Mes chaussures couleur caca

Mes chaussures couleur caca
Réchana Oum
Oskar, 2012

Avoir la haine

 Par Christine Moulin

Mes_chaussures_couleur_cacaCe mince ouvrage est un hurlement de haine. A l’égard d’un père tyran, odieux, brutal, un monstre froid, sans doute peu épargné par la vie, mais qui ne mérite pour autant aucune indulgence. Et un cri d’amour envers une mère soumise mais aimante. La haine et l’amour d’une collégienne de treize ans, qui, bien qu’elle soit « un de ces personnages  qui ne portent qu’un prénom », est désignée par le seul pronom lancinant de Elle, sans cesse mis en valeur par l’italique. Tout en relatant une crise, le moment précis où elle a l’occasion de se libérer, ce roman évoque de façon obsessionnelle la pesanteur, le joug terrible qui pèse sur elle, à travers des variations de narration, un retour en arrière, qui n’allègent pas l’impression d’étouffement: l’auteur répète, redit la même chose, cette exécration qui l’étouffe, en une litanie effrayante de phrases courtes et serrées. On ressort un peu sonné de cette lecture. Secoué, mais avec le sentiment d’avoir lu un livre qui n’aurait pas pu ne pas être écrit.

Le Clan de la grotte – Au temps de l’Homme de Tautavel

Le Clan de la grotte – Au temps de l’Homme de Tautavel
Olivier Melano
L’École des Loisirs, 2014

Sus au rhinocéros !

Par Matthieu Freyheit

Le Clan de la grotte TautavelAlbum de fiction documentaire, le Clan de la grotte offre une présentation du site de la grotte de Tautavel, dans les Pyrénées Orientales, et des découvertes qui lui sont liées : le lecteur pénètre, à travers une fiction dans la fiction, dans la vie de l’homme de Tautavel, prénéandertalien vivant il y a plus de 300 000 mille ans. Le lecteur découvre également, dans un récit-cadre au temps présent, le travail des préhistoriens et la minutie comme l’envergure des fouilles archéologiques qui mettent au jour des objets, des lieux, des peintures, mais surtout, aussi, des interprétations. Ainsi la fiction dans la fiction a-t-elle une valeur plus documentaire que le récit-cadre, somme toute peu utile, si ce n’est – et c’est important – pour illustrer les rapports entretenus entre temps passés et temps présents. Le documentaire restitue les éléments classiques de la fiction préhistorique : une grotte sombre, une tribu armée d’épieux, un repas de viande crue rappelant que l’homme de Tautavel ne maîtrisait pas encore le feu. Et, bien évidemment, des scènes de chasse qui renvoient l’homme à sa situation à la fois de proie et de prédateur dans un paysage occupé par le motif de la survie.

Les planches, comme le récit, ne cherchent pas l’originalité, ce qui ne les empêche pas d’être réussies. Les quelques images nocturnes, en particulier, évoquent le vide singulier de ce monde qui n’est plus vraiment le nôtre.

L’album, c’est vrai, semble un peu avoir été conçu pour être vendu aux touristes visiteurs de Tautavel. Mais qu’importe, après tout : on peut se réjouir, au contraire, de voir la littérature de jeunesse rester vivace dans la création d’une culture préhistorique.

Quand je serai un animal

Quand je serai un animal
Aurélia Alcaïs
Seuil jeunesse, 2014

Décidément, les métamorphoses…

 Par Christine Moulin

quand je serai animalDécidément, les métamorphoses ont le vent en poupe! En voici de fort belles, présentées par le truchement de dessins à la plume, en noir et blanc, rehaussés de discrètes touches de couleur: comme le titre l’indique, toutes les variantes de la transformation animale sont explorées (le chien ne laisse dépasser que la tête d’une dame très « comme il faut », le lion l’emporte sur l’humain qui n’apparaît plus que dans la crinière et dans… une montre, incongrue à son poignet de Roi des Animaux, la chouette sert de monture hybride, le koala de doudou géant, la Biche est entièrement biche sauf qu’elle porte tous les attributs d’une coquette, etc.). Tour à tour légèrement inquiétantes, drôles, attendrissantes, les illustrations sont étayées par un texte répétitif tout aussi séducteur, qui déroule les fantasmes enfantins, indiquant encore une fois, s’il en était besoin, que la métamorphose, tout en nous permettant d’oublier les limites de la nature humaine, nous guide, parfois par des détours, vers le chemin de l’âge adulte (« quand je serai animal » rappelle le plus traditionnel « quand je serai grand »). L’enfant rêve ainsi, grâce à ce beau livre,  à tout ce qui lui sera possible… plus tard, quand son corps se sera transformé, quand sa fragilité se sera faite force, quand ses peurs se seront évanouies (« je n’aurai plus peur du loup; je serai si sage et si calme que je m’impressionnerai moi-même »), quand certains mystères se seront éclaircis (« j’irai dormir discrètement dans le lit de mes parents »), quand il pourra transgresser les règles qui lui pèsent (« je ne mangerai plus que de la viande, sans couverts et sans serviettes »). Parfois, au détour d’une page, surgit une gaminerie, fantaisiste et poétique: « Quand je serai Âne, j’irai voir mon cousin lapin et on parlera oreilles ». La chute, quant à elle, ramène doucement le lecteur vers une réalité d’autant mieux acceptée qu’elle a été merveilleusement chahutée le temps d’une lecture.

 

 

 

 

 

 

 

Je voudr@is que tu…

Je voudr@is que tu…
Frank Andriat
Grasset, 2011

Le Tour du Net par une enfant

Par Christine Moulin

42369Certes, il faut mettre les jeunes en garde contre les dangers de la Toile: c’est ce que fait ce livre rapide à lire où l’on voit une adolescente, Salomé, se laisser séduire virtuellement par un certain Michaël. Coralie, une de ses amies sur le « chat d’or », dépasse les limites et en subit les tragiques conséquences. Mais refaire, à propos des nouvelles technologies, les erreurs d’antan, est forcément contreproductif. Prendre le prétexte d’une fiction pour délivrer une leçon de morale, caricaturale, qui plus est, ce n’était déjà pas très folichon du temps de Madame Bruno. C’est assez vain, voire irritant, aujourd’hui. D’autant plus irritant que l’on peut soupçonner le texte d’une certaine démagogie. Est-il nécessaire, pour plaire aux lecteurs, d’écrire : « Cette prof est un véritable doigt d’honneur au bonheur? », de propager le poncif de la prof de français qui dégoûte de la littérature et qui empêche d’écrire (1)? Pourtant, ce roman aurait pu être une incitation à l’écriture, grâce à la vocation de son héroïne, qui veut devenir écrivain, et grâce à ses diverses formes de narration, le journal intime de Salomé, les conversations « in real life » entre ados, quelques textos et le chat – écrit « correctement », précise Salomé: oui, mais justement, ce chat paraît très artificiel et ne se distingue guère du journal. L’écriture est uniformément ordinaire (transcrire telle quelle la langue des jeunes, ou du moins, celle qu’on leur attribue, ce n’est pas en rendre compte). Une occasion manquée.

(1) Frank Andriat est pourtant prof de français lui-même et il a écrit plusieurs livres sur son métier, dont Les profs au feu, l’école au milieu.

Le Conte du prince en deux ou l’histoire d’une mémorable fessée

Le Conte du prince en deux ou l’histoire d’une mémorable fessée
Olivier Douzou, Frédérique Bertrand
Le Rouergue, 2014

Pour ou contre la fessée ?

Par Anne-Marie Mercier

conteduprinceendeuxVoilà une histoire en deux moitiés, l’une englobant l’autre et toutes deux tournant autour de la même question : que penser des châtiments corporels infligés aux enfants par leurs parents – et plus précisément de la fessée ?

Le conte inséré répond catégoriquement : un jour un roi fessa si fort son fils qu’il le fendit en deux moitiés, de part et d’autre du sillon fessier. L’une des moitiés, qui se révoltait, fut enfermée dans une tour et l’autre, docile, tint le rôle du prince en tentant de masquer qu’il n’était que la moitié de lui même. On devine tout ce qu’il peut y avoir comme sous-entendus à une situation que le dessin montre de façon littérale, si l’on peut dire cela d’un dessin : les princes sont effectivement comme une pomme coupée en deux.

L’autre histoire est celle d’un débat, qui commence par un micro trottoir dans lequel une mère condamne ces pratiques, disant que « en Suède par exemple… » et se poursuit à l’intérieur de la classe par un échange entre les enfants, puis à la sortie d’école où la même mère se contredit de façon spectaculaire.

On ne copie pasC’est donc bien un album doublement double, porteur d’une certaine ambiguïté pour ne pas dire duplicité. On retrouve donc ici le duo d’auteurs du merveilleux album On ne copie pas, au mieux de sa forme !

Warp : l’assassin malgré lui

WARP, Livre I : L’Assassin malgré lui
Eoin Colfer

Traduit (anglais) par Jean-François Ménard
Gallimard Jeunesse, 2013

Le mystère des Londres

Par Matthieu Freyheit

WARP_1Chevie Savano, jeune agente du FBVI, est envoyée à Londres après avoir fait échouer une mission d’infiltration. Sa nouvelle mission ? Attendre, sans sortir, quelque chose ou quelqu’un qui, prévient-on, ne devrait pas arriver : loin d’être évident pour une jeune fille au tempérament plutôt explosif et à la personnalité piquante.

Riley, miséreux londonien de la fin du XIXe siècle et jeune adolescent, vit au service de son assassin-magicien de maître, l’infâme Garrick, en quête de véritable magie. Leur prochain coup comme mercenaires : un nouvel assassinat, que devra perpétrer Riley pour prouve sa ‘valeur’ auprès du maître. Au moment du meurtre, cependant, le jeune garçon hésite, avant que sa main, forcée, ne s’enfonce. Et que l’imprévu ne s’en mêle, projetant Riley, avec le corps de l’assassiné, dans un futur qui n’est autre que le présent de l’agente Savano.

Dès lors s’engage une longue et haletante (pour les personnages) course-poursuite, semée de meurtres, Chevie et Riley étant amenés à faire alliance contre le terrible magicien à leurs trousses. L’intérêt n’est pas là, mais plutôt dans les allers et retours entre deux époques, et dans l’imagination des possibilités offertes par ces voyages temporels, propres à comparer deux réalités urbaines. Par ailleurs, si le Londres contemporain est somme toute assez peu précisé, Eoin Colfer propose en revanche de restituer un Londres romantique des bas-fonds, fidèle (ou presque…) au portrait qu’en dresse Dominique Kalifa (Les Bas-fonds, 2013).

On se demande, toutefois, si tout le dispositif mis en place est bien utile. Les voyages temporels sont certes l’occasion de rappeler l’idée qu’il n’y a pas d’homme éternel, mais la problématique n’est que très légèrement soulevée. De fait, les situations sont souvent simplifiées par une multiplication d’effets qui agissent comme un semblant de complexité (Garrick fusionne par exemple avec un agent du XXIe siècle et intègre ainsi ses connaissances et compétences, brisant la nécessité de l’adaptation). L’emprunt générique au steampunk, devenu un peu trop globalisant pour fédérer ou générer une idée spécifique, semble donc lui aussi un peu gratuit.

Quant à Riley, sa présence manifeste le désir de l’auteur de proposer/propulser un personnage ‘à la Dickens’, auquel hommage est rendu, et fonctionne également (un peu ?) comme un argument marketing. Mais cela importe peu : on se réjouit, tout se même, d’acquérir un texte qui pourrait, justement, aider à conduire les élèves jusqu’à Oliver Twist. Là réside sans doute l’un des atouts (il y en a d’autres, quand même) du nouveau roman d’Eoin Colfer.

Enfin, le ton prêté à l’agente Chevie Savano restitue la nouvelle esthétique (mode) des héros adolescents à l’insolence mordante. Là encore, Eoin Colfer s’en sort bien, en montrant notamment, quand l’ironie tombe à plat, que l’humour nécessite une forme d’intelligence, et de maturité.

Les affamés

Les affamés (Zombies Panic II)
Kirsty Mc Kay
traduction (anglais) Daniel Lemoine

Seuil, 2013

Une faim de zombies ! 

Par Christine Moulin

Zombies-Panic-tome-2-les-affamésNous avions quitté Bobby, saine et sauve, à la fin du précédent tome. Nous la retrouvons « devant la gueule ouverte de la mort » (première ligne du roman…). C’est dire que le rythme ne faiblit pas, d’un opus à l’autre! Après quelques pages qui pourraient s’intituler « previously on Zombies Panic », nous revoilà tout de suite happés par une action endiablée: les zombies sont là, dans LE décor par excellence des histoires de morts-vivants, l’hôpital désert. Très vite, la petite troupe qui gravite autour de Bobby est (partiellement) reconstituée, augmentée d’un nouveau venu, Russ. Plus encore que dans le tome 1, les événements peuvent alors s’enchaîner et nous obliger à tourner les pages: comme d’habitude, il s’agit à la fois de se protéger des zombies et de sortir du lieu clos qui sert de refuge, ce qui fait dire à Bobby: « Autrefois, je ne réfléchissais pas ainsi, je ne me préoccupais pas des issues, des possibilités de fuite, des armes ou des barricades. Mais, dorénavant, je ne pourrai plus jamais m’en empêcher. Même quand je serai vieille et acariâtre, et que je raconterai tout à mes petits-enfants pour leur faire peur. A supposer que j’arrive à l’âge adulte. ». Manière de dire, mine de rien, que le récit de zombies s’inscrit dans un genre, certes, mais que c’est pour mieux jouer son rôle de récit initiatique et de moteur de l’écriture. Trêve de philosophie: aux monstres se joignent des humains aux intentions meurtrières, ce qui accélère encore le rythme. Tout cela aboutira dans un train, comme dans certains jeux video (Zombie Train, The Walking Dead).
A la fuite s’ajoute une quête, Télémaque-Bobby partant à la recherche de sa mère, dans une sorte de chasse au trésor parsemée de messages secrets dignes du Club des Cinq. Modernité oblige, ces énigmes voyagent par textos, ce qui permet d’ajouter au mystère un grand classique de la culture ado: « Je n’ai plus de batterie »!
Des ressorts inquiétants sauvent toutefois le roman de l’agitation effrénée et vaine : bien sûr, le soupçon généralisé, fondateur du mythe. La question lancinante devant l’autre est: « A-t-il été mordu ou pas? ». Comme le dit Bobby, « [je me demande] pourquoi on passe toujours pour un menteur quand on dit ça »… Dans le même registre, on retrouve la peur de la contamination et de l’Apocalypse, le tout sur fond de théorie du complot.
On pourrait craindre, bien sûr, que cette débauche d’actions ne se fasse parfois au détriment de l’analyse des relations entre les personnages. Mais ce n’est pas vrai de celles entre l’héroïne et sa mère: c’est ainsi qu’est traité un des problèmes brûlants de l’adolescence dans un contexte permettant, pour le moins, la décentration! Littérature-miroir, peut-être, mais déformant! De même, tout en s’efforçant d’échapper à une horde hostile, Bobby prend le temps d’analyser ses sentiments amoureux, dont l’expression est ainsi renouvelée: tout est forcément plus intense que dans une cour de lycée!
Enfin, comme dans le premier livre, l’auteur, qui connaît son zombie sur le bout des canines, joue avec les codes, multiplie les clins d’œil et les allusions aux films, aux jeux video (Resident Evil) ou aux comics (Captain America). Nombreuses aussi les touches d’humour, morbide ou non (les zombies écossais…), en tout cas du plus bel effet, qui font de cette lecture un régal.

 

Les fantastiques livres volants de Morris Lessmore

Les fantastiques livres volants de Morris Lessmore
William Joyce, Joe Bluhm
traduit (anglais) par Alice Boucher
Bayard Jeunesse, 2013

Tendre mise en abyme

Par Christine Moulin

FANTASTIQUES-LIVRES-VOLANTS-DE-MORRIS-LESSMORE-LES_ouvrage_largeLes livres qui veulent assurer la promotion de la lecture sont parfois pesants. Ce n’est pas le cas du magnifique album de William Joyce, qui reprend à son compte (à son conte…) la métaphore du grand livre de la vie. Ainsi commence l’histoire: « Morris Lessmore aimait les mots. Les histoires. Les livres. Page après page, il remplissait scrupuleusement le livre de sa vie ». Malheureusement, une tempête vient tout bouleverser et effacer les efforts de notre écrivain raté. Par la magie d’une rencontre avec une jolie dame mais surtout avec Humpty Dumpty (il est vrai que l’on a souvent l’impression de passer De l’autre côté du miroir), il devient alors soigneur et passeur de livres (bibliothécaire?). Il coule avec eux une existence douce, remplie de tendresse et d’histoires. Nourri de ses lectures, il a repris l’écriture de son propre livre. Mais un jour, il est temps de l’achever… La fin, pleine d’espoir, de lumière, renvoie au livre que nous tenons entre les mains, stricto sensu : mais rien de borgésien dans cette chute. Tout est serein, apaisé.

« Toute histoire compte », dit Morris Lessmore. Celle-ci un peu plus que d’autres…

Pour prolonger la magie des illustrations, à la fois réalistes et poétiques, on peut regarder le film d’animation. Il existe une application, aussi (c’est même elle qui a paradoxalement connu le plus grand succès…)

dossier océan

Dossier océan
Claudine  Aubrun
Rouergue 2014  Coll. Doado noir

   Les secrets  encombrants

Par Maryse Vuillermet

 couv-dossier_ocean-198x300 Brune, adolescente de seize ans, dessine, la plage, les dunes, les paysages de la côte basque. Et pour cela, elle photographie longuement les lieux. Or, ce jour-là, elle a peut-être photographié ce qu’il ne fallait pas.  En effet, à l’endroit où elle se trouvait, un crime a été commis. Il ne manquait plus que cela dans une vie déjà marquée par  bien des malheurs: elle vient de perdre brutalement sa mère qui l’élevait seule. Traumatisée,  désespérée, elle a perdu aussi la parole et a été recueillie par son oncle et sa tante. Mais au lycée, on se moque d’elle, elle est agressive et, jugée asociale, elle risque le renvoi.

Ses photos  stockées dans le dossier océan  de son ordinateur vont donc attiser la curiosité de la police et celle d’un mystérieux agresseur qui tente par deux fois de la tuer. Qui cherche-telle à protéger ? Son oncle  est arrêté immédiatement parce qu’il était lui aussi sur la page et  a parlé avec la victime, et du fait de son passé de terroriste. Que lui cachent les adultes? Qui est son père qu’elle n’a jamais connu? Brune, tout en cherchant à sauver sa peau, reconstitue peu à peu le puzzle et découvre la vérité de ses origines. Et mieux vaut une vérité douloureuse qu’un secret qui contamine toutes les relations humaines.

Le roman est intéressant car,  au-delà de l’intérêt du suspens bien ménagé et de l’enquête policière, se posent dans ce roman, le problème de l’importance toxique des secrets qui empoisonnent les âmes et celui de l’embrigadement des jeunes dans les mouvements terroristes. Est bien développée également la relation à l’art, au dessin, à la représentation artistique. Pour Brune, le dessin est une vocation, une passion  mais aussi un refuge.

À la sieste !

À la sieste !
Iris de Mouy
L’école des loisirs (Loulou et cie), 2013

Pour ne plus compter « bêtement » les moutons

 Par Anne-Marie Mercier

a-la-siesteÀ l’injonction portée par le titre de l’album et énoncée par une petite fille qui ressemble à Mimi Cracra, chaque page – ou double page pour certains – répond par la voix d’un animal, chaque fois différent : « Non. » Et tout cela avec différents arguments très savoureux et adaptés parfois à la forme ou au caractère de l’animal : la girafe se trouve trop grande pour cela, l’éléphant est trop costaud, l’autruche se cache, la hyène ricane… Jusqu’à l’injonction finale donnée par la petite fille… à laquelle tous obéissent, bien évidemment.

Grâce à cet album au format allongé et cartonné, au dessin minimaliste, au lieu de compter les moutons, les petits dormeurs pourront énumérer les animaux et les raisons ; ils pourront en rire, et peut-être fermer un œil, et puis l’autre… A moins qu’ils ne veuillent revoir les illustrations stylisées, tout à la fois sobres et colorées.