Mais où sont Yaya et Boo ? Sur la route !
Andrew Knapp
Les Grandes Personnes, 2025
Chacun cherche son chien
Par Lidia Filippini
À la fois imagier et Cherche et Trouve, ce petit livre lumineux et coloré est un condensé de bonne humeur. Cartonné, avec des coins arrondis, il est parfait pour les petites mains des plus jeunes. Le format carré met en valeur l’aspect graphique du livre. Sur les pages de gauche la partie haute laisse apparaître deux portraits représentant Yaya d’un côté et Boo de l’autre. Les chiens sont photographiés d’en haut ce qui les rend comiques (on ne voit pas leurs pattes et ils semblent tout écrasés). Leurs yeux, plantés dans ceux du photographe, le sont du même coup dans ceux du lecteur qui se retrouve immédiatement attachés à eux et n’a qu’une envie, les chercher sur la page de droite ! La partie inférieure de la page est partagée en trois cases avec, dans chacune, la photographie d’un objet dissimulé lui aussi dans l’image de droite.
C’est à droite que l’on peut suivre les deux petits chiens sur la route. Cachés dans un avion, dans la cabine d’un camion de pompiers, sur le porte-bagage d’un vélo ou à bord d’une vieille jeep, les deux toutous semblent prêts tout pour embarquer clandestinement vers l’aventure.
Andrew Knapp, l’auteur canadien, est aussi designer et photographe. Dans la série Mais où est Momo ?, qui a connu un grand succès outre-Atlantique, il mettait en scène son border-collie aujourd’hui décédé. Ce sont désormais Yaya et Boo qui l’accompagnent dans ses voyages et qui sont devenus ses nouveaux héros. Après avoir fermé le livre, on peut prendre des nouvelles des deux chiens grâce au site Instagram de l’auteur qui est suivi par 596 000 personnes.
L’idée d’un imagier avec des détails à retrouver sur la page de droite n’est sans doute pas nouvelle mais cet exemple est particulièrement réussi. La composition est soignée et répétée tout au long du livre garantissant un sentiment de sécurité chez le lecteur enfant. Cette idée de répétition rassurante est également présente dans le motif de la couleur jaune qui fait le lien entre les photographies, apportant un côté joyeux à l’ensemble. Les photos sont faciles à lire pour les plus jeunes : les objets à retrouver sont représentés dans des cases distinctes, dans un décor simple sans rien d’autre autour. Enfin l’auteur réussit, avec seulement quelques images et quelques mots (les noms des chiens et des objets cachés) à faire passer une bonne dose d’humour.







Couleurs à sensation est un petit livre intégralement dédié à l’image et aux « cinq sens ». Il est, d’abord, tout couleur, avec un bonheur puissamment contrasté de double page en double page. On s’aperçoit ensuite qu’il est tout jeu abstrait de formes et de structures : les couleurs si proches, et mêmes communes, de la barbe à papa ( ?) et de l’éponge ( ??) ou de la mie de pain ( ???) dessinent pourtant des univers d’une absorbante différence. De l’équation des couleurs et des formes résulte de façon directe l’évocation du goût et du toucher, et parfois de l’odeur. Tentons de dire la dynamique, et certes non la fin de ce voyage d’exploration photographique : il apparait enfin aussi que c’est tout simplement, tous yeux et peau dehors, de lumières que nous entretiennent ces images.
Pour grandir, il faut est de ces entreprises qui prétendent – et démontrent – que la photographie noir et blanc a une vocation sans égale à rendre compte de la situation de l’humain entre le commun et le particulier, le collectif et l’individuel. Les images s’y insèrent dans une lignée artistique associable au nom de Doisneau. Mais (car il y a sans doute un « mais » concernant cette référence très partagée et sa fraîcheur parfois perdue) leur association avec un texte aussi choisi que laconique donne à l’ensemble un statut comme réinventé de poème et de récit.