Petite chose

Petite chose
Agnès Laroche, Iratxe Lopez de Munain
Amaterra, 2013

L’art d’aimer

Par Christine Moulin

petite-chose-de-agnes-laroche-966696565_MLAlors, voilà, c’est l’histoire de Petite Chose, qui fuit depuis longtemps un terrible danger : on ne sait pas grand-chose de plus, ni ce qui la menace, ni ce qu’elle est, comme son nom l’indique. Elle apparaît sous la forme d’une minuscule bonne femme, habillée de bleu, avec de grands yeux tout ronds et un air de Perlette, la petite goutte d’eau, en plus décidé. Mais c’est aussi l’histoire d’Ours, avec une majuscule: un ours très ours. Et l’une s’incruste, malgré tout ce que peut tenter l’autre pour s’en débarrasser.  Finalement, l’un tombe malade, si bien que l’autre, « si vive, si fragile, si têtue, si douce » le soigne et le sauve. A son réveil, il l’accepte enfin.

A première lecture, l’histoire est charmante, mais presque convenue, dans la grande tradition hollywoodienne de l’ours mal léché et de la Belle. Seulement, on la relit, ne serait-ce que pour revoir Petite Chose lovée contre Ours ou levant vers lui son nez mutin. C’est alors qu’on se prend à penser que Petite Chose avait tout calculé depuis le début: « Il était parfait. Impressionnant. Effrayant. Terrifiant ». C’était donc un protecteur qu’elle cherchait ? Ne l’a-t-elle donc soigné que pour qu’il la défende contre le danger qui la poursuivait? Déçu, presque amer, on relit la fin: « Elle avait désormais un compagnon impressionnant, effrayant, terrifiant. Mieux, un ami. Alors, elle osa regarder le danger [qui] recula puis, sans hésiter, […] s’effaça ». Rassuré, on se dit que dans ce « alors » réside toute la puissance de l’amour. Désintéressé. Et on relit l’histoire, ne serait-ce que pour revoir Petite Chose lovée contre Ours.

L’Homme à la peau d’ours. Un conte de Grimm

L’Homme à la peau d’ours. Un conte de Grimm
Ann Jonas, Sébastien Mourrain
Seuil jeunesse, 2013

GRRR !

Par Anne-Marie Mercier

hommealapeaudoursC’est un conte bien étrange que celui de L’Homme à la peau d’ours, des frères Grimm : Au début de l’histoire, on voit que la paix est un malheur… pour les soldats qui ne savent rien faire d’autre et que la société abandonne. A la fin, deux des personnages se suicident (certes, il s’agit des méchantes sœurs de l’héroïne). Au milieu, un pacte avec le diable : le héros accepte de revêtir une peau d’ours et de ne pas se laver ni se couper les ongles et les cheveux et ainsi de provoquer le dégoût chez ses semblables, malgré sa bonté. C’est une sorte de métamorphose réaliste qui oppose apparence animale d’une part, bonté et … richesse d’autre part, le second étant le plus souvent plus efficace que le premier.

Le mélange est curieux, entre obsession de l’argent et fantastique. Les dessins stylisés et sobres Le-Vaillant-Petit-Tailleurde Sébastien Mourrain. Le texte d’Anne Jonas suit fidèlement l’original.

Pour écouter le conte: http://www.youtube.com/watch?v=5CV87WJoM88

ET… puis, pour les adultes qui auraient envie de rire un peu des frères Grimm, lisez Le Vaillant petit tailleur d’Eric Chevillard, il existe en plus maintenant en version poche, un régal !

L’Homme à la peau d’ours. Un conte de Grimm

L’Homme à la peau d’ours. Un conte de Grimm
Ann Jonas, Sébastien Mourrain

Seuil jeunesse, 2013

GRRR !

Par Anne-Marie Mercier

hommealapeaudoursC’est un conte bien étrange que celui de L’Homme à la peau d’ours, des frères Grimm : Au début de l’histoire, on voit que la paix est un malheur… pour les soldats qui ne savent rien faire d’autre et que la société abandonne. A la fin, deux des personnages se suicident (certes, il s’agit des méchantes sœurs de l’héroïne). Au milieu, un pacte avec le diable : le héros accepte de revêtir une peau d’ours et de ne pas se laver et se couper les ongles et les cheveux et ainsi de provoquer le dégoût chez ses semblables, malgré sa bonté. C’est une sorte de métamorphose réaliste qui oppose apparence animale d’une part, bonté et … richesse d’autre part, le second étant le plus souvent plus efficace que le premier.

Le mélange est curieux, entre obsession de l’argent et fantastique. Les dessins stylisés et sobres de Sébastien Mourrain (dommage cependant que l’intérieur soit d’un style différent de celui l’illustration de couverture) et le texte d’Anne Jonas suivent fidèlement l’original.

Pour écouter le conte

Le temps des ours

Le temps des ours
Rascal
Pastel, L’école des loisirs, 2013

Puisque personne ne m’aime…je pars

Par Lauren Fargier, MESFC Saint-Etienne

LetempsdesoursCet album présente la  quête d’un petit ours en peluche, qui  à cause d’un manque d’amour a décidé de quitter la maison. Il passe alors dans un nouveau monde avec l’espoir de rencontrer quelqu’un qui l’aime enfin. Sur sa route, il croise une fleur, un nuage, des pierres et une rivière, mais aucune de ces rencontres n’est concluante, excepté celle de la rivière qui parvient finalement à lui redonner le sourire.

Par une écriture simple et poétique et une illustration aux tendres couleurs pastel, Rascal transmet beaucoup plus qu’une histoire : ses intentions se traduisent par le choix du format qui convient à l’intime, et qui permet de faire ressentir un florilège d’émotions telles que la solitude, l’amour, l’espoir, la déception.

L’illustration semble cependant prendre la pas sur le texte, par la mélancolie qu’elle parvient à faire ressentir au lecteur. On peut lire sur le visage du petit ours un désarroi que les effets de cadrage renforcent, amenant le lecteur à éprouver compassion et empathie pour lui. Néanmoins, à chaque rencontre, l’auteur accorde une double page pour montrer l’importance de l’espoir qui naît chez le personage. Enfin cette évolution positive s’observe également au travers de l’évolution de la fleur qui est fermée sur la  première de couverture et ouverte sur la quatrième. Cette transformation de la rose rend compte de l’état émotionnel du petit ours du début à la fin de l’histoire.

Cet album est un véritable coup de cœur ! En peu de mots mais avec des dessins saisissants, à travers un personnage animalier à forte valeur nostalgique, Rascal réussit ni plus ni moins à nous parler du besoin de lien social et des émotions qui s’y attachent, tout en prévenant le jeune lecteur de la complexité des relations, ce que résume la rivière : « Je veux être ton amie, mais avant toute chose, je me dois d’être honnête avec toi… Sache que je serai différente chaque jour ! Selon mes humeurs, je déborderai ». Elle montre que ces liens construisent ce qui nous fonde, l’estime de soi.

L’Ours de la bibliothèque

L’Ours de la bibliothèque
Katie Cleminson
Traduit (anglais) par Remi Stefani
Casterman, 2011

Tous les ours s’appellent Otto

Par Yann Leblanc

Otto est non pas un ours en peluche, comme dans l’album de Tomi Ungerer, mais le personnage d’un livre illustré. Cela ne l’empêche pas de connaître un destin similaire : perdu, il erre dans la ville, sans amis et sans lieu où se réfugier, lorsqu’il arrive à la bibliothèque de la ville (superbe bâtiment néo-classique à l’américaine) et trouve d’autres amis sortis des livres.

On retrouve ici le thème devenu assez classique des héros sortis des fictions (voir Les Aventures du livre de géographie). L’histoire est sobre et bellement illustrée à l’aquarelle.

Une Chanson d’ours

Une Chanson d’ours
Benjamin Chaud
Helium, 2011

par Laura Imbert (master MESFC, Lyon1)

Cet album  fait partie des ouvrages sélectionnés pour l’opération « Premières pages », une « action de sensibilisation à la lecture par la découverte partagée d’un livre et d’une histoire, un lien privilégié entre enfants et parents. » Ce qui ressort surtout de cette opération est la notion de partage et de plaisir de la lecture, vue comme une activité que l’on peut partager en famille ; elle peut aider à recréer cette complicité entre parents et enfants, parfois difficile à retrouver dans les tracas quotidien de la vie moderne.

L’album est de taille conséquente. Les grandes et belles illustrations de Benjamin Chaud sont un réel plaisir pour les yeux grâce aux couleurs et au foisonnement des détails de chaque image. On aime passer du temps à contempler chaque page pour y analyser longuement les différents personnages hauts en couleur du dessinateur.

 L’histoire est simple toutefois : Un petit ours, une nuit, entend passer une abeille à côté de son terrier et se décide à la suivre; du coup, papa ours part à la recherche de son petit ourson.

Benjamin Chaud, au fur et à mesure des pages nous invite à chercher petit ours et cette abeille si convoitée à travers différentes questions. Cette activité de recherche peut aisément se faire à deux (parent et enfant, par exemple) car il est quelque fois difficile de retrouver les deux protagonistes, tant les images sont foisonnantes de détails. L’auteur se fait en effet un réel plaisir de corser la difficulté de page en page, en mettant même quelque fois le lecteur sur de fausses pistes…

L’auteur met en scène  de nombreuses scènes comiques où l’ours est en permanente contradiction avec son milieu. Son regard est également très touchant sur le monde moderne, et on ne peut que sourire de le voir faisant immersion dans la loge des danseuses, au beau milieu de l’opéra, et les confondant avec des volatiles.

Un album que je recommande pour ses  belles images et ses scènes cocasses.