Les Mots sont des oiseaux

Les Mots sont des oiseaux
Marie Sellier – Illustrations de Catherine Louis
HongFei éditions 2020

Le merveilleux voyage de Petit Frère

Par Michel Driol

Petit Frère et Grand Frère, main dans la main, traversent la forêt pour aller au bord de la mer rejoindre Shu. Shu et Grand Frère, qui sont amoureux, ne s’occupent plus de Petit Frère, qui s’ennuie. Alors, il écrit sur le sable l’histoire des oiseaux, et rêve qu’il s’envole avec eux…

Cet album parle de solitude et d’imaginaire. Comment lutter contre ce sentiment d’abandon que ressent Petit Frère, mais que ressentent aussi nombre d’enfants quand les parents sont trop occupés pour leur accorder l’attention nécessaire ? Par l’écriture, même si on ne sait pas écrire, et Petit Frère dessine des mots-symboles, presque des idéogrammes. Puis il rêve qu’il voit le monde autrement, de plus haut, et le monde en est transformé. Pirouette finale, il ne livrera pas son rêve à Shu et Grand-Frère : le secret ne sera partagé qu’avec le lecteur. L’album dit cette nécessité d’avoir une vie intérieure riche, un imaginaire nourri par l’observation de la nature environnante, mais aussi de cultiver son jardin secret.

L’écriture de Marie Sellier est poétique, en particulier par l’usage des métaphores et des comparaisons, dès le titre, dès les premières pages, avant même le rêve de Petit Frère : façon de laisser percevoir au lecteur un autre monde perçu par l’enfant, d’introduire à cet autre monde que la poésie donne à voir. Les illustrations de Catherine Louis montrent un univers en noir et blanc, un univers essentiellement naturel, forêt, plage, oiseaux. Une touche de rouge rehausse chaque page (baies, chapeau, chaussures) et n’est pas sans rappeler les sceaux rouges chinois  dont on trouve aussi de avatars dans des rectangles : pieds, personnages.

Un album vraiment emblématique des éditions HongFei. Le mot HongFei 鴻飛 , « Grand oiseau en vol » en chinois, est emprunté à un poème de SU Dongpo (XIe s.) qui compare la vie à un grand oiseau. S’envolant librement à l’est et à l’ouest, l’oiseau survole des montagnes enneigées où il laisse des empreintes sans s’y attacher. (Définition reprise du site de l’éditeur)

Abécédaire des métiers imaginaires

Abécédaire des métiers imaginaires
Anne Monteil
Little Urban 2020

Que veux-tu faire, quand tu seras grand ?

Par Michel Driol

De l’attrapeuse de chat dans la gorge au zoologiste de créatures fantastiques, en passant par le jockey de cheval de manège et l’onduleur de lacets de chaussures, l’album énumère 26 métiers aussi improbables les uns que les autres, mais dont l’utilité sociale ne fait aucun doute : celle d’amuser le lecteur ! Comme pour tout abécédaire, il faut de la rigueur et de la régularité : page de gauche, un court texte décrivant le métier, et une illustration page de droite montrant le professionnel en action.

Qui sont ces professionnels ? Pour l’essentiel des animaux, humanisés, inscrits dans un contexte tantôt urbain, tantôt rural, selon le métier. On croisera ainsi un loup, un bouc, un cerf… Mais on trouve aussi des humains, souvent dans des métiers en relation avec les animaux (réels ou fictifs) : l’attrapeuse de chat dans la gorge, ou la démaquilleuse de pandas. Quant aux activités, nombre d’entre elles sont en relation avec les enfants : nettoyeuse de doudou, barbier de barbe à papa. Beaucoup d’autres sont en relation avec la météo. D’autres enfin s’inscrivent presque dans une perspective étiologique comme la saleuse de mer…

Le recueil relève d’une poésie surréaliste – on songe à la fameuse rencontre fortuite d’un parapluie et d’une machine à coudre. Les textes incitent à rêver, se moquent doucement de nos ennuis récurrents (les chaussettes orphelines), voire de nos contradictions comme le xyloglotte bûcheron qui, après avoir écouté les arbres, est devenu un bûcheron qui les rassure avant de les tuer ! L’humour est omniprésent, tant dans les noms de métiers, qui reprennent souvent des expressions figées pour leur redonner sens, que dans les bons mots ou dans les situations montrées, très colorées, qui regorgent de petits détails croustillants.

On feuillette donc cet ouvrage à la recherche d’un autre mode de vie plein de fantaisie, qui fait apparaitre des emplois et des destins auxquels on n’aurait pas songé. Un ouvrage qui donne à la poésie et à l’imaginaire tous ses droits !

 

 

Monts et merveilles

Monts et Merveilles
Juliette Binet
Rouergue 2019

Recréer le monde ?

Par Michel Driol

Cet album sans texte introduit le lecteur la maison d’un jeune couple. Passe la porte une espèce d’immense paquet rose, informe, qui s’avère être rochers ou montagnes. Puis l’homme et la femme repeignent de bleu les murs gris, gonflent des ballons géants qui deviennent collines vertes. Un rouleau de papier bleu, et voici un ruisseau ou une route. Un autre rideau multicolore en arrière-plan, de paravents sur lesquelles elle cloue des étoiles. Ne reste plus qu’à contempler cet univers, passer la nuit… Et découvrir qu’au matin des plantes poussent, des lapins surgissent dans un nouvel Eden où se promènent l’homme et la femme.

L’album invite à un trajet, à un voyage poétique qui va de l’intérieur de la maison à l’extérieur, par la métamorphose complète de l’univers familier de la maison. De quelle maison s’agit-il ? Celle propre à ce jeune couple, ou notre terre, notre maison commune ? Monts et Merveilles n’enferme pas le lecteur dans une interprétation, mais lui ouvre un univers imaginaire et onirique, où tout peut se transformer, où la volonté d’un jeune couple permet de transformer la grisaille ordinaire pour y faire naitre la vie. Chacun pourra, librement, s’emparer des images, de l’histoire, et construire son interprétation. Interprétation esthétique et littéraire, où l’on voit comment les créateurs se réfugient dans leur œuvre qui les sauve (on songe à Comment Wang-Fô fut sauvé de Marguerite Yourcenar). Interprétation plus métaphysique ou mythologique, avec la création par les hommes du paradis terrestre, le jeune couple figurant Adam et Eve au milieu d’un paysage apaisé et apaisant. Interprétation écologique et politique : en se prenant en mains, on peut faire renaitre la vie là où il n’y avait que sécheresse et grisaille (Et l’on n’est pas très loin de Regain de Giono).

Le lecteur va de surprise en surprise, se questionne, rêve à son tour d’un autre monde possible. Le titre de ce riche album semble comme un écho inversé de la chanson Démons et Merveilles des Visiteurs du Soir. Le jeune couple n’est pas statufié comme dans le film, mais fait battre le cœur du monde.

Le Livre du trésor

Le Livre du trésor
Brunetto Latini, Rébecca Dautremer
Trad. (français du XIIIe s.) de Gabriel Bianciotto
Grasset jeunesse (La collection), 2020

 Livre merveille

Par Anne-Marie Mercier

La collection de Grasset jeunesse qui réédite des textes classiques, justement nommée «La collection» propose de belles surprises, notamment pour cette toute nouvelle année : Le Livre du trésor nous permet d’allier l’ancien et le moderne, avec des extraits d’un texte du XIIIe siècle, publié par Brunetto Latini, un florentin exilé en France. La traduction en français moderne est due  à Gabriel Bianciotto, spécialiste de langue médiévale. Les illustrations sont de la toujours parfaite et toujours nouvelle Rebecca Dautremer, qui a su parfaitement jouer de la contrainte de la collection (une palette limitée à 4 couleurs).
Les merveilles sont le cœur de l’ouvrage : merveilles du vivant (la fourmi, la baleine, le singe, le caméléon, le loup, la cigogne…) mais aussi de ce qui en faisait partie dans la pensée médiévale et est aujourd’hui rangé dans le bestiaire fabuleux (la licorne,  le phénix, le dragon…).
Saviez-vous que le phénix a le corps rose, que la licorne est dangereuse et a des pieds d’éléphant ? mais aussi que la baleine reste immobile assez longtemps pour qu’un banc de sable se forme autour d’elle et que des marins y accostent, croyant trouver une île de terre ferme ? Que les fourmis d’Éthiopie récoltent de l’or, et comment on peut arriver (par la ruse) à le leur subtiliser ?
On ne dira pas toutes les merveilles de ce livre, elles sont nombreuses et les dessins qui les prennent au pied de la lettre (comme on doit lire les textes) sont chacun une œuvre d’art à contempler.

Les Funambules

Les Funambules
Corinne Boutry –Daria Petrilli
Motus 2019

Par-delà le mur…

Par Michel Driol

Swan et Mia habitent dans deux tours. Un matin, un mur se dresse entre leurs deux tours. Alors Swan écrit une lettre en forme d’oiseau qui parvient à passer de l’autre côté, et Mia lui répond. Les deux enfants s’envolent et se retrouvent aux antipodes.  Mais ce n’était qu’un rêve.  Swan une poignée de sable qui dessine un pont par-dessus les barbelés. Et comme deux funambules les deux enfants se lancent sur le pont.

Dans cet album poétique, les deux auteures abordent le thème des murs qui surgissent et séparent, de façon inexplicable, et inexpliquée. Un album tout en finesse, qui montre d’abord la rencontre du regard des deux enfants, l’un contemplant les passants, l’autre le ciel… comme s’il suffisait de changer un peu le point de vue pour se rencontrer. Mais comment relier ce que les hommes, sans aucune raison, ont séparé  pour toujours ? Par le pouvoir des mots, des rêves, de l’imaginaire, en faisant confiance à l’enfance pour transfigurer la réalité.  Un album qui dit l’espoir d’un monde meilleur, où  ceux qui sont séparés pourront se retrouver. Les illustrations de Daria Petrilli s’ancrent à la fois dans un réalisme sordide et anxiogène – le mur lépreux, couronné de barbelé – et entrainent dans un surréalisme à forte connotation poétique – les oiseaux origamis, les enfants qui volent. Les couleurs – plutôt froides et sombres : gris, sépia – disent un monde où même le bleu du ciel n’a rien d’éclatant. En revanche, de magnifiques portraits d’enfants, partagés entre tristesse et joie, proposent leur vision d’un monde qui ne pourra pas toujours être ainsi, et dons lequel les frontières artificielles devront être abolies

Trente ans après la chute du mur de Berlin, de façon métaphorique, l’album parle de ces murs qui se multiplient un peu partout, du sud des Etats-Unis à la frontière entre Israël et la Palestine, de Calais à l’Italie, sans rien nommer, comme pour dire l’absurde de ces situations et la nécessité de l’amour ou de l’amitié. Un album utile pour sensibiliser les enfants au danger du repli sur soi, pour les inviter à se jouer de l’oppression et à vouloir défendre leur liberté de se rencontrer pour communiquer et vivre ensemble.

L’on avait beaucoup apprécié le travail de Daria Petrilli dans l’album Demain les rêves

 

 

Les Oiseaux

Les Oiseaux
Germano Zullo illustré par Albertine
La joie de lire 2010

Ode aux petits détails

Par Michel Driol

Presque un album sans texte tant les illustrations, très souvent en double page, sur un format à l’italienne, disent l’histoire. Celle d’un camionneur qui, dans un désert de dunes,  ouvre la porte de son fourgon d’où sortent et s’envolent des dizaines d’oiseaux de toutes les couleurs. Reste pourtant dans le camion un merle qui refuse de partir, partage le sandwich de l’homme qui lui montre comment voler. Le merle alors rejoint la troupe d’oiseaux, la conduit vers le fourgon qui était reparti, et les oiseaux emmènent dans le ciel l’homme. Ceci peut constituer une première lecture : une histoire d’amitié entre un homme et un oiseau, illustrant le souci à avoir des plus petits et la valeur de la reconnaissance.

Le texte de Germano Zullo, découpé en phrases, présent sous dix-neuf illustrations environ, propose une seconde lecture. Il est question de découvrir dans la routine, la monotonie de la vie, des détails, minuscules, capables de changer notre perception du monde. De la morale, on est passé à la philosophie et à l’attitude à avoir face au monde : l’attention à avoir à l’égard des choses minuscules. On a là comme une mise en abyme et une définition de la poésie, qui donne à voir ce à quoi on ne prêtait pas attention en premier lieu, mais qui ensuite permet de prendre de la hauteur, d’accéder à une autre façon de voir le monde.

Un album très graphique qui parle à tous.

Cet ouvrage fait partie de la sélection du Prix Poésie des Lecteurs Lire et Faire Lire

Hématome(s)

Hématome(s)
Stéphane Bientz
Editions Espaces 34 Théâtre Jeunesse 2018

Bord de mer et griffes de dragon

Par Michel Driol

Trois enfants au bord de la mer. Tom, garçon peureux, dont le père est guetteur sémaphorique. Dilo, fille de pêcheur, énergique et intrépide. Et Ema, presque mutique, la nouvelle venue, dispensée d’éducation physique, qui traine une poupée informe, et dont la mère est actrice de cinéma. Alors que Tom et Dilo habitent sur le continent, Ema habite une ile qu’on ne peut rejoindre à pied qu’à marée basse. Etrange trio, trois solitudes entre la plage et l’école, jusqu’au moment où Ema disparait. Dilo et Tom vont alors sur l’ile, font la connaissance de son père, sympathique orfèvre fumeur de cigarette, qui leur annonce qu’Ema est partie sur un tournage avec sa mère. En plein orage, ils découvrent qu’Ema est sous le pouvoir de son père-dragon et ils vont la libérer.

On a là quelques éléments qui feraient penser au Club des Cinq : le bord de mer, une toponymie et une géographie que ne renierait pas Enid Blyton : l’ile du Creux du Diable, les falaises, les passages  accessibles à marée haute, les caves et souterrains, la fillette intrépide. Mais là s’arrête le parallèle avec le Club des Cinq, car l’imaginaire et la langue de Stéphane Bientz sont bien plus complexes, plus riches et plus inquiétants que ceux d’Enid Blyton. Comment parler au théâtre de la maltraitance  enfantine, des pères abusifs – voire de la pédophilie ? Par les images, et d’abord en montrant Ema, prostrée, attachée à sa poupée et à l’image maternelle, solitaire, enfant dont on perçoit la singularité, mais sans savoir à quoi l’attribuer. Ensuite par le recours au conte et aux images du dragon incarnant le père, dragon qu’il faut terrasser par le pouvoir de la musique afin qu’il ne nuise plus. Et la fin de la pièce entraine dans un univers merveilleux fait d’or et de pierres précieuses, de dragon et de cygne, permettant à Tom de se révéler comme garçon courageux et de rétablir l’harmonie. Tout est alors à réécrire, réinventer, recommencer entre les trois enfants. Et surtout par le recours au récit, qui laisse à chaque spectateur le pouvoir d’imaginer.

Le titre renvoie au corps meurtri et, par homophonie, reprend le nom de deux des personnages, Ema et Tom. Le texte est écrit dans une langue particulièrement travaillée, poétique et inventive, moins dans le lexique que dans la syntaxe : répétitions, énumérations, reprises, ruptures. Par ailleurs, les enfants se disent et se racontent autant qu’ils agissent ce qui contribue à installer l’univers de la parole des enfants comme un univers singulier dans lequel dire compte autant que faire. Il faut nommer et dire les choses pour les maitriser. Et ce n’est pas pour rien que le père d’Emma est nommé le papapa…

Un texte qui montre que grâce à l’imaginaire le théâtre jeunesse peut aborder les problématiques les plus sombres.

Concentre-toi

Concentre-toi
Catherine Grive – Frédérique Bertrand
Rouergue 2018

Etre ou ne pas être… là

Par Michel Driol

La narratrice de l’album expose son problème : il lui est si facile d’être déconcentrée par un oiseau qui passe ou une vache qui meugle, et de devenir l’oiseau ou la vache. Elle est prise dans un mouvement de va et vient entre les injonctions maternelles « Concentre-toi » qui la ramènent ici et le rêve et les distractions qui la font s’envoler dans une autre réalité. « C’est simple, dit la maman. Concentre-toi sur une seule chose à la fois ». Pas si simple, en fait… tant qu’on n’a pas choisi d’être là, maintenant. Mais quel est vraiment la signification de cet ultime choix de la fillette ?

Qui n’a jamais entendu cette injonction ? Qui ne l’a jamais prononcée : parent, enseignant, éducateur, entraineur ? Voilà un album qui illustre la complexité de l’univers enfantin, pris entre le réel et l’imaginaire. Les illustrations de Frédérique Bertrand, tout en douceur, nous introduisent dans un appartement où la mère repasse tandis que la fillette tente de lire. Illustrations à la perspective très enfantine.  Trois pages de zoom progressif sur la fillette, illustrant le « Je me concentre ». Puis l’univers familier se transforme : la table, le canapé, la planche à repasser deviennent des vaches,  la maman un arbre, les chaises forment une échelle pour accéder au ciel. Puis l’univers se brouille, sous l’effet des injonctions maternelles, et devient un mélange d’appartement et de nature, désordonné, ludique, mais aussi plein de taches blanches  et de lacunes. Les dernières pages illustrent une tête géante d’adulte, véritable surmoi, donnant ses instructions à une enfant minuscule, interloquée. Puis on voit la silhouette de la tête de la fillette, tandis qu’elle se multiplie sur l’image, illustrant cette incapacité à être partout à la fois, avant qu’on ne la voie de face, en gros plan, fière de sa résolution, de son choix, personnel et non dicté par l’adulte, d’être là. On pardonnera dans cette chronique la longue description du système des illustrations : mais c’est rendre hommage à l’illustratrice dont le travail tout en finesse rend perceptible et sensible la difficulté qu’éprouve l’enfant de renoncer à ses rêves pour être là.

Face à la dispersion et à l’imaginaire, l’école privilégie la concentration et la raison…  Mais être là, est-ce renoncer à tout ce qui nous entoure ? L’album laisse la question ouverte, et permet donc à chacun d’y répondre, tout en comprenant mieux ce qui se joue dans la tête d’un enfant ouvert au monde, et en dédramatisant pour l’enfant ses difficultés de concentration.

Jouer dehors

Jouer dehors
Laurent Moreau
Hélium, 2018

Par Anne-Marie Mercier

« Allez jouer dehors ! » Injonction récurrente de parents qui en ont assez d’avoir les enfants dans la maison qui s’agitent, ou qui désapprouvent leurs activités sédentaires ? La mère présentée ici apporte des précisions, comme un programme : dehors on peut faire des choses utiles (un peu de jardinage par exemple…), jouer, cueillir des fleurs, observer les animaux, imaginer un voyage…

Mais voilà que les propositions sont détournées : c’est le chat et non les fraisiers qu’on arrose, les fleurs sont effeuillées sitôt cueillies et enfin, le voyage n’est pas qu’imaginaire : les deux enfants (un garçon et une fille) parcourent le monde en suivant la rivière : les paysages changent, la prairie fait place à la forêt tropicale, puis à la banquise, et quand les enfants rentrent ils ne sont pas seuls… Graphisme charmant, belle impression à l’ancienne créant des transparences et des effets de profondeur, c’est joyeux comme un été.

Tor et les gnomes

Tor et les gnomes
Thomas Lavachery
L’école des loisirs, 2015

Eloge de la compassion

Par Anne-Marie Mercier

Tor de Borgcouvmouchegabaritisvik est un enfant sensible, qui aime bien son père et son oncle, mais est capable de penser qu’ils peuvent avoir tort. Il va à la pêche avec eux, et si ça ne mord pas, c’est forcément la faute d’un farfajoll que père et oncle piègent et exposent moribond sur la place du village. On devine la suite : Tor le sauve, et est récompensé par la suite de cette bonne ( ?) action.

Certes, cela n’a rien d’original, à part le cadre nordique et la description du farfajoll, être délicat et étrange. Mais on ne se lasse pas de ces histoires d’alliance entre l’enfance et le bizarre, le petit, l’improductif.

Enfin, les dessins de Thomas Lavachery qui propose toute une encyclopédie d’êtres formant le « petit peuple » ont bien du charme.