Un trou dans le tout

Un trou dans le tout
Eleonora Marton  traduit par Laure Meier
Helvetiq 2025

Tentative d’épuisement d’une forme circulaire

Par Michel Driol

On commence avec une tache de rousseur sur la joue, on passe par le dernier biscuit sur l’assiette, le soleil à travers mes lunettes de star, et on termine avec un rond invisible sur la page. Toutes les pages sont identiques, à quelques détails près. La taille du rond, de plus en plus grand, les couleurs, avec l’inversion des couleurs entre le rond et le fond de page entre la page de droite et la page de gauche, et la légende qui renvoie à des choses le plus souvent très concrètes.

Cet album, à la fois très conceptuel et très graphique est aussi très poétique, dans la mesure où il invite le lecteur à voir, à regarder objets qui ont tous en commun d’être circulaires. Pas des trous, non, contrairement à ce qu’annonce le titre, mais des choses tantôt plates, tantôt sphériques, parfois plus complexes. Les légendes des pages de gauche et de droite établissent des connexions parfois évidentes, parfois plus subtiles, rapprochant ainsi, à la manière des surréalistes, des éléments bien éloignés. Si on passe du plus petit au plus grand, on passe aussi du visible à l’invisible, du bon côté à l’autre côté. Tout se passe comme si les choses évoquées disparaissaient à la fin, devenaient invisibles, sombraient dans le grand trou, une fois le livre fermé. Parfois ne restent que des traces, comme celle de l’horloge enlevée du mur, un détail oublié. Ces trous deviennent aussi trous de mémoire, souvenirs, rêves, prenant ainsi une autre dimension, plus humaine, éléments d’un échange entre un « je » et un « tu » dont on ne pourra jamais cerner les contours. Des souvenirs, pensera-t-on…

Comme de nombreux albums contemporains, on a une proposition qui se situe  entre l’album pour enfant et le livre d’artiste, entre le jeu de devinette et le jeu littéraire, pour inviter petits et grands à s’émerveiller, rêver, parcourir et découvrir un monde à la fois concret et abstrait.

Le Serment des sœurs Fossil

Le Serment des sœurs Fossil
Noel Streatfeld
Traduit (anglais) par Jacques Martien
Novel, 2025

Fillettes en scène

Par Anne-Marie Mercier

Fausse fratrie, nom inventé, tout repose sur la fantaisie de Gom (pour Grand Oncle Matthew). Cet anglais excentrique et collectionneur ramenait dans sa grande demeure londonienne des fossiles et parfois des bébés, recueillis dans différentes circonstances. Il y en a trois: d’abord Pauline, puis Petrova et enfin Posy. Elles grandissent tranquilles et heureuses avec Sylvia la (vraie) nièce de Gom et Nana la gouvernante, dans une grande et belle maison, jusqu’au jour où, une absence de Gom se prolongeant, le souci d’argent modifie leur vie.
Pour recevoir une éducation et pouvoir travailler à partir de l’âge de 12 ans, elles intègrent une école où elles apprennent à la fois la danse et le théâtre. Quant à Sylvia, elle prend des pensionnaires pour faire durer le pécule laissé par Gom en attendant son retour.
Bataillant pour arriver à se distinguer, les sœurs font le serment qu’un jour leur nom sera célèbre. Si Pauline, dès ses douze ans, excelle vite sur la scène du théâtre puis plus tard au cinéma, et si Posy a un talent de danseuse exceptionnel, Petrova se cherche… Il faut dire qu’elle ne s’intéresse qu’aux voitures et à la mécanique, aidée par l’un des locataires, alors que les enseignants qui occupent les autres chambres louées les aident à compléter leur éducation.
Chacune a son caractère. Elles se heurtent, s’impatientent, se jalousent, mais elles ont bon cœur et, grâce aux conseils judicieux de leur entourage, elles arrivent à rester unies. Les ruses pour masquer leur pauvreté et pour avoir une robe correcte pour une audition sont touchants, comme et leurs scrupules et leur souci d’aider leur petite communauté. Heureusement, quelques moments comiques évitent que toute l’histoire ne tombe dans la mièvrerie, mais surtout la description des efforts nécessaires aux danseuses et actrices de théâtre ou de cinéma sont d’un réalisme intéressant.

Publié en 1936 sous le titre Ballet Shoes, ce roman qui a connu un grand succès en Angleterre mais n’était jusqu’ici pas traduit en France peut être considéré comme l’ancêtre des séries d’histoires de ballerines destinées aux filles (la collection « danse ! » ou le feuilleton de l’ Âge Heureux).

Le Cadeau de Minuit

Le Cadeau de Minuit
Hong Soon-mi
L’élan vert 2025

Des couleurs et des ombres…

Par Michel Driol

Ils sont cinq lapinous, Aurore, Matin, Midi, Soir et Minuit, fils de Jour et Nuit, petits fils de grand-mère Temps. Cette dernière offre à chacun d’eaux un cadeau : bleu pâle pour Aurore, bleu  pour Matin, jaune pour Midi, rose, orange et rouge pour Soir, mais, dans le noir de la nuit, Minuit ne voit rien, et pleure. Pourtant grand-mère Temps veille sur lui, et invite ses frères et sœurs à lui offrir quelque chose. Nuage de brume, brise, confettis de soleil, couleurs du ciel. Et Minuit de tendre à chacun un petit bout de lui-même pour faire naitre les ombres…

Voici la réédition d’un album paru en 2020, un album plein de douceur et de poésie. Douceur et poésie des illustrations, pleines de la sérénité de la nature à différents moments de la journée, habitée par cette fratrie de lapins représentés de façon si touchante… Des petits lapins que l’on voit côtoyer d’autres animaux, poissons, oiseaux, papillons, écureuils… autant de vie et de couleurs qui s’opposent à la nuit noire de Minuit  juste peuplée d’une lune et d’étoiles qui sont plutôt ses larmes… Douceur des lapins, des nuages,  des formes diverses représentées de façon duveteuse, cotonneuse, comme de gigantesques doudous moelleux…

C’est dans cet univers que le texte dépoile une mythologie bien loin d’un Chonos dévorant ses propres enfants. Dans cette cosmogonie, on en laisse personne de côté, et les plus anciens veillent sur les plus jeunes, afin de s’assurer une parfaite égalité des dons reçus. Dans ce conte en randonnée, il est question de la beauté originale de chacun des instants de la journée, pleine de sensibilité, de vie, avec sa couleur propre. Et, dans ce jeu, si les lapins de jour apportent à Minuit de quoi rêver, lui leur offre les ombres, comme une façon de donner de l’épaisseur aux choses. De cet échange nait un univers plus complet, les rêves étant le lieu de toutes les couleurs, façon de dire le pouvoir de l’imagination, de la poésie et de la création.

Un album poétique et philosophique à destination des plus jeunes, les invitant à profiter pleinement de chaque moment de la journée, et à prendre soin les uns des autres, au delà des différences.

Tous des patates. Apprends à dessiner trois millions d’animaux à partir d’une simple patate

Tous des patates. Apprends à dessiner trois millions d’animaux à partir d’une simple patate
Mathias Friman

Seuil Jeunesse, 2025

Patates pour tous

Par Lidia Filippini

Mathias Friman part d’un constat simple : tous les animaux peuvent être dessinés à partir de l’esquisse d’une simple patate (mais pas le tubercule, précise-t-il, plutôt une forme ovoïdale qui peut être plus ou moins grande et plus ou moins allongée). Cette patate constitue le corps. Reste ensuite à ajouter une tête (une petite patate) et un cou pour maintenir ensemble les deux éléments, puis des pattes, une queue et, parfois, un bec, des cornes, des ailes ou des nageoires. Avec cette technique, l’auteur propose une cinquantaine de modèles et leurs déclinaisons qui permettent au final de dessiner facilement tous les animaux du monde.
Tous des patates pourrait n’être qu’un simple manuel de dessin mais Mathias Friman en profite pour entraîner ses lecteurs vers la découverte de la classification des espèces animales, insistant sur les spécificités de chacune d’elles de manière simple et très claire (« Pour résumer : de l’eau + des branchies + des nageoires = un poisson »). Le livre suit le tableau de « Classification simplifiée des patates » qui apparaît en fin d’ouvrage et constitue une sorte de sommaire. On y trouve cinq grands groupes d’animaux : les vertébrés, les mollusques, les cnidaires, les arthropodes et les annélides (qui ne sont pas des patates, mais des saucisses) avec leurs principales subdivisions. D’un point de vue scientifique, cette classification est quelque peu contestable, notamment parce qu’elle omet le groupe des échinodermes (étoiles de mer, oursins entre autres) qui est important puisque, porteurs d’un squelette interne, ces animaux sont considérés comme proches des vertébrés. Cette absence ne s’explique pas et semble peu justifiable dans un livre que la quatrième de couverture présente comme « un manuel zoologique ».
Quelques approximations scientifiques, donc, qu’il faut garder en tête, mais cela ne nous a pas empêchée de prendre beaucoup de plaisir à lire cet album-documentaire-manuel original. Les illustrations sont drôles et colorées. Elles donnent envie de tenter la méthode des patates et il faut bien dire que celle-ci s’avère particulièrement bien pensée pour dessiner toutes sortes d’animaux.

 

Polaire le petit renard de feu

Polaire le petit renard de feu
Mathilde Joly
Saltimbanque 2025

Un périple vers l’Arctique

Par Michel Driol

Polaire, un petit renard blanc, s’enfuit du zoo où il est enfermé, pour retrouver son milieu naturel. En chemin, il rencontre un renard roux, qui lui indique qu’il doit continuer sa route vers le nord, comme les oies sauvages qui passent. Après avoir échappé à un chasseur, il retrouve dans un pays tout enneigé une meute d’autres renards blancs, et admire les aurores boréales.

En format paysage, avec de grandes illustrations en double page, voilà un album qui donne à suivre un parcours vers les grands espaces, vers la liberté, vers les racines. Le récit fait silence sur les conditions de libération de Polaire, mais l’illustration montre des cages ouvertes d’où les animaux s’enfuient. Ce qui suit est d’abord le récit d’une découverte du monde, un monde inconnu pour Polaire, qui n’a connu que le zoo. Découverte de la ville, découverte de la forêt, découverte de la neige, découverte des dangers que représente l’homme qui chasse, découverte des autres, presque semblables comme le renard roux, ou bien différents comme les animaux du grand Nord. C’est aussi la découverte de soi, portée par le texte avec ses formes interrogatives, comme autant de signes indiquant l’attitude de curiosité inquiète de Polaire face à ce monde nouveau pour lui. Ce qui guide Polaire, et qui est signalé au début et à la fin du récit, c’est son instinct qui lui permet de retrouver les racines qu’il n’a pas connues. C’est enfin un récit d’émancipation, permettant au petit renard de sortir des cages, de sortir du monde des hommes, pour retrouver une nature sauvage et splendide, symbolisée par les aurores boréales finales. A noter que Polaire n’est pas seul dans cette aventure : est présent, sur toutes les pages, un petit animal que le texte a la malice de ne signaler que vers la fin, invitant ainsi le lecteur qui aurait été inattentif à revenir en arrière, et à reparcourir l’album à sa recherche… A la fin du texte, un petit texte documentaire indique la liaison effectuée par les légendes nordiques entre le renard blanc et les aurores boréales. Les illustrations, peinture et papiers découpés, créent un univers coloré, plein de douceur. A noter en particulier deux illustrations, très frappantes, l’envol des oies vers les nord, une composition presque abstraite dans sa façon de montrer cette migration sur un fond de ciel blanc, et le personnage du chasseur, double page qui oblige à retourner le livre en position verticale, montrant par les couleurs toute la noirceur de ce personnage inquiétant, tandis que, dans l’obscurité, brillent les yeux des animaux traqués, invisibilisés.

Un album poétique, hymne à la nature, à la vie sauvage, au respect des différences, dont le héros poursuit sa quête vers ses origines avec opiniâtreté et détermination, tout en restant bien fragile et inquiet quant à la façon dont les autres vont le recevoir.

Le Bus jaune

Le Bus jaune
Loren Long
HongFei 2025

Ainsi va la vie…

Par Michel Driol

Chacun connait les bus scolaires jaunes des Etats Unis ou du Canada. Loren Long en prend un comme héros de cet album, sans tomber dans les travers de l’humanisation outrée de la série Cars. D’abord il est affecté au transport d’écolier. Puis il transporte des personnes âgées. Abandonné dans les faubourgs de la ville, il devient le refuge des sans-abris. Remarqué à la campagne, ce sont les chèvres qui viennent s’y installer. Et quand, englouti par la montée des eaux due à un barrage, il se retrouve submergé, il est occupé par les poissons.

Loren Long réussit le tour de force de nous émouvoir du destin d’un bus jaune, qui n’est pas doté de parole, mais n’est pas dénué d’émotions, en témoigne le refrain qui clôt chacune des étapes de sa vie : Et ils le remplissaient de joie, sans que l’on sache si cette joie est la sienne ou celle de ses occupants. Le texte joue des répétitions, répétitions de phrases montrant la constance de ce bus consciencieux, infaillible, totalement dévoué à sa tâche. Répétition aussi des onomatopées mimant les bruits de passagers ou occupants divers. Dans sa construction, le texte dit le destin du bus, tantôt sujet, acteur, conduisant ou abritant ses passagers,  tantôt objet, objet des autres qui le conduisent et l’abandonnent. Quant aux illustrations, elles jouent sur le contraste entre le jaune du bus et un décor urbain, puis rural, représenté en grisaille au fusain. Jaune éclatant du bus dans le premier acte. Jaune un peu plus terne  pour le second acte, qui montre une transformation de la porte arrière pour accueillir les personnes en fauteuil roulant, mais aussi les peintures d’inspiration très hippies que ses passagers font sur ses parois. Le troisième acte le montre grisaillant, portières enlevées, capot levé. Et ainsi de suite se lit la lente dégradation du bus sur les illustrations. Parallèlement à cela, l’atmosphère est aussi induite par les saisons et le temps évoqués dans les décors. Eté et soleil pour les deux premiers actes,  puis froid, pluie et neige qui arrivent rendant ainsi sensibles l’inexorable passage du temps.

Le Bus jaune évoque ainsi, avec émotion et nostalgie, la vie qui passe, la lente dégradation des objets familiers, leur mise au rebut – notre propre mise au rebut lorsque nous devenons incapables de remplir nos fonctions. Pour autant, cet album conjugue avec talent cette nostalgie avec un réel optimisme. Le bonheur est là, il suffit de le saisir, de savoir le prendre comme il vient, voire de pouvoir être utile aux autres en toutes circonstances. C’est un peu l’art de la joie que délivre cette fable toute en simplicité et en douceur.

Un album particulièrement bien construit – l’auteur avoue, dans la postface, avoir construit une maquette du lieu – pour évoquer, à partir d’un objet familier, de manière allégorique,  la fuite du temps, la dégradation physique tout en chantant une ode à la vie. Simple, profond, étonnant  et magnifique !

Deux frères en camping

Deux frères en camping
Da Wu
Traduit (chinois) par Chun-Liang Yeh
HongFei, 2025

De la SF à portée des enfants

Dès la couverture, nous sommes dans l’histoire : le lecteur adopte le point de vue des animaux rassemblés, la nuit, autour d’une tente éclairée de l’intérieur ; ils regardent les silhouettes des deux enfants qui conversent tranquillement. Ensuite, les pages de garde déplient le paysage, largement, sous un beau ciel étoilé. C’est une plaine sur laquelle se découpe une butte, régulière comme un tumulus. La tente éclairée est posée dessus, petit parallélépipède lumineux dans la nuit…
Lorsque l’histoire commence, les enfants sont en route : ils ont planté leur tente le matin ; ils cheminent dans la nuit en traversant une forêt, puis s’installent dans leur tente, à l’abri. Les dialogues montrent les inquiétudes du plus jeune (il y a des animaux dangereux, des Ovnis ?) l’ainé le rassure : il n’y a personne… croit-il.
Les images montrent le contraire. Un peu plus loin, on verra la butte et la tente s’envoler, loin dans l’espace, jusqu’aux lointaines galaxies (ce que l’on prenait pour une butte était donc une soucoupe volante). Au réveil, le plus jeune se souvient de tout et pense que c’était un rêve. Mais, une fois hors de la tente, ils ne découvrent plus qu’une plaine. La butte a disparu : que s’est-il passé ?
C’est un bel album, dont les doubles pages donnent une idée de l’immensité inquiétante de la nuit, puis de l’espace intersidéral. À d’autres moment, de petites images séquentielles mettent l’accent sur les échanges entre les enfants, introduisant de la variété et de l’humour.

Ceux qui nous gardent

Ceux qui nous gardent
Marine Régis-Gianas
L’école des loisirs (médium+), 2025

Une monde en lambeau

Par Anne-Marie Mercier

Le premier roman de Marine Régis-Gianas, crépusculaire et ambitieux, nous emporte dans un temps indéfini, post apocalyptique, dans lequel les humains sont revenus à une ère pré-technologique. Ana et ses deux frères vient à Brumenn, au milieu de la Grande forêt, dans une peuplade totalement isolée, soumise à de nombreux interdits et terrorisée par un mal qui touche les adultes, la Bara : dès que l’un d’eux se sent malade, ou a des pensées étranges, il doit disparaitre dans la forêt pour y mourir. D’où vient la Bara ? peut-on s’en délivrer ? Aucune de ces questions ne trouvera de réponse simple, mais d’autres secrets seront dévoilés.
Lorsque le roman commence, la mère d’Ana s’enfuit, touchée à son tour par le mal comme son compagnon avant elle. Peu après, Ana est enlevée avec deux autres villageois, par on ne sait qui, on ne sait pour quoi. Noé, l’aîné, part à sa recherche avec quelques compagnons et Lou, le plus jeune, est témoin d’étranges événements.
Le récit se divise en chapitres faisant alterner les points de vue des trois jeunes gens, tous trois dans le brouillard le plus épais sur ce qui est en train de se passer. Ils se raccrochent à leurs sensations, et le lecteur avec eux : bruits, odeurs s’associent aux réminiscences et ils tâtonnent dans le monde inconnu, jusqu’ici interdit, qui s’ouvre à eux.
On est un peu déçu que certains éléments soient peu développés alors qu’ils auraient pu apporter un peu de lumière à l’ensemble : ainsi de la proximité de Lou avec les animaux, avec les hyènes métamorphes qu’il a élevées, mais qui ne jouent pas un grand rôle, de l’apprentissage de la violence pour Noé, du destin qui s’annonce pour Ana.
Le lecteur doit lire entre les lignes pour découvrir les étranges destins des peuples qui s’affrontent, chacun prétendant vouloir sauver les autres, malgré eux.

Le Concours de fées

Le Concours de fées
Camille Garoche
Little Urban 2025

De la nature et des fées…

Par Michel Driol

Quelle fée fabrique la magie la plus extraordinaire ? Pour réponde à cette question, la grenouille invite l’escargot à examiner sept fées. On observe successivement les fées de la rosée, des flocons, des bourgeons, de l’écume, estivales, celles des feuilles rouges, et enfin celles de la nuit, A la fin, chacun vote, et les lecteurs sont aussi invités à adresser leur vote à l’éditeur.

Différents animaux sont mis à contribution pour véhiculer les voyageurs, chat, poissons…, et leur faire découvrir l’univers des fées. Chaque étape répète le même dispositif : un court texte de présentation page de gauche sur une illustration souvent en double page montrant le voyage, et une superbe double page qui fourmille de détails, de fleurs, d’animaux, de fées bien sûr, et de légendes, parfois. La magie des fées n’est autre que celle de la nature, de ces mystères qui font rêver les enfants : la rosée du matin, la neige, le printemps, l’automne, la nuit. Il faut prendre le temps d’examiner en détail chacune de ces doubles pages, véritable enchantement visuel. Dans une nature sereine, les fées s’agitent, dansent, nagent, tandis que les animaux et les plantes prolifèrent. On n’entrera peut-être pas dans cet imaginaire des fées, mais on reconnaitra à cet album le mérite de dire à quel point la nature est féérique au fil des saisons, et qu’il faut prendre le temps de découvrir chacun de ces écosystèmes.

Un album de très grand format, au charme un peu désuet (ce qui n’est pas un défaut, loin de là !), qui célèbre la nature dans sa grande diversité, et invite sans doute les enfants à prendre soin d’elle, à l’image de ces minuscules fées bienveillantes qu’il nous montre.

Le Chat qui ne voulait pas fêter Noël

Le Chat qui ne voulait pas fêter Noël
Lil Chase, Thomas Docherty
Traduit (anglais) par Rose-Marie Vassalo
Flammarion, Père Castor, 2025

Qui est le dindon?

Par Anne-Marie Mercier

Le titre était prometteur et la jolie présentation aurait fait de l’ouvrage un cadeau parfait pour les fêtes : couverture crème, rouge et verte, avec du doré, cartonnée avec faux coins rouges, jolie dos rouge avec le chat en mini vignette,  beau papier résistant, nombreuses illustrations…
Mais voilà, on ne trouve que des banalités (qui certes feront rire certains, mais qui pour ceux qui vivent avec un chat sont sans surprise) : le chat fait tomber le sapin, mange la dinde et déchire les cadeaux, et la famille toujours de bonne humeur malgré cela, lui pardonne tout.
Bon, il y a à la fin une recette de chocolat chaud, des blagues, un bricolage pour faire un ange de Noël en carton… toute sorte de tentatives pour améliorer l’ensemble, mais cela ne suffit pas à faire un bon livre, même à Noël.
Le titre anglais était mieux adapté et avait le mérite de proposer un joli jeu de mot : The Cat who ate Christmas (jouant sur le verbe hate (détester) et ate, le passé de eat, manger). Manger Noël, c’est bien ce qu’il fait.