Le Brasier

Le Brasier
Florence Hinckel
L’école des loisirs (Médium), 2025

Les Cygnes sauvages, la véritable histoire

Par Anne-Marie Mercier

« Mes histoires racontent le réel […]. Et le merveilleux, il existait » (Hilde, conteuse)

De toutes les méchantes des contes, celle des « Cygnes sauvages » d’Andersen semble l’une des pires. Pourtant, Florence Hinckel n’a aucun mal à nous persuader que cela vient d’un malentendu.
Dans un premier temps, la narration épouse tantôt le point de vue de Brunehaut, future marâtre de l’histoire, pas encore sorcière ; c’est celui d’une jeune fille que le roi son père donne à un autre roi, vieux, violent et répugnant. Ce point de vue alterne avec celui de lafille de ce roi, Elisa (l’héroïne du conte d’Andersen) qui voyant arriver la belle Brunehaut, sa future belle-mère, l’admire et est prête à l’aimer. Quelques temps après, tandis qu’Elisa se désespère de voir son enfance s’enfuir, et avec elle la belle union qu’elle avait avec ses frères, Brunehaut mariée soufre. Le roman, sans être parfaitement explicite, montre l’angoisse d’une jeune femme violentée et maltraitée nuit après nuit. Sa rage développe des pouvoirs de sorcellerie qui lui permettront entre autres de métamorphoser des êtres vivants. Ainsi, la figure de la sorcière, incarnation de la rage des femmes révoltée, est ici parfaitement développée. On la voit menacée de toute parts, de plus en plus seule tandis que son pouvoir grandit.
Malgré cette rage, les raisons qui lui font transformer les princes en cygnes et qui la poussent à défigurer Elisa ne sont pas celles du conte mais sont des actes d’amour et de protection. En revanche, c’est la figure paternelle qui est abimée : le roi excite ses fils contre ses voisins pour les envoyer à la guerre et étendre son royaume. Il se peut aussi qu’il ait besoin de les éloigner pour un autre dessein : la beauté d’Elisa et la froideur de sa nouvelle épouse lui donnent des idées incestueuses. Grâce à la reine sorcière, l’histoire peut bifurquer et c’est par elle que l’inceste et les meurtres sont évités.
Mais Florence Hinckel sait bien qu’on ne peut pas trafiquer les histoires des autres si facilement, comme le font pourtant de nombreux « réécrivains » qui inventent d’autres fins, changent les motifs et les personnages et font que les contes, asphyxiés par de nombreuses versions, n’ont plus aucune vitalité ni crédibilité. Elle a eu l’idée géniale, dans la deuxième partie de son histoire, de revenir à la source : non plus le texte d’Andersen, mais l’histoire « vraie » qu’il aurait recueillie d’une conteuse, Hilde.
Au début, Hilde refuse de raconter au personnage nommé Hans (figure de l’auteur du conte donc) une histoire qu’elle déclare vraie, de peur qu’il la déforme :

« Vous allez tout ben retranscrire comme il faut ? Vraiment ? Vous allez parler de sexe et de cannibalisme ? […] Des viols et des massacres∞ […] Faut parler de la réalité, mon bon Monsieur. Même aux enfants faut leur dire, tout ça que j’ai dans la tête. »

Hans devient l’un des personnages du récit et prend lui aussi la parole. On découvre quelques épisodes de sa vie et surtout les moments où la reine sorcière vient le hanter pour l’obliger à écrire l’histoire comme il le faut et pour changer le destin de la reine, celui d’Elisa et celui de ses frères. Mais il résiste: son univers, ses lecteurs, la censure… Tout le bride et le pousse à écrire un texte conventionnel, celui que l’on connait.
Le désarroi de Brunehaut, les souffrances d’Elisa, les ambiguïtés du prince censé l’épouser à la fin, les naïvetés de l’ami de cœur de la princesse, les hésitations de Hans, tout cela forme une bigarrure qui prend forme à la fin pour construire un nouveau monde possible où les enfants et les femmes seraient respectés. C’est superbement écrit, et l’auteur manie les niveaux de réalités (ou plutôt de fiction) avec brio, tout en rendant ses personnages (y compris Hans Andersen) extrêmement attachants.
Magnifique!

Celle qui reste, L’Été de la reine bleue, Le Roi des sylphes

Celle qui reste
Rachel Corenblit, Régis Lejonc
Nathan (Court toujours), 2024

L’Été de la reine bleue
Estelle Faye
Nathan (Court toujours), 2024

Le Roi des sylphes
David Bry
Nathan (Court toujours), 2023

Une belle collec’

par Anne-Marie Mercier

Je découvre la collection de romans chez Nathan, «Court toujours», au titre intriguant. Oui, c’est court (pour celui-ci, il est écrit qu’il se lit en moins d’une heure et c’est exact). C’est joli, aussi, avec un format original, allongé, un graphisme travaillé, une esthétique inspirée par le style art nouveau de Charles Rennie Mackintosh (1868-1928) dont s’inspirent les belles couvertures de la série Blackwater de Michael McDowell, chez Monsieur Toussaint Louverture. Quant au contenu, la collection rassemble des auteurs bien connus de la littérature pour adolescent allant du réalisme à la SF dystopique (F. Hinckel, C. Roumiguière, C. Ytak, S. Servant, J. Witek, S. Vidal, T. Scotto, M. Causse, F. Colin, etc. On dirait que Nathan a passé commande à presque tout le monde). Les textes sont tous accompagnés d’une version audio accessible avec un QR code et certains sont aussi en version numérique

Celle qui reste est tiré de l’histoire d’Antigone. Celle-ci est la narratrice, et elle est « celle qui reste » et qui fait face. Elle commence à raconter ce qu’elle a entendu et vu depuis le moment où son père, Œdipe s’est aveuglé jusqu’au moment où elle part avec lui dans son errance en acceptant son destin. Le récit est sobre malgré l’horreur des faits. Chaque « acte » est une pierre de plus dans la dévastation d’une famille. Elle raconte comment elle a découvert son père ensanglanté, et comment celui-ci lui a expliqué son geste . Un autre acte la montre découvrant le corps de sa mère, pendue, un autre lui fait voir la brutalité et l’ambition de ses frères qui causeront ainsi indirectement sa propre mort dans un temps hors du récit, un autre l’oppose à Ismène sa sœur qui ne sait que sangloter. Le dernier est un temps de dévoilement de qui elle est, de ce qu’elle veut être. Après avoir été perdue dans la révélation de son origine, née d’un inceste, elle s’affirme dans sa vérité, se révoltant contre les dieux, « ces déments qui pensent que la vie n’est qu’une tragédie ».
La dignité d’Antigone et celle de son récit trouvent un écho parfait dans les beaux dessins de Régis Lejonc qui tracent des décors et des silhouettes en lignes épurées, comme dans les vases grecs peints,  et les rehaussent avec une palette réduite de blanc, noir et rouge.

 

L’été de la reine bleue se déroule dans un futur peu éloigné dans lequel les conditions de vie en Ile-de-France sont devenues difficiles : le niveau de la mer a englouti les zones côtières (et sans doute la Bretagne et les îles britanniques), les plus fortunés vivent à Paris, sous une coupole transparente qui les protège de la pollution, les autres sont relégués en périphérie, et sont très exposés au contraire ; les enfants souffrant de problèmes pulmonaires sont soit sont soit équipés d’implants, que l’on commence à expérimenter avec des succès variables, soit envoyés en centre de cure à la campagne. C’est ce qui arrive à la narratrice, désespérée d’avoir dû se séparer de son amie Chloé. Elle raconte, et en même temps elle écrit à Chloé, sur son téléphone, de longs messages qui ont du mal à partir, le réseau étant mauvais.
Dans un premier temps, portés par l’écriture fiévreuse de celle dont on ne connait pas le nom, ce qu’on lit est proche des récits d’enfants envoyés au loin en pensionnat : déchirure de l’éloignement, découverte des lieux, brimades, intervention d’une personne providentielle… C’est une fille, Jill, qui la sauve. Elle a son mystère, on la traite de monstre : elle a fait partie des premiers sur lesquels les fameux implants ont été installés. La suite est surprenante et belle, portée par la générosité de Jill et les choix de la narratrice. Nous allons de surprise en surprise, je n’en dirai pas plus.
En peu de pages l’autrice a pu installer un monde dystopique, une micro-société, des liens qui se défont dans le deuil et d’autres qui naissent, et presque un espoir de futurs possibles. La densité du récit n’empêche pas les moments méditatifs, comme les temps de plaisir face à l’océan que la jeune fille découvre, si proche enfin.

Le Roi des sylphes se situe dans le genre de la fantasy, par ses personnages. Il comporte le même nombre de pages mais est beaucoup plus léger – l’auteur abuse des alinéas, ceci explique en partie cela. L’intrigue est simple : la reine des sylphes veut que son fils, adolescent passe son initiation pour abandonner sa part humaine et se préparer à lui succéder. Le garçon ne veut pas, il est amoureux d’une humaine et pour vivre la vie qu’il souhaite il participe au complot qui va causer la fin de son peuple. Peu de surprises, peu d’épaisseur des personnages, on a du mal à s’intéresser à l’adolescent boudeur qui n’a rien compris, les couples peinent à exister, autant celui des deux jeunes gens que celui de la reine et de son ex amante, comme les personnages secondaires. L’ensemble est bien léger, à l’image du vent qui balaie tout dans le monde des sylphes, mais la couverture est superbe.

 

Le Loup

Le Loup
Mai Lan Chapiron
La Martinière Jeunesse 2021

Pour briser le tabou de l’inceste

Par Michel Driol

Miette habite dans une maison heureuse, avec sa famille. Mais dans cette maison, il y a un loup, dont elle seule peut voir les oreilles et la queue, un loup qui force Miette à le caresser, qui veut la caresser, tout en prétendant que c’est un jeu. Comment trouver la force de dire non ? A qui parler de cette vie de plus en plus gâchée ? Heureusement, à l’école, il y a une grande personne qui écoute Miette et fait ce qu’il faut pour lui rendre le sourire.

Voilà un album à la fois courageux et utile. Courageux, car le sujet de l’inceste n’est pas de ceux qui sont faciles à aborder avec les enfants. Utile, car il présente les choses à hauteur d’enfant, avec des mots d’enfant qui a peur, se questionne, doute, au plus près de son vécu, de ses pensées, de ses sentiments. Ce n’est pas pour rien que Miette porte ce prénom : il lui faut se reconstruire. Par ailleurs, en passant par une métaphore filée, celle du loup, l’album met en avant le caractère animal, non humain, de l’agresseur, explicitant ainsi ce qu’il y a de sauvage dans l’inceste, et plaidant à la fin pour une humanité protectrice, vivant à l’abri dans sa maison, loin de la forêt qui devrait rester le lieu de l’imaginaire des contes. Il sait en dire juste assez pour qu’on comprenne ce dont il est question, mais laisse aussi les lecteurs faire leur part du chemin avec subtilité. Les aquarelles de l’autrice, aux couleurs tendres, illustrent bien les différentes phases par lesquelles passe l’enfant, montrent l’omniprésence du loup, derrière une fenêtre,  derrière une porte, comme une menace et un obsession renforçant l’inquiétude de l’enfant.

L’album est complété par quelques propositions de discussion, afin de mettre en relation ce qu’on a lu avec ce qu’on pense, ou ce qu’on vit, pour aider les enfants de leurs ressources et des adultes en qui ils ont confiance. Il se clôt par un cahier d’accompagnement, à destination des adultes, proposé par Coralie Diere, psychologue clinicienne, proposant aux adultes des pistes et des attitudes pour susciter et recueillir la parole de l’enfant. De façon plus large, enfin, une chanson de Mai Lan et un site internet compètent cet ambitieux projet de libération de la parole au sujet de l’inceste : https://www.leloup.org/

Sans doute véritable livre de prévention de de dépistage à l’usage des enfants et des adultes, Le Loup n’est en rien un livre médicament, mais un ouvrage dont l’écriture, les dessins, le point de conduisent les enfants à mieux comprendre que leur corps est à eux.

Maman les p’tits bateaux

Maman les p’tits bateaux
Claire Mazard
Le muscadier – Collection rester vivant 2020

Qui ne sait que ces loups doucereux de tous les loups sont les plus dangereux ?

Par Michel Driol

Maman les p’tits bateaux, une chanson enfantine dans laquelle Marie-Bénédicte, à 12 ans, se réfugie pour avoir moins mal, pour ne pas penser. Depuis plus de 6 mois, son oncle la rejoint tous les mercredis pour abuser d’elle sexuellement. Et lorsque ses parents lui offrent un ordinateur, ce dernier devient le confident à qui elle se livre.

Claire Mazard a choisi de traiter le sujet en laissant parler son héroïne. Récit à la première personne, qui permet au lecteur de mieux comprendre les affres, la douleur, le dégout de soi que ressent l’enfant, abusée sexuellement, par un membre de la famille, un oncle adoré de tous. Elle montre bien à quel point culpabilité et silence vont de pair. Comment cette souffrance entraine une dégradation des résultats scolaires, des relations familiales, la mutilation (ici l’héroïne se fait raser les cheveux pour être moins belle), sans que ces signes ne soient perçus par les enseignants, les parents, l’entourage  pour ce qu’ils sont, tant il est simple de se dire que c’est la crise de l’adolescence… Et pourtant, nombreux sont ceux qui tentent de comprendre, mais l’héroïne est trop emmurée dans sa culpabilité, la peur aussi de détruire cet oncle et les relations de sa mère avec son frère, qu’elle ne peut rien dire. Même lorsque l’enseignante de français invite une auteure qui a écrit sur le sujet.  Pourtant, tous ces petits riens, ces attitudes permettront à l’enfant d’oser parler, ou plutôt écrire. La médiation de l’écriture devient pour Marie-Bénédicte le moyen de se raconter, et constituant ainsi l’élément déclencheur qui permettra de retrouver un nouvel équilibre. Cet équilibre qui passe par un changement de prénom et par une volonté de venir à son tour écrivaine. C’est, pour l’auteur, une façon de poser la nécessité de l’écrit et de la littérature qui, à la différence de l’oral, permet la mise en distance, permet de nommer les choses, permet l’empathie avec des personnages de papier qui révèlent que l’on n’est pas seul au monde.

Voilà un court livre qui se lira sans doute d’une traite comme un témoignage implacable sur l’inceste, un livre dont l’écriture est au diapason de la souffrance de l’héroïne : phrases courtes, souvent sans verbes, constituant parfois à elles seules un paragraphe, phrases coup de poing que le lecteur reçoit, comme des uppercuts. C’est une façon de dire la colère (dans les phrases exclamatives), la sensation brute qui envahit l’héroïne et l’emmure dans une révolte qui la laisse quelque part avec une voix qui ne parvient pas sortir d’elle. Il faut aussi souligner la construction du livre, qui quelque part se met en abyme avec les ouvrages de l’auteure invitée en classe et qui, par les retours en arrière, montre à quel point il est impossible de sortir du passé qui revient sans cesse,

Un court roman, qui aborde sans détours un sujet difficile, mais avec beaucoup de sensibilité et de pudeur, dans une écriture travaillée : un vrai objet de littérature de jeunesse contemporaine comme on les aime.

Petite Fille dans le noir

Petite Fille dans le noir
Suzanne Lebeau

Théâtrales jeunesse

Vivre malgré la noirceur

Par Anne-Marie Mercier

A son ami Gabriel qui lui demande au téléphone après plusieurs rendez-vous manqués « je ne suis pas un ogre […] pourquoi tu veux te sauver, Marie ? » elle répond « parce que j’ai trop de souvenirs pour être une agréable compagnie ».

Le spectateur découvre petit à petit quels sont ces cauchemars qui empêchent Marie de vivre, en voyant tantôt la fillette de 8 ans, heureuse entre une mère aimante et un père très, trop aimant, la Marie de 15 ans qui tente de se rebeller contre le père-amant, et celle de 35 ans qui n’arrive pas à nouer une relation avec un homme.

Avec beaucoup de pudeur, un inceste est  évoqué sous toutes ses couleurs : amour tendre, dévorant, destructeur du père, incompréhension et terreur de la fille. La révélation se fait peu à peu et on est à la fois au côté de Marie et, lorsqu’elle est au téléphone, du côté de ses amis de bon conseil incapables de l’aider. Lumières et ombres alternent jusqu’à un happy end possible, mais incertain, quand Marie l’adulte parle à Marie adolescente de l’impossibilité d’oublier et de son désir de vivre malgré tout. L’écriture de Suzanne Lebeau est comme toujours, simple et bouleversante.

Les Cinq Bonheurs de la chauve-souris

Les Cinq Bonheurs de la chauve-souris
Jean-François Chabas

L’école des loisirs (medium), 2010

Les jeunes filles et la rivière

Par Anne-Marie Mercier

Les Cinq Bonheurs de la chauve-souris.gifIl pourrait (aurait pu ?) s’agir du chef-d’œuvre de Jean-François Chabas.

Prix Rhône Alpes 2010 du livre pour la jeunesse, il avait signé avec Les Lionnes un livre parfait. Si celui-ci ne l’est peut-être pas, il demeure exceptionnel, tant la force des évocations, la limpidité de l’écriture, le mystère et la charge d’implicite font de ce livre un roman superbe.

Le drame qui a poussé deux sœurs de 14 et 17 ans à fuir et à se réfugier dans une cabane sur pilotis au bord de l’eau n’est pas dit d’emblée et il est longtemps tenu caché. Le mode de révélation du mystère est pour moi le seul défaut de ce livre, qui dévoile trop là où le lecteur adulte avait fort bien deviné et où le lecteur adolescent avait pu supposer – ou non, selon l’affutage de son regard sur le monde. Ce point aveugle et le passé qui l’entoure ressurgit par à-coups dans la narration, sans prévenir. Il se présente par éclairs, en fragments, comme un cadavre qui flotterait entre deux eaux. L’image qui vient, c’est celle du corps de la mère assassinée dans La Nuit du chasseur, film qui n’en finit pas d’inspirer la littérature pour adolescents (Jusqu’au bout de la peur de Moka ou, plus récemment, La Voix du couteau, premier volume du superbe et terrible Chaos en marche de Patrick Ness). Deux enfants sont poursuivis par un (ou des) adulte(s) et leur refuge est la rivière.

L’histoire importe pourtant peu, malgré sa charge de terreur et de réel social. Le livre baigne dans l’atmosphère de la rivière en hiver : la pêche, la sensation des lignes dans la main, le bruit du gel et des pas dans la neige, les odeurs d’humidité et de feu de bois. La vie quotidienne de ces robinsonnes n’a pas grand chose d’heureux malgré des dialogues fantaisistes et légers et des rapports de complicité et d’amour entre les sœurs. C’est de la vie difficile pour échapper au pire. La plus jeune semble souvent au bord de la folie, l’aînée est épuisée et plus menacée encore.

Au moment où tout semble se resserrer sur elles, le monde s’ouvre autant à un nouveau mystère qu’à l’espoir : un personnage étrange, un château dans un paysage de déjà-vu (allusion au Pays où l’on n’arrive jamais ?), et les cinq bonheurs, dont l’un au moins est à leur portée. Quant à la suite, rien n’est dit. Le texte s’achève sur une accumulation de mystères successifs, le seul dénouement est celui de la fin de l’angoisse et du début de la confiance et de la merveille.

Quant à la chauve-souris, ne la cherchez pas, elle s’est envolée.