La Forêt, l’ours et l’épée

La Forêt, l’ours et l’épée
Davide Calì, Regina Lukk-Toompere
Traduit (italien) par Roger Salomon
Rue du monde, 2022

Qui a vécu par l’épée, survivra par la bêche (fable écologique)

Par Anne-Marie Mercier

Un ours très fier de son épée (on songe aux ours en armure de Philip Pullman) s’en sert à tort et à travers. Un jour il coupe même une forêt. Peu après, l’eau inonde son habitation. Il part pour couper en deux celui qui est responsable de cette catastrophe, mais qui est-ce ?
Sont-ce les gardiens du barrage ? le sanglier qui a attaqué les gardiens ? Le renard qui a blessé le sanglier ? les oiseaux qui ont provoqué la maladresse du renard ? Ou bien serait-ce l’ours, qui a détruit la forêt des oiseaux ?
À la manière d’Œdipe, cherchant un coupable qui n’est autre que lui-même, l’ours comprend tardivement son erreur. Mais heureusement (on n’est pas dans une tragédie) tout est réparable : il protègera les autres animaux et, en replantant des arbres, il rendra aux oiseaux leur forêt, à la condition qu’ils soient un peu patients. La morale de la fable n’est pas difficile à saisir et on est ici dans un plaidoyer pour la protection de la nature facile à comprendre. Le lecteur peut en déduire (sans que cela soit dit explicitement) que détruire ce milieu revient à détruire sa propre maison.
Couleurs éclatantes sur fond blanc, bruns profonds, aquarelles légères, des images belles et expressives accompagnent cette fable bien rythmée. Les animaux sont un peu humanisés par quelques vêtements, mais pas trop ; ils sont présentés en pleine action ou dans des postures bien choisies et l’ours est très expressif. Ici l’écologie n’est pas une triste leçon.

 

Larmes de rosée

Larmes de rosée
François David / Chloé Pince
CotCotCot 2022

Une salade a besoin de sentir que tu l’attends

Par Michel Driol

Pour accueillir le 25ème Printemps des Poètes

Livret n° 2 de la collection Matière vivante, Larmes de rosée est un court poème de François David, devenu ici album illustré par Chloé Pince. De quoi y est-il question ? De la patience qu’il faut pour faire pousser une salade, ou plutôt du rapport qui se noue entre le jardinier débutant et la salade, qu’il a achetée en pot au marché, et qu’il consommera à la fin de l’ouvrage. A chaque lecteur d’interpréter plus ou moins métaphoriquement ce poème, qui se termine par le rapprochement homophonique entre deux verbes, elle attendait que tu la cueilles / que tu l’accueilles, et qui est dédié à « mes petites pousses ». Il est sans doute autant question d’éducation que de jardinage ici…

Dans une langue toute en retenue, très concrète, adressée à un « tu », figure du lecteur qu’on devine jardinier amateur, le texte évoque ce qu’il faut de patience, de lenteur, de soins dont on ne sait s’ils sont justes ou dans l’excès, de peine aussi pour faire grandir un végétal aussi humble qu’une salade, une matière vivante prise entre ses besoins et son désir de satisfaire le jardinier. Ce face à face qu’on dirait plein d’humanité est illustré d’aquarelles en vert et gris qui se concentrent avec humilité sur le sol, la salade et la terre, montrant ce jeu de développement à la surface, mais aussi le travail souterrain et invisible des racines, montrant aussi le temps qui passe avec le parcours d’une lune dans le ciel. Seule une limace, intrus rouge, vient dire un autre aspect de la vie de la nature.

Un poème plein de délicatesse pour évoquer avec douceur un aspect complexe de nos liens avec le vivant, avec la nature, car cette salade que l’on a fait pousser, on finit par la faire disparaitre en la mangeant.

Herbes Folles, Marie Dorléans

Herbes folles
Marie Dorléans (texte et illustrations
)
Seuil Jeunesse 2022.

Vive l’ensauvagement !

Maryse Vuillermet

Voici un récit et une parabole.  C’est l’histoire de la famille Piquenpointe qui habitait une maison de ville et était fière de son jardin taillé, ratissé, planté au cordeau, pas une herbe, pas une branche ne dépassait, mais, un jour, le jardinier qui l’entretenait en eut assez de ce travail de maniaque, et rendit son tablier.  Alors, l’herbe, les fleurs envahirent tout le terrain, et même la maison.  Les Piquenpointe essayèrent de lutter mais furent dépassés.

Or, un matin, des dizaines d’oiseaux les réveillèrent de leur long sommeil et ils partirent à l’aventure dans leur propre jardin, ils s’émerveillèrent et vécurent de surprises en mystères.

Le sens de la parabole est clair, il faut laisser de la place de la liberté à la nature, elle vous le rendra en beauté, en richesse, en possibilités d’émerveillement.

Les illustrations de l’autrice, au début, grises, pointues et assez géométriques, se mettent à respirer elles aussi, les pages libérées deviennent éclatantes de vie, de couleurs, de courbes enchevêtrées, envahies de fleurs et de fantaisie.

Vive l’ensauvagement !

L’arbre m’a dit

L’arbre m’a dit
Poèmes de Jean-Pierre Siméon – Encres et pastels de Zaü
Rue du Monde 2022

L’homme qui écoutait les arbres

Par Michel Driol

Près d’une cinquantaine de poèmes-phrases, dont l’incipit est invariablement le titre du recueil : l’arbre m’a dit. Les textes forment une sorte de double dialogue muet dans la mesure où les propos de l’arbre sont répétés par un « je » anonyme, qui mettent en quelque sorte en abyme la sagesse de l’arbre, comme s’il y avait là une double confidence, celle de l’arbre au poète, celle du poète au lecteur. Confidence dans laquelle on entre un peu comme dans cette forêt que Zaü propose sur la couverture du livre, à la fois claire et obscure, dans laquelle la multiplicité des arbres s’oppose au singulier du titre : l’arbre.

L’arbre m’a dit, c’est déjà toute une conception de la poésie comme un secret à partager. Secret d’une sagesse venue non pas des hommes, mais de la nature, comme si l’arbre ici se montrait comme un modèle à suivre. Secrets pour résister à la solitude, secrets pour grandir, secrets pour garder l’espoir. A chacun d’écouter cette leçon de sagesse. Les mots de l’arbre nous parlent dans un langage à la fois simple et imagé, nous confrontent à l’arbre et à ses caractéristiques : son immobilité face à notre désir de voyager, sa permanence victorieuse face à la neige qui revient chaque année. On est dans une poésie de la nature qui est en fait celle de l’attention aux moindres choses, aux plus minuscules détails (l’ombre qui rafraichit, la fleur qui devient fruit, le sourire de l’enfant qui cueille) à laquelle elle donne sens. Cette confrontation entre l’humain et l’arbre ne tourne pas, on s’en doute, à l’avantage du premier. L’arbre se révèle un puits de connaissances,  un être pétri de générosité, de patience et renvoie parfois par de simples questions l’homme face à lui-même, à son ignorance de la nature, à son impatience, à sa solitude.

Ces textes sont magnifiquement intégrés aux pastels de Zaü, monochromes évoquant l’arbre dans différents contextes, l’hiver, le brouillard, le bord de l’eau, accompagné parfois d’oiseaux ou d’un enfant.  Ces illustrations résonnent avec subtilité aux  propos de l’arbre : ainsi ce tas de bois coupé accompagnant L’arbre m’a dit : celui qui me coupe perd un ami. Trois doubles pages colorées, sans texte, apportent comme une respiration au recueil, donnant à contempler une nature vierge dont l’homme est absent. La verticalité de l’arbre est encore soulignée par le format très allongé de l’ouvrage.

Jean Pierre Siméon et Zaü revisitent les rapports entre les arbres et les hommes dans une leçon de sagesse apaisée et apaisante, donnant à voir et à sentir une autre relation au temps ou à l’agitation, et peut-être redéfinir ce qui donne sens à notre existence pour découvrir, comme le suggère le dernier poème, que « finalement, tu n’es qu’un arbre qui parle et qui marche ».

Ma cabane

Ma cabane
Guillaume Guéraud illustrations Alfred
La Martinière jeunesse 2022

Comme un écho au Baron perché…

Par Michel Driol

Dans le jardin de ses grands-parents, Youri et Olga, le narrateur s’est construit une cabane dans les arbres. Faite de bric et de broc, elle devient pour l’enfant un refuge que son imagination transforme en navire, en hélicoptère, en palais ou en igloo, perdus au milieu de la savane, d’un cimetière ou d’un territoire jamais exploré…

Qui n’a jamais rêvé d’avoir une cabane dans les arbres ? Lieu protecteur, extraordinaire, il est le reflet de celui qui l’a construit de ses mains. C’est bien cet imaginaire-là, celui de Robinson perdu sur son ile, celui de l’arbre maison de Claude Ponti, que convoquent Guillaume Guéraud et Alfred. Car il est difficile de dissocier dans cet album l’auteur de l’illustrateur. Avec fluidité, le texte fait passer de la description de la cabane aux rêves, avec une formule récurrente : Parfois je me dis… Et le narrateur d’entrainer le lecteur dans des univers pleins d’aventure, de risque, de dangers, bien loin de la tranquillité du lieu où prennent source ces rêves. La cabane devient alors un extraordinaire terrain de jeu pour cet enfant que l’on voit toujours seul, et qui se réfugie dans son imagination durant tout un été passé avec ses grands-parents. Se conjuguent alors l’expérience intérieure de l’enfant et le vaste monde, bien au-delà des limites du jardin familial. Très colorées, les illustrations évoquent la luxuriance de la nature, et jouent sur les perspectives. Souvent vue en contre plongée, la cabane se détache du ciel et prend des dimensions variées, minuscule ou géante, avant de s’envoler dans le ciel, portée par un nuage. Suspendue entre ciel et terre, la cabane est à la fois une base solide et fragile, comme un tremplin pour l’imaginaire, mais aussi un tremplin vers le futur, tout en portant les traces du passé incarné ici par les grands parents ( le grand père qui a appris à faire les nœuds, et le parasol de la grand père). C’est cette série d’entre-deux que cet album illustre magnifiquement.

Avec finesse, avec une pointe d’humour, avec réalisme mais aussi avec  poésie, cet album est une belle ode à l’imagination.

Quel bonheur !

Quel bonheur !
François David Jean Mallard
Motus 2021

Le bonheur est dans le pré… cours-y vite !

Par Michel Driol

Ce jour-là, la narratrice éprouve une joie particulière à voir les fleurs des champs vivantes qui lui sourient. Cette nouvelle, il faut qu’elle la dise. Mais son père, sa mère, son frère, sa grand-mère ont trop à faire pour l’écouter. C’est donc au vent, aux éléphants, ou à d’autres animaux qu’elle envisage de la dire… avant de se décider pour un chat qui colportera ce message à tous.

S’opposent ici deux univers et deux arts de vivre. Celui de la narratrice, au sein de la nature, en communion avec les fleurs, les éléments naturels, qui éprouve une sensation de bonheur qu’elle souhaite communiquer au monde entier. De l’autre celui des adultes, trop occupés, l’un avec des montagnes de choses à faire, l’autre avec un texte interminable à traduire dans des langues exotiques, l’autre enfermé dans la musique de son casque, la dernière dans son monde murée dans ses souvenirs et sa surdité.  Monde de l’enfance d’un côté, en résonnance avec toute la beauté du monde, monde adulte de l’autre avec des occupations jugées essentielles, mais qui isolent. Monde de la poésie aussi certainement. Car l’émotion éprouvée par la narratrice au début est de l’ordre de l’épiphanie des auteurs de haïkus. Et cette émotion doit être partagée avec tous… qui ne veulent pas la voir ou l’entendre. Dès lors cette volonté de partage ne peut passer que par l’imaginaire du chat à qui l’on prête les pouvoirs quasi magiques de pouvoir pénétrer l’esprit de tous. Le texte est à la fois plein de poésie, porteur d’un regard émerveillé devant la nature, mais aussi d’un regard plein de traits spirituels pour parler des adultes. Les illustrations, en grandes pleines pages de Jean Mallard, emplies de couleurs tantôt à dominante froide, tantôt très chaudes, s’accordent avec la somptuosité de ce texte à qui elles confèrent comme une dimension surréaliste dans le jeu sur les tailles, les formes, le mélange des éléments terrestre et céleste, comme un ode à l’univers entier. Il nous accompagne ainsi d’un monde du plein jour au monde de la nuit, de son silence, de ses mystères.

Un album plein de douceur et de charme, pour dire l’émerveillement de vant la nature et sa dimension hautement poétique.

La Grande Escapade

La Grande Escapade
Clémentine Sourdais
Seuil jeunesse, 2021

Là-haut sur la montagne…

Par Anne-Marie Mercier

« Livre randonnée », ce livre à découpes mérite bien son nom : nous suivons l’itinéraire d’une jeune fille, Brume, partie au matin en laissant un mot sur a table « pour dire qu’elle reviendra » : on traverse la forêt, les champs de fleurs, l’alpage, on découvre les sommets, à la fois proches et lointains, et puis on redescend, le cœur plus léger qu’à la montée : Brume s’est disputée la veille avec sa mère, et toutes deux ont fait la même chose, chacune de leur côté.

Une journée seule, à côtoyer les animaux, les plantes, à manger des myrtilles et rêver, et tout s’arrange. Pour le lecteur aussi cette promenade pleine de fraicheur est un parfait dépaysement. Les rabats, nombreux, lui font découvrir la faune et la flore, ouvrent les perspectives, déploient les nuances en pages composées en camaïeux. C’est une belle promenade, pleine de surprises.
C’est aussi une petite encyclopédie sur la montagne : on trouve en fin d’album quatre doubles pages qui reprennent en les nommant les animaux et plantes rencontrés dans l’album. Certains sont accompagnés d’un court texte explicatif.

 

L’été dernier

L’été dernier
Jihyun Kim
Seuil Jeunesse 2022

Là tout n’est qu’ordre et beauté…

Par Michel Driol

Pas de texte dans cet album, mises à part quelques lignes en fin d’album, dans lesquelles l’auteure explique avoir passé quelques jours dans un village au bord d’un lac, l’été dernier. Elle évoque alors les moments privilégiés qu’elle a passés dans la nature, et son désir de vouloir partager ce sentiment de quiétude.

Album sans texte, L’été dernier évoque une journée d’été inoubliable dans des tableaux de toute beauté, presque monochromes, sublimés par le grand format de l’album. On part d’une ville, que l’on quitte, pour arriver dans une maison à la campagne, celle des grands-parents, possiblement. Puis c’est la promenade de l’enfant seul avec son chien, dans la forêt, son bain dans le lac, seul face à l’immensité du ciel, et le retour à la maison. Cette simple promenade, d’une après-midi, terminée par la vision d’un ciel nocturne rempli d’étoile, a des vertus apaisantes.

En double page, les illustrations sont superbes, remplies de détails montrant la vie quotidienne (dans la chambre en ville du garçon), l’histoire familiale (dans les photos chez les grands-parents) mais surtout le plaisir de la liberté en pleine nature, que ce soit dans la forêt ou sous l’eau. L’album inscrit magnifiquement le temps qui passe sur une journée bien particulière – au travers de l’horloge dans la chambre de l’enfant, des ombres qui s’allongent, de la nuit qui tombe, des lumières et des étoiles.   Ce récit sans texte est construit à partir d’illustrations pleines de poésie, qui magnifient la nature  et les plaisirs du jeu, des rencontres avec les arbres tous différents à celles des poissons sous l’eau.

Un magnifique album à contempler, pour lequel les mots sont inutiles, qui semble figer le temps de vacances au sein d’une nature immuable et éternelle. Zen…

Le Rat, la mésange, et le jardinier

Le Rat, la mésange, et le jardinier
Fanny Ducassé

Thierry Magnier, 2022

Un rat parmi les fleurs

Par Matthieu Freyheit

« Miroir, miroir en bois d’ébène, dis-moi, dis-moi que je suis… » Nous connaissons la suite. Mais le rat de cette histoire n’est pas la marâtre des frères Grimm. Convaincu de sa laideur, l’animal prend refuge dans un grenier où il aménage une maison de poupée, décorée à son goût. Pourtant, la laideur ici n’existe pas : Fanny Ducassé fait le choix d’un style naïf où dominent les fleurs et les couleurs. Pour ce rat qui ne s’aime pas, la laideur n’existe en effet que dans son miroir : partout ailleurs, son regard ne voit que de la beauté – ainsi de cette mésange qui lui apparaît, dans un éclat de lumière, « tel un hydravion ». La beauté trop consciente d’elle-même est cependant une beauté étourdie : alors qu’il emporte le rat dans les nuages pour voir le monde d’en haut, l’oiseau lâche le rat, qui quitte le ciel des autres et retourne à sa terre…parmi les fleurs.

Recueilli par un blaireau-jardinier, le rat est alors dorloté, soigné, choyé comme le sont les fleurs elles-mêmes : « Le rat se sentit alors précieux et délicat. » On se souvient avec chaleur que l’amitié qui lie monsieur Taupe et monsieur Rat dans Le Vent dans les Saules (1908) faisait écrire à Kenneth Grahame : « L’invisible était tout. » De fait, la tendresse du jardinier pour le rat opère et invite discrètement ce dernier à poser un regard neuf sur son reflet et sur le beau brun de son pelage.

Le rat comprend ainsi qu’il n’est plus en porte-à-faux avec la délicatesse des illustrations, et le soin à l’œuvre agit doublement : le soin apporté par Fanny Ducassé à ses dessins agit comme une projection du regard émerveillé que porte le rat sur le monde qui l’entoure ; le soin apporté par le jardinier au rat amène celui-ci à se sentir bénéficiaire, comme tout ce qui l’entoure, d’un soin plastique qu’il suffisait de regarder.

C’est bien un album sur le regard que propose l’auteure : un regard minutieux et attendri, au nom de l’attention que méritent les belles choses. Ce livre en fait partie : souhaitons-lui d’être vu, comme il donne à voir.

 

Haïkus – Petits poèmes pour tous les jours

Haïkus – Petits poèmes pour tous les jours
Illustré par Mickaël Jourdan
Gallimard jeunesse 2022

L’éphémère à portée des enfants

Par Michel Driol

Les éditions Gallimard ont la bonne idée de rééditer ces Haïkus déjà parus en 2002, avec de nouvelles illustrations de Mickaël Jourdan. Une belle préface, signée de Guy Goffette, défend en termes simples une conception de la poésie très axée sur les mots, choisis tant pour leurs sons que pour leur sens, et qui font exister ce qui n’existe plus. La postface, le monde entier dans un haïku, propose une définition du haïku, en cite les principaux auteurs classiques japonais, de Bashô à Taneda, et donne enfin l’envie d’en écrire.

Au cœur du livre 40 haïkus, regroupés par 4 en dix pages, selon des thématiques proches. On parcourt ainsi les saisons, du printemps à l’hiver, on y trouve l’évocation des éléments naturels, comme les fleurs des arbres, les petits animaux, (fourmi ou escargots), l’eau, la pluie, le soleil, pour terminer sur quatre haïkus évoquant la nuit, peut-être de façon plus métaphysique, comme ce haïku de  Masaoka Shiki:

La nuit est sans fin –
je pense
à ce qui viendra dans dix mille ans.

Ces haïkus conjuguent l’éphémère et l’immuable, offrant ainsi une belle entrée en matière à la richesse de cette vision de la nature, finalement proche de l’émotion ressentie par le jeune enfant devant les beautés du monde qui le surprennent, belle façon aussi de lui faire comprendre ce qu’est essentiellement la poésie bien loin des concepts liés à la métrique : rimes et vers.

Les illustrations proposent des doubles pages à la fois épurées et parfaitement illustratives des haïkus qui leur correspondent. On trouvera ainsi la pluie, la mer, le cerf-volant dans des compositions qui manifestent à la fois le souci du détail et de l’atmosphère générale. Elles ne manquent pas non plus d’humour, toujours à chercher dans les détails !

Un beau recueil qui permettra aux plus petits d’entrer dans une certaine conception de la poésie et aux plus grands d’avoir envie d’écrire à leur tour des haïkus.