Éditions Philomèle

Embrouillaminis
Marie-Laure Alvarez et Hajnalka Cserhàti
Philomèle, 2014

Au fil des métaphores

Par Yann Leblanc

Embrouillaminis-couveLe fil semble être le « fil rouge » des éditions Philomèle : c’était déjà l’objet principal de l’ouvrage du même titre chroniqué récemment, déjà rouge, comme dans cet album plus récent ; mais ici, le fil de la pensée se fait métaphore d’une réflexion sur… la pensée, sa progression et ses blocages.

Le parallèle entre la pelote de laine (rouge) tricotée par la grand-mère et les idées de sa petite fille se retrouve autour de la question des nœuds, de la pelote embrouillée, que seule une personne délicate et patiente pourra débrouiller. Le « lien » de l’amitié complète ces métaphores bien « filées ». Sur le blanc de la page, les dessins crayonnés chargés et les ombres denses rehaussés de couleurs vives de Hajnalka Cserhàti accompagnent adroitement tous ces thèmes.

Présentation des Éditions Philomèle

 » Faire sonner la langue, la bousculer gaiement, la caresser dans le sens du rythme;
mettre les mots sens dessus dessous dans des textes de fiction, proches de l’imaginaire enfantin;

Voyager d’une image à l’autre et découvrir au passage le style et les couleurs d’artistes illustrateurs aux univers singuliers.

Les albums de  Philomèle s’adressent aux enfants de 3 à 99 ans.
Ils sont hors collection pour laisser libre place aux rencontres et aux coups de coeur: contes, comptines, poésie, et bien d’autres surprises à venir…

Éditions Philomèle.
11-13, rue de Saclay 92290 Châtenay-Malabry.
contact@editionsphilomele.fr

La Fabuleuse méthode de lecture du professeur Tagada

La Fabuleuse méthode de lecture du professeur Tagada
Christophe Nicolas, Guillaume Long
Didier jeunesse, 2013

La lecture est un jeu…

Par Anne-Marie Mercier

tagadaComment décrire cette « méthode » de lecture ? Son titre en dit beaucoup; ajoutons que ce professeur a un assistant nommé « tsoin-tsoin », un petit oiseau qui se démène sur toutes les pages pour accompagner efficacement les lettres nécessaires à la leçon.

Voici le début du texte :

« Leçon n°1 : Tu ne sais pas lire, c’est dommage. Mais la grande personne qui te lit ce livre sait lire. Il faut en profiter. Ta grande personne peut lire des mots faciles comme bébé, bobo, mémé, popo. Elle peut aussi lire des mots difficiles, comme plénipotentiaire ou hexakosioihexekontahexaphobie. Qu’est ce que ça veut dire ? La grande personne qui sait lire te l’expliquera plus tard. »

Suivent des leçons sur les avantages qu’il y a à savoir lire (bonne idée de commencer par aiguiser le désir d’apprendre avec de vraies raisons), les lettres, voyelles et consonnes (on est dans une méthode syllabique traditionnelle), les cas compliqués (comment faire le son [k])… enfin, en 10 leçons, l’affaire est réglée.

Ce n’est peut être pas si simple, mais en tout cas on s’amuse, les illustrations sont tordantes, parents et enfants riront ensemble, et ce livre pourrait être un accompagnement joyeux de méthodes moins mécaniques et sans doute plus efficaces mais moins drôles, quoique… le rire fait bien des miracles.

La Moufle

La Moufle
Robert Giraud, Olivier Latik
Flammarion Père Castor, 2012

Conte russe

Par Anne-Marie Mercier

La MoufleEloge de la solidarité, jeu avec l’absurde, cette mise en image d’une variante d’un conte russe évoque les beaux jours des illustrations des premiers Père Castor (l’esthétique russe, justement) avec des animaux aux formes stylisées, aux couleurs bien tranchées. Du plus petit (la souris) au plus gros (l’ours), en passant par la grenouille, le lapin, le renard et le loup, tous trouvent un abri provisoire au chaud dans la moufle rouge oubliée dans la neige… jusqu’à ce qu’une fourmi vienne tout déranger.

Une bonne réédition d’un bon classique (Didier, 2009, Père castor, 2010…) qui marche bien avec les petits.

Les Sept Clefs du Pouvoir, tome 3

Les Sept Clefs du Pouvoir. Tome 3 : Mercredi sous les Flots
Gath Nix
Traduit (anglais) par Alice Seelow et Julie Lopez
Gallimard Jeunesse, 2012

À chaque jour suffit sa peine clé

Par Matthieu Freyheit

LesSeptClefsduPouvoir3Vous pouvez regarder Rambo 4 (teaser : bientôt le 5 en salle !) sans avoir vu le premier. Vous comprendrez toujours ce qui se trame. Il n’en est pas de même avec la série des Sept Clefs du Pouvoir. Ne faites donc pas la même erreur que moi et plongez-vous, si vous êtes décidé(e)s à entamer la série, dans le premier volume. Car tout est plutôt…confus/superposé/emmêlé. La magie est à la mode ? Les mondes parallèles aussi ? La vague mystico-fantasy ? Les adolescents élus ? Les quêtes fantastiques en plusieurs volumes ? Eh bien, prenez tout ça, mélangez jusqu’à obtenir un mélange indescriptible, et essayez de lire.

Pour faire court, vraiment très court : Arthur Penhaligon (toute ressemblance avec un nom connu est ÉVIDEMMENT fortuite), jeune terrien de douze ans, est pris dans un cycle d’aventures au cours desquelles il doit récupérer les sept clés du pouvoir. En sept volumes, donc. Unique héritier de la Grande Architecte, Arthur se lance dans cette nouvelle quête du Graal qui l’amène à voyager dans des royaumes parallèles à la recherche de ces sept clés, gardées chacune par un mystérieux personnage : Maître Lundi, Lord Mardi, Mercredi sous les Flots, Sieur Jeudi, etc. Ajoutez à cela que chacun de ces personnages-jours est caractérisé par un péché capital. Après les deux premiers tomes, Arthur a récupéré deux clés. Dans le troisième, il est emporté de sa chambre d’hôpital vers l’océan frontalier, où il est pris dans une tempête, sauvé par une bouée, récupéré par un navire de comptables, poursuivi par des pirates, encore sauvé par ces mêmes comptables-marins, eux-mêmes aidés d’un sorcier un peu ambivalent. Tout ça pour rejoindre Mercredi sous les Flots qui l’a invité à déjeuner. Il reste que la dite Mercredi est une baleine de deux cents kilomètres de long. Si ça vous semble confus, c’est que ça l’est. Et pourtant, dans cet imbroglio d’évènements, il ne se passe que peu de choses. Le rythme est tout sauf enlevé, les « effets magiques » se multiplient (on tremble – d’horreur, on s’entend – en imaginant une éventuelle adaptation cinématographique), et l’aventure laisse finalement la place à un certain ennui.

À celles et ceux qui ont lu et aimé la série, n’hésitez pas à poster pour la défendre et me contredire.

Enfin, pour les amoureux des quêtes fantastiques qui ne savent pas par où commencer, allez plutôt vous repaître de l’incomparable trilogie de Philip Pullman, La Croisée des Mondes, autrement plus brillante ! Et faites-la lire, bien sûr, à tous les adolescents qui croiseront votre route.

Les Lumières du théâtre ou les Colombes en BD?

Les Lumières du théâtre : Corneille, Racine, Molière et les autres
Anne-Marie Desplat-Duc
Flammarion jeunesse, 2012

Les Colombes du roi soleil. Le Secret de Louise (en BD)
Roger Seiter (scenario) et Mayalen Goust (images),

 théâtre éteint, BD lumineuse

Par Anne-Marie Mercier

leslumieresdutheatrePur produit scolaire, texte sans souffle, dialogues plats, situations artificielles, ce livre censé accompagner la lecture des classiques et la faire aimer risque d’avoir l’effet contraire. Et ce n’est pas lui qui convaincra les professeurs de collège peu intéressés par la littérature de jeunesse qu’elle peut être « littéraire ». Relisons plutôt le Molière publié par L’école des loisirs ou Louison et le secret de Monsieur Molière de M. C. Helgerson (Castor poche, 2001).

On peut aussi aller vers la bancolombesBD2de dessinée des Colombes du roi soleil, le titre le plus célèbre de cette auteure. Mis en images par Roger Seiter (scenario) et Mayalen Goust (images), le récit du Secret de Louise prend un charme qu’il n’avait pas dans sa version première. La mièvrerie du texte est masquée ici par le style épuré d’une ligne claire qui sait se couvrir d’ombre de façon subtile et dramatiser les points de vue. Restent les dialogues et l’intrigue, bien convenus: les amateurs s’y retrouveront.
Les Colombes du roi soleil ont leur site, tout en rose et parme… un club, des jeux, des infos sur la cour de Louis XIV, on se croirait dans le journal Gala de l’époque.

Pour un point de vue critique, voir Les représentations du XVIIe siècle dans la littérature pour la jeunesse contemporaine : patrimoine, symbolique, imaginaire, dirigé par Marie Pérouse et Edwige Keller (Papers on French Seventeeth century littérature, vol XXXIX, n° 77 (2012)).

le prisonnier

Le prisonnier
Robert Muchamore
Casterman, 2012

Aventures et espionnage  au cœur de la seconde guerre mondiale

Par Maryse Vuillermet

 

henderson-s-boys,tome-5---le-prisonnier-imageVoilà un roman d’aventures dans la tradition des héros de notre jeunesse. Pendant la seconde guerre mondiale en 42,   le héros Marc Kilgour, quatorze ans,  est prisonnier  dans un camp en Allemagne.   Maltraité par les gardes, il réussit à s’enfuir et tente de rejoindre le groupe de ses camarades du Cherub. ( Cherubin est un département ultra secret des services d’espionnage britanniques formé de jeunes de 10 à 17 ans.  Comme ces espions sont des enfants, ils sont insoupçonnables. )  Il côtoie les horreurs de  l’occupation allemande en France, participe aux  parachutages anglais, à la Résistance,  y compris celle des religieuse normandes de l’orphelinat. La guerre et ses dangers  forment un merveilleux  et tragique terrain d’aventures. Le héros Marc, rompu  à toutes les techniques d’espionnage,  est un des meilleurs agents du grand espion Charles Henderson, il est  orphelin,  habile, audacieux, il a tellement d’ennemis qui le traquent que le lecteur est constamment inquiet pour lui et s’attache fortement à ce jeune courageux.

 

Une très agréable lecture !

La série Cherub est une très bonne idée, et connait un immense succès. Elle met en scène d’autres jeunes espions, James Adam  qui commence ses missions à 12 ans et qu’on retrouve dans d’autres affaires et contextes à treize ans,  puis quatorze ans,  puis avec sa sœur Lauren.  Pour que les jeunes soient dans l’ambiance,  une communauté Cherub a été constituée, elle propose des concours des missions, on s’y croirait :    www.cherubcampus.fr .

 

A noter la sortie en poche  en octobre 2012 du tome 1 de Hendersons’boys, L’évasion

Fête du livre jeunesse de Villeurbanne

fdl2013La Fête du livre jeunesse de Villeurbanne aura lieu du 10 au 14 avril 2013 autour de la thématique « mouvements ». Une cinquantaine d’auteurs et illustrateurs seront présents. La 14e édition de la fête proposera par ailleurs de nombreuses animations et rencontres pour petits et grands.
Journée professionnelle le 12 avril (attention : inscriptions jusqu’au 9 avril)

PRIX-SORCIERES-2013VolTZ_2006Le prix « Sorcières » 2013 sera décerné à cette occasion.

Voir  ci-dessous une description plus détaillée de la fête, par l’organisateur.

Site de l’événement www.fetedulivre.villeurbanne.fr et son programme à télécharger :www.fetedulivre.villeurbanne.fr/programme-fdlj_2013.pdf

Fête du Livre Jeunesse de Villeurbanne
Mouvements – du 10 au 14 avril 2013

« Après une édition 2012 haute en couleurs, la quatorzième Fête du Livre Jeunesse de Villeurbanne a choisi d’interroger la notion de mouvement.
Près de soixante auteurs et illustrateurs seront donc en action du 10 au 14 avril 2013. Une invitation à la mobilité lancée à travers différents univers et approches artistiques : lecture, arts visuels, musique, danse, théâtre…

Les livres « pop-up » à l’honneur
Cette édition fait la part belle aux livres « en mouvement ». Anouck Boisrobert et Louis Rigaud, les invités d’honneur, se sont fait remarquer grâce à leurs livres pop-up, ces livres animés dont les pages contiennent des mécanismes mettant certains contenus en volume ou en mouvement. Avec Popville et Dans la forêt du paresseux ils évoquent, dans un style épuré et très contemporain, l’évolution des cadres de vie et l’environnement qui nous entoure. Leur nouvel ouvrage « pop up » Oceano devrait voir le jour en avril 2013.

Une oeuvre multimédia collective
Forte du succès rencontré l’an dernier avec Hervé Tullet, l’équipe de la Fête a souhaité renouveler l’expérience d’une résidence dans un quartier de Villeurbanne. Les deux invités d’honneur ont donc investi le quartier de Saint-Jean, pour créer, avec les habitants – écoliers, professeurs du groupe scolaire Saint-Exupéry, enfants et animateurs du centre d’animation – une oeuvre multimédia collective. En s’inspirant de leur imagier numérique Tip Tap, Anouck Boisrobert et Louis Rigaud ont ainsi orchestré la création d’un livre interactif qui, à la manière de Raymond Queneau et ses mille milliards de poèmes, a permis à chacun, du plus petit au plus grand, d’apporter sa touche personnelle et de participer à la création d’un tableau multifacettes ! La création finale sera exposée à la Maison du livre, de l’image et du son du 18 mars au 20 avril 2013.

Un spectacle pour les tout-petits
Le Pop-up Cirkus, proposé par le théâtre L’Articule, est un spectacle qui se feuillette et se déplie ! Entre un fauve rugissant et un jongleur éternuant, les dessins vont se mettre en mouvement pour emmener les tout-petits (dès deux ans) dans l’univers magique du cirque.

Défilé et brigades d’interventions dansées
L’École Nationale de Musique de Villeurbanne – qui propose aujourd’hui des formations en musiques urbaines, danse contemporaine, traditionnelle orientale, africaine et hip-hop – s’associe naturellement à cette édition en mouvements et proposera une déambulation Pentaribâton. Sur une rythmique à cinq temps, les élèves de cinq classes de CM1 et CM2 partageront avec le public un moment de percussions corporelles, de bâtons frappés et de sonorités de Surdo (instruments de percussion brésilienne). Des brigades d’interventions dansées et un défilé réunissant 80 danseurs et 40 musiciens feront également bouger le centre-ville. »

La mystérieuse histoire de Tom Coeurvaillant, aventurier en herbe (t. 1)

La mystérieuse histoire de Tom Coeurvaillant, aventurier en herbe
Ian Beck
Mijade, 2012

Enquête au pays des contes

Par Anne-Marie Mercier

TomcoeurvaillantDans le monde des contes, chacun a sa place : les aventuriers vivent les aventures, les princesses les attendent, les grenouilles se transforment… Tout cela grâce au contrôle du bureau des contes qui répartit les rôles. Mais voilà, l’un de ses membres, met la pagaille et tous les héros, membres de la famille Coeurvaillant, se retrouvent coincés dans des histoires inachevées. Du coup, c’est leur plus jeune frère qui part à leur recherche et qui remet en route chaque récit.

C’est ainsi un parcours pédagogique des thématiques des contes. Mais les promesses du début, inventif, ne sont pas tenues sur la longueur du récit. Il manque un peu de rythme et  de fantaisie, « coincé » qu’il est par les parcours obligés dans les différents types d’histoires.

Ian Beck est d’abord illustrateur (et de fait, les silhouettes noires sur blanc du livre sont tout à fait charmantes) ; la série de Tom Coeurvaillant (3 volumes parus entre 2006 et 2010) est son premier roman.

La Venture d’Isée

La Venture d’Isée
Claude Ponti

L’école des loisirs, 2012

Fausse aventure, vrai voyage en images

Par Anne-Marie Mercier

LaventuredIseeIsée, dans un album précédent (Mô- Namour), se retrouvait orpheline et avait bien des difficultés à surmonter. Ici, toujours accompagnée de son doudou Tadoramour, elle quitte volontairement ses parents, pour vivre une aventure choisie. Malgré le titre et ce début, on ne trouve pas de récit construit et structuré autour d’une quête, d’un manque à combler ou d’un drame comme dans les albums « historiques » de Claude Ponti. Le parcours est plus proche de ses derniers albums, listes de situations, catalogues… Il semble suivre le hasard des rencontres ou le caprice du moment. Isée garde son indépendance et surmonte tout, domine tout le monde y compris le Frédilémon, poing serré qui peut faire bien des choses (et qui reprend un « personnage » de Fred dans la série Philémon, comme son nom l’indique).

L’inventivité plastique, la circulation entre les images et les pages, la multiplication des détails, tout cela est magnifique, comme d’habitude.  Mais certains seront peut-être gênés par la gratuité de l’aventure comme de l’histoire et par la saturation du récit par les jeux de mots, mots scindés, tordus, collés, entrelardés… ; à force, ils finissent par relever du procédé plus que de la poésie verbale. D’autres se concentreront sur les images et prendront grand plaisir à s’arrêter sur chaque double page.

La Bande à Grimme

La Bande à Grimme
Aurélien Loncke
L’école des loisirs (neuf), 2012

Conte de Noël

Par Anne-Marie Mercier

la bande a grimmeLes personnages de ce court roman, une bande d’enfants errants et voleurs grelottant de froid sous la neige, ont peu à voir avec les contes de Grimm malgré le titre et les allusions fréquentes à cet univers. On est dans un récit réaliste, entre Oliver Twist, conte de noël et roman policier où les petits luttent (avec succès) contre une bande de méchants très affreux qui ont enlevé un illusionniste – ou un magicien – qui faisait leurs délices.

L’histoire est charmante, les enfants attendrissants, cela fait un très joli récit volontairement naïf où les allusions à d’autres histoires connues sont semées comme des petits cailloux, mais un peu gratuitement.