A propos Christine Moulin

Formatrice à l'ESPE Lyon 1 depuis 1994 (à la retraite depuis octobre 2016). Avant, professeur de français en collège et lycée. Membre du CRILJ01 qui organise, à Bourg-en-Bresse, le Festival de la Première Œuvre de Littérature de Jeunesse.

E-machination

E-machination
Arthur Ténor

Seuil 2013

Un livre dont le jeu est le héros

par Christine Moulin

49172Arthur Ténor aime à explorer les limites entre fiction et réalité, notamment dans le registre du fantastique. Il renouvelle ici son interrogation favorite en s’inscrivant dans le genre émergent (mais émerge-t-il encore ? à force…) des romans de jeunesse consacrés aux jeux video. Comme d’habitude, pourrait-on dire, le héros (un informaticien, un geek -1-), affublé du prénom de Clotaire, se laisse séduire par une annonce commerciale qui permet d’essayer, pour trois minutes seulement, un jeu en immersion totale, évidemment « bluffant », évidemment révolutionnaire, qui donne l’illusion d’être transporté dans un autre monde. Parallèlement, l’héroïne, Lucile, prof de français (eh oui, il faut bien que la littérature soit représentée) se laisse également séduire. Malgré l’interdiction absolue de se rencontrer dans la vraie vie (encore une constante du genre), ils formeront bientôt un couple à la Marvel, « dégommant » candidement toutes sortes d’ennemis plus dangereux les uns que les autres car, et c’est là un des premiers intérêts du roman, ce qui se passe dans la réalité virtuelle déborde, en quelque sorte, dans la réalité… réelle.

A partir de ce scénario, pour mieux piéger le lecteur, l’auteur évite certains pièges. Celui de diaboliser les jeux video : certes, Arthur Ténor évoque bien l’enfer du jeu (« En vous laissant piéger par le jeu, vous avez basculé dans un monde d’où il est impossible de revenir par l’oubli ») mais il résiste à la tentation de délivrer une leçon de morale simpliste, comme le prouve le dénouement. Il refuse également de se prendre au sérieux : l’humour est constant, évoquant le second degré des comics.

Ce qui n’exclut pas une réflexion sur les timidités de l’adolescence: ce n’est pas un hasard si Lucile fait étudier Cyrano de Bergerac à ses élèves de Troisième car le thème de la laideur, du masque qui colle à la peau traverse tout le roman, modernisé en avatar.

Enfin, Arthur Ténor, habile prestidigitateur, comme il aime à le faire, joue sur les mises en abyme et en profite pour « glisser » quelques définitions bien senties de la littérature, à moins que ce ne soit du jeu video (et cette assimilation même est bienvenue), comme « pouvoir d’agir sur le réel par l’intermédiaire de chimères qui ne devraient exister que dans notre imagination ».

Bref, voilà un roman qui cesse de dresser les unes contre les autres les différentes manifestations de la culture et qui, à travers un jeu sur le jeu fait de la lecture un jeu. Même si le propos n’est pas neuf (et c’est ce qui est un peu décevant), même s’il n’est pas totalement abouti (les allusions à la culture geek restent superficielles), le traitement est habile et prenant.

(1) : note de bas de page en forme de « SPOIL » : comment se fait-il qu’un geek n’ait pas été alerté par le nom de Ghoster?

La mort préfère Ava

La mort préfère Ava
Maïté Bernard

Syros, 2013

Consolatrice tu seras

par Christine Moulin

cvt_La-mort-prefere-Ava_3036Depuis Harry Potter, le lecteur apprécie que le héros d’une série évolue, grandisse, mûrisse. C’est le cas pour Ava, et c’est tant mieux car la maturation de l’écriture accompagne celle de l’héroïne.

D’abord changement d’île. Nous voici à Guernesey, ce qui nous permet de visiter la demeure de Victor Hugo, Hauteville House, ou plutôt, dans un premier temps, de ne pas la visiter, les horaires étant confidentiels (ce qui correspond assez bien à la réalité!) pour ensuite apprendre ou retrouver toutes sortes d’anecdotes sur le célèbre écrivain, bien amenées et bien choisies, en accord avec le cadre fictionnel: c’est ainsi que l’auteur insiste sur l’inscription gravée sur un mur, Absentes adsunt (les absents sont présents), ce qui fait écho au destin d’Ava, sans cesse confrontée à des fantômes. Dans le même ordre d’idées, l’auteur donne une explication toute personnelle du phénomène des Tables tournantes. C’est une des connaissances d’Ava, Joséphine, qui répondait, en fait, au grand homme: « pendant que Victor Hugo croyait parler avec Chateaubriand, Dante, Racine, Marat, Charlotte Corday, Robespierre, Louis XVI, Napoléon 1er, Mahomet, Jésus, des animaux bibliques et les fantômes de sa maison, il a parlait à Joséphine qui avait la culture, l’imagination, la versatilité et l’à-propos nécessaires pour tromper un des esprits les plus  brillants de son temps ». Voilà un mystère d’éclairci!

Mais de façon moins périphérique, le roman développe deux dimensions qui lui donnent tout son intérêt : la dimension sentimentale, Ava ayant du mal à concilier sa « vocation » de consolatrice et ses histoires d’amour, ce qui, mutatis mutandis, ne la distingue guère des jeunes femmes d’aujourd’hui; la dimension politique: Ava essaye toujours d’organiser le système d’aide à apporter aux âmes errantes et se heurte à des factions et des luttes pour le pouvoir dignes des entreprises modernes. Le côté fantastique renvoie assez « naturellement » à des faits de société actuels. Maïté Bernard est, en quelque sorte, notre JKR à nous, sans pour autant la plagier.

Enfin, comme dans les tomes précédents, un mystère est au cœur du livre: le projecteur éclaire progressivement le passé de Cécilia, le mentor d’Ava.

On a donc affaire à une véritable série, qui n’est pas artificiellement divisée en plusieurs tomes, tous plus épais les uns que les autres, pour obéir aux nouvelles lois du « marketing », une série qui progresse véritablement, prend de l’ampleur et de l’épaisseur.

 

Petit beignet rond et doré

Petit beignet rond et doré
Praline Gay-Para et Rémi Saillard
Didier Jeunesse, 2013

Une alternative à Roule Galette !

Par Christine Moulin

petit beignetLa grande star des maternelles, j’ai nommé la galette, est en passe d’être détrônée par… un tout petit beignet. C’est qu’il a des atouts de son côté! Il est très mignon, tout rond comme le titre l’indique, avec une jolie « bouille ». Comme son illustre aînée de Roule galette…, il s’enfuit pour ne pas être mangé et permet ainsi à un conte de randonnée de se développer selon la tradition, pour finir en conte des origines à la Edouard Manceau, en passant très près d’un récit de ruse  : après s’être enfui de chez le « p’tit garçon glouton », il échappe, assonances obligent, à toutes sortes d’animaux (le chaton maigrichon, le dindon fanfaron, le mouton marron, le cochon à la queue en… tire-bouchon) et finit… mal!

C’est d’ailleurs ce qui pourrait attrister le jeune lecteur qui se serait par trop attaché à notre héros. Le dessin, rehaussé de gros traits noirs, est à la fois drôle et lisible, sans se refuser des détails amusants destinés au lecteur moins pressé: la vache dansante du pack de lait, une chenille qui traverse la route et qu’on retrouvera en témoin de la fin de l’aventure, telle la coccinelle de Gotlib, ou encore un oiseau qui poursuit un ver de terre… Bref, voilà une variante moderne réussie d’un grand classique!

Pour voir comment ce grand classique est décliné dans les classes et comment cela se fait parfois sans l’accord des concepteurs, mais en toute innocence, voir le site materalbum…

Et si je mangeais ma soupe ?

Et si je mangeais ma soupe ?
Coralie Saudo, Mélanie Grandgirard
Seuil jeunesse, 2013

Quand la matérialité du livre joue avec le propos…

Par Frédérique Mattès

soupeOn se plonge avec bonheur  dans ce livre tout en longueur illustrant avec beaucoup de malice l’imaginaire d’un petit garçon qui explore les conséquences de l’injonction qui lui est faite : « Mange ta soupe ! ».

Après avoir, comme le bon sens populaire le prédit, grandi, grandi, grandi …, il se voit , tour à tour obligé de se mettre au dernier rang tout le temps, obligé de dormir tout recroquevillé dans un lit beaucoup trop petit et …  bien d’autres désagréments encore …

L’illustration pleine page composée par un trait simple et naïf renforcé par un jeu d’échelle caricatural nous transporte aussitôt dans le monde onirique de l’enfant. La collaboration texte (une simple phrase par page) et image fonctionne parfaitement.

Un vrai moment de plaisir à partager entre petits et grands autour de cet album « impertinent ».

A destination de tous les enfants qui n’aiment pas la soupe ! (Quelques arguments dans leur escarcelle !) Mais qui peut aussi permettre à ceux qui se trouvent trop petits de mesurer leur chance ! …

La guerre des livres

La guerre des livres
Alain Grousset

Gallimard, Folio Junior, 2009, 2013

Book wars

Par Christine Moulin

product_9782070651009_244x0Voici une réédition d’un roman d’Alain Grousset. Le problème qu’il abordait il y a quatre ans en est encore un: faut-il craindre la disparition des « vrais » livres, sur papier? le tout numérique est-il dangereux? On se doute un peu de la réponse… Mais l’argumentation n’est pas pesante. Parce qu’elle se développe au sein d’un récit de science-fiction digne des aventures de Lucas avec combats (celui qui ouvre le roman est un modèle…), factions, empereur, fille d’empereur, héros en forme de Jedi (Shadi), faux traîtres, vrais traîtres, et même quelques maîtres (certes moins pittoresques que Maître Yoda mais quand même…). Autre charme: le décor est un labyrinthe borgésien, une immense bibliothèque qui renferme tous les livres (ou presque) de l’univers. De quoi rêver… Enfin, en exergue de chaque chapitre, figurent des citations sur la lecture, certaines assez connues (« Quand je pense à tous les livres qu’il me reste à lire, j’ai la certitude d’être encore heureux », Jules Renard), d’autres peut-être moins (?) (« Les livres nous obligent à perdre notre temps de manière intelligente », Mircea Eliade), en tout cas, toutes très belles (« Lire, c’est aller à la rencontre d’une chose qui va exister », Italo Calvino).

Poisson chat

Poisson chat
Dedieu
Seuil jeunesse, 2013

?!

Par Christine Moulin

chat dedieuL’ouvrage frappe d’abord par la géniale simplicité des moyens employés: de larges aplats de couleurs franches qui attirent le lecteur vers ce qu’il faut remarquer, comprendre, ressentir. Si bien que cet album sans texte provoque aussitôt des réactions intérieures fortes, plus bruissantes que des mots.  Dès la première double page, tous les éléments de la tragédie sont en place: un chat, un guéridon et sur le guéridon, un bocal, et dans le bocal, une minuscule et fragile tache rouge, en forme de poisson… Il y a encore un étage et un fauteuil entre le guéridon et le chat mais dès les pages suivantes, voilà que le cadre se resserre et le chat, pourtant représenté sans yeux, sans moustaches, devient de plus en plus présent…: l’insouciance du poisson rouge qui saute joyeusement, dangereusement (stupidement?) fait mal, fait peur! Le chat ouvre un œil et ce qui devait arriver arrive… le poisson tombe par terre, hors du bocal, frétillant frénétiquement. L’histoire continue, tendue, haletante, alternant couleurs froides pour le poisson et chaudes pour le chat.

La chute, entre fin tragique et fin par trop mièvre, trouve une troisième voie pleine d’ironie et de distance. De quoi s’indigner, discuter… Voilà une histoire très féline en somme, qui se livre et se dérobe pour mieux séduire…

Le goût d’être un loup

Le goût d’être un loup
Catherine Leblanc
Motus, 2012

Debout !

Par Christine Moulin

gout loupComme La fabuleuse histoire de Frida Cabot, Le goût d’être un loup donne la parole à un narrateur animal pour qu’il raconte sa fugue: en l’espèce, il s’agit d’un loup, qui quitte sa meute pour découvrir le monde mais aussi se découvrir lui-même. Un soir, fatigué, déçu, perdu, il s’arrête et las d’être loup, il rêve à ce qu’il aimerait être : il finira par se retrouver.

Pour les plus jeunes, la structure répétitive, aisément repérable, facilite la lecture et en même temps, elle dit la peur, la souffrance, le découragement, tout aussi bien que la progression vers la lumière. Des calligrammes permettent de partager les aspirations du héros. Le jeu sur des empreintes renforcent le propos sans l’illustrer platement.

Mais surtout, ce livre, sans pesanteur, nous parle de nous-mêmes:  il y a des jours où nous ne savons plus qui nous sommes, où nous nous perdons mais il nous est possible de nous remettre debout, d’aller plus loin, de reprendre goût à  la vie!

La fabuleuse aventure de Frida Cabot

La fabuleuse histoire de Frida Cabot
Lise Renaux
Motus, 2012

Perplexité…

Par Christine Moulin

fridaOui, perplexité devant ce petit livre de la collection « Mouchoir de poche »: comme les autres ouvrage de la même collection, il comporte des illustrations en noir et blanc. Mais au lieu qu’elles soient stylisées, comme souvent, elles sont complexes, détaillées, faites de tissus collés, si bien qu’on en vient à regretter la couleur…

Perplexité aussi devant cette histoire, celle d’une fugue dont l’héroïne ne sort pas vraiment transformée, même si elle se révèle fort sympathique en tant que narratrice canidé.

Perplexité devant ce mélange d’humour à destination des adultes (le jeu de mots du titre en est un exemple: Frida Khalo/Frida Cabot…) et à destination des tout petits (« J’avoisinais les six cents milliards de kilomètres à l’heure »). Perplexité devant des procédés utilisés de façon un peu désordonnée: la parodie des superhéros mais aussi le contraste entre texte et image (Frida voit des chats partout!) ou le côté circulaire de l’histoire (certes, on en revient à la fameuse leçon « il ne faut pas habiller les animaux » mais la fin peut-elle vraiment être considérée comme une chute?).

Finalement, à force de perplexité, on se dit que ce petit album n’est pas désagréable mais qu’il n’est pas non plus inoubliable…

Les fragmentés

Les fragmentés
Neal Shusterman

traduit (américain) par Emilie Passerieux
Editions du Masque, 2013 (réédition de 2008)

Si tu n’es pas sage, je te fragmente!

Par Christine Moulin

fragmentésConnor est un adolescent difficile : ses parents ont donc décidé de le faire fragmenter, c’est-à-dire découper en morceaux, dans le « camp de collecte », pour servir au don d’organes ou, plus pudiquement, de le « résilier […] sans pour autant mettre fin à sa vie ». Il décide de s’enfuir. Dans sa fuite, il provoque un accident monumental. Il rencontre alors Risa, orpheline, pianiste prodige et virtuose, certes, mais pas assez virtuose, malgré tout, pour échapper à la fragmentation. Il rencontre aussi Lev, une sorte de fragmenté volontaire, un « décimé » plus exactement, issu d’une famille richissime pour qui c’est un honneur et un devoir de « fournir » un de ses enfants. Les voilà donc tous les trois en cavale, sans qu’on sache vraiment de quel côté va pencher Lev, qui a subi un « lavage de cerveau » pendant toute son enfance mais qui découvre peu à peu la saveur de la liberté et de l’amitié.

S’ensuit une longue errance pendant laquelle le trio se charge d’un bébé abandonné (puisque dans cette société à peine futuriste, une mère a le droit d’abandonner, de « refuser », pardon, son enfant à condition de ne pas se faire prendre sur le fait). Errance qui les amènera à croiser d’autres fugitifs : autant de destins dramatiques qui font froid dans le dos… Errance qui aboutira à une île, le Cimetière, qui n’est pas sans rappeler celle de Sa Majesté des Mouches, par la manière brutale dont elle amène à s’interroger sur la violence des rapports sociaux et la nature du pouvoir.

A cela s’ajoute une histoire,  qui se raconte sous le manteau et qui est une allusion macabre à une chanson pour enfants anglaise, celle de Humphrey Dunfee, dont les parents, après l’avoir fragmenté, ont voulu revenir sur leur décision…

Bien sûr, ces victimes, que certains décident d’aider, au péril de leur vie, que l’on cache dans des caves, que l’on trimballe d’une cachette à l’autre, dont la fragmentation se fait dans un camp, sur fond de musique classique jouée par leurs compagnons de souffrance, en rappellent d’autres. Mais ils interpellent aussi au sujet des relations parents-enfants, de l’identité (les greffes exposent à de terribles combats au sein d’une même personne…) à propos de l’avenir de l’humain,  de la liberté, de la nécessaire résistance à l’horreur, le tout sur un fond d’aventure haletant et bien mené. C’est peut-être ce foisonnement de thèmes qui fait parfois la faiblesse du roman, qui s’éparpille un peu, même si l’intérêt ne s’émousse jamais.

Prends garde à toi

Prends garde à toi
Fanny Chiarello
Ecole des Loisirs, 2013

L’inspiration est un oiseau rebelle

Par Christine Moulin

chiarelloVoici le pendant de Holden, mon frère (selon l’auteur elle-même, ce n’est pas une coïncidence). Louise est aussi bourgeoise que … Kevin ne l’est pas. Et c’est là que l’on se rend compte que Fanny Chiarello sait à merveille rendre compte des variations langagières! Toutefois, la truculence du style de Kévin était beaucoup plus séduisante que l’écriture gourmée, très « Auteuil-Neuilly-Passy » de la jeune narratrice. Et puis, il faut le dire, Kévin était tellement émouvant alors que Louise est une pimbêche odieuse à laquelle on a du mal à s’attacher (je sais, c’est voulu, mais quand même).

Même l’intrigue est plus superficielle (en plus, elle comporte, pour les habitués de l’univers scolaire, quelques invraisemblances: a-t-on déjà vu un professeur demander, dès les premiers jours de l’année, à des parents de participer à un atelier d’écriture pour aider leurs enfants à monter une comédie musicale, adaptée de Carmen ?): Louise aime la lecture, elle! (« […] j’ai toujours rêvé de faire partie des rares initiés. C’est pourquoi je suis tant attirée par les livres dont maman, papa ou les documentalistes me disent qu’ils sont trop compliqués pour mon âge. », dit-elle dès la page 11). Mais c’est à l’amitié, à l’humilité et… à l’opéra qu’elle doit s’initier (grâce à son professeur de musique, l’équivalent de la vieille dame de Kévin dans Holden), après toute une série d’épisodes « bac à sable » qui la confrontent à sa grande rivale, Manon, qui, elle, est délicieuse. Tout cela est un peu convenu et bien-pensant.

Une analyse plus indulgente sur le blog « Les riches heures de Fantasia » . Une autre analyse qui va plutôt dans notre sens: celle de Ricochet.