À l’aventure !

À l’aventure !
Davide Cali, Daniela Costa
Sarbacane, 2023

Embarquement immédiat

Par Anne-Marie Mercier

L’aventure commence dans la salle de bains où l’enfant se dessine une moustache de pirate devant le miroir ; les perroquets sortent des papiers peints ou des cadres pour envahir la maison. Une île, une carte à trouver ou dessiner, un trésor, un gardien féroce qu’il faudra combattre (un très gentil toutou qui adore les chatouilles), des tunnels à creuser… jusqu’à ce que la réalité fasse obstacle à travers les limites de ce qui est ou non permis.

Cet enfant s’amuse très bien tout seul, emporté par son imagination, elle-même nourrie par ses lectures et on voyage agréablement avec lui… « jusqu’à la prochaine aventure », nous dit-on ! et cela se vérifie immédiatement.

Délit de solidarité

Délit de solidarité
Myren Duval
Rouergue doado 2021

Ils ne savaient pas que nous étions des graines

Par Michel Driol

Une bande de copains de troisième, quelque part en Picardie, quelques jours avant le brevet. Il y a là la narratrice, Lou, son amie Soname, et trois garçons, Eliott, franco-anglais souvent seul chez lui, Victor, déjà tenté par quelques drogues, et Roman, plus timoré. C’est dans les anciennes carrières qu’ils ont l’habitude de fréquenter qu’ont trouvé refuge deux migrants venus de Syrie et leur nièce, Farah, orpheline. La bande d’ados va venir en aide aux Syriens, leur apporter des médicaments, des vêtements, de la nourriture, jusqu’au jour où des gendarmes font irruption au collège et les interpellent, pour aide au séjour d’étrangers en situation irrégulière.

Le roman suit au plus près le questionnement de la bande de jeunes, en particulier de la narratrice. Ils se sentent pris en étau, entre le désir de venir en aide, en particulier lorsque Farah tombe malade, et la promesse qu’ils ont faite de n’avertir personne. Ils ne sortent pas indemnes de leur découverte bouleversante du monde de l’exil, et c’est là la grande force du roman. Comment s’intéresser à la grammaire, au brevet, quand il y a des guerres, des exilés (l’un des oncles était directeur d’école et avait constitué toute une bibliothèque sous les bombes…) ? Quelles sont les priorités dans la vie ? A qui faire confiance ? A qui parler ou ne pas parler ? Justesse donc des réactions et de l’évolution des pensées des personnages, retranscrites avec fidélité par Lou, troublée par le sort de Farah en qui elle voit comme un double d’elle-même, ce qu’elle serait peut-être si elle était née ailleurs. Mais réalisme aussi du roman qui se clôt sur une fin ouverte permettant de montrer que les adultes aussi sont capables de solidarité. Myren Duval écrit une belle scène lorsque les gendarmes font irruption au collège et que la vieille professeure de français s’en prend à eux avec véhémence, défendant ses élèves et une certaine conception de la solidarité. Comment peut-on être coupable de vouloir aider ? Attitude aussi pleine de retenue, de délicatesse, d’intelligence des parents de Lou, qui ont tout compris sans rien dire, et ont pu venir en aide aux Syriens avant l’intervention des gendarmes. Jusqu’où continueront-ils leur long chemin d’exil ?

Un beau roman, nécessaire aujourd’hui encore, qui montre des adolescents faire preuve de débrouillardise, de solidarité, de tolérance et d’ouverture d’esprit et s’interroger vraiment sur le monde qui les entoure.

Passeur de souffle

Passeur de souffle
Patricia Hespel
La Martinière jeunesse, 2023

Une Fantasy aux reflets écologiques

Par Loïck Blanc

Ce roman transporte le lecteur dans une aventure qui l’incite à méditer sur la nature qui nous entoure. Bren, guidé par une prophétie énoncée à sa naissance, entreprend une quête qu’il croit être celle de sa propre gloire. Toutefois, au fil de son périple et de ses rencontres, il découvre le sens véritable des paroles prononcées le jour de sa naissance. La prophétie prend alors une tout autre signification, tournée vers une quête plus grande et collective dont il n’est finalement qu’un instrument. Il entreprend alors cette quête à la place de celle, personnelle, qu’il croyait devoir poursuivre.
Le récit s’habille d’une métaphore saisissante, décrivant une terre en proie à un mal insidieux qui se répand parmi les peuples. Bren, après s’être libéré de ce mal grâce à ses compagnons de voyage, s’éveille progressivement à la valeur de la Terre et à la menace qui la ronge. Ce spectre de la destruction est alimenté par la volonté de gloire personnelle des hommes et leur obsession pour le gain, les poussant à mettre en péril le souffle vital de la nature.
Sous la forme d’une œuvre de fiction captivante, l’autrice invite le lecteur à suivre la difficile remise en question de son héros, qui prend conscience de la fragilité de la nature et de la corruption qui la ronge.
Cet ouvrage de fantasy mérite d’être découvert sans attendre, car il offre bien plus qu’une simple lecture : il propose une plongée fascinante dans la quête de sens et dans la nécessité de préserver notre précieuse planète.

La Dernière saison de Selim

La Dernière saison de Selim
Pascale Quiviger
Rouergue (épik), 2023

À côté du volcan

Par Anne-Marie Mercier

Pascale Quiviger nous avait émerveillés avec les cinq tomes de son grand cycle du Royaume de Pierre d’Angle. Elle poursuit avec le même talent dans ce gros roman unique qui met en scène deux personnages secondaires tirés de son ouvrage précédent mais qui évoluent pourtant dans un univers totalement différent : les navigations longues et le monde insulaire de Pierre d’Angle font place au monde de Sélim, cerné par le désert où l’on se déplace avec des dromadaires. On y circule entre une oasis surpeuplée, de vastes dunes où l’on se perd, et les ruelles de Borhan, grande et belle ville au pied du mont Shahîda, « une montagne égayée de vergers au sommet de laquelle régnait un lac de jade que la mousson renflouait une fois par année. Il ne pleuvait nulle part ailleurs. »
Sur Sélim règnent un sultan pervers et une prêtresse inquiétante, secondés par des troupes sans scrupules, masculines pour l’un, féminines pour l’autre. Chacun cherche le pouvoir exclusif et pour cela est à la recherche d’une source cachée. Chacun cherche aussi à percer le mystère d’une prophétie qui annonce une Apocalypse qui provoquerait la fin de Sélim, espérant en tirer parti pour vaincre leur rival(e). Malek, jeune orphelin bègue dont les parents ont été sans doute enlevés et tués par les séides du sultan ou de la prêtresse, pourrait être la clef du mystère, à moins que ce ne soit son étrange amie Sofia, plus disgraciée encore que lui : bossue, presque aveugle, elle a été laissée à l’oasis par des nomades et est aussi affamée que Malek. Les deux enfants forment une paire de héros étonnante, mais ils sont vite relayés par une autre paire, beaucoup plus brillante et efficace (en apparence), le couple amoureux qui s’était formé à la fin de la série précédente, celui du bel Arash (alias Mercenaire) et de la splendide cavalière Esméralda, messagère du roi de Pierre d’Angle.
Aventures, déguisements, résolution d’énigmes, errances dans les jardins de superbes palais de style Moghol, scènes de harem et de hammam, moments cocasses, poursuites dans les souk, fuites en dromadaire…, rien ne manque pour maintenir le lecteur en haleine. Les scènes d’action sont encadrées par de beaux moments méditatifs, principalement dans le désert, où chacun cherche sa vérité et son chemin.
L’Apocalypse finale qui passe par l’éruption du suave mont Shahîda dont tout le monde ignorait qu’il fût un volcan donne le sens du titre : cette « dernière saison de Sélim » semble inspirée par les Derniers jours de Pompéi, roman dans lequel une aveugle joue un rôle important et où la catastrophe, annoncée dès le titre, est la conclusion de multiples aventures amoureuses, politiques et émancipatrices… avant d’exploser en beauté. Si, contrairement à ce que l’on lit dans le roman anglais, daté de 1834, la religion est absente, et même bien malmenée à travers ses rites et son institution, le sentiment de la transcendance est bien là. Chaque personnage reçoit ce qu’il mérite, plus par le jeu du destin que par la main de la vengeance. Les héros, aussi bien Arash et Esmée que Malek et Sofia, se libèrent d’un passé qui les entrave. Ce beau roman touffu est aussi plein d’humour, de saveurs et d’odeurs, doux et épicé à la fois, et s’achève en un feu d’artifice cruel et purificateur.

Mes Saisons

Mes Saisons
Bernadette Gervais
Les grandes personnes, 2023

Entre photos et pochoirs

Par Hélène Davoine

Avec cet imagier Bernadette Gervais nous invite à savourer avec elle ce qu’elle désigne, avec son titre, comme « ses » saisons et c’est bien à un parcours personnel que nous sommes invités : les saisons apparaissent photographiées en noir et blanc ou dessinées avec force détails et couleurs. Quand on observe ces animaux, ces plantes, ces champignons, on a l’impression de la suivre en balade. En cheminant, elle prend en photo ou dessine ce qu’elle croise sur sa route : des bourgeons, des insectes jaunes et noirs, des champignons, des araignées, des feuilles.
Les pages se suivent et ne se ressemblent pas. On regarde la terre et ses traces d’animaux. On regarde le ciel, ses nuages et la voie lactée. Une photo du brouillard suit le dessin d’un cerf et d’une biche et on se surprend à les chercher dans la brume. Les sujets sont parfois rapprochés parce qu’ils se ressemblent, par leur nom ou par leur aspect. La photo des graminées est striée comme l’est le dessin du cirrostratus de la page d’en face. Le chardon a pour voisin le chardonneret. On suit son parcours mental à travers les images et son cheminement dans la nature. On se laisse entraîner, on repense à nos propres marches champêtres, on admire ses photos et ses illustrations. Rarement, imagier n’aura été aussi propice à la rêverie.
La dernière image du livre représente deux traces de pas dans la neige et cette seule image résume très bien cet ouvrage : une belle invitation au voyage.

 

 

Ma famille, mon voisin loufoque et moi

Ma famille, mon voisin loufoque et moi
Lucie Lindemann
Amaterra 2023

Quand Jeanne rencontre André…

Par Michel Driol

Quand les parents de Jeanne se disputent – ce qui arrive souvent – c’est la voisine qui vient dire que cela fait trop de bruit. Mais quand la voisine est morte, que le père de Jeanne est parti, vient s’installer un nouveau voisin, steward, André. La rencontre avec ce nouveau voisin – bien plus âgé qu’elle – va changer la vie de Jeanne.

Voici d’abord un roman d’apprentissage : Jeanne va rencontrer l’amour, alors qu’elle n’y croit plus quand elle voit ses parents se disputer et sa sœur ainée aller d’échec en échec. Premier amour donc pour Jeanne, celui d’Ambroise, un garçon de son âge, et l’évolution de la relation entre les deux est particulièrement bien décrite, entre évitements et désirs. Mais c’est surtout la façon dont André, le voisin loufoque du titre, va redonner le gout de la vie à Jeanne qui est intéressante. Voilà un roman qui aborde un thème rare en littérature de jeunesse : celui de l’amitié entre une adolescente et un homme mûr, amitié sans aucun sous-entendu, amitié décrite depuis son commencement. Le hasard joue un grand rôle dans ce roman : oubli de clés, tempête de neige, coïncidences qui permettront à André de venir en aide à Jeanne, puis à Jeanne de soutenir André lors d’un moment difficile. Ce roman d’apprentissage est aussi un feel-good roman, dans lequel finalement à la fin tout le monde sera plus heureux qu’au début dans sa vie privée. Tout le monde – ou presque – y (re)trouve l’amour. Alsacienne, l’autrice ne manque pas de faire figurer quelques plats et desserts de sa région, donnant à ce récit un côté épicurien bien sympathique.

Un roman de découverte de la vie, de soi, des relations extra-familiales et familiales, dans lequel la narratrice, pleine de sincérité dans son récit, commence par chercher chaque jour trois choses positives à noter sur son carnet et finit par en trouver beaucoup !

Allons voir la mer

Allons voir la mer
Mori
HongFei 2023

Un voyage imaginaire

Par Michel Driol

De dos, on voit un enfant qui dessine. Dans un tiroir de son bureau, une souris et un ourson. Sur une étagère, un éléphant. Dans un panier un chat noir. Derrière lui un ventilateur. Puis on passe à un autre univers. Petite souris et Ourson décident d’aller voir la mer. Et les voilà partis, bravant les obstacles, attendant le bus, emmenés par un chat noir géant. Malgré la pluie ou la canicule, ils découvrent la mer. Et nous retrouvons l’enfant endormi à son bureau, et voyons quelques-uns de ses dessins, un éléphant, un parapluie…Ses parents le mettent au lit, où il embarque pour un nouveau voyage.

Dédicacé à tous les enfants, grands et petits, qui ne boudent pas leur plaisir à jouer seuls, cet album évoque bien sûr l’imaginaire enfantin, et sa façon de (se) raconter des histoires à partir d’éléments concrets qui se mettent à prendre vie. La magie de l’album est de nous y faire croire, de nous faire oublier qu’on est dans les dessins et l’imagination de l’enfant pour vivre aussi, « pour de vrai », cette aventure de deux doudous pleins d’optimisme, de courage, et d’allant. Se croisent les fils du réalisme, liés à la connaissance du monde (par où passer, l’attente du bus, les bouchons, la plage…) et ceux de l’imaginaire (le transport à dos de chat, la pomme géante ou le dragon aidant). Il y a donc là comme une métaphore de la création littéraire, œuvre solitaire, épuisante, liée à la fois à l’environnement (ce qui est dans la chambre) et à sa sublimation par l’imaginaire et les désirs profonds, qui en font autre chose, la création d’un univers personnel. Cet hommage au pouvoir créateur de l’enfance est montré pour l’essentiel à travers le dialogue savoureux entre les deux doudous, pleins de prévenance l’un pour l’autre, et par des illustrations empreintes de naïveté, d’humour et d’exagérations (très enfantines).

Mori, jeune et prometteur auteur-illustrateur taïwano-parisien, a le don pour capter un moment particulier de l’enfance, une histoire minuscule de dessin, pour faire vivre au lecteur un moment plein de poésie et de tendresse, et le faire entrer à la fois dans les mécanismes de l’imaginaire enfantin et de la création artistique.

Petit Museau parmi les mots

Petit Museau parmi les mots
Gilles Tibo – Soufie Régani (illustrations)
D’eux 2023

Les nuits de la lecture

Par Michel Driol

Se rendant à la bibliothèque où il travaille comme gardien de nuit, M. Laliberté découvre un petit chien qui sait se faire adopter et se rendre utile en ramassant tout ce qui traine. Lorsqu’il trouve une paire de lunettes, il se lance dans l’exploration des livres, découvre le rayon jeunesse et ses albums. Et lorsqu’il pousse un livre vers M. Laliberté pour qu’il le lui lise, celui-ci avoue ne pas savoir lire, mais jure d’apprendre !

Rien de très original dans le thème abordé par les premières pages : l’amitié d’un homme et d’un animal, mais un traitement, dans le texte, dans les illustrations tout à fait touchant. La solitude de M. Laliberté n’est jamais dite, mais elle est montrée partout : dans sa cuisine, où il fait la vaisselle, dans la rue, où il débat contre le vent et la pluie avec son parapluie, dans la bibliothèque où il est seul encore. On comprend dès lors que Petit Museau devient son seul ami, le seul à qui il parle. Quant à Petit Museau, il devient vite la figure dans l’histoire de l’enfant lecteur : petit, sympathique, joueur, curieux… Le thème de l’analphabétisme, que la seconde partie de l’album aborde, est plus original et traité avec une grande sensibilité. L’aveu s’accompagne de larmes, par une nuit pluvieuse. Puis tout s’éclaire lorsque la décision d’apprendre à lire est prise.  Apprendre à lire non pas pour soi, car, visiblement, M. Laliberté s’en tire très bien, est intégré, a un métier… mais pour l’autre, fût-il un chien. La lecture devient ainsi un moyen de partage autant que de découverte. Les illustrations de Soufie Régani, tout en douceur campent deux personnages attachants, avec un petit clin d’œil, parmi les livres lus par les deux amis, à Petit Museau parmi les mots, dont on voit la couverture.

L’histoire d’une rencontre qui parle de l’intérêt d’apprendre à lire et de la souffrance que cela représente de ne pas le savoir, racontée avec beaucoup d’empathie pour ses deux personnages positifs, un homme bien seul et un petit chien bien curieux. A noter que cet ouvrage est sélectionné dans la catégorie 0-5 ans du Prix des libraires du Québec.

La Visite

La Visite
Marie Boisson
Rouergue 2022

C’est une maison extraordinaire

Par Michel Driol

La famille Papillon va s’agrandir. Ses membres – père, mère et fillette, la narratrice –  doivent donc chercher une nouvelle maison. Monsieur Roger leur fait visiter la sienne, rue des Petits Pois. Etrange propriétaire qui les accueille avec des pirouettes, a préparé un en-cas dans la cuisine, s’endort dans la chambre à coucher et prend un bain parfumé, tandis que les visiteurs découvrent des pièces de plus en plus grandes et de plus en plus bizarres : une écurie, une salle de conférence, un théâtre…  Conquis, les Papillon ne peuvent que confirmer à M. Roger que sa maison est parfaite ! Et ce dernier les met à la porte, ravi de les entendre, et préparant déjà, au téléphone, la visite du lendemain…

Voilà un album aussi loufoque que réjouissant ! D’abord par son personnage principal, Monsieur Roger, étrange guide  dont le comportement, au cours de la visite, intrigue le lecteur, qui n’en percevra les motifs qu’à la fin, chute inattendue et cruelle pour la famille Papillon.  C’est le portrait d’un oisif, dilettante et décadent, qui n’a d’autre chose à faire pour se distraire que de faire visiter, jour après jour, sa maison. Ensuite par le graphisme et les illustrations, qui regorgent d’une foule de détails à observer finement : cafetières variées, objets décoratifs de tout style, plantes foisonnantes… Enfin par le texte, et, plus particulièrement, les propos tenus par Monsieur Roger, qui empruntent à l’agent immobilier son lexique emphatique qu’agrémentent quelques figures de style : zeugmas, comparaisons, jeux de mots…

La Visite a un petit côté surréaliste et parfois inquiétant qui tient autant du cabinet de curiosités que d’une esthétique de l’accumulation désordonnée qui procure le plaisir de la surprise et de l’inattendu

Super tête de Fesses

Super tête de Fesses est plus célèbre que toi (t. 5)
Super tête de Fesses est plus super que toi (t. 4)
Bertrand Santini
Sarbacane, 2023

Journal d’un chat méchant

Par Anne-Marie Mercier

Bertrand Santini a publié chez Grasset des livres étranges, sombres et lumineux à la fois : Jonas, le requin mécanique (2015 et 2023), Miss Pook et les enfants de la lune, L’étrange réveillon, Le Yark… ou le sombre Flocon chez Gallimard jeunesse. Le voilà dans un tout autre genre, chez Sarbacane.
Il y a créé une série autour d’une chatte, Gurty, dont le journal a fait concurrence au fameux Journal d’un chat assassin d’Ann Fine : je crois que Le Journal de Gurty en est au tome 12… Et parallèlement à cette série il en a créé une autre dont le héros est l’ennemi personnel de Gurty, un chat mâle prétentieux, appelé Jean-Jacques et surnommé (par elle) Tête de fesses.
À travers ce personnage, il moque (gentiment) les humains et leurs animaux mais aussi les travers des enfants d’aujourd’hui et les modes culturelles (les super héros, les vidéos postées sur les réseaux, etc.) et surtout son héros lui-même.
ce héros est bête et méchant à souhait et les autres personnages (une chienne trop gentille, un hérisson,  un écureuil philosophe… Gurty, qui apparait peu) apportent des éléments de comique et de bon sens bienvenus dans son monde mégalo-loufoque.

Le tout est abondamment illustré (avec les pieds) et imite joyeusement les journaux d’ados comme le Journal d’un dégonflé de Jeff Kidney ou celui de Big Nate de Lincoln Peirce mais ici, c’est un chat : il ne va pas au collège, ce sont donc ses petits humains qui font l’effet miroir, dans la mesure où il les imite parfois.