et qui en meurent, tandis que les privilégiés habitent dans les hauteurs où l’on peut voir du ciel bleu, de la nature ; ils captent aussi à leur profit toutes les ressources médicales qui pourraient sauver les malades d’en bas.

Le premier volume (voir la chronique de lietje) faisait se rencontrer une jeune fille du haut et un jeune homme du bas, ce qui pouvait laisser présager les banalités habituelles de rencontres des cœurs malgré les différences. Mais non, la situation s’embrouille, la violence gagne comme les compromissions, des deux côtés. On retrouve le jeune héros assassin malgré lui, prisonnier, père, en fuite, la jeune fille est de son côté coincée par de nombreux conflits de loyauté… devient traître à tous et surtout à elle même ; comment tout cela va-t-il finir ? Le récit est enlevé, rythmé, les personnages sont attachants, qu’ils soient principaux ou secondaires.

L’autre mérite du récit est de proposer des héros (ceux du monde de la Nox) qui « puent » atrocement, qui sont affligés de maladies affreuses, dont les vêtements sont en lambeaux, toutes sortes d’images qui inspirent d’ordinaire le dégoût et qui sont élevées au rang de souffrances infligées par le système dominant. Captation des ressources, système de surveillance policière, catastrophes écologiques, tout cela y est discuté. C’est de la SF, certes, et cela fait réfléchir, c’est donc de la bonne SF. Ces nouveaux misérables ont de l’allure et nous parlent d’aujourd’hui ou de demain.

Incontournables de la fantasy

Incontournables de la fantasy
présenté par Stéphanie Nicot
Flammarion jeunesse, 2012

Le titre qui tue

Par Anne-Marie Mercier

IncontournablesfantasyComment gâcher un livre sans se fatiguer ? La recette est simple, donnez lui un titre inadapté. Sous un titre un peu ronflant et assez lourd (« incontournables », vraiment ?), peut-être imposé par l’éditeur, Stéphanie Nicot propose un recueil d’extraits de romans ou de nouvelles très courtes. Chaque récit est précédé d’une brève présentation de l’auteur et l’on peut ainsi découvrir des auteurs français, moins connus du grand public que Tolkien ou J. K. Rowlings qui ont droit chacun à un extrait : Charlotte Bousquet, Pierre Bordage, Jean-Philippe Jaworski. La deuxième partie du titre, le terme de « fantasy », laisse aussi perplexe : certains récits relèveraient plutôt de la catégorie du merveilleux si l’on voulait chipoter (« merveilleux » dans tous les sens du terme, est le récit de Jane Yolen, « frère cerf »).

On suppose que l’éditeur a cherché un titre qui fasse vendre et qui attire les enseignants en quête d’ouvrages attrayants pour leurs élèves. Lesquels enseignants qui ont bien du mal à débrouiller les catégories merveilleux/fantastique risquent d’avoir de se trouver fort dépourvus face aux questions qui leur seront posées. Le livre s’inscrit dans la culture classique et s’adresse visiblement à un public scolaire : l’auteur anonyme de Gilgamesh et Lucien de Samosate ont droit à quelques pages (dommage que les variantes du texte de Gilgamesh alourdissent ce texte superbe).

Comment lire ce livre ? En oubliant le titre : les textes proposés sont bien choisis, variés, bien présentés.

La Saga de Sakari. Banquises de feu

La Saga de Sakari. Banquises de feu
Guillaume Lebeau

Rageot, 2012

Par Anne-Marie Mercier

sakariGuillaume Lebeau a  en tête une belle saga, un univers glacial superbe, des personnages attachants. Mais l’écriture à mon avis ne suit pas et c’est bien dommage. Elle adopte souvent un style épique (pourquoi pas, puisque c’est une « saga » ?), mais manque de naturel même dans ce cadre. Parfois, sur un ou deux paragraphes ce style prend, mais retombe ensuite, ce qui rend la lecture pénible.
Des astérisques signalent un lexique du nord très riche mais qui parfois qui laisse perplexe : est-il besoin de définir des termes comme « glace », « banquise », « phoque » ?